On se plaint des restrictions Covid-19 mais au final pendant la Peste à Londres c'était une autre histoire.
Un (long) thread 👇
En avril 1665, une épidémie de peste bubonique frappe la ville de Londres. On connaît bien les ravages de cette maladie et donc lorsque l'alerte est donnée fin avril, il ne faut attendre que le 12 mai pour que le Maire, réagisse.
C'est un acte royal de 1603 qui confère le pouvoir au Maire de prendre des décisions au niveau local pour endiguer l'épidémie : ce dont ne va pas se priver le 𝐿𝑜𝑟𝑑 𝑀𝑎𝑗𝑜𝑟 𝑎𝑛𝑑 𝐴𝑙𝑑𝑒𝑟𝑚𝑒𝑛 𝑜𝑓 𝑡ℎ𝑒 𝐶𝑖𝑡𝑦 𝑜𝑓 𝐿𝑜𝑛𝑑𝑜𝑛.
Pour commencer, dans chaque paroisse sont désignés deux ou trois personnes (les 𝑒𝑥𝑎𝑚𝑖𝑛𝑒𝑟𝑠) qui vont aller visiter les maisons du quartier. Si un membre du foyer leur paraît malade, on confine la maison infectée.
Les maîtres de maison ont par ailleurs l'obligation de leur signaler les personnes malades de leur foyer dans les 2h de l'apparition des symptômes, et ils seront confinés la nuit même.
Mais là, plus question de faire un barbecue chez les voisins. Une maison confinée, c'est deux gardes à temps plein : un pour le jour, un pour la nuit. Personne ne rentre, personne ne sort.
Grand luxe malgré tout : si les confinés ont besoin de quelque chose, le garde s'en occupe (par contre il part avec la clé).
Les hommes sains étant réquisitionnés pour inspecter les maisons et garder les confinés : ce sont les femmes qu'on envoie vérifier les cadavres.
Ces 𝑊𝑜𝑚𝑒𝑛-𝑆𝑒𝑎𝑟𝑐ℎ𝑒𝑟𝑠 sont chargées de reconnaître la cause de la mort des corps qu'on leur demande d'inspecter. Promotion possible : infirmière auprès du médecin local pour soigner les pestiférés encore vivants.
Interdiction pour elles de faire quoi que ce soit d'autre pendant toute la durée de ce charmant travail. Des chirurgiens sont là pour les aider dans l'analyse des corps, mais eux sont payés : 12 pences le corps.
Traçage des clusters : « Si une infirmière se retire d'une maison infectée avant 28 jours après le décès d'une personne ayant succombé à l'infection, la maison dans laquelle l'infirmière s'est retirée sera fermée jusqu'à l'expiration de ces 28 jours. »
Les procédures sont strictes : dans chaque maison où il y a un malade, même s'il ne meurt pas, on bloque la maison pendant 1 mois sous réserve du respect des gestes barrières par les gens sains confinés avec le malade.
Bien sûr, on n'est pas fou : « 𝑡ℎ𝑒 𝑔𝑜𝑜𝑑𝑠 𝑎𝑛𝑑 𝑠𝑡𝑢𝑓𝑓 𝑜𝑓 𝑡ℎ𝑒 𝑖𝑛𝑓𝑒𝑐𝑡𝑒𝑑 𝑚𝑢𝑠𝑡 𝑏𝑒 𝑤𝑒𝑙𝑙 𝑎𝑖𝑟𝑒𝑑 𝑤𝑖𝑡ℎ 𝑓𝑖𝑟𝑒 𝑎𝑛𝑑 𝑠𝑢𝑐ℎ 𝑝𝑒𝑟𝑓𝑢𝑚𝑒𝑠 𝑎𝑠 𝑎𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑞𝑢𝑖𝑠𝑖𝑡𝑒 » : on procède aux fumigations appropriées.
Si jamais quelqu'un devait entrer dans une maison confinée, ou si on sait qu'il a rendu visite à une personne infectée : boom : confiné aussi.
Sans surprise, les riches qui ont deux maisons ont le droit d'envoyer leurs malades pourrir là-bas, ou au contraire de les laisser se confiner là pour, eux, partir à la campagne.
L'inhumation des morts de l'épidémie se fait de nuit, sans qu'aucun voisin ni ami ne soit autorisé à accompagner le corps à l'église sous peine de voir sa maison fermée, ou d'être emprisonné.
Les enfants doivent rester loin du cercueil qui doit absolument être enterré avant les heures d'office habituels : « six pieds sous terre » au moins.
Plus étonnant mais néanmoins logique : la vente à l'étal de vêtements, draps ou literie d'occasion est complètement prohibée.
Adieu les pauvres : « Il est ordonné que les gendarmes veillent spécialement à ce qu'aucun mendiant errant ne soit toléré dans les rues de cette ville, de quelque manière que ce soit sous peine que la peine prévue par la loi soit dûment et sévèrement exécutée à leur encontre. »
Et fini la fête : on interdit tout rassemblement public. Plus de soirées dans les brasseries ni de festins aux tavernes. Il n'est plus question de jouer, chanter, ni même d'exposer des combats entre chiens et ours (what?) : on ne veut pas d'attroupement.
Les tavernes et les brasseries restent quand même ouverts pour les gens disciplinés qui s'y comportent bien : c'est à dire ceux qui y vont peu nombreux et avant 9h du soir, messieurs dames.
Couvre-feu, confinement et restrictions sont peut-être d'un autre temps ; mais force est de constater, qu'à une maladie plus mortelle, on appliquait à lors des mesures mieux ciblées.
Merci beaucoup pour votre lecture !
Nos sources :
Acte royal : 𝐴𝑛 𝑎𝑐𝑡 𝑓𝑜𝑟 𝑡ℎ𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑖𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑙𝑖𝑒𝑓 𝑎𝑛𝑑 𝑜𝑟𝑑𝑒𝑟𝑖𝑛𝑔 𝑜𝑓 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑒𝑐𝑡𝑒𝑑 𝑤𝑖𝑡ℎ 𝑡ℎ𝑒 𝑝𝑙𝑎𝑔𝑢𝑒 , p173 version numérique, 141 version papier : archive.org/details/statut…
Le sachiez-tu ? L'expression « six pieds sous terre » trouve son origine dans l'Arrêté relatif à la peste pris en 1665 par le maire de Londres imposant une profondeur minimale à l'inhumation pour éviter que les morts ne contaminent les vivants.
En vrai les morts ne contaminaient pas les vivants, mais au moins ça évitait aux chiens de déranger les cercueils.
En France, on trouve une règle similaire dont la rédaction a des accents Napoléoniens :
« Chaque inhumation a lieu dans une fosse séparée.
Chaque fosse a 1,50 mètre à 2 mètres de profondeur sur 80 centimètres de largeur.
Elle est ensuite remplie de terre bien foulée. »
#LIleDeLaTentation L'occasion parfaite de revenir sur l'arrêt "Ile de la tentation" rendu le 3 juin 2009 par la Cour de cassation où l'on apprend surtout que le contrat de trav...
Ah non ! On apprend surtout que cette émission fut une arnaque. 😅👇
Résumé bref des faits : les participants de l'émission de télé-réalité "L'île de la tentation" souhaitent voir requalifiée leur participation à l'émission en CDI !
Les participants avaient tous du signer un acte intitulé “règlement participants” pour l'émission dont le concept est : “quatre couples non mariés et non pacsés, sans enfant, testent leurs sentiments réciproques lors d’un séjour d’une durée de douze jours sur une île exotique...