Thread by @Uneheuredepeine

C'est vraiment fascinant ce texte. Fascinant de betise et d'incompétence. Sur l'école d'abord et la mobilité sociale d'abord : tout ce que l'on a, c'est un déroulé de clichés et de mensonges.l

https://twitter.com/MGrossiord/status/1360730737624948737

La mobilité sociale est restée relativement stable depuis 40 ans insee.fr/fr/statistique… L'ascenseur sociale en panne ? Non.

Ce qui a ralentit, c'est la mobilité structurelle, celle produire par les transformations économiques : le déclin du nombre d'agriculteurs et d'ouvriers et l'augmentation du nombre de cadres provoquaient nécessairement de la mobilité. Et ça n'a pas grand chose à voir avec

l'idéologie ou les efforts ou quoi que ce soit. Ce qui donne cette impression d'ascenseur social bloqué, ce n'est pas l'école, c'est la fermeture des élites principalement : les positions de cadres progressent moins vite, l'accès y est de plus en plus difficile, y compris pour

une partie des fils et filles de cadre. Le discours sur l'ascenseur social bloqué renvoie peut-être plus aux inquiétudes des élites sur leur reproduction sociale qu'à autre chose...

Sur l'école, c'est évidemment aberrant. Le privé élitiste existe depuis longtemps... Mais surtout le recours au privé traduit d'abord le développement de marchés scolaires, où le privé sert au haut de la structure sociale à fuir la mixité

La perte d'idéologie commune, il ne faudrait pas la chercher dans le "goût de l'effort" - au contraire la pression scolaire n'a jamais été aussi forte - mais dans la préférence pour l'inégalité des classes supérieures...

Enfin sur la victimisation... Richard Malka présente le statut de "victime" comme un obstacle à l'action. C'est empiriquement faux. Les travaux de Yannick Barthe montrent par exemple comment constituer des groupes en victimes - des essais nucléaires, de l'amiante - a été

essentiel à leurs revendications et actions collectives. Car le statut de victime n'est pas individuel mais collectif et suppose une formulation des causes et des conséquences, des responsabilités et irresponsabilités et donc au final une politique.

D'ailleurs il n'y a qu'à voir comment ce processus d'identification de groupes comme victimes a été a l'origine de grands mouvements collectifs : la lutte des classes commence en se pensant comme victime des capitalistes...

De ce point de vue, la vision individualiste de Malka n'est pas seulement erronée, elle est aussi la plus à même a produire du renoncement : car l'individu qui rencontre des difficultés est invité à ne s'en prendre qu'à lui même... et donc à ne rien faire.

Dans l'ensemble, la vision de Malka est une vision qui exclut complètement... les classes sociales. Les évolutions de l'école ne sont rapporté qu'à des ideologies abstraites et non à des évolutions s matérielles des conditions d'enseignement et des stratégies des familles

notamment des plus favorisées.. Les difficultés des individus sont ramenées à des questions de force morale. Sa position substitue le jugement moral tant à l'analyse qu'à la politique. D'où la multiplication des qualificatifs pompeux : mortifère, amertume, tristesse...

C'est le signe que ce dont parle Malka ce n'est pas la réalité mais les idées qu'il a sur la réalité. L'empire des prénotions. Un discours suspendu dans le ciel qui ne doit son succès qu'à la satisfaction morale qu'il provoque chez un public en quête d'autojustification.

Ce qui nous amène à la question délicate :
Pourquoi interviewer cette personne sur ces sujets alors qu'on pourrait avoir un résultat beaucoup plus satisfaisant en interviewant une plante verte ?