Il y a 103 ans
Nuit du 6 au 7 novembre 1917 (24-25 octobre calendrier julien) Prise du Palais d’Hiver RÉVOLUTION D’OCTOBRE
1)La révolution d’Octobre commence la nuit du 6 au 7novembre 1917 pour notre calendrier, soit du 24 au 25 octobre selon le calendrier julien alors encore adopté en Russie d’où le nom qui est resté de révolution d’Octobre.
2)La Russie avait déjà connu une révolution libérale en mars (février) 1917, renversant le tsar.
3)Deux pouvoirs bientôt concurrents en étaient sortis: un gouvernement provisoire (députés libéraux, modérés, élites) et le Soviet de Petrograd organisation inventée en 1905 qui exerce un contre-pouvoir populaire.
4) La nouvelle «république russe» semblait alors se rattacher au modèle européen de la démocratie libérale, parlementaire: elle ne mène pas de réformes sociales ni de réforme agraire alors que le peuple et les Soviets en réclament.
5)Le gouvernement provisoire continue également la guerre, alors que le peuple réclame la paix.
6)Dès avril, la tension est donc grande entre les classes populaires, le Soviet et le gouvernement provisoire. Des manifestations réclament «le pain, la paix et la terre!» et, bientôt, «tout le pouvoir aux Soviets».
7)Des comités locaux se forment, parallèlement aux Soviets, souvent plus radicaux qu’eux. Dans l’île de Kronstadt, les marins russes forment ainsi un comité qui ne reconnaît bientôt plus le gouvernement provisoire mais pas non plus le Soviet de Petrograd.
8)Dans les manifestations, un discours de classe, prolétarien, l’emporte maintenant sur l’esprit de février, qui était encore interclassiste.
9)Dans les campagnes, les grands domaines sont attaqués, les grands propriétaires sont expropriés, parfois massacrés, les terres redistribuées.
10) C’est la débandade dans l’armée car les soldats désertent en masse (ils veulent rentrer pour profiter du partage des terres).
11)Les choses se compliquent aussi avec les réveils nationalistes qui profitent de la révolution pour faire valoir leurs revendications autonomistes. Un profond mouvement d’auto-organisation se retrouve en ville comme à la campagne.
12)Sociale, la révolution qui se joue à la base conteste toutes les figures de pouvoir: pères de famille, fonctionnaires, industriels, propriétaires terriens, officiers...
13)Les socialistes se divisent sur la position à adopter. Soutenir le gouvernement provisoire et attendre, ou suivre la radicalisation en cours ?
14)Dans son article « Thèses d’avril », Lénine choisit la deuxième solution et appelle à une nouvelle révolution, cette fois socialiste et prolétarienne.
15)Il prône la nationalisation des terres, le contrôle ouvrier sur les usines et le pouvoir aux Soviets soit ce que réclament le Soviet et le peuple.
16)Dans ce contexte, le gouvernement provisoire devient de plus en plus dictatorial. La répression s’abat sur les bolcheviks qui en tirent une plus grande popularité. Lénine doit fuir en Finlande.
17)La radicalisation se poursuit. Dans les comités, dans les régiments, on réclame le départ des «ministres bourgeois», le «travail obligatoire pour les bourgeois».
18)Les campagnes sont en prise à une grande jacquerie: propriétés mises à sac, meubles brûlés, arbres coupés, pelouses des parcs passées à la herse. Quand le gouvernement envoie l’armée pour rétablir l’ordre, les soldats refusent de tirer «sur leurs frères paysans».
19)En septembre et octobre, les Soviets passent de plus en plus nettement à gauche, et comptent de plus en plus de bolcheviks en leur sein.
20)En septembre 1917, Lénine et Trotski considèrent qu’il n’y a plus de compromis possible avec le gouvernement et qu’il faut prendre le pouvoir. «L’histoire ne nous pardonnera pas si nous ne prenons pas le pouvoir maintenant», écrit Lénine
21)Ça tergiverse quand même pas mal; beaucoup hésitent, pensent qu’il vaut mieux attendre ; Lénine les traite de traîtres ! Déguisé en ouvrier, avec une perruque pour cacher sa calvitie, il revient en Russie et parvient à convaincre le Comité central de lancer l’insurrection.
22)Un comité militaire révolutionnaire avait été créé au sein du Soviet de Petrograd et dirigé par Trotski, président de ce dernier. Il est composé d’ouvriers armés, de soldats et de marins, et prépare méthodiquement la prise d’assaut des points stratégiques de la ville.
23)Le gouvernement provisoire sous-estime le risque de coup d’État. Tout au plus fait-il lever les ponts sur la Neva et légèrement renforcer la défense du palais d’Hiver (notamment avec un bataillon féminin).
24)Dans la nuit du 6 au 7 novembre (pour nous), les gardes rouges conduits par les bolcheviks prennent sans résistance le contrôle des ponts, des gares, de la banque centrale, des centrales postales et téléphoniques.
25)Ils menacent de faire tirer le croiseur Aurore sur le palais d’Hiver et mettent leur menace à exécution. En réalité, le croiseur tire une salve à blanc. Mais résultat, tout le monde se débine.
26)L’assaut final est alors donné sur le palais d’Hiver quasi vide (on en fera ensuite dans la mise en récit et en images un épisode plus glorieux). L’insurrection se déroule sans réelle résistance, la majorité des régiments fraternisant avec le soulèvement.
(image reconstituée)
27)Kerenski, le chef du gouvernement provisoire, se carapate, déguisé en officier serbe dans une voiture diplomatique.
28) Le 25octobre, Lénine annonce officiellement la dissolution du gouvernement provisoire et confie le pouvoir non aux Soviets... mais au seul comité révolutionnaire!
Ce qui court-circuite les Soviets et provoque la fureur des autres socialistes.
29)Des mencheviks et des socialistes révolutionnaires quittent alors le congrès des Soviets. Le jour suivant se constitue un conseil des commissaires du peuple intégralement constitué de bolcheviks.
30)Dans les quelques heures qui suivent, une poignée de décrets va jeter les bases du nouveau régime.
31)Lénine propose à tous les belligérants d’entamer des pourparlers «en vue d’une paix équitable et démocratique, immédiate, sans annexions et sans indemnités». Peine perdue, Lénine devra, pour arracher la paix, accepter un traité humiliant.
32)Ensuite est promulgué le décret sur la terre: «La grande propriété foncière est abolie immédiatement sans aucune indemnité.»
Il laisse aux Soviets de paysans la liberté d’en faire ce qu’ils désirent: socialisation ou partage entre les paysans pauvres.
33)Ce qui n’était pourtant pas le programme bolchevique, mais plutôt celui des socialistes révolutionnaires. Mais, de facto, les communautés rurales ont déjà partagé les terres, alors autant entériner la situation... La collectivisation attendra.
34)Est alors proclamé « tout le pouvoir aux Soviets!». Mais en pratique, ce sont les bolcheviks qui prennent le pouvoir sur les Soviets.
35)D’autres mesures suivront, comme une nouvelle abolition de la peine de mort
la nationalisation des banques (le 14 décembre)
le contrôle ouvrier sur la production
la création d’une milice ouvrière…
36) ... La journée de huit heures,
la souveraineté et l’égalité de tous les peuples de Russie,
leur droit à disposer d’eux-mêmes y compris par la séparation politique (là encore, les bolcheviks reviendront assez vite sur cela)…
37) des droits pour les femmes (droit de vote, droit au divorce, égalité proclamée, congé maternité, suivi de l’IVG en 1920).
L’adultère comme l’homosexualité sont supprimés du Code pénal.
38)Les engagements russes sur les emprunts obligataires sont annulés (catastrophe pour tous ceux qui en avaient achetés) et l’Église orthodoxe est séparée de l’État.
39)Nombre d’acteurs et de commentateurs ont considéré la «révolution d’Octobre» comme un simple coup d’État d’une minorité résolue et organisée.
Ils lui refusent même pour cela le nom de «révolution».
40)Pourtant si, techniquement, la prise du palais est un putsch, elle n’aurait pas été possible sans le soutien d’une population politisée et mobilisée, et elle s’explique dans le contexte d’ébullition révolutionnaire générale du pays entier !
41)Il existe donc à la fois des putschistes, professionnels et très préparés, et une vaste révolution sociale touchant tous les milieux (ouvriers, paysans, soldats, de toutes nationalités).
42)En octobre 1917, coup d’État politique et révolution sociale ont ainsi convergé, se sont télescopés, avant que de diverger par la suite.
A lire (mais il y en a bien d'autres)
et si ces fils sur twitter vous intéressent, je les ai rassemblés (avec des inédits!) ici
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ce qui me met dans une colère noire
- les gamins et personnels des lycées tassés alors qu'on est en épidémie, donc mis en danger
- la répression policières des mêmes qui demandent un protocole protecteur
- la #PPLSecuriteGlobale qui se prépare à couvrir les violences policières
La #LPPR qui non contente de précariser la fac, menace désormais les libertés académiques
le tout dans un contexte où on ne peut que difficilement se mobiliser puisqu'on est confiné, ou soumis à des attestations de déplacement
pendant ce temps l'extrême droite qui se pavane sur les plateau, défile dans les rues (quasi sous la protection de la police)
Les femmes et le peuple parisien vont chercher Louis XVI et le ramènent à Paris
LT auj et demain
1)Le 5 octobre est le jour de 1789 où le pain fut le plus cher à Paris place de Grève.
Devant l'Hôtel de Ville de Paris, place de Grève, la foule assemblée, des femmes surtout, interpelle la Commune de Paris
2)le peuple ne s’explique pas le manque de pain car les récoltes de l'été ont été bonnes. Les Parisiens et Parisiennes voient dans cette situation un nouveau « complot de famine » qui les viserait
Le 28 septembre 1864, naissait l’Association Internationale des Travailleurs, la 1ère Internationale.
1) L’idée d’une fraternité internationale des classes ouvrières plonge ses racines dans les souvenirs messianiques de la Révolution fr, mais aussi dans l’expérience de la première « Internationale » républicaine et nationaliste de la « Jeune Europe» de Mazzini et Garibaldi
2) Elle fait son chemin dans les milieux des exilés politiques de Londres, où l’on retrouve Karl Marx, ainsi que des Français exilés sous l’Empire et qui y ont créé une « Commune révolutionnaire ».
Un livre à ne pas rater!
car il donne la parole à celles et ceux dont trop souvent on parle (peu) mais sans les écouter vraiment, sans leur laisser le temps de s'exprimer. Caissières, postiers, aides-soignantes, femmes et hommes de ménage,... écoutons les, lisons les!
je vous laisse découvrir et la table des matières, et l'ampleur des témoignages
Des centaines de témoins de ts âges, de Marseille à Grande-Synthe, de Mulhouse à Caen, de Troyes à Toulouse, de Nantes à Billom, de Laxou à Saintes, de Vierzon à Mont-Saint-Martin et de Joué-lès-Tours à Lunel, ont pris la plume pour raconter leurs vies, ses galères, ses chaleurs