Thread by @Commune2021

Épouse d’un garde national de la Commune, Émilie Noro est arrêtée et emprisonnée sans motif : c’est le début du mythe des pétroleuses, ces femmes incendiaires et déchaînées qu’il s’agit de débusquer et d’enfermer. En 1897, elle raconte son arrestation ds La Revue Blanche :⤵️🔥
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« J’étais en train de faire du café. J’ouvre, mon filtre à la main. Des chasseurs de Vincennes étaient là, le fusil en arrêt, et commandés par un jeune officier à l’air important. Je ne me rendais pas du tt compte du danger. ☕️
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Ce déploiement de forces et l’air fanfaron du pt officier, tt cela me fit rire, ce qui le vexa. "Votre mari ? — Il n’y est pas. — Il a fait comme les lâches, il s’est sauvé. — Vs comprenez bien qu’il n’allait pas vs attendre." On fouille ds ts les meubles,
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on disperse les paquets de lettres. Le pt officier se redressant encore,dit avec noblesse: "Je suis de la famille Randon, Madame." (Ces Randon étaient de gros marchands de vins de l’île St-Louis.) Je réponds: "C’est eux qui m’ont vendu mon vin." Alors lui: "Je regrette,Madame,
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qu’ils aient vendu du vin à de la canaille comme vs, qd ils servent des gens si honorables, des fournisseurs de l’armée." Je trouvais le jeune militaire assez ridicule et ne m’effrayais pas encore. Mais voilà qu’on me fait sortir. On me mène d’abord à Notre-Dame,
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puis à la place du Châtelet. On tirait encore des coups de fusil à droite et à gauche. Je vois fusiller sur la place un jeune homme aux beaux cheveux noirs, qu’on disait Vallès. Il tombe en criant : "Vive la République !" ✊
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Dès les ponts franchis, j’avais été insultée, surtt par des femmes.
Journaliste : Par des femmes élégantes ?
Émilie Noro : Par des femmes du peuple. J’en revois une en caraco rouge et en savates, montée sur un banc, et qui criait :
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"Oh ! cette sacrée putain, elle a des bottines neuves et ns n’avons même pas de souliers !" Si, à ce début de mon voyage je n’ai pas été écharpée, je le dois sans doute à l’air modeste que j’avais alors, un air de petite dévote, waterproof et chapeau noir. 🥺
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Mes soldats avaient pourtant de la peine à tenir la foule en respect. On criait : "Fessez-la, enlevez-lui son chignon !" Ns étions maintenant en route pr la place Vendôme. Je vois des maisons brûlées, fumantes, des pompiers casqués. Ça me faisait l’effet d’un décor de théâtre.
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Sur mon passage, on criait à la pétroleuse. Place Vendôme, calme. Des troupiers sales, noirs de poudre, se reposaient. On leur amenait une pétroleuse jeune. J’appris ce que c’était que des plaisanteries de corps de garde. Sans arrêt à la place Vendôme,
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on me réexpédia sur le Châtelet. Ce qu’on cherchait, c’était, je crois, ce qui s’appelle en langage militaire, "la place". »
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🍒Récit d’Émilie Noro à lire ds La Revue blanche du 1er avril 1897 sur @GallicaBnF :
➡️gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt…

🍒Texte repris ds La Commune des écrivains, @editionsfolio, 2021.

🍒Sur les pétroleuses, cf le livre indispensable d’Édith Thomas réédité par @chloeleprince 🔥
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