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Cette semaine le club de Newcastle a engagé une procédure contre la Premier League.

Le sujet 👉 l'annulation cet été du rachat du club par un fonds d'investissement contrôlé par l'Arabie Saoudite.

Retour sur pourquoi ce pays veut tant investir dans le football ⤵️⤵️

C'est le 30 juillet dernier, après 17 semaines de négociations avec la Premier League, qu'un consortium, mené par un fonds d'investissement détenu par l'Etat saoudien, a abandonné le rachat de Newcastle pour 300 millions £

Un échec qui s'explique ⤵

theguardian.com/football/2020/…

⤵ En partie par les accusations de la presse anglo-saxonne sur le "sportswashing" de l'Etat saoudien derrière cet investissement.

C'est à dire minimiser les atteintes aux droits de l'Homme du pays en utilisant le biais sportif.

telegraph.co.uk/football/2020/…

⤵ En partie par BeIN Sports.

Cet empire médiatique qatari 🇶🇦 présent dans plus de 40 pays sur 5 continents, est en effet le plus grand détenteur des droits internationaux de la Premier League

Il n'a pas hésité a exigé que le rachat du club de Newcastle soit bloqué.

La raison invoquée ?

Les liens présumées entre l'Arabie Saoudite et le réseau de piratage BeOutQ.

Depuis août 2017, beoutQ reprend le signal des chaînes du groupe beIN Sports et rend visible dans le monde entier les plus grands événements sportifs.

Piratage permis par le satellite Arabsat, sous contrôle saoudien.

En juin dernier, c'est même l'Organisation Mondiale du Commerce qui accuse l'Arabie Saoudite, avec beoutQ, d'avoir violé des droits de la propriété intellectuelle vis à vis de beIN.

challenges.fr/media/beoutq-l…

Côté Premier League, BeIN hausse le ton.

Y. Al-Obaidly, DG du groupe, affirmant que "le piratage de la chaîne par BeoutQ facilite le vol des droits TV de la Premier League et donc les revenus des clubs"

Ce qui rend dès lors impossible une implication de l'Etat saoudien en PL.

Ce qui a aboutit cet à l'abandon du rachat du club par le consortium mené par un fonds d'investissements souverain de l'Arabie Saoudite @guardian_sport

theguardian.com/football/2020/…

Mais comme nous le montre l'actualité récente, l'affaire est loin d'être terminée puisque l'actuel propriétaire de Newcastle, Mike Ashley, a lancé cette semaine une procédure d'arbitrage contre la Premier League suite au refus du rachat du club.

theguardian.com/football/2020/…

Ce qui nous ramène à la question : Pourquoi l'Arabie Saoudite 🇸🇦 veut tellement avoir son club de football ?

Plusieurs raisons à cela ⤵

Tout d'abord, les pays du Golfe, le Qatar en tête, investissent depuis de nombreuses années dans le domaine sportif.

L'attribution de la Coupe du Monde 2022 à l'Etat qatari et le rachat du club du PSG en 2011 par QSI ayant entraîné leur lot de jalousie dans la région.

Surtout vis à vis de l'Arabie Saoudite 🇸🇦, le Qatar 🇶🇦 étant son principal rival dans la région.

Une rivalité qui s'explique par un (bref) rappel historique.

Le Qatar est un Etat indépendant depuis 1971 mais la monarchie saoudienne va très vite imposer son influence sur l’émirat, de par ses relations avec les membres de la famille régnante qatarie.

Pourtant la donne va changer pour le Qatar lorsque Hamad bin Khalifa Al Thani prend le pouvoir en 1995. L’émirat va alors s’émanciper de son grand voisin saoudien, notamment avec la création de la chaîne d’information Al Jazeera et en misant sur la diplomatie sportive.

La stratégie sportive qatarie est alors double, à la fois s'émanciper de la « tutelle » saoudienne mais aussi exister sur la scène internationale pour ne pas rester un "petit Etat" fragile dans un monde arabe multipolaire (ex : Koweït-Irak avec la Guerre du Golfe 1990)

Au fil des années, le Qatar va se faire un nom grâce à ses investissements dans le sport et l’organisation d’évènements sportifs.

Cette stratégie atteindra son paroxysme avec l’attribution inattendue de la Coupe du Monde 2022 et l'acquisition du club du PSG via QSI.

Ces "acquisitions" vont considérablement irriter les voisins du Qatar, en particulier l'Arabie Saoudite.

Il faut dire que les relations entre les deux Etats se tendent de plus en plus depuis le début des années 2010 et l'émergence des Printemps arabes.

La crise bascule en 2017 lorsque l'Arabie Saoudite et ses alliés rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar et lui impose un blocus.

L'Etat saoudien reproche alors à l'émirat de financer des organisations terroristes et ses liens avec l'Iran.

Cependant le blocus ne va pas impacter l'économie et les investissements sportifs du Qatar.

Pire encore, cela va détériorer l'image de la pétromonarchie saoudienne, déjà ternie par la guerre au Yémen lancée en 2015 et l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.

Ce qui nous amène à la deuxième raison sur pourquoi l'Arabie Saoudite veut investir dans le football et dans le sport :

Celle d'adoucir l'image du pays à l'international grâce au "soft power" sportif pour rayonner au niveau international.

Qu'est ce que le soft power ?

C'est "la capacité d'un Etat ou d'un autre acteur à élargir et utiliser leur pouvoir d'attraction, d'influence et d'imposition sans recourir à la force".

📚 @jbguegan / Géopolitique du sport

Cette envie de briller à l'international et ces investissements récents dans le sport s’inscrivent dans une stratégie plus globale qui a pour objectif de faire de l’Arabie Saoudite un Etat moderne, dont l’économie ne reposera pas que sur l'exploitation des énergies fossiles

Ce changement de stratégie a été lancée par le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), aux commandes du pays depuis 2015.

Objectif : redonner sa grandeur à l'Arabie Saoudite à coût d'investissements multiples et massifs.

En 2016, MBS lance le plan pharaonique "Vision 2030". Il vise à moderniser le pays en multipliant les part. internationaux, en renforçant les services à la population et investissant dans des secteurs clés comme le dev. durable, les nouv. technologies et le tourisme.

Le sport s'inscrit dans cette stratégie pour à la fois développer la marque Arabie Saoudite à l'international (nation branding) mais aussi attirer les investisseurs en organisant des évènement sportifs :

🥊 Clash of Dunes
⚽Supercoupe d'Italie et d'Espagne
🚙 Dakar / Saudi

Ou encore plus récemment avec l'organisation du futur Grand Prix d'Arabie Saoudite en 2021

lequipe.fr/Formule-1/Actu…

Néanmoins difficile d'y voir clair dans la stratégie diplomatique sportive saoudienne, tant la pétromonarchie investit rapidement sur tous les terrains en même temps pour rattraper au plus vite son retard et bénéficier d’un "soft power sportif".

Cet empressement de l'Arabie Saoudite se reflète également dans sa tentative de posséder son propre club de football et rejoindre les rangs de ses voisins

👉 Qatar avec le PSG ou bien à un degré moindre les Emirats Arabes Unis avec Manchester City

En 2018, l'Arabie Saoudite tente de rattraper son retard vis à vis de ses voisins avec la tentative de rachat du club de Premier League :

Manchester United 👉 3ème club le + riche du monde et + de 130 millions de fans à travers le monde.

Un morceau trop gros pour l'Etat saoudien, qui se tournera finalement vers un club plus abordable, Newcastle.

Les principaux fonds de ce projet de rachat étant apportés par le PIF (Public Investment Fund), estimé à 382 milliards de dollars, directement rattaché à l’Etat saoudien

Un fonds d'investissement qui n'en finit plus de grandir mais qui s'heurte à la réalité économique, entre chute des cours pétroliers et pandémie #Covid_19.

Une réalité qui met à mal les ambitions de Mohammed ben Salmane et son projet Vision 2030.

lemonde.fr/international/…

La question des droits de l'Homme viendra t-elle une nouvelle fois freiner les ambitions sportives de l'Arabie Saoudite?

Une question épineuse qui n'empêche pas Riyad d'être au centre de la diplomatie mondiale en accueillant le sommet du G20
@pierrehaski
franceinter.fr/emissions/geop…

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