Jour 1 du #BlackHistoryMonth : je vous parle souvent des minorités noires au 18e siècle, parce que c’est ma période de prédilection mais les Afro-descendants sont présents en France dès le Moyen Age (bien que plus ponctuellement) ! Aujourd’hui, je vous parle d’Antoine Simon ⬇️
D’abord, petite remise en contexte : l’esclavage reste d’actualité tout au long du Moyen Age dans le monde hispanique : Grecs, Tatars et, notamment à partir du XVe siècle, Africains, vendus via la traite musulmane et les premiers comptoirs négriers portugais.
L’espace hispanique est lui-même en étroite connexion avec d’autres espaces européens, notamment le Sud-Ouest de la France où l'esclavage n'a pas la même ampleur (sauf dans quelques villes méditerranéennes).
Au contraire même, plusieurs municipalités occitanes affirment le principe de terre franche sur leur sol comme Toulouse (❤️). C’est une aubaine pour de nombreux esclaves espagnols : la proximité géographique permet de se mettre sous la protection d’un autre droit.
C’est ainsi qu’Antoine Simon, un esclave Africain, fuit Barcelone en 1446 pour Pamiers (en Ariège pour ceux qui ne sont pas du coin), une municipalité qui a explicitement autorisé l'asile pour les esclaves dans sa charte municipale en 1228.
Il y trouve un protecteur, Pierre Troc, et malgré les démêlés judiciaires, retrouve sa liberté. Il reste dans la ville au moins 4 ans, suffisant pour se faire recenser comme "bourgeois" (c'est-à-dire comme habitant) de Pamiers.
Cette coutume locale n'est que de courte durée : dès la fin du 17e siècle, cette jurisprudence est battue en brèche par les négociants alors que la France est désormais une puissance coloniale. Ils obtiennent ainsi de garder en servitude les esclaves posant le pied en métropole.
Jour 3 du #BlackHistoryMonth ! Aujourd'hui, on célèbre la 1er abolition de l'esclavage en 1794 🎉 Et pour le célébrer à ma façon, je veux vous présenter ce soir la citoyenne Corbin, aka la meuf la plus stylée du Paris révolutionnaire (à mon humble avis) ⬇️
Lorsqu'on évoque l'abolition de 1794, on cite souvent l'action décisive des députés comme l'abbé Grégoire ou d'hommes politiques comme Raimond : c'est un détour essentiel mais qui a tendance à mettre en arrière-plan que l'abolition fut aussi un mouvement populaire.
Populaire car c'est avant tout le combat porté par les esclaves antillais qui accélère les changements législatifs. En métropole également, ces idées ne sont pas que le fait d'une élite mais se diffusent dans la société par des relais plus anonymes.
Jour 2 du #BlackHistoryMonth : Aujourd’hui, j’ai changé de plan au dernier moment pour répondre à une idée pré-conçue qui revient souvent sur le tapis (et dans mes DM !) : L’esclavage n’aurait jamais existé en France métropolitaine. Qu'en est-il exactement ? ⬇️
Ce mythe tire sa conception de deux faits avérés : d’une part, comme on l’a vu hier, que la jurisprudence française était globalement opposée au principe de l’esclavage de l’époque médiévale au 17e siècle.
D’autre part, que le Code Noir, qui légifère officiellement l’esclavage dans les colonies françaises à partir de 1685, est effectivement conçu pour les espaces ultra-marins : Antilles-Guyane, Réunion et Maurice, Louisiane.
Je vois passer des tweets immondes, déclarant qu'Omar Sy ne pourrait pas jouer une réinterprétation moderne du personnage d'Arsène Lupin soit-disant parce que les Afro-descendants n'existeraient pas à Paris en 1900 ????? Donc petit florilège, Paris 1900, c'est aussi ça 👇
En parlant d'Omar Sy, on commence avec l'une des ses récentes interprétations : Rafael Padilla, artiste-clown ayant pour nom de scène "Chocolat", actif à Paris de 1886 à 1912, connu entre autres pour son action auprès des enfants malades. Photo de 1909 via @GallicaBnF
Paris 1900, c'est aussi Edmond Dédé, louisianais, étudiant au conservatoire de Paris, compositeur, violoniste, directeur de musique à Bordeaux, mort à Paris en 1903.