Ironiquement, il est absolument vrai que la façon dont la droite construit le mythe d'une gauche radicale toute puissante qui serait en train d'épurer la société (quand on parle de commentaires sur la nomination d'une chroniqueuse) est effectivement un phénomène important. 
Auto-promo : je vous renvoie à ce sujet à la série de notes de blog sur laquelle je travaille en ce moment sur les "campus wars à la française".
medium.com/@pandov_stroch…
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Je vous livre la conclusion en avant-première : la terreur sur "les dérives de la gauche universitaire", c'est la solution que la droite américaine a trouvée pour continuer à se victimiser quand elle est déjà au pouvoir, et que la droite française tente d'importer des USA.
Si vous êtes conservateur, médiatisé, et plutôt en situation d'hégémonie (ce qui est le cas en France), se plaindre de "radicaux devenus fous sur les campus" est pratique pour 3 raisons principales :
1. Ca vous permet de vous présenter comme une victime face à des gens (les étudiants et les universitaires) qui n'ont pas beaucoup de pouvoir médiatiquement et auront donc du mal à vous répondre. Et même s'ils le font ça n'a pas d'importance : ils parleront une fois, vous cent.
2. C'est difficile de vous débunker parce que les universités sont un milieu que la plupart des gens ne fréquentent pas, et que les gens qui le fréquentent n'ont pas les accès leur permettant de vraiment vous répondre (voir 1).
3. Ca permet de concentrer les attaques sur une institution qui (sur le papier) représente ce que votre bord politique n'aime pas : le service public, les savoirs critiques, une citoyenneté active, des discours conçus en autonomie de pouvoirs constitués.
Ce dernier point est particulièrement important pour la droite états-unienne qui est l'inspiratrice de la droite française en la matière : c'est plus facile de faire voter les gens contre ce que les conservateurs n'aiment pas que pour ce que les conservateurs aiment.
C'est aussi plus facile de parler par mots-clés après les années 60 : dans la logique de la "stratégie du sud", dire qu'on critique "l'assistanat" tout en sous-entendant que c'est surtout un problème de noirs est plus facile que de s'en prendre aux noirs directement, par exemple.
D'ailleurs il faut voir cette panique sur les universités dans son contexte : elle ne porte pas que sur les universités, tout milieu associé à la gauche, à ses combats, ou à ses valeurs est susceptible d'être visé.
Tout ça permet à la fois d'avoir l'avantage (dans le cas d'Eugénie Bastié : elle va avoir sa place à CNEWS, mais même avant de l'avoir c'était déjà une personne bien établie et avec de l'influence médiatiquement) tout en continuant d'avoir l'air d'être la victime, l'outsider.
Je vais d'ailleurs bientôt sortir la deuxième note de blog, qui parlera de la crise des subprimes, de Joseph McCarthy, et d'un méchant de Batman. Stay tuned.
