Si vous êtes engagé en politique et/ou intéressé par les questions d'administration publique dans les Etats subsahariens, ce thread sur les dysfonctionnemens de l'aide au développement et la croix qu'elle constitue en réalité les "bénéficiaires" est pour vous
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Le premier problème de l'aide c'est qu'elle est générée de l'extérieur
Ça veut dire que c'est le donateur qui décide du type de prestation dont le donataire a besoin
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Outre le caractère pervers (distribution généreuse de surplus traînant dans les stocks) le problème de fond ici c'est que quasi totalité de la politique de prestations de l'État à ses citoyens lui est imposé en mode top-down par le(s) bailleurs de fonds suivant leur agenda
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Un exemple ?
Quelqu'un au FMI/BM (très souvent un fonctionnaire natif de ces pays en difficulté) décide qu'en 20xx, la moindre des choses c'est d'avoir une salle informatique dernier cri dans chaque collège ou un centre d'hémodialyse dans chaque hôpital de région
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Évidemment les États visés par ce genre d'observation n'ont pas les moyens de suivre.
Les autres sont largement en avance sur ces indicateurs minimaux
Que faire pour les aider ?
Leur accorder les financements pour s'arrimer
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On va donc organiser une grand-messe thématique (écologie, santé infantile, fracture numérique, etc.) qui va opportunément atterrir sur ces recommandations et formuler des résolutions incantatoires du type objectifs du millénaire pour le développement
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Ces résolutions ont bien souvent 1 caractère injonctif et sont assorties de contraintes subtiles & indirectes
Ainsi pr ne pas voir sa note abaissée par les agences de rating et continuer à accéder au crédit à relativement bon prix, 1 pays doit présenter des indicateurs au vert
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Dès qu'on aura insérer les variables d'une résolution OMD dans les indicateurs le pays se trouvent contraint de les appliquer qu'il les juge pertinent ou pas
Il fera au moins semblant
Ce n'est écrit nulle part que c'est obligatoire mais c'est factuellement le cas
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Les dirigeants n'ayant pas les sous se retrouvent contraint à aller à la table de négociation des différents guichets (BM, BAD, AFD, UE, USAID...) pr obtenir des financements pour des projets qu'ils n'ont pas conçu et pour lesquels ils ne réussissent pas nombre de pré-requis
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La "négociation" se limitera juste à déterminer le niveau d'exposition financière du pays et calibrer le projet en conséquence
NB les études servant de base à ces projets sont généralement menées par ces bailleurs et les données nationales sont le plus souvent obsolètes
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Le projet validé, le gouvernement peut revenir localement communiquer dessus en le vendant comme son initiative personnelle à coup de vision 20xx, plan national pour l'émergence, etc.
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Et c'est là le deuxième problème de l'aide, les gouvernants pour des motivations de politique nationale endossent la responsabilité d'initiatives qui ne sont pas les leurs dédouanant ainsi les véritables responsables
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Le projet peut démarrer et être exécuté tant bien que mal, généralement plus mal que bien L'exécution des projets de développement mérite un thread spécifique
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On va quand même effectuer un commentaire rapide sur le montage financier de ce type de projets
De l'ordre de 70 à 80% de ces financement est verrouillé pour être rapatrié vers l'Occident
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Les spécifications techniques des équipements, les conditionalités d'éligibilité au recrutement des prestataires éliminent de fait les prestataires locaux
Et même quand ils sont éligibles se pose la problématique du volume
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En gros ces projets loin de contribuer à l'émergence ou au renforcement d'un tissu économique local affaiblissent celui-ci.
L'économie domestique ne gagnent que sur des rubriques marginales : salaire, loyer, etc.
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C'est la troisième faille de l'aide au développement et on verra au niveau de la quatrième en quoi elle a un effet pervers
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Une fois le projet implémenté et les inaugurations en grande pompe passées, les équipements ou services acquis doivent être pris en main et entretenus par les utilisateurs (l'administration publique et les populations)
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Et c'est là que se manifeste cette quatrième faille : l'inadaptation au terrain
En dépit de toute la bonne volonté à l'initiative de ces projets, du fait de
l'approche Top-Down ils sont assez souvent en déphasage avec les besoins et les réalités de terrain
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D'autant plus que les gouvernements ont la mauvaise habitude de reproduire l'approche Top-Down en interne.
Le choix des institutions/zones bénéficiaires est très souvent arbitraire
Ce qui décuple le déphasage besoins-prestations
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Des exemples
a - On a décidé de doter tous les collèges dune certaine catégorie d'une salle multimédia dernier cri
C'est bien. Mais on a négligé l'irrégularité du service de fourniture en électricité et oublié d'adjoindre un groupe électrogène aux capacités adequates.
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La salle fonctionne de façon erratique & les multiples coupures vont à terme endommager tout le parc
Les collèges n'ont pas de budget pr entretenir ce don et les équipements sont si sophistiqués que pièces & techniciens en mesure de les dépanner sont rares et hors de Prix
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Après un an/deux ans la salle existe bien (indicateur du projet atteint), mais elle est au mieux en utilisation limitée ou au pire totalement HS (objectif de développement non atteint)
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b- On dote les hôpitaux régionaux de Centres d'hémodialyse pour décentraliser la prise en charge des patients. Les centres sont livrés clés en main et le personnel formé à l'utilisation (pas toujours à la maintenance)
Tout va pour le mieux jusqu'aux premières pannes.
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Une fois la période de garantie dépassée, l'absence de compétence locale pour la maintenance se fait cruellement ressentir
Les coûts de dépannage sont exorbitants et décuplés par les considérations logistiques
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Qu'il s'agisse de renvoyer les équipements chez le fabricant ou une maison certifiée ou faire venir localement ces experts, la facture peut passer du simple au double voire plus.
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Par ailleurs la prise en charge fait problème. Trop élevée pour les hôpitaux, elle est non ou mal budgétisée par le ministère/gouvernement qui arbitrera immanquablement en défaveur de ce poste de charges face aux urgences multiples
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Après tout l'idée n'était pas de lui (faille 1), bien qu'il ait prétendu le contraire (faille 2), il n'a donc rien prévu pr favoriser un écosystème pr la maintenance à bas coût (faille 3) et les équipements sont rapidement en déphasage avec les besoins du terrain (faille 4)
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Mais dans l'intervalle le crédit est consommé, son remboursement est dû, la bonne volonté des bailleurs/partenaires est affichée, vantée et mise en perspective avec l'incompétence de la gouvernance locale.
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Vont fleurir des commentaires du type "En 2020, un gouvernement n'arrive pas à entretenir tels équipements médicaux, tel établissement public en vient à demander aux parents de cotiser pour acheter/entretenir un groupe électrogène, etc."
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Passant ainsi à côté du sujet de fond ici, à savoir la modélisation de l'aide au développement qui la rend impropre à atteindre les objectifs qui lui sont assignés mais la transforme en véritables sables mouvants pour les pays "bénéficiaires"
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La prédation et l'incurie des élites dirigeantes sont indéniables et constituent un facteur aggravant mais abandonner à des tiers la responsabilité de définir ses besoins et surtout de les hiérarchiser c'est la forme ultime d'abandon de souveraineté
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Tant que les bénéficiaires de l'aide resteront dans cette posture, les changements de casting à la tête des exécutifs n'y feront rien
Si votre projet c'est de mieux gérer l'aide vos résultats ne seront pas différents
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#ParlonsStratégie #KadjiBeer #LabelRebranding
À la fin de la décennie 90, @groupekadji a définitivement gagné ses galons de brasseur
Il est revenu de tout : l’âpre concurrence des deux majors, la crise économique, la dévaluation...
Il a tout vu et il a survécu à tout
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Contrairement à d’autres #NOBRA
Mais il est confronté à un dilemme comme seul le Cameroun sait en proposer : le sort contrasté de ses deux produits phares
Pendant que sa boisson gazeuse bat haut le pavé et met à mal toute la gamme de son rival, sa bière peine à décoller
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N’ayons pas peur des mots c’est une bière "régionale" voire "clanique" soutenue à bout de bras par la communauté sociologique du patriarche
Mais alors, si le problème est ethnique le sort du #Spécial devrait être identique
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Entrepreneurs/Managers un fil spécial "Conseils" pour vous
1️⃣ QUI EST CONSEIL ?
Tous ces corps de métiers qui vont vous accompagner sur des thématiques spécifiques en vous apportant une expertise qu'il vous serait superflu de maintenir en interne parce que trop onéreuse 1/
Avocat, expert-comptable, communicateur, médecin, ingénieur, etc. Ils sont pour les professions les plus normées organisés en ordre ou à minima en association
Les tableaux de l'ordre/listings des membres sont souvent un bon début lorsque vous êtes à la recherche d'un conseil
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Attention toutefois, certaines expertises de pointe et/ou stratégiques n'ont pas cette organisation et visibilité
Elles sont donc moins aisées à repérer
On abordera cet aspect en détail plus loin.
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Ces projets de tram/métro urbains résument à eux seuls toute la problématique de l'urbanisation en Afrique subsaharienne el
Constituer des mégalopoles sans activité économique adossées à celles-ci est une impasse dans laquelle on s'obstine inutilement 1/
Ça crée des bassins de promiscuité et d'insécurité propices à l'agitation politique parce que ingérables du fait que les ressources mobilisées par la puissance politique seront toujours en déphasage dans le temps et les volumes par rapport aux besoins
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On se retrouve en 2020 à reproduire les schémas improductifs de la Rome antique ou des villes du moyen-âge sans avoir la même puissance en matière de recettes fiscales (tributs et pillage)
On insiste, on insiste sous les vivats du FMI et se ses congénères 🤦🏿♂️
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Another angle is at least minimal accountability should be expected from separatist leaders
As they claim rulership over the area and adhesion from the population, it implies responsibility on the security of these populations
It's the 3rd school targeted, and the 3rd private school
What we know for sure from Kumba attack is they are collecting ransom from those schools
And guess what it is very unlikely for them to collect money from public schools
This looks a lot like gangs using the cover of the struggle to push their agendas
In that instance those claiming to pursue a public interest agenda have the duty to stop them