Je lis ce matin la nouvelle note de @_Terra_Nova par @brunepoirson, intitulée « Pourquoi le trumpisme va survivre à Donald Trump ». Jusqu’au titre, on est d’accord.
Mais pour le reste, je suis en desaccord profond avec l’analyse. Un thread 👇
B. Poirson explique que les élites démocrates n’ont rien appris de la victoire de Trump en 2016. Après avoir «contribué à le porter au pouvoir», ils ne se seraient s’intéressé à ses electeurs. Les Dems continueraient d’opposer à Trump la «morale» au lieu d’idées ou un projet 2/
Biden ferait un "catéchisme aspirationnel" pour des elites dans "leur forteresse". Constat cinglant de B.Poirson : « Si Trump est détestable, l’attitude des démocrates et de l’élite américaine maintient bien vivant le terreau du trumpisme. Ils font vivre Trump malgré Trump."3/
Je ne peux pas être plus en désaccord. D'abord, je regrette que ce texte mélange profs/étudiants d’Harvard avec l’élite, démocrates, peuple de gauche, progressistes ou Américains anti-Trump. Comme si les electeurs de Biden le 3/11 sont des élites intellectuelles d’Harvard. 4/
Mais au-delà, le constat est faux. 2016 a été un choc pour les démocrates, qui ont mis qlqs années a se réorganiser pour ensuite porter un champ très large de nouvelles idées, accompagnées par un travail de terrain faisant émerger de nouveaux candidats issus de la diversité.5/
Je le sais car j'ai consacré un ouvrage à ces nouvelles idées, qui encadreront l’action de Biden a la Maison-Blanche et de Pelosi/Schumer au Congrès. Je parle au futur car je crois à une victoire nette de Biden, grace a ce renouvellement par le bas fayard.fr/documents-temo… 6/
Les démocrates post-2016 ont fait émerger de très nombreuses nouvelles idées, pas seulement "sociétales" comme le regrette B. Poirson, mais sur tout le champ politique. J’y ai consacre un ouvrage entier alors on ne peut en faire la liste complete ici, mais qlqs points: 7/
1. économie/social : revalorisation du salaire minimum et baisse des couts de la vie (santé, logement, garde d’enfants, frais scolarité) pour répondre au désespoir des électeurs de 2016 de la classe moyenne et ouvrière qui ont vu leur niveau de vie s’écrouler depuis 40 ans. 8/
2/ transformation du système démocratique et institutionnel américain, aujourd’hui producteur de polarisation partisane toxique et d’une sous-représentation démocratique endémique : réforme du Collège électoral, élimination du filibuster, reforme de la Cour Supreme. 9/
3/ lutte contre les discriminations institutionnalisées et la sous-représentation des minorités : réforme police/justice, soutien à l’accès a la propriété des minorités, investissement dans les universités/entreprises de minorités visibles, décriminalisation de la frontière. 10/
4. une politique étrangère adaptée au moment nationaliste que l’on traverse : action climatique, renforcement des alliances autour de la valeur démocratique, soutien a l’UE, lutte contre la kleptocratie et le blanchiment d’argent et avant tout nation building at home. 11/
Ces idees ne plaisent pas toujours, elles seront débattues au Congrès et à la Maison-Blanche. Mais c'est armé de tout cela que le parti démocrate fait campagne en 2020. Cf. le programme de consensus sorti des taskforce de la campagne Biden joebiden.com/wp-content/upl… 12/
Alors oui, Biden parle de morale pour souligner la cruauté de la réponse (ou absence de) face a COVID. Oui il pose des principes antiracistes et antifascistes face à la montée des milices et de la corruption.Cela n’enlève en rien à la profondeur du programme démocrate en 2020.13/
Mme Poirson demande « Un seul homme peut-il être responsable de la fracture interne des Etats-Unis ? ». Non bien sur. Mais si le trumpisme survit à Trump, il faut comprendre qu'il a un carburant principal: le nationalisme américain, qui a fleuri au sein du parti républicain 14/
Comme l’a montré l’excellente @mayakandel_ le trumpisme est "un mélange de messages antisystème et antiélites, de nationalisme, de conservatisme religieux, et d’illibéralisme". Elle cite C. DeMuth : "Le trumpisme a une essence, [...] le nationalisme". 15/ lemonde.fr/international/…
Les partisans de Trump essaient de le vendre comme un "conservatisme national" mais comme le souligne M.Kandel, c’est avant tout du national-populisme (contre le progressisme), avec poussées anti-néolibéral (contre la mondialisation) et rejet de l’ordre libéral international16/
Je la cite encore : « La victoire de Trump marque ainsi l’aboutissement du glissement vers la droite du Parti républicain, pour devenir un parti d’extrême droite, signe aussi de la polarisation idéologique croissante des Etats-Unis depuis quatre décennies. » 17/
Alors, non, je ne crois plus à la thèse des élites déconnectées. C’est refuser de voir ce qui a surgi. Le parti démocrate a fait ses devoirs depuis 2016. C’est pour cela qu’il a repris la Chambre en 2018, c’est pour cela qu’il est en passe de reprendre la Maison-Blanche. [END]
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Tonight Emmanuel Macron annonces a new “confinement” for France all across the country, less than 2 weeks after a curfew. Starting on Friday, people will again have to stay home, refrain from meeting anyone, telework encouraged and travel restrained. 1/
Only major differences from the last 2-month-long spring lockdown : schools will remain open, work will be encouraged via telework other adaptation, public services will be open and available, travel within Europe will be possible. 2/
#Macron describing an extraordinary rapid rise in infections all across Europe, surprising everyone. All measures will last until Dec 1st, apart from accommodations made here and there 3/