Comme l'impression qu'on va encore lire et entendre beaucoup de bêtises sur notre métier, nos élèves, nos territoires. Alors j'aimerais vous parler de lui et d'eux. De ce qu'il est réellement. De ce qu'ils sont réellement.
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Cela fait 12 ans que j'enseigne en plein milieu du 93. Dans un lycée général et technologique ce qui est sans nul doute plus aisé qu'en lycée professionnel ou en collège. J'ai eu en cours plusieurs milliers d'élèves.
Et la 1e question que me pose un.e inconnu.e lorsque j'explique quel est mon métier est toujours celle-ci :
"Et ça va ? C'est pas trop difficile ?"
Et je n'en peux plus de cette question.
Parce que lorsqu'on dit ça on ne pense pas à ce qui fait la vraie difficulté actuelle de mon métier : le bazar administratif, les injonctions contradictoires incessantes.
Non quand on dit ça on pense à mes élèves. À nos territoires.
A des élèves qu'on ne connait pas. A des territoires qu'on ne connait pas.
Non, mes élèves ne sont pas "difficiles".
Non, mon lycée n'est pas "difficile".
Faire cours à mes élèves c'est la partie la plus facile, la plus prenante, la plus enrichissante de mon métier.
En 12 ans j'ai dû mettre 2 heures de colle. Je n'ai pas exclu un.e élève de cours depuis des années.
Dans ma salle de classe on débat, on sourit, on discute, on vit. Et surtout on travaille. Et j'espère qu'on apprend.
Et mes élèves sont des adolescent.e.s. Ils viennent parfois d'un peu partout. Leurs parents viennent parfois d'un peu partout. Et ils et elles sont pourtant comme partout ailleurs.
Mes élèves ressemblent beaucoup plus aux autres élèves que vous ne le pensez.
Mon lycée ressemble beaucoup plus aux autres lycées que vous ne le pensez.
Simplement il n'y a pas de place pour eux médiatiquement. Ils et elles ne rentrent pas dans la case initialement prévue pour eux. Ne sont pas vulgaires, agressifs ou incultes comme le pensent celles et ceux qui ne sont jamais venus les voir.
J'aimerais tant qu'on parle un peu moins des 1, 2, 5% qui posent souci. Et qu'on parle des autres, celles et ceux que j'ai face à moi. Celles et ceux que je connais. Celles et ceux qui existent.
Alors s'il vous plaît, avant de projeter les fantasmes médiatiques sur mon métier, sur mes élèves, venez voir. Venez les voir travailler, apprendre, vivre. La porte de ma salle de classe est toujours ouverte pour qui veut rentrer.
Ps 1 : je ne nie pas les difficultés. La violence parfois, scolaire et sociale. La dureté du métier pour celles et ceux qui y sont le plus confronté. De par mes fonctions je suis assez bien placé pour voir les pbs. Mais ce n'est pas ce dont j'avais besoin de vous parler ce matin
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Imagine, tu as hurlé (à juste titre) pendant des mois pour avoir des masques pour te protéger pour finir par comparer en permanence des situations où tu as un masque (type transports) avec des situations où personne n'en a (genre resto). Juste imagine.
Les masques nous protègent. Imparfaitement c'est sûr. Mais ils nous protègent. Et si on ne contrôle pas la manière dont les autres le portent, chacun peut bien porter SON masque. Et ça fait une sacrée différence en matière de transmission du virus.
Il faut donc concentrer nos efforts sur les périodes où nous n'avons pas de masque. C'est là où nous sommes le + en danger et de loin . Dans le 2d, des situations comme la cantine, les internats, l'EPS n'ont pas été suffisamment pensées.
Pour les besoins de notre article sur les lycées en éducation prioritaire, j'ai dû me pencher dans la jungle des classements réalisés ces 40 dernières années. Allez, suivez-moi dans la jungle, il y a des drôles de trucs.
L'éducation prioritaire, c'est un mot dans l'esprit du grand public : ZEP. Mais en réalité cela fait longtemps que les ZEP n'existent plus sous ce nom. L'éducation prioritaire ce fut et c'est : Clair, Eclair, RAR, APV, PEEP IV, Sensible, Politique de la Ville, REP, REP+ etc.
Au fil des années ces dispositifs se sont parfois succédés, parfois ajoutés les uns aux autres. Au point que 99% des acteurs de l'Education Nationale sont aujourd'hui incapables de faire le point sur qu'est-ce qui est quoi.
En réalité la situation est un poil plus complexe : de nombreux lycées sont aussi classés sensible ou politique de la ville. Classements qui eux ne disparaissent pas. On faisait le point il y a 3 ans ici creteil.sgen-cfdt.fr/actu/lycees-en…
Rien ou presque n'a changé entre 2017 et 2020. On apprend en catimini la fin des mesures transitoires pour les établissements ex-zep et donc ex-eclair. Mais combien d'établissements sont concernés ? Dur de le savoir précisément...
Il est urgent de remettre cela à plat et de considérer à nouveau les personnels et les élèves de ces lycées !
Mesdames et messieurs, venez assister à
La Réouverture
(ou comment rater le retour à l’école)
Une tragicomédie contre-intuitive en trop de tweets
Avec dans les rôles principaux : Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer.
Déroulez ! Déroulez ! Déroulez !
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Pour comprendre où nous en sommes, il faut retourner (au moins) au 13 avril. Ce soir là Emmanuel Macron annonce la réouverture des écoles le 11 mai. A la surprise générale. Y compris sans doute celle de son ministre.
A l’époque le débat c’est plutôt juin ou septembre. Il faut dire que le contexte sanitaire est encore très incertain. Les hôpitaux sont pleins. Les décès se comptent par centaines chaque jour. Une timide décrue semble commencer. Mais rien qui puisse rassurer sur le long terme.
Une personne a écrit sur la liste des enseignants titulaires du 2d de l'académie de Créteil. Au bas mot 30 000 personnes. La liste devrait être fermée aux réponses. Elle ne l'est pas. On est samedi au milieu d'un long weekend. On attend désormais les centaines de mail de réponse
Parce qu'on sait que ça va partir comme ça :
"Je ne comprends pas pourquoi j'ai reçu ce mail"
"Il doit y avoir erreur, ce mail ne m'était pas destiné"
"Merci de me désinscrire de cette liste"
"Nous avons tous reçus ce mail. Merci de ne plus y répondre"
"Mais arrêtez de répondre!"
Combien de mails avant que chacune des 30 000 personnes se rende compte que si elle ne répond pas, alors personne ne recevra plus de mail indésirable ? Ça n'est pas une erreur de mail. C'est la plus belle expérience socio-neurologique ever.