Le procès de cinq internautes, poursuivis pour avoir posté des messages haineux sur Twitter, visant la communauté asiatique va bientôt s'ouvrir devant la 17e chambre. De nombreuses parties civiles sont présentes, tout comme les prévenus. LT à venir pour @20Minutes ! #Haineenligne
Les faits remontent à la fin du mois d'octobre dernier. Cette campagne haineuse est apparue sur Twitter dès le 28 octobre au soir, à l'annonce du reconfinement par Emmanuel Macron. Petit rappel des faits ici. 20minutes.fr/justice/300509…
L'audience vient de s'ouvrir, la salle est pleine. Les cinq prévenus, cinq jeunes hommes, sont présents. Un seul est assisté d'un avocat. Sur le banc des parties civiles, on retrouve (entre autres), @EricMorain , @AA_Avocats et Me Soc Lam. #Haineenligne
De nombreuses associations antiraciste (@LDH_Fr , @SOS_Racisme ) se sont constituées parties civiles, tout comme l'association @respectzone_org pour ne citer qu'elles
La présidente appelle les cinq jeunes hommes à la barre. Elle lit les faits qui leur sont reprochés (et les messages postés par les uns et les autres). Premier problème, l'avocate d'un des prévenus n'a pas pu venir et demande, par la voix de son client, un report de l'audience.
Pour être plus complète, voilà les associations représentées à cette audience : l'@ajcf_fr, @SOS_Racisme , Touche pas à mon pote, la @_LICRA_, @respectzone_org , la @LDH_Fr, Vigilance et Le Mrap
Le prévenu dont l'avocate est absente accepte finalement d'être jugé, sans être représenté. Le tribunal va donc pouvoir examiner les faits, il n'y a aucune autre demande de renvoi. La présidente souhaite démarrer par un rappel général du contexte #Haineenligne
"Les titulaires de 9 comptes à l’origine de 12 messages ont été identifiés. 4 étaient mineurs", précise la présidente de la 17e chambre
Alexis D., costume gris, lunettes noires, est le premier à s'avancer à la barre. On lui reproche l'envoi de ce message : "J’en ai rien à foutre, je déteste la Chine, faut les rayer de la carte ces fils de pute, tous les virus viennent de ce pays de merde", le 28 oct 2020
"C’était juste une sensation de ras-le-bol à cause de l’annonce de ce confinement (...) rester de nouveaux chez soi, pas sortir, c’était lassant, ça m’a énervé. J’ai vu d’autres personnes poster ce genre de message, j’ai suivi bêtement" explique le jeune homme
"J’ai pas réfléchi en l’écrivant(...) mais bien sûr c’est insultant", reconnait-il. "C’était pas réfléchi, y’avait pas d’arrière pensée, de volonté de généraliser", poursuit le francilien
Il raconte avoir supprimé son message le lendemain de l'annonce du confinement. "J'ai reçu une notification parce qu’il enfreignait les règles de Twitter, du coup il fallait que je le supprime" #Haineenligne
Alexis D. est étudiant, diplômé d'un DUT en informatique, en apprentissage en école d’ingénieur. Il vit chez ses parents, n'a pas d'enfant à charge.
- "Est-ce que vous auriez hurlé les mêmes propos dans la rue?", demande l'un des assesseurs
- "Non, parce que dans la rue je sais que des gens peuvent m’entendre et que je peux les blesser. Sur Twitter, j’ai 30 abonnés qui me connaissent"
"Les gens qui me suivent savent qui je suis réellement et savent ce que je pense et que quand je suis énervé comme ça, je tiens des propos pas cohérents et qui ne sont pas le font de ma pensée" ajoute le jeune homme
Une avocate des PC lui demande: "Êtes-vous raciste Monsieur?"
Il soupire: "Non! (...) Ce que j’ai écrit je ne le pense pas réellement mais je comprends maintenant le caractère raciste derrière ces propos, que je n’ai pas vu au moment des faits"
Imad R., est le 2e prévenu à s'avancer devant les magistrats. Le 28 octobre au soir, il avait appelé « les élèves demain au lycée attrapez tout les gens qui font LV2/LV3 Chinois et ta-bass-ez les ».
Il reconnait être le créateur et l'administrateur du compte Twitter qui a posté ce message.
En revanche, il affirme qu'il n'est pas l'auteur de ce message mais que c'est un certain "Zack", domicilié au US, qui aurait posté ce tweet
Pendant les investigations, le jeune homme a expliqué : "Je me suis connecté 2 ou 3h après le tweet litigieux, j’ai supprimé le tweet mais j’ai vu qu’il avait été repris, j’ai dit à Zack que c’était pas intelligent de faire ça, que c’était illégal"
Le jeune homme détaille : "C’était un compte humoristique, je faisais uniquement des blagues dessus, on pouvait tous les deux supprimer les tweets". Pourquoi avoir supprimé le tweet posté par son ami? "Parce qu’il appelle à tabasser les gens"
Imad R. est lui aussi étudiant, casier vierge comme le précédent prévenu.
"Le compte a été suspendu et supprimé définitivement à l’initiative de Twitter", précise le jeune homme.
Une magistrate lui demande pourquoi avoir partagé son compte avec ce Zach, qui vivait aux US, et qu'il n'avait jamais vu. Réponse: "Je le connais pas physiquement mais c’est quelqu’un à qui je parle depuis 2016 sur Twitter. On plaisantait bien, on avait un bon feeling"
"Mais jamais je me suis dit qu’il pouvait poster un appel à la haine, il avait jamais fait un truc comme ça", assure le prévenu. Ce Zach a été identifié par les enquêteurs, lui a dit qu'ils étaient plusieurs à gérer ce compte Twitter
- Me Soc Lam : "Dans le cadre de la procédure, j'ai noté que votre compte était suivi par 60 000 personnes? C’est bien ça ?"
- "C’est possible, ça doit être dans ces eaux-là", confirme le jeune homme
"Je valide pas du tout ces propos (...) c’est un tweet que j’ai supprimé, je pense que c’est quelque chose de grave et surtout dans cette période d’appels à la haine sur des gens asiatiques", répète Imad R., qui se présente comme le créateur du compte mais pas l'auteur du tweet
Le jeune homme retourne à sa place. La présidente appelle le 3e prévenu, Bissa N. Il s'approche à la barre. Deux types de propos sont poursuivis le concernant.
Le premier message envoyé par le prévenu le 28 octobre au soir est le suivant : « Mettez moi dans une cage avec un chinois, je veux m’amusez avec lui, le brisez, je veux voir toute lueur d’espoir dans ses yeux s’éteindre devant moi ».
Le prévenu a également rédigé ceci : « Si vous êtes triste dites vous que y’a pire dans la vie, vous auriez pu être chinois »
Comme lors des investigations, Bissa N. explique que son compte suivi par 60 ou 50 abonnés était utilisé par "cinq ou six" personnes différentes, dont lui. Il reconnait en revanche avoir rédigé les deux messages cités
"Le premier message, c’est une référence à un combattant MMA (...à Beaucoup de personnes font ce tweet en démarrant par 'mettez moi dans une cage'. Je l'ai fait à ma manière", dit-il, évoquant un "contexte humoristique"
"Sur Twitter si vous tapez “cage” ou “mettez moi”, vous verrez que c’est une référence à ça. Quand je l’ai écrit, j’avais pas conscience des conséquences, c’est quand j’ai vu beaucoup d’interactions avec le tweet, je l’ai supprimé
Je voulais pas faire peur à des personnes"
Sur le 2e Tweet, Bissa N. dit qu'il "regrette". "Je voulais pas manquer de respect à des gens, c’était écrit sous le coup de la colère"
Comme les deux précédents prévenus, Bissa N. est étudiant. Il a arrêté son cursus et hésite entre l'armée de terre et un BTS. Son casier judiciaire est vierge
- "Vous aviez des réponses à vos tweets de gens extérieurs à votre groupe d’amis?", demande un assesseur.
- "Pas du tout", assure le prévenu
- "Vous aviez perdu de vue que tout le monde avait accès à vos messages ?"
- "J’avais oublié oui"
"Quel intérêt de partager les codes d’un même compte avec autant de personnes?", demande Me Morain
"Certains n’avaient pas de compte comme moi, j’avais déjà été suspendu sur Twitter", glisse Bissa N.
Avocate du Mrap intervient : "Si dans la phrase que vous avez posté on remplace “Chinois” par "arabe" ou "noir" ?Qu’est-ce que ça vous fait ?
- "C’est déjà arrivé, mais ça ne m’impacte pas, je m’aime comme je suis, ça me touche pas", dit l'étudiant
Le tribunal interroge maintenant Ziad B. Il s'avance à la barre et demande s'il peut faire une déclaration. "Allez-y", dit la présidente: "J’aimerai m’excuser auprès de toute personne de la communauté asiatique (...) je tenais à m’excuser pour cet acte idiot, irréfléchi"
Il est poursuivi pour avoir répondu, sur le mode de la surenchère, à un tweet qui appelait "à agresser chaque chinois qu’ils croiseront dans la rue"
"Quand j’ai vu ce tweet, j’ai fait l’erreur d’être guidé par mes émotions, le contexte sanitaire y est pour quelque chose, mais je tiens pas à me cacher derrière cette excuse, je suis pas le seul étudiant pour qui la situation est difficile et provoque de la colère"
Comme lors des investigations, le jeune homme reconnait avoir fait un "amalgame" et concède une "erreur" qu'il "regrette". "J'ai mis une barrière entre le réel et la virtualité (...) j'ai oublié que ça pouvait être repris à une si grande échelle"
"Le fait de ne pas être confronté à une personne directement, à être derrière un écran, forcément ça nous laisse penser qu’on est libre de dire ce qu’on veut" dit Ziad B.
Ziad B. a, comme les autres prévenus, un casier judiciaire vierge. Il est étudiant à Science Po, en 2e année.
"On a parfois l’envie d’attirer l’attention sur nous, d’avoir un maximum d’interactions, de partage, ça peut pousser certaines personnes à tenir des propos choquants ou qui interpellent", reconnaît le jeune homme
Le compte de Ziad B. était suivi à l'époque par 653 personnes. Ses tweets portaient essentiellement sur le PSG et les mangas.
Me Soc Lam : "Vous considérez que les Asiatiques vivant en France sont responsables du virus?"
- "Non, pas forcément, pas directement", assure le jeune homme
Ziad B. est le seul à être assisté d'un avocat. Il lui demande où il se trouvait lorsqu'il a posté son tweet: "Sur le campus de Menton". Sa famille habite dans le Pas de Calais. "J'ai pas pu rentrer", explique le jeune homme, "Je n'avais aucun cours en présentiel"
"Combien de temps votre tweet est resté en ligne?" demande son avocat. "10 minutes, à peine, après je l'ai retiré", assure le jeune homme
On passe au dernier prévenu, Arnaud K. Il est poursuivi pour un seul tweet publié le 28 octobre 2020 : « Nique la mere a tous les chinois ».
Il indique à la barre que son compte Twitter était "parfois en public" et "parfois en privé", mais qu'il était en "public" lors de l'envoi de son message puisqu'il a été repris par des tiers
"J’ai fait ce tweet pour charrier, mais tous mes amis m’ont fait comprendre que c’était pas drôle. Au vu du contexte plus global dans lequel il s’est inscrit que ça le rendait vraiment pas drôle", dit Arnaud K
- "Quel contexte ?", demande la présidente
- "Je parle du déferlement de haine qui a eu lieu le lendemain"
"Le plus gros regret que j’ai, c’est d’avoir offensé toute une communauté (...) c’était pas du tout mon intention mais ça change rien, le ressenti est le même", assure Arnaud k.
Il indique au tribunal que ni son tweet, ni son compte n’ont été "suspendus" ou "bloqués" par Twitter.
"Le tweet je l’ai supprimé de moi-même et le compte aussi mais bien après parce qu’il me parasitait par rapport à mon travail", explique-t-il
- "Vous êtes étudiant Monsieur?", demande la présidente
- "Oui"
- "En quoi?"
- "En Droit", lâche le prévenu. Des rires étouffés s'échappent dans la salle
Comme les autres, Arnaud K. a un casier judiciaire vierge.
Dominique Sopo, pdt de SOS Racisme, fait une rapide intervention à la barre, il déplore des propos "lamentables" : "Chacun doit prendre la conscience que ces réseaux sociaux ne sont pas nouveaux, le caractère public des propos que l'on y tient doit être pris en considération"
M. Hua, partie civile, s'avance lui aussi à la barre pour témoigner : "Je suis Chinois, asiatique, né en France, j’ai été à l’école de la République et j’ai beaucoup d’humour. Chez nous, tout se partage, les grandes tablées, comme l’humour", dit-il en préambule
"Avec mon frère et mes sœurs, on a compris les codes de la France, on s’est adapté, on comprend les brimades comme “sale Chintok”, “sale bridé”. On y répond, on s’est adapté. Mes oncles, mes tantes, mes parents, ont plus de mal", poursuit-il
Il qualifie l'année écoulée et le racisme exacerbé à l'encontre des asiatiques depuis le début de la crise sanitaire de "mauvais moment à passer"
Après la campagne de haine lancée sur les réseaux sociaux le 28 octobre au soir, il explique : "Nos familles avaient plus peur de se faire agresser dans la rue que le Covid"
La présidente de l'Association des jeunes Chinois de France s'avance à son tour devant les magistrats. L'association s'est constituée partie civile dans cette affaire
"Le racisme anti-asiatique demeure banalisé, ignoré voire nié par certains", explique la jeune présidente de l'AJCF
"En deux ans de présidence dans cette association, je n’avais jamais vu ça, en réalité aussi bien à l’encontre de la communauté asiatique qu’à l’encontre de n’importe quelle minorité que ce soit. Ça m’a fait réaliser que cette forme de racisme était banalisée"
"Depuis un an les personnes asiatiques ont commencé à se faire incriminer, car jugées plus ou moins responsables de cette situation sanitaire, on a eu droit à un panel de faits, de paroles discriminatoires, insultantes", explique la présidente de l'association
Elle dit que depuis un an, elle ressent une crainte très concrète et s'interroge souvent : "Est-ce qu’il va m’arriver quelque chose si je sors de chez moi?"
Elle évoque une crainte légitime et rappelle le "poids" des paroles postées sur les réseaux sociaux : "Qu’est-ce qui nous dit que quelqu’un ne va pas se servir de cette parole pour passer à l’acte? L’exemple, hélas, de Samuel Paty nous le montre bien"
Après une courte suspension, l'audience vient de reprendre. La parole est aux parties civiles. L'avocat d'SOS Racisme est le premier à plaider
"Ce n’est pas le procès des réseaux sociaux mais du racisme ordinaire", assure l'avocat de l'association. Après une courte plaidoirie, il laisse la parole à Eric Morain qui représente Respect-zone
"Ce ne sont pas que des mots", dit l'avocat en préambule.
"Quand la présidente de l'Association des jeunes Chinois de France évoque la peur au ventre de sortir, c’est la conséquence de mots" (Eric Morain)
Comme son confrère, il rappelle les constantes dans ces procès pour des cyberviolences avec "des prévenus qui sont toujours à la barre en regardant leurs chaussures, en ayant du mal à articuler, en disant “je pensais pas me retrouver ici”: belle victoire du réel sur le virtuel"
Au tour de Katloum Gachi, avocate du @MrapOfficiel , de plaider. Elle déplore une "certaine lâcheté" du côté des prévenus: "On a le sentiment derrière son écran qu’on est dans une impunité totale"
"Aucune excuse ne peut venir justifier les faits, en avoir ras le bol du confinement ne justifie pas qu’on appelle à la haine contre une communauté!" (Me Gachi)
Arié Alimi, avocat de la LDH plaide à son tour. "On a souvent l’impression d’avoir, derrière les propos immondes tenus sur Twitter, des beaufs (...) mais quand on lève le voile, on a des jeunes gens structurés mentalement"
"Des jeunes gens qui n’affichent pas de haine, ont conscience du caractère raciste des messages proférés et ça interroge" (Arié Alimi)
"Comment dans une société éduquée comme la nôtre, peut-on en arriver à un tel emballement ? (...) Le racisme contre les personnes asiatiques, ça existe et ça se développe. Là y’a eu un emballement et c'est ce qui a conduit, dans un autre pays que le nôtre, à une tuerie à Atlanta"
L'avocate de la Licra demande au tribunal "d’entrer en condamnation de manière exemplaire parce que c’est trop facile, de déverser de la haine, de faire peur derrière son écran"
Le tribunal écoute maintenant l'avocat de l'association Vigilance. Il tient à rappeler au début de sa plaidoirie : "Votre tribunal ne juge pas l’humour, l’humour se joue sur scène, dans des théâtres. Vous, vous jugez des délits"
"Vous jugez quand même des propos ignobles qui sont sanctionnés par la loi et je vous demanderai de rappeler qu’un tribunal n’est pas une institution purement pédagogique, un juge n’est pas un psy mais là pour sanctionner un fait qui tombe sur le coup de la loi"
Il estime qu'une peine de prison avec sursis "parait adaptée à la gravité des faits" commis par les prévenus. Les autres avocats de la PC ont demandé des dommages et intérêts
Me Soc Lam, l'avocat de "la seule association asiatique" présente, l'AJC,F et de 6 personnes qui estiment avoir subi un préjudice direct dans ce dossier est le dernier à plaider pour la partie civile
"Les cinq sont des étudiants qui sont parfaitement bien dans leur tête et leur peau et la seule explication qu’on a eu aujourd’hui c’était “le confinement” et qu'il fallait se défouler", regrette l'avocat
"J’ai l’impression que ces jeunes n’ont pas conscience aujourd’hui de la gravité des faits et de la dangerosité de leur message. Je le regrette. Un seul des prévenus est venu avec un avocat", pointe-t-il, rappelant que tous encourent jusqu'à 5 ans de prison
"On vous l’a dit, on vous l’a plaidé, depuis le début de l’épidémie et depuis son arrivée en France, il y a malheureusement un amalgame fait entre “virus” et “chinois”", déplore Me Soc Lam
"Ce que demande l’@ajcf_fr aujourd’hui et les personnes physiques qui se constituent PC c’est que la justice prenne en compte cette inquiétude et donne un signal fort: on ne peut pas se retrancher derrière un écran et un tweet, ce n’est pas du virtuel."
La présidente donne maintenant la parole à la procureure qui démarre ses réquisitions.
"Ces délits sont des délits constitutifs du discours de haine (...) qui ruine l’espoir de chacun de se sentir membre à part entière de notre société, au point qu’ils peuvent y vivre en sécurité"
"Les mots ne sont pas anodins (...) notre dossier démontre qu’ils ont un impact sur les autres quand certains représentants de la communauté chinoise disent avoir peur de sortir de chez eux, non pas à cause du virus mais de peur d’être agressés physiquement" (Procureure)
"Entre les mots et les actes, la frontière est poreuse et cet usage dévoyé des réseaux sociaux est dangereux", poursuit la magistrate
Elle rappelle les faits reprochés aux 5 prévenus.
2 sont poursuivis pour "injure raciste"
1 pour "provocat° publique non suivie d'effet" mais aggravée par la dimension raciste
1 qui cumule les 2 précédents faits
1 dernier pour provocat° publique à la commiss° d’atteinte à la vie
"Il y a quelque chose d'absolument désarmant à constater ce fossé entre la violence de ces propos trop aisément diffusés sur internet et la psychologie des personnes qui se présentent à la barre"
À l'encontre des cinq prévenus, la procureure requiert un "stage de citoyenneté": "Pour que les valeurs notre société soient effectivement respectées et qu’au grand jamais votre juridiction ait à revoir l'un de ces cinq jeunes hommes"
Aucune peine de prison n'est donc requise. Seul un stage de citoyenneté obligatoire.
Ce sont les réquisitions du parquet, pas la peine définitive. Ce sera aux trois magistrats de la 17e chambre de statuer ensuite. On écoute maintenant le seul avocat côté défense, l'avocat de Ziad B.
L'avocat de Ziad B., revient sur l'état de son client à l'annonce du 2e confinement : "Ce garçon qui se trouve fort loin de sa famille, qui n’est pas fils de bonne famille, il n’a plus ses copains, des cours de temps à autre sur Internet, il est laissé à lui-même"
"Il ne va pas bien objectivement, il va donc sur son compte Twitter". Il précise au tribunal que son client, "garçon d’origine Kabyle, orphelin de père à 7 ans, il rentre à Sciences Po sur dossier, réussi sa première année"
(Je préfère prévenir les Twittos qui suivent l'audience puisqu'il y a visiblement de l'attente, il y a très peu de chance pour que le jugement tombe ce soir. La décision du tribunal sera probablement "mise en délibéré" et communiquée à une autre date)
"Faire du mal pour un motif racial à quelqu’un est quelque chose qui le dépasse complètement", assure l'avocat de Ziad B. qui dit qu'il a "pété les plombs" quand il a posté son tweet le 28 octobre dernier
"Ce garçon qui a brisé le déterminisme sociaux, tout s’écroule pour lui. Il est venu pour assumer ses responsabilités, présenter ses excuses et moi pour essayer de sauver ce qui peut l’être" dit son avocat
L'avocat qualifie cette affaire de "regrettable" et "désolante". Il réclame "une sanction adaptée" et demande au tribunal de "ménager l'avenir" de son client
Sa plaidoirie est terminée. La présidente donne maintenant la parole aux prévenus qui ne sont pas assistés. Tous réitèrent leurs excuses à l’ensemble de la « communauté asiatique »
Bissa N. dit qu’il habite seul avec sa mère, qu’il est venu seul aujourd’hui parce qu’il n’a pas « les moyens » d’avoir un avocat. « Mais ca ne veut pas dire que je ne prends pas l’affaire au sérieux » tient-il à indiquer
Arnaud K.: « Ça m’a fait vraiment réfléchir, je mesure les conséquences de mes actes (...) Je veux avoir une chance de me racheter » demande-t-il
L’audience est levée. La décision est mise en délibéré. Le jugement sera rendu le 26 mai prochain à 13h30. C’est la fin de ce LT, merci de l’avoir suivi ! Compte-rendu à suivre dans la soirée sur @20Minutes

• • •

Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh
 

Keep Current with helenesergent

helenesergent Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

PDF

Twitter may remove this content at anytime! Save it as PDF for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video
  1. Follow @ThreadReaderApp to mention us!

  2. From a Twitter thread mention us with a keyword "unroll"
@threadreaderapp unroll

Practice here first or read more on our help page!

More from @helenesergent

10 Mar 20
De retour au procès #Fillon. À suivre dans ce LT pour @20Minutes, les réquisitions des deux magistrats du Parquet national financier
Aurélien Létocart et Bruno Nataf sont tous deux arrivés. Un pupitre transparent est installé à côté de leur micro, leur réquisitoire est posé dessus. #Fillon
La salle, elle, est bondée. On se serre sur les bancs de la presse mais certains confrères sont visiblement encore bloqués dehors, faute de place. #Fillon
Read 83 tweets
20 Nov 19
2e et dernier jour au procès d'Anne Diana #Clain. Elle est jugée avec Mohamed Amri, son mari religieux, pour "association de malfaiteurs terroriste". En juillet 2015, l'aînée de la fratrie Clain a tenté de rejoindre sa famille en Syrie, avec 4 de ses enfants et son conjoint.
Hier, la présidente de la 16e chambre a interrogé le couple pendant près de six heures. Le compte-rendu est à retrouver ici sur @20Minutes Aujourd'hui, place aux questions des parties, réquisitions et plaidoiries #Clain 20minutes.fr/justice/265533…
@20Minutes L'audience est reprise. La magistrate du parquet est la 1ere à interroger Anne Diana #Clain. Elle revient sur les deux vidéos de propagande et d'exactions visionnées par la soeur des Clain: « Je croyais que c’était des films », assure-t-elle
Read 92 tweets
19 Nov 19
La soeur aînée des frères Clain est jugée dès aujourd'hui pour "association de malfaiteurs terroriste" et avoir tenté de rejoindre la Syrie en 2015. LT à suivre pour @20Minutes dès 13h30
20minutes.fr/justice/265245…
@20Minutes Plusieurs audiences de fixation sont prévues avant le début de l'audience #Clain-Amri. C'est Isabelle Prevost Desprez qui préside la 16e chambre
@20Minutes Les deux prévenus viennent d'arriver dans le box. Mohamed Amri, catogan poivre et sel et barbe taillée s'exprime avec un léger accent toulousain. Anne Diana #Clain, longs cheveux ondulés, est assise à ses côtés
Read 70 tweets
19 Sep 19
Beaucoup de monde, des curieux, des soutiens de @FranceInsoumise ce matin à Bobigny pour le procès de #Melenchon et 5 autres prévenus
@FranceInsoumise Petit rappel sur la stratégie du "procès politique" déployée par le parti et les prévenus à lire sur @20Minutes et signé @LGThibaut et @la_comete #Melenchon 20minutes.fr/justice/260525…
@FranceInsoumise @20Minutes @LGThibaut @la_comete À l'intérieur de la salle d'audience, ambiance très calme (par rapport à l'extérieur de l'enceinte). @ericcoquerel, @AQuatennens, @mbompard, @Francois_Ruffin sont présents. Les parties civiles aussi. L'avocat Eric Dupond-Moretti n'est pas encore arrivé #Melenchon
Read 121 tweets
26 Jul 18
Les députés de la Com° des Lois de l'@AssembleeNat réentendent Alain Gibelin, en charge de la DOPC #Benalla
La présidente de la Com° des Lois, @YaelBRAUNPIVET explique les raisons pour lesquelles Alain Gibelin est de nouveau auditionné #Benalla
Elle rappelle que le directeur de la DOPC avait déclaré qu'Alexandre #Benalla était présent à des réunions pendant sa mise à pied #DirectAN
Read 63 tweets
25 Jul 18
Les sénateurs membres de la commission des Lois auditionnent maintenant le chef du service de la protection (SDLP), Frédéric Aureal. #DirectSenat #Benalla
Il détaille d'abord les missions du SDLP: "il assure la protection des hautes personnalités françaises et étrangères en France" #DirectSenat #Benalla
Frédéric Aureal rappelle que son service est rattaché au ministère de l'Intérieur. Le GSPR, le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République, est l'une des entités du SDLP #DirectSenat #Benalla
Read 20 tweets

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3/month or $30/year) and get exclusive features!

Become Premium

Too expensive? Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal Become our Patreon

Thank you for your support!

Follow Us on Twitter!