Thread by @FCGeopolitics

🇸🇦 ARABIE SAOUDITE/CHÂTEAUROUX 🇫🇷

C'est officiel depuis hier, le club de la Berrichonne de Châteauroux a été racheté par le prince saoudien Abdullah bin Mosaad

👉 Pourquoi un tel investissement saoudien dans un club de Ligue 2 ?

⤵ THREAD ⤵

C'est hier que l'info est tombée.

Lors d'une AG extraordinaire le club de Ligue 2 de la Berrichone de Châteauroux a été officiellement racheté par le prince saoudien Abdullah bin Mosaad.

france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-…

Ce rachat saoudien interroge, tant l'Arabie Saoudite développe depuis quelques années des investissements dans le domaine sportif.

Pour notamment utiliser le sport comme un moyen d'adoucir l'image du pays, dans l'objectif d'attirer des capitaux étrangers.

L'Etat saoudien a en effet lancé un plan ambitieux en 2016, baptisé Vision 2030, dans l'objectif de moderniser la pétromonarchie en la tournant vers l'international et en investissant dans des secteurs clés comme le dev. durable, les nouv. technologies et le tourisme.

Comme peut le montrer le récent exemple du projet de The Line, une ville linéaire, écologique et futuriste sans voiture qui doit voit le jour en plein désert saoudien.

franceculture.fr/emissions/revu…

Le sport et le football s'inscrivent dans cette stratégie pour à la fois développer la marque Arabie Saoudite à (nation branding) mais aussi attirer les investisseurs en organisant de grands évènement sportifs.

À l'image des Supercoupes d'Italie et d'Espagne en terre saoudienne.

Pour en savoir + autour de la stratégie de diplomatie par le football de l'Arabie Saoudite ⤵

footballclubgeopolitics.fr/2020/02/06/pou…

Mais l'Arabie Saoudite veut aller + loin en possédant un club de football, et ainsi imiter ses voisins du Qatar (PSG) et des Emirats Arabes Unis (Manchester City).

Après avoir tenté Manchester United, l’État saoudien avait jeté son dévolu sur le club de Newcastle.

Ce rachat du club anglais n'a finalement pas abouti.

Les suspicions ont alors grandi autour d'un éventuel rachat par l'Arabie Saoudite d'autres clubs, notamment en France avec l'Olympique de Marseille.

Pour l'instant, même si l'intérêt saoudien d'investir dans le football français peut avoir du sens, aucun club français n'a été racheté par l'Arabie Saoudite et son important fonds d'investissement souverain (Public Investment Fund), estimé à 382 milliards de dollars.

Dans le cas du rachat de Châteauroux, il faut dissocier les actions menées par l'Etat saoudien dans le domaine sportif et les initiatives individuelles privées

Comme celle du club de Ligue 2 avec Abdullah bin Mosaad, qui n'a pas de rôle clé dans la monarchie.

Le rachat de Châteauroux s'inscrit en effet dans la démarche personnelle d'Abdullah bin Mosaad de construire un réseau de club international, via sa société holding United World Group, qui pèserait environ 200 millions d'euros.

Châteauroux va rejoindre ainsi cette holding, qui compte déjà 4 autres clubs :

Sheffield United en Premier League🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿
K Beerschoot VA en Belgique 🇧🇪
Kerala United en Inde 🇮🇳
Al Hilal United aux Emirats Arabes Unis 🇦🇪

L'objectif d'un tel réseau est d'intégrer plusieurs marchés footballistiques et de permettre que les différents clubs de ce réseau puissent échanger des joueurs, staffs entre eux et ainsi se bonifier mutuellement.

lesechos.fr/industrie-serv…

L'exemple le + abouti de cette "multinationale" de clubs est sans doute le cas du City Football Group

Société holding créée par le Cheikh Mansour, membre influent de la famille royale d'Abu Dhabi, qui détient Manchester City et 9 autres clubs à travers le monde.

Pour approfondir sur le sujet ⤵

theguardian.com/news/2017/dec/…

Le mastodonte City Football Group (qui pèse aujourd'hui 5 milliards de dollars) s'est d'ailleurs récemment intéressé au marché français du football avec le rachat du club de Ligue 2 de Troyes en septembre dernier.

footballclubgeopolitics.fr/2020/09/04/pou…

Si le deuxième échelon du football français intéresse tant ces nouvelles "multinationales" du football, c'est parce qu'il dispose de plusieurs avantages.

1⃣ Investir dans le foot français permet d'intégrer un pays avec un fort bassin de joueurs à fort potentiel, en sachant que l'école de formation de l'Hexagone est réputée à l'international

(1.027 footballeurs évoluent à l'étranger en 2020)

lesechos.fr/idees-debats/e…

2⃣ le coût d'un club de Ligue 2 est faible comparé aux centaines de millions d'euros qu'il faut débourser pour un club du Top 5 des championnats européens.

lequipe.fr/Football/Artic…

3⃣ En allant en Ligue 2, les investisseurs étrangers récupèrent en général des clubs historiques bien structurés :

c'est à dire peu endettés, grâce aux contrôles rigoureux de la DNCG, et qui disposent de bonnes structures d'entraînement et de formation.

lesechos.fr/industrie-serv…

Avec bien entendu l'idée de faire du bénéficie via la formation

grâce à la vente de futures pépites formées ou dénichées sur le territoire français

Bryan Mbeumo avait notamment rapporté près de 6 M€ à son club formateur (ESTAC) avec son transfert à Brentford 🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 en 2019

Ou bien faire des plus-values via un système de + en + répandu dans le milieu du football

Le "trading" de joueurs

Comme a pu le montrer l'exemple d'Adrian Grbic ; acheté moins d'1M€ par Clermont et, qui après une saison, rejoindra la Ligue 1 et Lorient pour 10M€

L'ensemble de ces raisons permettent ainsi à des grosses structures comme le City Football Group d'investir à moindre coût en France, mais aussi à des nouveaux acteurs d'intégrer ce marché de réseau de clubs.

À l'image du propriétaire du club de Clermont, Ahmet Schaefer.

L'homme d'affaires suisse est en effet en train de construire un réseau de club avec des clubs de deuxièmes divisions d'autres pays, puisqu'il est également propriétaire de deux autres clubs l’Austria Lustenau 🇦🇹 et le FC Vendsyssel 🇩🇰

letemps.ch/sport/ahmet-sc…

Le rachat de La Berrichonne de Châteauroux par le réseau de clubs d'Abdullah bin Mosaad s'inscrit donc dans cette dynamique, où les investisseurs étrangers misent de plus en plus sur les clubs de Ligue 2.

Une dynamique de rachat de clubs de Ligue 2 par des investisseurs étrangers qui s'accélère ⤵

2015-2016 : Le Havre 🇺🇸 Sochaux 🇨🇳 Auxerre 🇨🇳

2019 : Clermont🇨🇭

2020 : Caen 🇺🇸 / Toulouse 🇺🇸 / ESTAC 🇦🇪🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 / Paris FC 🇧🇭 20%

2021 Nancy 🇺🇸🇨🇳 / Chateauroux 🇸🇦

Bien que le club de Châteauroux soit en mauvaise posture en Ligue 2, Abdullah bin Mosaad a confirmé à l'AFP hier qu’il espérait bien faire “remonter le club au plus haut niveau à horizon 2025”.

Club dont la proximité avec Paris a joué un rôle.

lequotidien.lu/sport-internat…

Les clubs rachetés par le prince saoudien sont en général des projets à moyen-long termes.

Comme en témoigne le cas de Sheffield United, racheté en 2013 alors que le club était en 3e division anglaise et qui est aujourd'hui en Premier League.

Abdullah bin Mosaad ne compte en tout cas pas s'arrêter là puisque son ambition est "d'augmenter le périmètre de United World Group à six ou sept clubs à travers le monde."

lequipe.fr/Football/Artic…

En tout cas pour ce qui est Châteauroux, le projet semble prendre de l'ampleur avec la nomination de @michel_denisot comme nouveau président du club de Ligue 2 et avec d'autres annonces à venir.

lanouvellerepublique.fr/chateauroux/be…

Ce système de réseau de clubs est-il l'avenir ?

En tout cas il prend de + en + d'ampleur, à l'heure où les clubs français, dont un grand nombre sont dans le rouge financièrement (#COVID19, Mediapro), cherchent à s'appuyer sur un nveau modèle économique.

franceculture.fr/emissions/cult…

🇫🇷 FIN 🇸🇦

Si la question du développement de ces réseaux internationaux de clubs vous intéresse, je vous conseille l'excellente vidéo de @Romain_Molina sur le sujet