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Sep 25, 2020 106 tweets 22 min read Read on X
Jour 18 au procès #AttentatsJanvier2015. Hier, l'audience a été suspendue car un accusé a été malade, secoué de vomissements dans le box, avec de la fièvre. Un test Covid a été fait. Le test est négatif. L'accusé est revenu dans son box et semble aller mieux ce matin.
L'audience devrait donc reprendre dans quelques minutes. Sauf si l'accusé se sent à nouveau mal. Ses avocats refusaient que l'audience se tienne sans lui. Aux assises, les accusés sont toujours présents à leur procès, sauf s'ils refusent eux-mêmes.
L'audience reprend, les "conditions sanitaires sont remplies", annonce le président. Et l'audience va reprendre là où elle s'était arrêtée hier, avec l'audition en visio d'un enquêteur de la DGSI, le témoin SI562 : comme hier, on voit l'ombre de sa main sur un écran blanc flouté.
Au moment de l'interruption hier, on voyait la revendication d'AQPA Al Qaïda dans la Péninsule Arabique, vidéo du 14 janvier 2015 qui revendiquait l'attentat à #CharlieHebdo. A l'écran, un porte-parole d'AQPA de l'époque, dont la voix résonne devant la cour d'assises.
A l'image, on revoit les frères Kouachi, kalachnikov à la main, dans les rues de Paris après la tuerie à #CharlieHebdo. Le porte-parole d'AQPA revendique la "bataille de Paris" pour "venger Allah". Il parle des Kouachi comme des "héros de l'islam".
Cette vidéo de revendication durait 11 minutes. "Dans cette vidéo, l'organisation terroriste endosse l'action, le choix de la cible et le financement" décrypte l'enquêteur de la DGSI anonyme.
L'enquêteur souligne qu'on a vu dans la vidéo de revendication, Oussama Ben Laden. On avait vu aussi d'autres images d'attentats, comme celui 11 septembre 2001 comme les Twin Towers à New York.
L'enquêteur précise que le porte-parole d'AQPA évoquait "une autre action violente avec le frère Coulibaly". Amedy Coulibaly, auteur des attentats de #Montrouge #HyperCacher avait lui revendiqué son action au nom de #Daech tout en se disant "synchronisé" avec les frères Kouachi.
L'enquêteur DGSI explique qu'il y a une autre revendication, en septembre 2015, dans le magazine Inspire.
#AttentatsJanvier2015.
L'enquêteur revient ensuite sur le parcours des frères Kouachi, attirés par le djihad dès les années 2000, via la filière dite des Buttes-Chaumont, qui voulait envoyer des candidats au djihad en #Irak.
A l'époque, Chérif Kouachi, le cadet des deux frères, avait surtout envie de combattre. Son mentor de l'époque s'appelait Farid Benyettou, le prédicateur d'une mosquée d'une 19e arrondissement de Paris, que la cour devait entendre hier, mais l'audition reportée par la suspension.
@ChPiret de @franceinter a retracé le parcours des frères Kouachi. Le (re)voici.
franceinter.fr/justice/said-e…
L'enquêteur rappelle que Chérif Kouachi avait été condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis dans le cadre de cette filière des Buttes-Chaumont. Saïd Kouachi lui n'avait pas été poursuivi.
L'enquêteur rappelle que c'est en prison que Chérif Kouachi a rencontré d'autres mentors, dont le charismatique Djamel Beghal, condamné à dix ans de prison en 2005 pour un projet d'attentat contre une cible américaine. Beghal aurait dû être entendu hier, audition reportée aussi.
A la fin des années 2000, Beghal était en résidence surveillée dans une petite ville du Cantal : Murat. C'est là qu'il a été vu avec Chérif Kouachi. Mais Amedy Coulibaly est aussi allé lui rendre visite, accompagné de sa fiancée Hayat Boumeddiene, qui s'entraînait à l'arbalète.
L'enquêteur évoque un mystérieux voyage d'un frère Kouachi au Yémen en 2011, pour rendre visite à Peter Cherif, ancien de la bande des Buttes-Chaumont, parti rejoindre Al Qaïda.
C'est le passeport de Saïd Kouachi qui a été utilisé pour ce voyage au Yémen de 2011, mais en réalité les enquêteurs pensent que c'est Chérif Kouachi qui a voyagé avec les papiers de son frère, Chérif Kouachi qui se serait entraîné à combattre là-bas.
Chérif Kouachi a-t-il reçu lors de ce voyage de 2011, des ordres pour commettre un attentat à #CharlieHebdo ? Peter Cherif a-t-il participé à cet ordre ? C'est toute la question.
Peter Cherif devait être entendu hier en que témoin. Beaucoup de victimes et avocats auraient voulu qu'ils soient l'un des accusés de ce procès mais il n'a été arrêté que fin 2018 à Djibouti, trop tard pour ce procès, l'instruction des juges était bouclée, son cas a été disjoint.
L'enquêteur parle maintenant d'un autre commanditaire présumé, lui aussi absent, mais bel et bien accusé : Mohamed Belhoucine, jugé ici pour complicité de crimes terroristes. Mais Mohamed Belhoucine est présumé mort en Syrie depuis 2016 (comme son frère Mehdi, lui aussi accusé).
Mohamed Belhoucine est considéré par les enquêteurs comme un des commanditaires présumés des actions commises par Amedy Coulibaly à #Montrouge et #HyperCacher. Mohamed Belhoucine aurait écrit le serment d'allégeance à Daech de Coulibaly, et participé à la vidéo de revendication.
L'enquêteur DGSI évoque aussi un autre commanditaire présumé, apparu récemment : Abdelnasser Benyoucef, franco-algérien né en 1973, ancien des filières tchéthènes. Il aurait piloté depuis la Syrie l'attaque contre l'#HyperCacher et peut-être l'attentat commis par Sid Ahmed Ghlam.
C'est que son ex-épouse, Sonia, de retour de Syrie, a dit au juge d'instruction en mars 2020, explique l'enquêteur DGSI. On doit entendre cette femme devant la cour d'assises.
Cette femme de retour de Syrie a aussi déclaré au juge d'instruction avoir vu la veuve d'Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, un temps donné pour morte. Sonia aurait vu Hayat Boumeddiene en 2019 dans le camp d'Al Hol, elle l'aurait aussi vue avec "son nouveau mari tunisien".
@franceinter avait publié le portrait d'Hayat Boumeddiene, que (re)voici.
franceinter.fr/hayat-boumeddi…
Le président demande à l'enquêteur DGSI pourquoi AQPA a parlé de Coulibaly qui avait fait allégeance à Daech ?
Réponse de la DGSI : "Je ne dirais pas que EI et AQPA sont des ennemis ou ne s’entendent pas. AQPA se pose en possible médiateur".
L'enquêteur est interrogé sur la surveillance des trois terroristes. La DGSI dit que Coulibaly qui était en prison jusqu'en 2014 n'a pas été suivi, juste avec le renseignement pénitentiaire. Ajoute: "Coulibaly était connu comme un petit délinquant ayant été au contact de Beghal".
La DGSI parle d'un vrai "travail" de surveillance sur les frères Kouachi mais assure que la surveillance a cessé "faute d’éléments pour la justifier" car pas "d'implication personnelle pour motifs terroristes".
L'enquêteur DGSI parle de ses "regrets" que cinq ans après, "il reste encore beaucoup de zones d’ombre" sur les frères Kouachi.
#AttentatsJanvier2015
L'enquêteur DGSI tient à dire : "On parle beaucoup des services (de renseignement) comme des institutions froides. J’ai travaillé 7 ans dans l'antiterrorisme par conviction. Chaque attentat est ressenti comme un échec par nous tous. Les gens qui font ça le font par conviction".
L'enquêteur DGSI ajoute : "C’est un regret d’avoir fait tout ce travail, et ne pas avoir réussi" à montrer la volonté des Kouachi de commettre un attentat.
Régulièrement, à chaque attentat depuis Mohamed Merah en 2012, la DGSI est mise en cause et accusée de "failles" dans le suivi. Ici, l'enquêteur s'en défend avec émotion, expliquant que la surveillance des Kouachi, à travers les écoutes, les filatures, n'a rien permis de prouver.
L'enquêteur DGSI : "Le renseignement consiste à devoir évaluer en permanence des menaces. On n'a malheureusement pas des moyens infinis. Malheureusement il faut justifier notre travail de surveillance car ce qu’on met sur un objectif on le met pas sur un autre. On trie".
Une avocate de nombreuses parties civiles demande combien de gens sont suivis : 8000 pour potentialité violente, "on ne peut pas prendre tous ces gens en compte de manière concrète" reconnaît l'enquêteur DGSI.
L'enquêteur DGSI explique que les filatures sont forcément mêlées aux écoutes. Ils ne peuvent pas faire "une bulle autour des individus pendant des heures, pas une bulle physique comme on le ferait avec des gardes du corps".
L'enquêteur DGSI est interrogé sur la taqqya, art de ruser, prôné par les organisations terroristes. "La taqqya est une attitude consistant à se fondre dans le paysage pour donner le change pour que l’analyse sur sa personnalité ne soit plus la même".
L'enquêteur ajoute : "C’est très compliqué car on ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens". La première fois que les policiers du renseignement y ont été confrontés, c'était en 2012, avec Mohamed Merah.
L'enquêteur DGSI précise que la "taqqya, c’est un vrai sujet sur la sortie de prison aujourd’hui. On prend en compte ce phénomène. Certains donnent très bien le change".
250 condamnés pour terrorisme islamiste doivent sortir de prison d'ici 2022.
Après une courte suspension au procès des #AttentatsJanvier2015, suspension qu'on a pensé due à l'attaque qui a eu lieu ce matin près des anciens locaux de #CharlieHebdo à Paris. Emoi dans la salle à la suspension. Mais le président reprend l'audience comme si de rien n'était.
L'audience est suspendue jusqu'à 14h30.
L'audience a repris avec le témoignage de la femme de Chérif Kouachi, prénommée Izzana, longue robe et foulard rose assortis.
#AttentatsJanvier2015
Elle est émue à la barre, s'attendait à des questions de la cour et a du mal à parler seule.
Izzana, veuve de Chérif Kouachi commence : "J’ai été mariée avec Chérif Kouachi depuis mars 2008". Le 7 janvier 2015, "je me refais le film mais c’est très difficile de me dire à quel moment j’ai loupé quelque chose, pourquoi il est parti armé sur Paris"
La veuve de Chérif Kouachi dit de son mari qu'il était "c’était un homme joyeux, plein de vie, respectueux", et elle répète, "j’ai du mal à comprendre pourquoi ce jour-là il est parti armé sur Paris", le 7 janvier 2015.
Izzana Kouachi avait été placée très vite en garde à vue. C'est en garde à vue qu'elle avait appris la mort de son époux, tué dans l'assaut du GIGN, le 9 janvier 2015 à Dammartin-en-Goële.
La veuve de Chérif Kouachi est peu bavarde, spontanément. Elle a du mal à parler. L'assesseur lui pose des questions sur sa vie avec son mari. Elle dit "quand il y a eu les caricatures de #CharlieHebdo dans les médias, je voyais qu’il était sensible à ça, qu’il était touché".
Izzana Kouachi : "Quand j’ai vu longtemps après, les images quand il est sorti des locaux de #CharlieHebdo, j’ai vu qu’il avait une détermination, je l’ai pas reconnu. Pour moi, c’était pas le Chérif que j’avais au quotidien à la maison".
#AttentatsJanvier2015
Izzana Kouachi dit qu'elle n'a rien remarqué avant le 7 janvier 2015, sauf peut-être que Chérif Kouachi avait peu mangé les jours précédent, "il disait qu'il avait mal au ventre, il regardait par la fenêtre, mais j'ai rien décelé".
L'assesseur l'interroge sur le voyage de Chérif Kouachi au Yémen en 2011. Sa veuve dit à la barre qu'il voulait prendre l'air, lui avait parlé d'envie de voyage seul, il y avait des tensions entre eux parfois, elle pensait que s'ils avaient un enfant, ça irait mieux.
L'assesseur lit des PV dans lesquels en janvier 2015, Izzana Kouachi avait expliqué que le lundi 5 janvier 2015, ils avaient fait ensemble des "repérages" pour faire les soldes.
Le mercredi 7 janvier 2015, en partant de chez eux, les frères Kouachi avaient dit à leurs épouses respectives qu'ils partaient faire les soldes à Paris.
#AttentatsJanvier2015
L'assesseur lui demande si elle a déjà vu Amedy Coulibaly. Izzana acquiesce, en 2009. L'assesseur lui fait remarquer qu'elle avait dit l'inverse face aux enquêteurs.
Izzana Kouachi avait dit en 2015, face aux enquêteurs, qu'elle ne connaissait pas Amedy Coulibaly.
Izzana Kouachi explique que ce matin du 7 janvier 2015, elle s'est réveillée en même temps que son époux, vers 8h30-9h, dit-elle, elle ne sait plus. Puis ça a sonné à l'interphone. C'était Saïd Kouachi, le frère de Chérif. "Chérif m'a dit on va faire les soldes à Paris".
Izzana Kouachi dit que ça l'a surprise, mais elle ne voulait pas que son beau-frère reste, elle se voyait pas "rester dans le studio" avec son beau-frère Saïd Kouachi. Elle ne pouvait pas être dans la même pièce qu'un autre homme que son mari, explique-t-elle.
Izzana Kouachi : "Chérif et moi on avait un islam assez rigoriste". Elle dit qu'elle ne pratique plus sa religion de façon rigoriste aujourd'hui.
Izzana Kouachi explique qu'elle connaissait Hayat Boumeddiene, la femme d'Amedy Coulibaly. "Elle aussi elle avait un désir d'avoir un enfant, ça nous rapprochait".
Izzana Kouachi explique qu'en 2010, son mari Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly ont été incarcérés ensemble (suspectés de tentative d'évasion d'un artificier des attentats de 1995 dans le métro parisien). Elle est allée au parloir avec Hayat Boumeddiene.
"Le parloir, ça nous a rapprochées" dit Izzana Kouachi, en parlant d'Hayat Boumeddiene, femme d'Amedy Coulibaly.
Mais Izzana Kouachi assure qu'après la prison, "on ne se fréquentait plus, chacun a repris son chemin". Elle se souvient juste d'une fois où Amedy Coulibaly et Hayat Boumeddiene leur ont rendu visite de retour d'un pèlerinage à La Mecque.
L'assesseur interroge Izzana Kouachi sur son beau-frère, Saïd Kouachi : "c'était li'nverse de Chérif, c'était le grand frère, introverti"
Izzana Kouachi dit aussi de son beau-frère Saïd Kouachi : J’ai pas eu l’occasion de réellement le connaître car je lui parlais pas". En raison de sa pratique rigoriste de l'islam, elle ne parlait pas aux autres hommes, sauf à son mari.
Izzana Kouachi dit qu’elle a "avancé", en travaillant, en déménageant. "J’ai réussi à avancer avec mon travail mais c'est difficile de gérer toutes ces émotions, que ce soit de la colère, de la tristesse".
Une avocate de victimes de l'Hyper Cacher l'interroge sur sa vision de l'attaque à #CharlieHebdo commise par son mari et son beau-frère. Izzana Kouachi répond : "J’ai directement condamné ces actes. Aujourd’hui, je le dis aussi, je condamne cet acte monstrueux, sans hésitation".
Une autre avocate, Me Maktouf, demande à Izzana Kouachi si elle considère que son époux est un "martyr" ? La veuve de Chérif Kouachi répond "non".
Une autre avocate interroge Izzana Kouachi sur les sports qu'elle pratiquait avec Hayat Boumeddienne : boxe et taekwondo.
On l'interroge sur les liens entre Chérif Kouachi qui allait beaucoup chez son frère Saïd à Reims. Izzana Kouachi parle du côté "famille" et à l'époque elle se disait que Chérif voulait aller voir son frère qui avait eu un bébé. "On n'arrivait pas à en avoir" dit Izzana Kouachi.
Me Metzker se met à poser des questions. Il en pose sans cesse, souvent les mêmes, depuis le début de ce procès. Pour la énième fois, il parle de Farid Benyettou, le prédicateur des Buttes-Chaumont qui se dit repenti. L'avocat s'étonne qu'il soit venu chez Chérif Kouachi.
A l'époque, Chérif Kouachi et Farid Benyettou étaient amis. Mais dans l'enquête sur les #AttentatsJanvier2015, les juges d'instruction n'ont trouvé aucune charge pénale contre l'ancien prédicateur des Buttes-Chaumont, qui sera seulement entendu comme témoin.
Me Coutant-Peyre, avocate d'un accusé s'offusque qu'on interroge la veuve d'Izzana Kouachi "comme si elle était elle-même accusée". Me Coutant-Peyre lui demande si elle est traumatisée ?
Izzana Kouachi dit qu'elle ne veut plus qu'on l'appelle Kouachi, elle ne porte plus ce nom.
Izzana : "Moi dans cette affaire je suis la veuve de... Je suis madame Kouachi" mais elle ne veut plus porter ce nom : "On s’est aimés mais ma vie s’arrête le jour où il a décidé de sortir avec les armes"
#AttentatsJanvier2015
Lui succède à la barre, sa belle-soeur, prénommée Soumya, veuve de Saïd Kouachi, petite femme ronde, djellaba vert sapin, foulard noir sur la tête. Elle dit "bonjour" de manière joviale, s'excuse de n'avoir pas vu que c'était l'assesseur qui lui parlait derrière son masque.
Elle pensait qu'elle devait parler au président : "Ah c'est pas lui ?" d'un ton naturel qui fait sourire. Et elle raconte sa rencontre avec Saïd Kouachi, lors d'une formation en 2007, "je me suis mariée religieusement quelques mois après", puis ils ont eu un bébé.
Elle explique qu'ils sont partis vivre à Reims "à cause de mes problèmes de santé". Elle ne sait pas trop quoi ajouter. Elle dit : "chez nous, y avait rien de spécial".
La veuve de Saïd Kouachi explique que Chérif Kouachi venait souvent leur rendre visite mais "quand ils se retrouvaient c’était pour jouer à la playstation".
L'assesseur cite une soeur des Kouachi qui déclarait aux enquêteurs que la religion était devenu plus important que tout pour ses frères. La veuve de Saïd Kouachi trouve que c'était "normal, les cinq prières par jour, ils allaient parfois à la mosquée".
L'assesseur demande à la veuve de Saïd Kouachi s'ils vivaient dans "une vision sectaire de l'islam" ?
"Pas du tout", répond-elle.
On l'interroge sur son attitude, un peu "froide", en garde à vue ; elle aussi a appris la mort de son mari en garde-à-vue. La veuve de Saïd Kouachi dit : "J’étais un peu déconnectée. Je me dis c’est pas possible".
Cinq ans après, elle dit : "J'ai rien vu", de la radicalisation de son mari Saïd Kouachi. Le matin du 7 janvier 2015, quand il lui a annoncé qu'il allait chez son frère, pour "faire les soldes", elle n'a pas été surprise.
La veuve de Saïd Kouachi dit que son mari n'a jamais parlé devant elle des caricatures de #CharlieHebdo. "Il a jamais évoqué les caricatures" dit-elle.
La veuve de Saïd Kouachi, interrogée sur la religion dit : "Sur le point de vue de la religion, j’ai pas changé, rien de plus, rien de moins, je stagne. Cinq prières. Je peux pas jeuner à cause de ma maladie".
On demande à la veuve de Saïd Kouachi son avis sur l'attaque à #CharlieHebdo.
Elle dit : "Je suis pas d’accord avec ce qu’ils ont fait. Je trouve ça grave et c’est malheureux d’en arriver là".
Une avocate de parties civiles ose cette question à la veuve de Saïd Kouachi : "Ces bagues que vous touchez, est-ce qu’elles vous ont été offertes par Saïd Kouachi ou quelqu'un d’autre ?" La veuve de Saïd Kouachi répond que les bagues ne viennent pas de Saïd.
Me Meztker l'interroge sur les problèmes de vue de son mari. La veuve de Saïd Kouachi répond : "Peu de temps avant, on était allés chez l’ophtalmo, il pouvait pas conduire et il devait faire une greffe de la cornée, il me semble".
Me Metzker demande aussi à la veuve de Saïd Kouachi quelle est sa maladie précise. N'hésite pas à lui dire qu'il s'étonne qu'elle ne soit pas en chaise roulante ! Elle répond que sa maladie, c'est "des jours avec, des jour sans", parfois elle est en béquille ou chaise roulante.
Et il n'hésite pas à lui demander si ses allocations pour adulte handicapé a servi à payer des armes !
La veuve de Saïd Kouachi répond que non, et ajoute que c'est elle qui gérait les comptes.
Elle dit de son mari, Saïd Kouachi, qu'avec elle, "il était doux, gentil, attentionné, il me soignait quand j'étais malade, on se faisait des soirées cinéma, playstation..."
Me Maktouf lui demande ce qu'elle pense des caricatures de #CharlieHebdo. La veuve de Saïd Kouachi : "Par rapport aux caricatures, je trouve qu’on peut faire rire autrement. Que c’est un manque de respect envers une communauté. Après, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent".
La veuve de Saïd Kouachi ajoute sur les caricatures de #CharlieHebdo : "S’ils trouvent que c’est bien et rigolo, tant mieux. Mais moi je trouve que ça se fait pas".
La cour n'a plus de questions à lui poser, la veuve de Saïd Kouachi quittera cour en disant merci et souhaitant "bon courage".
Son frère Tarek, arrive à la barre. Il est donc le beau-frère de Saïd Kouachi. Il s'entendait très bien avec Saïd, mais très mal avec Chérif Kouachi, dit-il.
Il connaît plusieurs des accusés dans le box, Abdelaziz Abbad, surtout, mais aussi Miguel Martinez...
C'est le président de la cour d'assises qui interroge le beau-frère de Saïd Kouachi, à la barre. Le président lit longuement d'anciens PV, méthode qu'il utilise énormément depuis le début de ce procès, suscitant souvent l'étonnement.
Un avocat de la défense, Me Apelbaum s'étonne tout haut, cet après-midi et ose : "Monsieur le président, puisque le témoin est à la barre on peut peut-être l'interroger" plutôt que chercher ses anciennes déclarations ?!
Le président bafouille: "oui, bon, je le mets sur la piste".
A la barre, le beau-frère de Saïd Kouachi dit de l'attentat contre #CharlieHebdo que cinq ans après, il sait que c'est vrai mais est étonné que son beau-frère ait fait ça.
Lui succède à la barre un prénommé Landry, éditeur de musique.
Il a connu Amedy Coulibaly. "Moi je l'ai connu car j'étais incarcéré en même temps que lui à Fleury. On se voyait comme des détenus normaux, quoi. Il faisait du sport, comme tout le monde. Un détenu sage. Je connais pas le Amedy Coulibaly des faits " dit Landry à la barre.
La dernière fois qu'il l'a vu, c'est dans la nuit du 6 au 7 janvier 2015. Il l'avait pas revu pendant 15 ans, dit-il. Sauf une fois pour un match au parc des princes. Et quelques autres fois.
Les raisons pour lesquelles on se voyait : "il avait filmé Fleury-Mérogis, il voulait les vendre et faire un documentaire" dit Landry.
Le président l'interroge sur le surnom de Coulibaly : "Dolly, comme la brebis clonée", confirme le témoin à la barre.
Il explique qu'il a toujours Amedy Coulibaly "comme un fan de rap, il avait énormément de CD dans sa voiture". Un jour, plus de CD, "je lui ai dit ils sont où ? Après c'était des CD du Coran".
Le président enchaîne : "C'était des chants coraniques, et ça vous a étonné ?"
Le témoin à la barre a croisé l'un des accusés, Ali Riza Polat, avec Amedy Coulibaly, quand Coulibaly cherchait de l'argent. Dans son box, Polat acquiesce : "Je dis la vérité M. le président, j'aurais pu nier". Mais Polat jure qu'il n'était pas au courant des projets d'attentats.
Et l'audience est suspendue, elle reprendra lundi à 9h30, pour la cinquième semaine au procès des #AttentatsJanvier2015.
Compte-rendu web @franceinter à venir...
Avec les dessins d’audience signés Matthieu Boucheron pour @franceinter

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