Je pensais écrire l'histoire d'un demi-dieu viking condamné à retourner sur Terre, puis finalement ça risque d'être digne de mon histoire basée sur Mars Attacks.
#1J1T (1) La bureaucratie abat l’épée de Damoclès sur mes frêles épaules. Je viens de passer quelques années en orbite de Rhô de Cassiopée, à ne pas observer grand-chose je confesse. Les mauvais élèves sont envoyés sur Terre. Je suis une mauvaise élève. Je suis envoyée sur Terre.
#1J1T (2) Maudit planificateur! Je suis sur Terre, certes, mais quand et où? J’étais une bonne élève à l’école, j’ai évité le cours où les nuls s’entassent, soit l’histoire terrienne. Je regarde ce bout de village et ma crème glacée à la flouve odorante et mélilot me semble loin.
#1J1T (3) J’avance vers le port du village. Une foule compacte et enthousiaste ne retient pas ses larmes de joie en envoyant son seigneur vers une forme de paradis. Leur bruyante ferveur masque à peine les cris de sa jeune épouse, brûlée vive, qui l’accompagne. Vive le mariage.
#1J1T (4) L’hydromel coule à flots pour ces spécimens vikings fêtant la montée de leur seigneur vers Valhalla. Chaque matin, les heureux élus s’entre-tuent, les survivants mangent du sanglier bouilli, puis ils ressuscitent le lendemain, et recommencent. Ouah, génial le paradis.
#1J1T (5) Ratatosk, mon tuteur, me reproche de focaliser mes études d’observation des SVE, les Spécimens Vivants «Évolués», sur la bouffe. Attablée en grossière compagnie, la tête bouillie d’un sanglier, aux yeux vides d’expression, me confirme que cette mission sera différente.
#1J1T (6) Heidrun, ma nouvelle meilleure amie, la plus évoluée parmi ces barbares, pointe un index famélique vers Yggdrasil, un frêne dont les racines ont enfanté divers mondes. J’aimerais lui demander s’ils ont une tractopelle pas loin pour que je vérifie ce fait, mais j’hésite.
#1J1T (7) Après quelques sacrifices de vikings noyés ou égorgés, après quelques kilos de sanglier bouilli, après quelques litres d’hydromel par personne, le nouveau seigneur, ô surprise, décide d’aller naviguer vers l’Ouest, pour trouver un trésor. Je vais préparer mon parapluie.
#1J1T (8) C’est beau une aurore boréale, la nuit, par ciel clair. Je la vois relier les entrailles de la Terre jusqu’à ma chère et tendre Rhô de Cassiopée, mon paradis perdu. La nature est si belle sans ces SVE s’agitant pour trouver comment marquer la nature de leur empreinte.
#1J1T (9) Le seigneur Viking exhibe fièrement une pierre de soleil, pour nous guider vers l’Ouest. La lumière du soleil est non polarisée, mais la diffusion d’ondes depuis l’atmosphère la polarise. Personne comprend rien. Je lui refile un compas solaire bricolé en deux minutes.
#1J1T (10) Le seigneur Viking exhibe fièrement un joujou qui permet de toujours voguer vers l’Ouest. Certains sont sceptiques, tandis que les autres ne comprennent pas le principe. Si ça peut nous éviter de nous perdre en Mer du Nord, et de nous manger entre nous, je vote pour.
#1J1T (11) C’est un départ ! J’ai peur de ce qui nous attend. Pour me tranquilliser, et ne craignant aucun anachronisme, moi, fille de 3152, tapote sur ma tempe droite pour lancer une musique de 2021, « Kinsmen from afar », du groupe Ravian, au VIIIe siècle après Jésus-Christ.
#1J1T (12) Impuissante, je souffle sur l’unique voile, afin que ce rafiot avance plus vite. Ils me pensent folle. Pourtant, si on aligne 3 vikings soufflant sur la voile, et que 2 autres grimpent sur leurs épaules, et qu’un dernier souffle, on gagne un nœud. Ok, je suis folle.
#1J1T (13) Le rafiot tangue parmi les vagues trop hautes pour lui. Si Dieu ne m’avait pas dit lui-même qu’il n’existe pas, je prierais pour ma vie. Mes compagnons voient des Valkyries nous porter secours. Si c’est le cas, je leur donne ma nauséabonde ration d’otarie séchée.
#1J1T (14) Les valeureux guerriers perdent leur pied marin. Leurs dieux impitoyables, Loki et Njörd, les étêtant par la bouline, les pendant à l’étai, s’amusent à noyer ou électrocuter tout passager. Je prie mon Dieu qui n’existe pas, le rêvant moins mesquin que ces Ostrogoths.
#1J1T (15) À travers la brume, ce n’est pas la Terre promise que j’entraperçois. Je regarde cette silhouette humaine, ingénue, qui ne pense pas à fuir. À travers la brume, c’est la Terre promise que mes compagnons aperçoivent. Pour les pierres précieuses, l’or, et la mort.
#1J1T (16) Il était beau son sourire aux dents noircies. Il basculait son corps vers l’avant pour saluer les valeureux guerriers venus de la brume. Où est l’or ? C’était la seule question des valeureux guerriers. Face à l’incompréhension linguistique, la hache a tranché, son cou.
#1J1T (17) Les cris de terreur, suivis d’un lourd silence mortel, restent à ce jour la meilleure alarme. Les moines se réfugient derrière une porte aux lattes de bois usé. Ils prient leur Dieu de sauver leurs vies. Malheureusement, il est aux abonnés absents, comme le mien.
#1J1T (18) Alors qu’ils massacrent les moines trop faibles pour devenir esclaves, j’admire ces artefacts religieux teintés d’or, forgés par des doigts experts. Mes compagnons vont les emporter et les échanger contre des pièces d’argent, parce que l’or, trop rare, vaut moins.
#1J1T (19) Depuis mon arrivée sur cette planète hostile, à cette époque hostile, Dieu frappe à la porte de mon cœur. Ces humains maîtrisent si peu leur monde, qu’ils prient, encore, et toujours. Pourtant, rien ne sauvera ces moines de l’esclavage, sauf la mort, la seule déesse.
#1J1T (20) Certains compagnons me regardent avec méfiance, parce que je n’ai occis personne. Les plus effrayés pensent que je suis Hárbardr, le passeur qui juge les hommes. Mais cela leur passe vite, parce qu’un village est toujours présent, prêt à être massacré, et ils oublient.
#1J1T (21) J’aimerais sauver ces pauvres âmes réfugiées dans leur église, bien que, de toute façon, elles sont déjà mortes à des milliers d’années de mon époque. Exaltées par la présence de Dieu en eux, certaines prennent les armes. Mes compagnons les retournent vite vers elles.
#1J1T (22) Un proverbe latin énonçait : «souviens-toi que tu viens de la poussière et que tu retourneras à la poussière». Aujourd’hui, la poussière possède une odeur atrocement délicieuse de chair grillée. Je lutte contre cette pensée primitive ne distinguant pas le mal du bien.
#1J1T (23) Les oh et les ah emplissent l’église réduite en cendres. Des rondelles de métal, dans un coffre en bois noirci, font palpiter les cœurs guerriers. 3000 ans plus tard, ces rondelles n’ont de valeur que pour les collectionneurs d’antiquités terriennes. Soit, personne.
#1J1T (24) Cette mission est d’une monotonie sans fin. Tuer, piller, voyager, c’est le trio infernal qui se répète tous les trois jours. Aujourd’hui, la cible est plus haute, plus forte, plus confiante. Pourtant, les héros du Valhalla sont incapables de douter d’eux. À tort ?
#1J1T (25) Le drapeau blanc n’existe pas à cette époque. Un Anglais déchire les muscles de mes jambes avec sa lance, avant qu’un compagnon tranche sa tête, sauvant ma vie d’observatrice. Je rampe vers les flammes ardentes de cet arbre. Je dois cicatriser mes blessures, à la dure.
#1J1T (26) Les corbeaux d’Odin envahissent le champ de bataille alors que de ma peau émane une odeur de chair grillée, ma propre chair! Les uns hurlent silencieusement avec leur moitié de bouche encore présente tandis que les autres contemplent leur sang s’écouler inexorablement.
#1J1T (27) Est-ce une victoire parce que mon sang ne coule plus hors de mon corps ? Les Anglais, eux, achèvent mes derniers compagnons, qui rejoindront Valhalla plutôt qu’un sordide cachot. Et lui, incrédule devant cette défaite, il me fixe avec ses yeux noirs vides d’émotion.
#1J1T (28) Ornée de pattes de poulet et de crânes de piaf, l’étrange vision s’approche de moi. Elle chuchote que je ne suis pas des leurs, que les vrais Dieux me rejetteront. Je sais bien que ne croire en aucun Dieu me condamne à la solitude éternelle. C’est ainsi que va la vie.
#1J1T (29) Ils rampent sous mes yeux, dans cette fosse pour condamnés à mort. Rhô de Cassiopée n’est plus qu’un lointain souvenir, et c’est ici que je vais pouvoir vérifier si je suis effectivement immortelle. Les serpents semblent renvoyer un sourire machiavélique à cette idée.
#1J1T (30) Indifférents à mon immortalité présumée, ils enfoncent leurs crochets dans ma tendre chair, leur venin engourdissant mes muscles. L’horreur de la situation, plus que le venin, semble mettre un terme aux battements de mon cœur, sous les cris de joie de la foule.
#1J1T (31) Assise en haut de cette montagne, j’observe les vrais Dieux rigoler devant mon enveloppe charnelle d’impie, déformée par les spasmes. Ces imbéciles viennent de me conférer l’immortalité. Je suis ainsi Asasara, la nouvelle déesse aux serpents, et j’ai soif de vengeance.
#1J1T (1) Pourquoi le choisir, lui? Parce qu’il incarne la perfection de l’humain moyen. Il parle simplement. Il comprend à moitié un concept complexe. La vérité sort de la bouche de celui qui n’a rien à vendre, bien qu’il ait pour mission de vendre mes mensonges aux ignorants.
#1J1T (2) C’est moi le gars à gauche. J’explique à mon héraut d’armes que nous renversons les États corrompus, grâce à lui. Il ne sait pas que nous avons répandu un virus mortel aux 666 coins du monde. Il sait juste qu’il doit lutter contre les vaccins, soient mes vrais ennemis.
W r i t e v e r juin 2021. Je redoute la volée de bois vert, mais peut-être que, en restant sous le radar... Voici mon histoire, sur des mots choisis par @Ieletaitunefois, et peut-être @FantastiQueer. Sur des images du film "Le Garçon et le Monde" d'Alê Abreu.
(1) (Marche) : Les délicates notes d’une marche funèbre engourdissent mes tympans. Je suis réveillée, ou peut-être que je suis réveillé. Une voix suintant le dégoût me demande de me concentrer sur la lumière fixe. « Madame, la lumière! » Sa voix s’étrangle en m’appelant madame.
(2) (Bal) : Machinalement, je touche ma poitrine et je sens des seins, qui étaient les siens, puis les miens. J’ose une question. «On est en quelle année?» Sa voix trahit du mépris. « 2351! » J’ai donc réussi, j’ai échappé à la purge du bal des 41. Je pense à mes amis décimés...
Youpi, pour mai 2021, une suite des aventures de Celsia et Aranéa (threadreaderapp.com/thread/1377376…), située dans le monde d'Harry Potter. Une fusion Potter lovecraftienne 🖤
#1J1T (1) Aranéa se méfie de ce hibou qui n’a pas l’air très chouette. Ce rapace ne ferait qu’une bouchée d’une chétive araignée. Mais aujourd’hui, bien à l’abri dans le corps de Celsia, gardé par un monstre qui mangerait 10 kilos de hiboux au petit-déj’, elle ne craint rien...
#1J1T (2) De chouette hibou en chouette debout, Aranéa se projette à volonté dans l’esprit des strigidae tout comme des tytonidae. Non, elle n’est pas si cultivée, ces strigiformes lui disent qui ils sont. Ils doivent guider Celsia vers sa nouvelle école. C’est cool, et chouette.
#1J1T (1) Essai n°1. En fait, je ne sais pas si c’est vraiment l’essai n°1, mais le poison qui circule dans mon sang, celui qui colore mes veines d’un vert maladif, me confirme que cet essai sera le premier dont je me souviendrai. Maintenant, il est temps de mourir. J’abandonne.
#1J1T (2) J’aimerais crier, hurler, mais l’air est impuissant à faire vibrer mes cordes vocales. Je sens encore le nœud de la corde écraser ma pomme d’Adam. Mon regard se pose sur les mains de cet enfant maigrichon. C’est moi. Ce sont mes mains. Ça a marché. Je me souviens.
(0) (Libère-toi!) : Quand les explications ne font plus de sens. Quand chaque réponse est fausse. Quand tu te bats avec une confiance perdue. Quand tu ne t’attends plus à rien. Alors, c’est le moment de te libérer. N’hésite pas, libère-toi!
(1) (Il était une fois) : Ils lui disent chaque jour qu’elle n’est pas vraiment belle. Aujourd’hui, un grand docteur dessine sur son visage des traits qui les rendront tous fous. Il était une fois une histoire de désamour, d’elle envers elle.
Voici le W r i t e v e r de janvier 2021. Il suivra les aventures de deux chats extra-terrestres voulant semer la terreur sur Terre (je sais… série Z). Les photos sont du Dr. Macro (doctormacro.com).
(1) (Serpillière) : Deux chatons esseulés miaulent à sa porte. Ils sont trop chou. Si seulement elle savait que ce sont deux monstres semblables à des serpillières, sur Viléda, leur planète native. Incarnés en chatons trop mignons, ils envisagent de dévorer les humains.
(2) (Éolienne) : Ses chatons regardent les pales de l’éolienne tourner inlassablement. « Ceci, mes amours, grâce au génie humain, produit de l’énergie! ». Les chatons trouvent plutôt que c’est un formidable engin à débiter des maudits oiseaux. Des génies, ces humains!