Lutter pour l'accès à la mort digne avant de lutter pour l'accès à la vie digne c'est directement pour faire de la mort l'option la plus accessible pour les personnes handicapées.
On ne peut pas légaliser l'euthanasie en France, seulement les meurtres eugénistes. ⬇️
Je ne suis pas contre l'euthanasie. Ni d'un point de vue moral ("la vie est sacrée pas touche") ni d'un point de vue éthique ("il n'existe pas de situation où l'euthanasie soit une bonne solution").
En revanche, il me semble que pour que l'euthanasie soit une pratique éthique il faut à minima que la personne qui en meurt soit consentante, sinon ça s'appelle plutôt un assassinat.
Or le consentement, ça ne s'extorque pas par négociation et menace, sinon, ce n'est pas du consentement. Pour qu'une euthanasie soit consentie, il faut donc qu'elle puisse être librement choisie, et pour qu'il y ait un choix, il faut qu'il y ait d'autres options.
Des options de soins, diverses, gratuites, consenties, accessibles, explicites, adaptés.
La possibilité de choisir où l'on vit et avec qui.
La possibilité de choisir par quel moyen on communique, quand, et avec qui.
La possibilité de choisir quels aides humaines et matérielles nous recevons pour pouvoir vivre au quotidien, quand, où et par qui le cas échéant.
La possibilité de prendre sa place dans la vie politique, d'avoir une vie sociale, d'avoir des loisirs.
Les logements ne sont, pour beaucoup, pas accessibles, et le gouvernement Macron a fait voter par la loi ELAN la diminution de 90% des normes d’accessibilité des logement neufs.
Cela veut dire que les personnes handicapées et notamment à mobilité réduite n'ont accès qu'à une toute petit partie des logements, dont une part est occupé par des personnes valides.
Si jamais elles trouvent et réussissent à obtenir un bail pour un logement accessible, elles ne pourront pas rendre visite à leurs ami·es et leur familles qui logeront selon toutes probabilités dans des logements impossibles d'accès pour une PMR.
En alternative, la douleurs et l'humiliation de se tortiller comme on peut pour accéder à son logement malgré l'absence de rampe, l'absence d'ascenseur, ou rester enfermer chez soi sans pouvoir en sortir, ou les institutions.
Dans les institutions bien souvent pas de choix de où l'on vit, d'avec qui l'on vit, d'à quel heure on mange, de ce qu'on fait de ses journées, de qui nous soigne, de quelle aide on reçoit : tout est mutualisé et planifié de l'extérieur pour le groupe.
Quand les seuls spécialistes de ta maladies en France sont en secteur 2, ou même 3, soit tu crèves, soit tu payes (+ le billet de train pour aller les voir, parce que t'as pas les moyens d'habiter dans les métropoles), c'est tout.
Et ça c'est quand tu sais ce que t'as, le diagnostic c'est parfois des dizaines d'années, et très souvent ça arrive bien trop tard pour limiter la casse.
Des fois heureusement t'as un diagnostique, et y a même un traitement efficace ! Ah, pardon, on me dis dans l'oreillette qu'on ne vous le prescrira pas parce qu'on voudrait pas que vous vous habituiez à ne plus avoir mal ou que vous ayez l'air handicapé·e.
Enfin vous emballez pas trop quand même, la familles habite toujours au 3ème sans ascenseurs, y a toujours une marche devant la porte de la boulangerie et le métro parisien est toujours accessible à hauteur de 3% des stations.
Si on te menace suffisamment pour que tu décide de te couper une jambe, alors qu'on avait l'option de juste te laisser tranquille tu n'as pas consenti à te couper la jambe.
On refuse de traiter nos douleurs parce que les médicaments c'est bien mais trop quand même, et les fauteuils roulants c'est juste carrément mal, et puis on pourrait faire un effort.
Si jamais on daigne nous accorder des aides, c'est sous le seuil de pauvreté et pour quelques années tout au plus, histoire d'être sûr qu'on puisse pas avoir de projet de vie.
Et un beau jours on nous dit "Vous savez si vous souffrez trop on peut vous tuer." et vous voulez nous faire croire que c'est un choix ? Une option parmi d'autres ? Quelles autres ?
Se tordre de douleur alors que les aides et traitements existent ? Ne pas pouvoir communiquer parce qu'on nous a retiré (ou jamais donné) les moyens de le faire ? Vivre isolé·es toutes notre vie à cause des choix d'infrastructures ?
Je ne suis pas contre l'euthanasie dans l'absolu. Mais je suis handicapé. J'ai pas la possibilité de vivre dans l'absolu, juste de vivre dans la réalité crade dur et froide du validisme.
Je vous parle même pas des abus qu'il va y avoir tant qu'on considérera (comme c'est le cas pour l'internement) que si une personne n'est pas en capacité de consentir, alors on peut décider à sa place de l'enfermer, ou ici, de la tuer.
Je vous laisse imaginer ce qu'il va se passer si on considère qu'on peut choisir à leur place d'euthanasier les personnes qu'on considèrent incapable de communiquer leur besoins et envies.
Si vous voulez légaliser l'euthanasie, surtout n'hésitez pas à vous engager dans les luttes pour les droits qui permettrons son exercice de manière consentie et éthique.
Désinstituionalisation de toutes les personnes handicapées.
Accès rapide et durable aux aides humaines et matérielles.
Revenu universel pour toustes et particulièrement pour les personnes handicapées.
Solution massive de lutte contre la pauvreté, les violences domestiques, les violences sexuelles.
Gratuité de TOUS les soins.
Accessibilité de tout, pour toustes.
Je finirai ce thread en vous demandant de penser à cette jeune femme qui s'est faite euthanasier au Pays Bas il y a 5 ans. La raison ? Stress post traumatique après de multiples viols.
Pas de soins. Pas d'accessibilité. Pas de Justice.
On n'a pas le choix d'une vie digne.
On n'a pas le choix.
On n'aura donc pas non plus le choix quand on décidera de mourir.
Il n'y a pas d'euthanasie possible en France. Que de l'eugénisme.
A titre indicatif vu que la confusion est déjà revenu plusieurs fois : le soin palliatif ça veut pas dire "soin des gens mourant". Ça veut juste dire soin qui traité les symptômes et n'a pas vocation à guérir la cause.
Quand je vais chez mon kiné c'est du soin palliatif, c'est pour limiter l'instabilité articulaire et la douleur. Je suis pas mourant pour autant, je suis juste incurable.
Et l'intégralité de mon thread s'applique au personne en fin de vie hein, les personnes en fin de vie susceptibles d'avoir recours à l'euthanasie sont toutes handicapées.
J'ai vu plusieurs personnes handicapées témoigner de l'abandon de leurs études à cause du manque d'aménagement et je voulais parler de mon expérience sur le sujet.
J'avais des bons aménagements et j'ai quand même du abandonner, et je crois que la raison est importante à retenir.
Qu'on s'entende avant que je commence : le manque d'aménagement est scandaleux et c'est une raison d'abandon pour beaucoup d'étudiant·es handi il ne s'agit évidemment pas ni de le nier ni de le sous estimer.
La situation est toute simple. Je suis étudiant à Lyon 2 Porte des Alpes. Si vous voyez, vous êtes peut-être en train de cerner le problème.
Pour les autre une petite carte du trajet de chez moi à la fac :
Avez vous signez la nouvelle pétition pour la deconjugalisation de l'AAH et l'autonomie de personnes handicapées ? Sinon c'est le moment (même si vous avez déjà signé l'ancienne au sénat) !
Le texte de petitions détails déjà les enjeux principaux, si vous ne voulez pas prendre plus de temps vous pouvez vous contenter de ça ! #AAH17Juin#SignezPourNotreAutonomie
Oui il y a des gens plus ou moins sensibles, susceptibles, résistants, etc. Et ces variations là ne sont pas nécessairement pathologiques. Mais a partir du moment où c'est envahissant au quotidien, par définition, c'est un handicap / un trouble.
Il y a énormément de personne handicapées (et/ou malade, et/ou avec des troubles psy) qui ne le savent pas et qui sont persuadé d'être juste trop fragile, flemardes sensibles, qu'elle font pas assez d'effort.
Je vois souvent des tweet en mode « je suis adulte et pourtant je panique dès que je vois des ados » du coup ça me paraît important de le répéter : si c'est parce que vous avez vécu du harcèlement scolaire ou autre chose du genre, ça s'appelle un stress post traumatique.
Je vous conseil le site dcaius.fr/blog sur le sujet, qui a pas mal de recommandation de lecture également
Plus généralement : il n'y a pas de liste restrictive des évènements "assez grave" pour causer un stress post-traumatique. Un SSTP peut se développer après n'importe quelle expérience qui a créé chez la personne un sentiment de danger intense.