L'étude canadienne sur la colchicine est enfin publiée. Jusqu'à présent, on n'avait qu'un communiqué de presse et des interventions claironnantes des chercheurs dans les médias.
De ce que je peux lire ce soir, les réactions de la communauté scientifique sont très fraîches. Vous trouverez un excellent (et drôle) Twitter peer-review sous ce tweet.
Pourquoi les résultats de cet essai randomisé rendent sceptiques ? Parce que le résultat est non significatif sur le critère de jugement principal, les hospitalisations et les décès. La p-value devrait être inférieure à 0,05 pour que les résultats soient jugés significatifs.
Puisque ça ne se fonctionnait pas sur ce premier critère, les chercheurs canadiens ont refait tourner les machines en ne gardant cette fois que les patients confirmés par PCR. Et là ça passe - juste de juste.
Pour les décès, en revanche, l'intervalle de confiance est trop grand pour être sûr que ce ne soit pas le fruit du hasard (la valeur 1 ne doit pas être comprise ds l'intervalle). L'étude est trop petite pour conclure: 5 morts dans le groupe colchicine et 9 dans le groupe placebo.
Si cette étude est non concluante, ces résultats peuvent être jugés prometteurs. Ils doivent conduire à effectuer de meilleures études (celle-ci a été mystérieusement stoppée à 75%...) et dans cette attente, ne surtout pas faire d'effets d'annonce dans les médias.
Quand le journal de TF1 annonce une spectaculaire réduction de 44% des décès, il se fait prendre au piège de la communication des scientifiques canadiens. L'étude ne permet pas d'attester un tel chiffre, ça peut tout aussi bien être le fruit du hasard.
Le problème est que la colchicine n'est pas une substance anodine. Il ne faut surtout pas l'utiliser en automédication - ce que disait d'ailleurs timidement le reportage de TF1.
Si la décision est annoncée demain, la France confinerait donc avec un taux d'incidence en augmentation de seulement 3% en une semaine. Est-ce que vous voyez d'autres exemples d'un confinement avec une croissance épidémique aussi faible ?
Il y a le cas des Pays-Bas qui ont renforcé leurs restrictions en instaurant un couvre-feu le 21 janvier alors que la courbe était en forte baisse. La décision a été prise de manière préventive avec la crainte que le variant anglais ne submerge le pays.
Il y a également l'exemple de l'Autriche qui a annoncé le 18 décembre un troisième confinement qui est rentré en application le 26 décembre. Le deuxième confinement avait été levé le 7 décembre.
L'agence européenne du médicament autorise le vaccin AstraZeneca pour les plus de 18 ans. Pas de limitation pour les personnes âgées, en depit des données lacunaires sur le sujet. On verra si la France suit la position allemande et limite l'usage aux moins de 65 ans.
"La plupart des participants à ces études avaient entre 18 et 55 ans. Il n'y a pas encore assez de résultats chez les participants plus âgés (plus de 55 ans) pour fournir un chiffre sur la manière dont le vaccin fonctionnera dans ce groupe."
"Toutefois, une protection est attendue, étant donné qu'une réponse immunitaire est observée dans cette tranche d'âge et sur la base de l'expérience acquise avec d'autres vaccins (...) le vaccin peut être utilisé chez les personnes âgées."
Restent d'autres passages dignes d'intérêt, comme cette mention répétée de "Best Reasonable Efforts". Astra Zeneca fait-elle vraiment les "meilleurs efforts raisonnables" pour livrer les 300 millions de doses prévues à l'UE ? (via @AnnaDi_Mario)
D'après cette journaliste de la BBC, l'enjeu pour la Commission européenne est de démontrer, en rendant public ce contrat, qu'Astra Zeneca se doit de livrer en Europe des doses produites actuellement en Grande-Bretagne.
Le confinement "dur" allemand (commerces et écoles fermés mais possibilité de sortir de chez soi) mis en place le 15 déc semble fonctionner. Après un pic à Noël, le taux d'incidence baisse régulièrement depuis, s'établissant à 94 (-18% sur une semaine). La cible de 50 est en vue.
Voici la heatmap des cas Covid selon les tranches d'âge. La baisse du taux d'incidence est un peu plus marquée chez les enfants depuis la fermeture des écoles :
Pour autant, on continue de mourir plus en Allemagne qu'en France (où l'incidence est 2 fois plus forte). La situation reste très tendue dans les Ehpad. "La plupart des personnes infectées ne meurent pas à l'hôpital", a expliqué ce matin le directeur du Robert-Koch-Institut.
Résultats prometteurs des essais de phase 3 du vaccin Novavax : 89% d'efficacité, dans un essai sur 15.000 personnes de 18 à 84 ans en Grande-Bretagne. L'Europe a pré-acheté 100 millions de doses, plus 100 millions en option (soit 15 à 30 m de doses pour la France).
Les essais sont encore en cours, il s'agit d'un communiqué de presse de résultats intermédiaires. Visiblement la troisième vague anglaise a aidé à accélérer ces essais (comme aux US pour Pfizer) et à tester du même coup l'efficacité sur le variant #B117. globenewswire.com/news-release/2…
Les résultats sont en revanche nettement moins prometteurs sur le variant sud-africain : 49% d'efficacité dans un sous-groupe de 4400 personnes en Afrique du Sud.
La commission de vaccination allemande recommande de ne pas autoriser le vaccin AstraZeneca aux plus de 65 ans, faute de données viables sur cette population.
La décision de l'Agence européenne du médicament concernant AZ est attendue demain. On s'oriente visiblement vers une autorisation limitée aux moins de 65 ans, que ce soit décidé par l'agence européenne ou au niveau national. Il va falloir vite mettre à jour notre plan vaccinal.
Le nombre de personnes de moins de 65 ans est limité dans les publics prioritaires de la phase 1 et 2. Il faudrait donc ouvrir à de nouvelles catégories pour les 4,6 millions de doses d'Astra Zeneca livrées d'ici à mars : les soignants jeunes ? les 50-65 ans ? les enseignants ?