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#Thread J'ai envie de partager avec vous mon ancienne vie de slameur. Je suis nostalgique et cette vie d'artiste, amateur mais passionné, m'a permis de vivre des moments incroyables, d'accéder à des opportunités inespérées, voyager, me faire des amis pour la vie. #HistoireDeSlam
#HistoireDeSlam
J'ai commencé à écrire arrivé en France, à 18-19 ans, pour mes études supérieures à Lyon. Grace à mon grand frère, j'ai été biberonné au rap : Mc Solaar, PBS, Daara J, Pee Frois, IAM. Arrivé en France, la solitude m'a pris par la main et j'ai alors pris la plume.
Mon 1er texte, début 2007, s'appelle "Une terre et des hommes", j'y parle de réchauffement climatique, de conscience humaine, de solidarité. Le 2e s'appelle "La balle est ronde pour tous", j'y parle de Zidane. Football, politique, écologie donc. 13 ans plus tard, j'ai pas changé.
Tous mes textes de cette période, dont certains sont encore aujourd'hui dans ma tête, sont sur un skyblog que j'avais à l'époque : hodismo-slameur.skyrock.com. J'avais 19-20-21 ans. J'allais à la FAC, je jouais au foot en club et j'écrivais en écoutant MC Solaar dans mon 9m² du CROUS
Sur ce blog, un jour je reçois le message d'un inconnu, un autre apprenti slameur Sénégalais vivant à Paris : PapeLass. Il me propose d'organiser une petite soirée slam à l'été 2007 à Dakar. Je dis chiche. PapeLass est encore aujourd'hui un ami. Et si je n'avais pas eu ce blog ?
Entre temps je fais ma 1ere scène devant des slameurs parisiens venus à Lyon, BouchàZoreilles. J'y rencontre aussi les slameurs lyonnais : Cocteau Molotov, MixÔmaProse, Sang d'Encre etc. Ce jour là, on m'appelle sur scène par mon prénom, Fary. Il restera à jamais mon nom de scène
Entre mars et juillet 2007, je fais mes 1ères soirées slam dans un resto qui s'appelle "De l'autre côté du Pont", dans le quartier de la Guillotière. Le niveau est exceptionnel. Je découvre, j'adore ça. Je peux m'exprimer pleinement, être libre, parler vite, jouer avec les mots.
A Lyon, le slam était différent, proche du hip-hop, nerveux , rapide, joueur. J'ai baigné dans cela et cela a marqué ma manière d'écrire. J'y côtoie des talents formidables comme Pieton, à l'époque presque SDF. Mais putain quelle plume ! Ecoutez- le :
Après ces toutes premières scènes à Lyon, où on slamait pour le plaisir, j'arrive à Dakar, à l'été 2007, j'avais 19 ans. j'y rencontre enfin PapeLass (photo) on crée note groupe les "Victorian Bantu", on organise une méga-giga soirée slam avec Awadi, Matador, Fata 😍 Exceptionnel
Quand je revois ces images du 12 août 2007, je suis rempli d'émotions. Je tiens à saluer l'ouverture de ces grands du mouvement hip-hop sénégalais qui nous ont accueillis avec humilité nous qui avions à peine la vingtaine, inexpérimentés mais passionnés du verbe.
Je n'arrivais pas à croire que je partageais la scène avec Awadi, Matador, moi le jeune étudiant en L1 de Biologie-Géosciences et qui les écoutait dans ma chambre d'étudiant. Une soirée inoubliable. J'y avais slamé pour la 1ere fois "Di naa la dox".
Simon, Xuman, Matador, ils ont tous répondu à l'appel. je n'oublierai jamais cet honneur. Vous imaginez, à 19 ans, un fan de hip-hop qui écoutait en boucle l'album Konkérants, avec "Taalibé", "Siensal", partager la scène avec @gunmanxuman himself ?! Inoubliable !
Je retourne en France et ma plume vomit alors toute mes émotions : colère, tristesse, joie, rires. J'écris, encore et encore, avec passion. Je deviens un habitué des scènes slam. Puis en 2009, je reviens à Dakar et j'organise un spectacle "ça me dit slam"
C'est à ce spectacle que je rencontre Diofel, initiateur du Vendredi Slam à DK, je revois Natty (@DemeAisha), je fais intervenir comme MCs mon cousin Pedro et une amie Maité, ndeysaan des pères et des mères de famille maintenant. J'y slame le fameux Match
Puis en 2010, j'ai été invité à slamer dans un festival de cinéma africain à Lyon lors du lancement d'un film nommé Ezra sur les enfants soldats. J'ai slamé devant une salle remplie de monde, 150 personnes, ma plus grande scène à l'époque. J'avais la trouille, j'avais 22 ans.
Lors de ce spectacle, où j'avais été invité par l'organisatrice qui fréquentait les soirées slam lyonnaises, un monsieur apprécie mon texte "Enfant du système", demande mes coordonnées et me contacte quelques semaines plus tard: il veut que je slame à l'anniversaire de sa fille !
Sa fille a 33 ans, il veut un texte personnalisé. Il me donne des anecdotes sur elle, son enfance etc. J'écris le texte et une semaine plus tard, il vient me chercher pour aller chez eux. Il y avait 9 personnes: Papa, Maman, la fille, deux frères et 3 enfants et moi 🤣Je suis 😳
Me voici, moi l'étudiant Sénégalais venu de Dakar dans une famille française où je ne connais personne et je dois slamer pour celle qui fête son anniversaire. Ce que j'ai fais. La fille, 33 ans, a pleuré. Je n'oublierai jamais ses larmes de joie. Ce moment est gravé en moi 😭
Puis je rentre à Dakar fin 2010, je poursuis mes études ici. Je prends alors le train en marche du @vendredislam. Avec Diofel, @SlaMinuss, @jabirmalick, Diamel, on organise les "Grandes Nuits du Slam" à l'Institut Français. 400 personnes. La folie
C'est aussi l'époque des troubles au Sénégal avec la fin de la présidence de Wade. Au Vslam, nous sommes souvent des artistes engagés. On concocte alors des textes salés contre le régime dont ce "Slam Journal" que Youssou et moi jouons début 2012 :
J'avais oublié de vous parler de ce grand moment de solitude en tant qu'artiste lorsqu'un de mes grands à Lyon, Babou, m'a forcé à slamer lors d'un genre de xawaare avec des mbana par ci, des rires aux éclats par là, des palabres. Femmes du Sénégal bës boobu faalewo leen ma ! 😆
Entre 2010 et 2012, j'écris bcp de textes militants, dont "Enfant du Système" ce texte que j'ai joué en mars 2016 au CICAD de Diamniadio devant des centaines de chercheurs et les présidents Macky Sall et Paul Kagamé. Souvenir monumental. I am so grateful !
Ce jour là j'ai touché l'un de mes plus grands cachets en tant qu'artiste : quelques centaines de milliers de FCFA pour 5 minutes sur scène. Le slam m'a souvent permis de gagner des sous (Galas, Forum, spectacles) Mais pour moi ce n'était que du bonus.
J'ai surtout eu l'opportunité en slamant dans des endroits magnifiques (Sorano, Grand Théâtre, King Fahd, CICAD) de côtoyer des artistes majuscules en partageant la scène avec eux : Ismael Lô, Les batteurs de Doudou Ndiaye Rose, Coumba Gawlo, Viviane, Les Espoirs de Coronthie
J'ai ainsi pu rencontrer lors d'un Gala de la Fondation Keba Mbaye, Lilian Thuram, moi le fan de foot et de lui serrer la main, qu'il me félicite pour mon texte "Le Buffle". Pour un fan des bleus de 1998, croyez moi ce n'est pas rien ☺️
J'ai aussi souvent été invité à slamer dans des établissements scolaires. Un prof qui me lisait sur Facebook a même utilisé un de mes textes en cours de poésie avec ses élèves à Guédiawaye. J'étais tellement ému 😭. Il m'a appelé, j'ai parlé aux petits sur haut parleur. Unique !
Autre anecdote : un jour j'allume la télé et je vois un ado dans un concours d'artiste déclamer un de mes textes. Wow ! En fait, je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut autant influencer ou disons inspirer les autres par l'art. J'ai toujours été subjugué par cela.
Autre anecdote : j'ai rencontré mon ex-épouse en raison de notre amour commun du slam. Une femme formidable, entrepreneure courage, militante et surtout une grande artiste sur scène. Mariama Touré alias "Made 4 That" dans "I am"
Encore une anecdote : j'ai slamé devant Souleymane Bachir Diagne puis discuté avec lui lors d'une remise de prix de la @FSonatel aux lauréats du Concours général. Je ne pourrai jamais assez remercier le slam de m'avoir offert, littéralement, tous ces moments privilégiés.
Vers 2016-2017, déjà diplômé et ayant commencé à travailler, je ne slamais presque plus. J'acceptais seulement de le faire pour mon ancien Lycée, les Maristes. C'était une immense émotion d'y aller slamer devant les élèves, mes ex profs, surveillants etc. J'en parle ici 👇🏾
Javais oublié cet autre truc de fou quand j'étais encore à Lyon, en 2010. Un contrebassiste, Julien Matthias, alors élève du Conservatoire de Musique, m'avait sollicité, avec des danseurs hip-hop, dans une composition inédite pour son mémoire. "Suite en slam". Inoubliable
Le slam m'a tant apporté: des moments hors-normes, loufoques, privilégiés, uniques, l'honneur de slamer devant de belles assemblées, pour ma famille, pour d'autres familles, pour des jeunes, des moins jeunes. La poésie m'a forgé au fil de son encre. Je suis reconnaissant à jamais
J'ai maintenant pris ma retraite, après avoir côtoyé d'immenses artistes comme @FlorimondNdjaou (L'Ermite), Minuss, je slame encore sporadiquement : un VSlam par ci avec les talentueux @motsmots_D, @OusmaneGn, @CallMeSamTracy. Les slameurs passent mais le slam demeure #EndfThread
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