Thread by @Valent1Pierre

Quelle est la psychologie d’un militant #Woke ?

C’est (plus ou moins) la question étudiée par les chercheurs Greg Lukianoff et Jonathan Haidt dans cet ouvrage, publié en 2018 :

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Le livre situe le début des troubles que nous connaissons actuellement sur les campus vers 2013, ce qui coïncide parfaitement avec l’arrivée de la génération «iGen» (1995+), qui a grandi dans les réseaux sociaux.

Les « trigger warnings » apparaissent en 2013/2014.

Pourquoi ces étudiants sont-ils plus fragiles que leurs aînés ?

Nos auteurs utilisent une métaphore :

En interdisant sans réfléchir depuis plusieurs décennies dans beaucoup d’écoles les cacahuètes, le nombre d’allergiques aux cacahuètes n’a fait qu’augmenter.

En d’autres termes, une 'surprotection' a généré une fragilité. Et cette fragilité va pousser à une surprotection. La surprotection est donc un processus qui s’alimente lui-même.

Vous devinez où ils veulent en venir à propos des étudiants ?

Nos étudiants souffrent d’une « protectionnite » aigüe (safetyism). Le mot « safety » s’est mis à « glisser » pour recouvrir nombre de nouvelles choses.

Ainsi un étudiant dont le professeur ne l’appelle pas par son pronom de choix ne se « sent plus en sécurité » dans son cours.

« Le ‘Safetyism’ fait référence à une culture ou à un système de croyances dans lequel la sécurité est devenue une valeur sacrée, ce qui signifie que les gens ne sont plus disposés à faire les compromis exigés par d'autres préoccupations pratiques et morales. »

#confinements

Les « safes spaces » (zones garanties 100% sans propos jugés offensants) commencent à apparaître en 2015.

Progressivement, l’inconfort émotionnel = le danger physique.

Ainsi, très vite, certains mots = des violences physiques. Glissement dangereux.

« Si certains étudiants pensent maintenant qu'il n'y a pas de mal à frapper un fasciste ou un suprémaciste blanc, et si toute personne qui n'est pas d'accord avec eux peut être étiquetée comme fasciste ou suprémaciste blanc … (…)

… eh bien, vous pouvez voir comment ce procédé rhétorique peut rendre les gens hésitants à exprimer des opinions dissidentes sur le campus. »

Oui, on voit très bien.

En 2017 (sondage FIRE) : « Seriez-vous prêts à recourir à la violence pour empêcher quelqu’un de parler ? » 1% de oui chez les étudiants US.

Ouf, tout va bien ? Non.

« Seriez-vous prêts à soutenir quelqu’un d’autre qui le ferait ? » 20-30% de oui.

- En 2017, 58% des étudiants pensaient qu’il était « important de faire partie d'une communauté universitaire où je ne suis pas exposé à des idées intolérantes et offensantes. »

- 46% des tentatives pour « annuler » (cancel) la venue d’un conférencier ont fonctionné.

Selon nos auteurs, c’est justement dans les universités les plus progressistes que le plus de manifestations/plaintes ont eu lieu.

(On pourrait compléter en indiquant que c’est les jeunes les plus chanceux de l’histoire de l’humanité qui se plaignent le plus d’être opprimés.)

Quid du pluralisme ?

En 1996, il y avait 2 fois plus de professeurs de gauche dans les facs américaines que de professeurs de droite.

En 2011, c’est désormais un ratio de 1 à 5.

Un glissement similaire se produit chez les étudiants.

Les étudiants Woke ont énormément de comportements en commun avec des gens qui souffrent de dépression (pensée binaire, généralisations, cynisme).

Le déprimé et le Woke repeignent tous deux la vie en noir.

(Ceci n’est pas un jeu de mot, merci de ne pas me canceller).

Nos auteurs creusent ce lien en profondeur.

Les jeunes filles sont particulièrement déstabilisées par l'arrivée des réseaux sociaux. Une femme sur sept dans les facs américaines pense souffrir d’un désordre psychologique.

2016: 51% des étudiants pense souffrir d’anxiété.

« Il est clair que les universités ne provoquaient pas une crise nationale de la santé mentale ; elles y réagissaient ».

Cependant nos auteurs trouvent que ces dernières réagissent tout de même mal.

Le Syndrome de Stress Post-Traumatique, par exemple, requiert une confrontation progressive (et forcément douloureuse) avec l’origine du traumatisme pour s’en débarrasser.

Demander des « Trigger warnings » est un symptôme du SSPT, mais pas un remède.

Haidt et Lukianoff vont chercher, outre l’arrivée des réseaux sociaux, les causes profondes de ces comportements dans l’éducation de ces enfants.

Les enfants des classes aisées n’ont eu par exemple que très peu de temps sans être supervisé par un adulte dans leurs vies.

Cela peut expliquer selon eux pourquoi nos étudiants ont encore ce réflexe enfantin de chercher lors d’une dispute une autorité supérieure (parent, prof, instance bureaucratique) afin de la régler.

D’où la croissance de la bureaucratie dans les universités.

Ainsi, les adolescents de 18 ans se comportent comme s’ils en avaient 15.

C’est une des raisons qui pousse nos auteurs à recommander comme solution la banalisation de l’année sabbatique après le bac pour espérer des campus plus matures.

Ils terminent sur une note d’espoir : la plupart des présidents d’universités et des étudiants rejettent la culture du ‘safetyism’ en privé.

Concluons de notre côté sur une citation de Hugo : « Souvent la foule trahit le peuple ».

Reste à braver la foule.

FIN🎬

ERREUR: Je voulais bien évidemment dire l'inverse, un ratio de 5 à 1 (5x plus de profs de gauche que de droite).

Merci à @DominiqueReynie pour son oeil attentif !