Cette placette à la jonction des rues de la Goutte d'Or et Polonceau est un endroit "sensible".
Surnommée "placette du deal", elle est occupée à longueur de journée par des groupes d'hommes. Aucune femme ne s'y arrête.
(Photos : vers 1900 et de nos jours.)
⤵️
3
Elle est actuellement en travaux.
La mairie essaye de corriger à coups de millions ses terribles erreurs d'aménagement. Mais le chantier est arrêté, à cause d'un petit "bug" légal.
Personne ne sait ce qui a été décidé pour le réaménagement de la placette elle-même.
⤵️
4
Autour, il y a des immeubles HLM.
Leur aspect et leur état montrent quelle considération la Ville accorde à leurs habitants.
⤵️
5
Un peu avant les municipales, surprise générale : Christophe Girard déclare au Conseil de Paris que la place sera nommée "Cheika Remitti".
Une plaque a été posée quelques mois après, et un an et demi plus tard, voici l'inauguration en très grandes pompes.
⤵️
6
Le grand jeu. Nettoyage complet du quartier pendant deux jours (il continuait même pendant la cérémonie... 😄).
Mais purement cosmétique, d'ailleurs. L'important c'était de faire comme si.
⤵️
7
La plaque annonçant un récent "embellissement" à X dizaines de milliers d'euros est partie à la poubelle.
⤵️
8
Même le plot en béton d'un poteau électrique "provisoire" depuis 3 ans a été peint.
⤵️
9
En revanche la mairie n'a pas démonté son grand œuvre, un "totem participatif" qui vous a coûté 3 000 euros.
Elle s'est contentée de le dissimuler derrière une banderole.
⤵️
10
Pour masquer le chantier en jachère et sa crasse, la mairie avait tendu un rideau.
(Cachez cette misère que la Cour ne saurait voir...)
⤵️
11
La sauterie était réservée aux amis de la mairie, qui a gardé le secret jusqu'au dernier moment.
Des élus concernés n'ont même pas été invités, quelques habitants ont été informés par un mail envoyé... la veille à 21h15.
⤵️
12
Tout l'espace, trottoir compris, était clôturé et gardienné par des vigiles privés plus des agents de la Ville.
J'ai essayé d'entrer pour jeter un œil au concert, on m'a répondu que c'était réservé aux invités de la mairie.
⤵️
13
Les grands moyens avaient été déployés. Cette heure d'animation, sous-traitée à une association, a dû coûter quelques dizaines de milliers d'euros.
Des voitures avaient été expédiées en fourrière pour permettre aux vélos cargos officiels de stationner.
⤵️
14
On remarquait cependant, en stationnement interdit, les vélos avec chauffeur des maires.
(Je ne floute pas le visage de ce chauffeur, son expression d'enfant pris les doigts dans la confiture étant assez sympathique et amusante !)
⤵️
15
Pour le bas-peuple, les rues étaient bloquées par la DPSP, présente en grand nombre.
Elle est d'habitude totalement absente de ce coin "sensible".
Forte et très désagréable impression que cette "police municipale" n'était là qu'une milice privée pour VIP...
⤵️
16
Les faux panneaux d'interdiction de stationner pour cause de travaux (en fait pour libérer de la place aux véhicules municipaux) n'ont pas été retirés depuis.
Des voitures risquent de prendre des amendes ou d'être enlevées, pour rien.
⤵️
17
La plaque qui a été inauguré était un fake, comme tout le reste.
Elle est repartie dans les camions de la mairie.
La vraie, c'est celle à droite. Elle n'avait même pas été nettoyée, elle. Des fientes de pigeons pour la personnalité censée être honorée...
⤵️
18
En 2017, la mairie avait financé des "marches exploratoires" de femmes pour donner un nom à ce "no woman's land".
Mais elles avaient choisi un autre nom (celui de l'aviatrice Marie Marvingt). Elles ont été sidérées en découvrant par la presse l'oukase municipal.
⤵️
19
On admire l'infini cynisme et mépris du maire, qui ose prétendre que le choix de la dénomination a été fait par les femmes du quartier, alors qu'il a délibérément piétiné leur volonté.
⤵️
20/20
Un dernier détail, lui aussi révélateur.
Pour une telle inauguration, la maire de Paris aurait dû être là, bien sûr.
Étrangement, elle n'a pas daigné venir.
😐
J'ai oublié de préciser, tellement cela va de soi, que ce réverbère situé sur la placette n'a pas été réparé durant les deux jours de nettoyage avant le passage des officiels (bah, ça ne se voyait pas trop, donc ce n'était pas important...).
Croirez-vous que j'exagère si je vous raconte qu'après la grandiose cérémonie d'inauguration, les services de la Ville ont oublié de ramasser certaines des barrières ?
Ce n'est pourtant que la réalité.
Depuis, elles trônent, bouchant un passage piéton...
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Une des raisons de cet état d'abandon est que cet immeuble fait partie de ceux que la mairie de Paris à décidé en 2015 de cibler par un droit de préemption renforcé, pour les transformer en logements sociaux.
Il est condamné depuis pas mal d'années.
⤵️
3
Au rez de chaussée et sous-sol de cet immeuble se trouvait autrefois la "Guinguette à Antonin", du nom d'un célèbre propriétaire d'excentriques cabarets de Pigalle (c'est lui créa le cabaret "L'Enfer").
Le banc Davioud, notre banc à tous, est dans le Magazine du Monde de ce week-end (qui nous qualifie, de manière assez rétrograde, de "nostagiques" 😁).
Par ailleurs, il y a quelques nouvelles informations à son sujet.
(Suite ⤵️)
2
Après un léger nettoyage, nous avons découvert la signature du fondeur (Val d'Osne), et la date de fabrication : 1878. Soit l'année de la 4e Exposition universelle.
Il n'est donc pas d'époque Napoléon III mais a presque 150 ans !
⤵️
3
Ce modèle apparaît dans des photographies du Paris mythique.
Par exemple celles-ci, de Gisèle Freund (1933), et de Doisneau (1961).
On commence par le plus prestigieux, celui du Sacré-Coeur. Dégradé, mal entretenu, il attire une faune grandissante de dealers, etc., et devient dangereux.
L'école primaire voisine vient d'alerter les parents.
Un lieu emblématique, sur lequel communique souvent la mairie. Un site remarquable, un monument historique, un jardin classé... Et un spot de #crackparis.