LA MILITANTE FÉMINISTE RACISÉE
Elle est bien de son temps: son profil dit "she/her".
Elle sent poindre la fin du patriarcat;
le règne de l'homme blanc bientôt s'éteindra,
et elle prend déjà le pouvoir sur Twitter.
(1/4)
A ses yeux, #AOC, ce n'est pas du pinard:
l'acronyme précieux des doutes que l'on s'ôte;
Cette femme fière qui tient la dragée haute
aux vieux mâles sûr d'eux, comme elle l'empouvoire!
(2/4)
Elle-même en découd avec des spécimens,
notamment un certain Raphaël @Enthoven_R
Vain Germanopratin, il est ce qu’elle abhorre
(3/4)
Elle n’a hérité de rien, et lui tout, alors
Rageuse, elle clashe sa blanche fatuité,
A coups de méchants GIFs savamment retweetés.
(4/4)
L'ADDICT
Sous son pouce défile le fil du réseau.
Véloce, le doigt scrolle et swipe tout le jour,
distribue des likes bien comme il faut, ni trop
ni trop peu, ce qu’il faut pour avoir en retour.
(1/4)
Un statut bien senti vaudra plus de cent cœurs
et lâchera en lui un flux de dopamine.
Et pour atteindre encor cet intense bonheur
Chaque jour, il poste une phrase sibylline,
(2/4)
il est spirituel ou se montre ironique.
Mais le mieux est de lancer une polémique,
façon la plus sûre d'être au centre du jeu.
(3/4)
SA LIBERTÉ DE PENSER
Il conchie les bobos, leur #vélo, les gauchiasses.
Pas touche à sa bagnole, à la viande, à la chasse,
Les valeurs d’Occident, fier, il les défendra,
et nos us menacés, comme la #corrida.
(1/4)
Matador sur Twitter, l’arène des idées
Il portera haut sa liberté de penser.
Face à la bien-pensance islamo-gauchisante,
il n'opposera qu'une morgue méprisante.
(2/4)
Mais parfois, il ne peut résister à troller
Quand une féministe commence à jacter
avec la complaisance crasse des merdias.
(3/4)
LE #GLOUB
Manchette tatouée barrée d'une rolex
Bras tweetant du MR, il dégaine à tout va.
Il a conservé quelques manies de @dreynders :
Non pas la météo, bien l’estime de soi,
(1/4)
Un art de diviser, d’être honni de la gauche,
ainsi qu’un tic d’épaule vu chez Sarkozy.
Son modèle inavoué vient des Etats-Unis:
oui ! De @realDonaldTrump, il copie la débauche
(2/4)
de tweets imbéciles et de provocations,
comme l’autre génie, poste n’importe quoi.
Il ne réfléchit pas, préfère réagir.
(3/4)
Sois sage o mon @Twitter et tiens-toi plus tranquille,
Tu espérais le soir; hélas point de répit.
Pendus à leurs smartphones à travers la ville
Les visages du siècle luisent dans la nuit.
(1/4)
Rétro éclairés par des écrans insomniaques,
Comme autant de lunes blafardes et pâles,
Ils scrutent fiévreux commentaire et likes:
ça leur tient désormais de relations sociales.
(2/4)
Leurs pensées captives montent dans le nuage,
Pépiements d'oiseaux bleus inconscient de leur cage,
et loin sur les serveurs, bips et data cliquètent.
(3/4)