Thread by @sophparm

Jour 3 au procès #AttentatsJanvier2015. Ce matin, la cour d'assises spécialement composée va entendre Ali Riza Polat, l'un des principaux accusés. Hier, elle en a entendu sept autres. Compte-rendu @franceinter ci-dessous.

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Al Riza Polat est l'un des deux accusés visés par les plus lourdes charges. Il est l'un des deux jugés pour complicité des crimes terroristes commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Il est notamment accusé d'avoir cherché l'arsenal de guerre qui a servi aux terroristes. Selon les juges d'instruction, Ali Riza Polat était présent à tous les stades de la préparation des attentats, ce qui n'est pas le cas de tous les accusés.

L'avocate d'Ali Riza Polat est maître Isabelle Coutant-Peyre, qui fut l'avocate de Carlos. Voici son portrait signé @ChPiret sur @franceinter
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L'audience est rouverte pour le 3e jour de ce procès #AttentatsJanvier2015

Pour l'instant, c'est un autre avocat de la défense, David Apelbaum, qui prend la parole. Il évoque à la barre la difficulté pour les accusés des audiences qui finissent tard (21h15 hier) : "pour les accusés à Fleury-Mérogis, il leur faut quatre heures avant l'entrée en cellule"

Les accusés se sont donc levés vers 5 heures ce matin, dit Me Apelbaum, qui prévient la cour que les accusés ne pourront pas tenir ainsi 50 jours d'audience, et répondre convenablement aux questions. "On dira ils sont laconiques, en réalité ils seront rincés", dit Me Apelbaum.

Ali Riza Polat se lève, chemise blanche et dit d'abord : "Je suis innocent des faits qu’on me reproche. Je suis là à cause de certaines personnes, des balances mythomanes
C’est allé trop loin"

Il dit qu'il va s'expliquer. Mais pour l'instant, il ne sera pas interrogé sur les faits mais sur sa personnalité.

Ali Riza Polat a 35 ans, est Franco-turc, sa mère est bretonne. Il a une grande soeur. Raconte qu'il n'a jamais trop aimé l'école. Il ne travaillait pas. Il est entré dans la délinquance.

Il a grandi à Grigny, dans l'Essonne. Comme Amedy Coulibaly, le tueur de #Montrouge et de l'##HyperCacher. Polat et Coulibaly étaient copains.

A la maison, Ali Riza Polat raconte qu'il s'entendait bien avec sa mère, mais le père battait la mère. "Il me battait aussi. A 15 ans, je lui ai tenu tête" raconte l'accusé.

Ali Riza Polat est tombé dans la petite délinquance à l'adolescence : "c'était pour avoir de l'argent c'est tout, quand t'as pas d'argent t'a rien, moi je voulais des belles choses"

Premiers faits vers 14 ans : "des vols, des petits larcins". Et "vers 16 ans, j'ai commencé à faire du business, le cannabis". Après je suis allé en prison."J'ai vu des jeunes de ma cité, ils étaient millionnaires. Je me suis endurci. Je me suis dit en sortant je vais faire ça"

Ali Riza Polat répète "je veux faire de l'argent, je veux être riche" et enchaîne "je veux mourir riche". C'est en prison qu'il s'est rendu compte qu'il pouvait avoir tant d'argent dit-il

L'accusé, crâne rasé, bras croisés sur sa chemise blanche, masque blanc sur le visage (il ne l'enlève pas à la différence des accusés d'hier) répète en boucle : "je veux de l'argent, de l'argent" puis "un million d'euros c'est rien du tout", et encore "je veux pas travailler"

Ali Riza Polat dit qu'il est "en prison pour rien", à la sortie, il a des projets de sortie, "faire de l'argent", "pas travailler"

Dans sa vie, il a pourtant fait des petits boulots "Auchan, dans le bâtiment...."
"Boulots déclarés ?" demande le président.
"Ouais y avait des déclarés, Manpower"...

Premier séjour en prison en 2009, il a 24 ans. A cause d'une affaire de stupéfiants, explique Ali Riza Polat.

Puis il est sorti, "avec un bracelet", il est retourné chez sa mère (les parents se sont séparés)

Après sa sortie de prison en 2010, il dit qu'il arrête le trafic de stup, "on m'a balancé, un indic, ça m'a énervé", après il a "changé de plans" selon ses mots, pensé à d'autres trafics

Le président l'interroge sur une dette évoqué devant les juges d'instruction.
"Ouais, 30 000 euros", confirme Ali Riza Polat, qui parle avec un débit rapide, réponses du tac-au-tac, face au président

Le président l'interroge sur sa vie sentimentale. Ali Riza Polat est célibataire. Raconte une histoire avec une "fille au Liban, je devais m'installer", mais il est retourné en prison

Et il reparle de son "loisir : faire de l'argent".
Il aimait prendre l'avion, aller au Liban (5 fois), en Turquie. "J'ai voyagé pour le business aussi, les deux", pas que pour le voyage dit Ali Riza Polat. Le "business", traduire des "escroqueries", car il ne touche plus aux stup

Le président l'interroge sur la religion. Ali Riza Polat : "je me converti à l'islam en 2014, depuis je fais la prière 5 fois par jour, je suis croyant"

Le président l'interroge : "c'est compatible avec vos escroqueries ?"
Ali Riza Polat dit :"ça reste des péchés". Il explique qu'il prie aussi pour demander pardon.

ll avait dit aux juges d'instruction qu'il regrettait de ne pas avoir continué le trafic de stup, il aurait "payé sa dette à l'autre con, Amedy Coulibaly" et "ne serait pas dans cette affaire"
Ali Riza Polat acquiesce, dans son box vitré. Il pense toujours la même chose.

Le président l'interroge sur la détention, lui demande pourquoi il ne parle qu'à des surveillants masculins. Ali Riza Polat : "non, c'est juste une, elle peut pas me saquer, elle est pas correcte", mais il parle sans souci à la directrice qui "va pas me chercher des poux"

Il reconnaît qu'il a déjà fait du "mitard", dans plusieurs prisons de la région parisienne, puis on l'a mis à l'isolement, puis "ils m"ont transféré au QER" (quartier évaluation de la radicalisation)

Aujourd'hui, sa mère lui rend visite toutes les semaines en prison, à Fleury-Mérogis. Il est inscrit à la bibliothèque de la prison, et au culte, dit le président de la cour d'assises spéciale. Selon le SPIP du QER, Ali Riza Polat est "respectueux". Mais a mal vécu l'isolement.

Le président lit un rapport du SPIP : Ali Riza Polat a "préparé son procès", "est très attaché à sa mère", qui vient donc la voir chaque semaine.

Un avocat de partie civile interroge Ali Riza Polat sur la religion, s'étonne de sa "conversion" puisqu'il est né dans une famille musulmane ?
Ali Riza Polat : "avant je mangeais du porc, tu peux pas être musulman et manger du porc", avant "je croyais pas"

Ali Riza Polat répond donc à l'avocat qui l'interroge que oui, il se sent converti, même s'il est né dans une famille musulmane, car sa famille ne pratiquait pas. Lui a commencé en 2014.

Une avocate interroge Ali Riza Polat sur "onze matches de brosses à dents" à la prison d'Osny ?
"Non, non, non", proteste-t-il, d'un débit toujours ultra-rapide, les mains dans les poches. Il hausse souvent les épaules, semble avoir des fourmis dans les jambes.

On l'interroge sur son lien de parenté avec un co-accusé, Metin Karasular.
Ali Riza Polat : "c'est lui qui s'invente des vies, il dit que je suis son cousin, je suis pas son cousin !"

Puis une avocate l'interroge sur ses liens avec Amedy Coulibaly ?
Ali Riza Polat : "je vais pas vous mentir, on vendait de la drogue, on a fait des escroqueries ensemble".
Il dit qu'ils se sont connus en 2007.

Ali Riza Polat : "j'ai jamais fait de crime de sang, j'ai jamais été violent".

Interrogé par un avocat de parties civiles sur l'argent, Ali Riza Polat répond : "quand je ramenais de la drogue, je prenais 50 000 à 100 000 euros" à chaque paquetage, surtout cocaïne et héroïne. Il parle de drogue rapportée du Liban.

Un avocat lui demande s'il a une "haine des juifs ?"
Ali Riza Polat : "j'ai jamais eu de combat religieux, j'ai jamais eu de haine envers personne"

Un autre avocat de parties civiles lui demande son avis sur les attentats de janvier 2015, et d'abord à #CharlieHebdo.
Ali Riza Polat : "je le désavoue, faut pas faire ça, faut pas tuer des innocents. Vous dites j'ai donné les armes aux frères Kouachi, mais je les connais pas !"

Ali Riza Polat se rassied. L'audience est suspendue quelques minutes et reprendra avec un enquêteur de personnalité. La suite du LT de @franceinter pour aujourd'hui, avec @ChPiret
Et compte-rendu à suivre sur les ondes radio et franceinter.fr

Et voici le compte-rendu web du soir, signé @ChPiret qui continue son LT depuis la salle d'audience.
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