Mini fil sur les faits d'hier avant de revenir aux copies.
Fait important bien connu des politistes & historiens : un coup d'état / révolution est très rarement décidé par le nombre de manifestants ou militants, mais par la détermination ou la passivité des forces de l'ordre.
La thèse de Michel Dobry sur la sociologie des crises politiques l'a montré, et les illustrations historiques en sont nombreuses: c'est quand les FdO fraternisent avec les insurgés que les situations basculent réellement
C'est ce qui s'est passé sous la IVe République en France, à travers le rôle des policiers parisiens (E. Blanchard) et surtout de l'armée le 13 mai 1958
C'est évidemment ce qui ponctue le XIXe siècle français, avec le rôle de la Garde nationale se rapprochant des insurgés en février 1848 (et pas en juin)
C'est ce qui explique à la fois la chute du tsar le 8 mars 1917, les régiments de Perograd fraternisant avec la pop, et la chute de Moubarak en 2011 "lâché" par ses forces de sécurité
On pourrait multiplier les exemples, et les relier à ce qu'on a vu hier: l'absence de tout dispositif sérieux de protection du pouvoir législatif US, la durée de l'occupation, les selfies pris avec les terroristes par des policiers... pointent une faillite gravissime des FdO
C'est en cela que ces faits doivent être pris au sérieux, rappelant que la solidité d'un régime ne tient ni à ses institutions "abstraites" ni à la pression de la "rue" mais aux décisions concrètes de ceux qui contrôlent les instruments de la violence physique légitime
Un dernier ajout parce que je lis beaucoup cet « argument »: l’échec d’un processus ne dit *rien* de sa nature.
Le putsch de la brasserie, celui de 1991 en URSS, le 6 février 1934, etc., ne perdent pas en gravité du fait de leur impréparation / non-renversement des institutions.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Sentant les insondables questionnements de la twittosphère à ce sujet, je me décide à vous livrer en exclusivité mondiale mes conseils de méthode pour l’accroche d’une dissert d’histoire
... A THREAD !
L’accroche doit remplir trois fonctions, par ordre d’importance croissante 1) introduire la réflexion et amener l’analyse contextualisée de l’énoncé 2) capter l’intérêt de la personne qui corrige 3) éviter de l’indisposer voire l'exaspérer par une platitude ou incongruité
C’est pourquoi je débuterai par les erreurs ou maladresses à éviter
Error #1
La banalité confondante : « de tous temps la guerre a été une chose très grave » etc.
Comme je l'ai suggéré récemment, sachez résister à cette tentation toujours présente.
1. Mini-fil sur ce qui me paraît (comme observateur, comme fonctionnaire aussi) le plus intéressant dans l’ #affaireBenalla et les réactions qu’elle suscite.
Spoiler : ce n’est pas qui a vu quelle vidéo à quelle heure le 1er ou le 2 mai
2. j’ai été frappé lors des auditions, des préfets Delpuech et Strzoda notamment, par tout le respect entourant ces "grands commis de l’État". Ce dernier déclarant qu’il servirait l’État "jusqu’à la dernière minute". Et tous de se pâmer.
3. Car une des choses qui choque fondamentalement dans cette affaire est l’idée que la sécurité présidentielle, chose sérieuse s'il en est, ait pu être retirée à l’État, aux fonctionnaires, policiers et gendarmes, formés pour cela