Pour @Philocognitif et @Un_Lezard sur l’absence de prêtres Paul VI-latin ou la convertibilité des St Pie V en Paul VI-latin. Je trace, parce que je sors juste du bureau et que j’ai faim.
Il ne faut pas se tromper de population de départ : la question n’est pas des prêtres St Pie V qui auraient pu être Paul VI-latin, mais bien : « pourquoi aucun prêtre Paul VI ne dit la messe (de Paul VI) en latin? »
Il y a probablement plusieurs causes, mais ce rejet complet du latin dans la liturgie, en quelques années voire quelques mois, interpelle. Dom Claire (la maître de choeur de Solemes durant les années 60) relève que tous les couvents d’un ordre (qu’il ne nomme pas)…
… se désabonnèrent de la « revue grégorienne » le même jour. La première raison, bien plus que le goût personnel des clercs, est qu’il y a eu des consignes. Plus de latin, plus de dos au peuple, etc. Il est impossible qu’il n’y en ai pas eu.
Ceux dans ma famille qui ont vécu la période m’ont dit que les réformes étaient présentées comme « voulues par le concile ». Donc les consignes et l’obéissance des fidèles (encore) habitués à obéir pour la plupart.
(Je parle pour la France, la situation des autres pays m’est inconnue)
De là, le bouche à oreille rallie les mécontents dans des chapelles tradi qui, puisqu’elles ont une identité en opposition, doivent théoriser leur opposition.
Et dans l’Eglise, une opposition du genre « oui mais c’est plus joli » passe mal. Il faut de la doctrine, et c’est là que le vieux fonds intégriste vient au secours. « la norme de la prière est viciée », ça permet de tenir une position défensive meilleure que « on préfère ».
Meilleure car apparemment basée sur des arguments objectifs et logiques, pas sur un gout subjectif.
Ensuite, comment génère-t-on les prêtres? En cueillant les vocations dans les paroisses. J’imagine mal une paroisse récemment « conciliarisée » par obéissance produire un séminariste désobéissant et nostalgique de l’ancien style.
Donc les paroisses Paul VI-francais ont produit des séminaristes puis des prêtres Paul VI-francais auxquels on n’a certainement pas appris à célébrer Paul VI-latin. Et les rebelles ont produit du St Pie V puisque l’étayage de leurs préférences excluait le missel Paul VI…
…jugé ambigu.
L’effectif des communautés lefebvristes n’était certainement pas constitué d’intellectuels biberonnés à Itinéraires (il y en aurait eu trop peu) mais de mécontents à qui on a appris « la Tradition ».
Et le mécontentement c’est facile à générer. « Il y avait un prêtre dispo mais c’est un laïc qui a présidé les funérailles ». « Il a dit du bien de Luther ». « Il confond Eglise et PCF ». « Il improvise la messe en anorak ».
Dans ce cas, la sœur de la concierge connaît un prêtre qui est resté comme avant (et comme avant, c’est comme il y a deux ans, comme durant les 40 ans de ma vie), c’est familier, ce n’est pas, en 1970, les hurluberlus exotiques qui murmurent les paroles de la consécration.
Donc les causes à mon sens: consignes, obéissance, reproduction des milieux, nécessite d’asseoir une opinion minoritaire.
Les tradis ne pouvaient *que* produire des séminaristes Pie V. Les autres *que* des Paul VI.
Et parmi ces Paul VI, ils ne pouvaient être qu’en français parce qu’il n’y avait ni marché ni vivier pour du Paul VI en latin. Trop tradi pour les uns (donc allez chez les tradis mon vieux), et hérétique pour les autres, latin ou pas.
Bref, il n’y a pas eu de prêtres Paul VI latin, qui n’auraient pu venir que du milieu mainstream, parce que le latin a été banni du mainstream. Et, on me pardonnera d’insister, ça ne peut pas être l’action du hasard.
Dans les années 70 on n’a pas chassé les tradis; mais on les a laissés partir avec soulagement.
Je vais le dire en termes plus capitalistes: l’aile conservatrice de l’Eglise, en France, n’était pas un marché stratégique en 1970 pour l’Eglise. Pour la FSSPX, si.
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Un communiqué de la CEF vient s’ajouter sur la pile. Pas compris en quoi TC appelait à un « renouveau eucharistique », et peu importe. #dansLeRespectDesNormes
La langue de buis a la mémoire courte. Les abus liturgiques, les fantaisies doctrinales, les déclarations oiseuses ou hors de propos ont été depuis 1970 LE moteur qui a alimenté Tradiland. Les évêques d’alors, qui ont toléré voire encouragé, en sont les principaux responsables.
Comme, au contraire des abus psychologiques ou sexuels, il n’y a pas eu de victimes graves, on attendra encore longtemps un regard lucide sur la situation; mais c’est la meme irresponsabilité.
Le fc nous fournit un exemple de mentalité tradi qui a dû hérisser les évêques : expérience de messe « paul VI » la plus traditionnelle possible (latin, grégorien, dos au,peuple etc): boycott de la chorale et des fidèles. leforumcatholique.org/message.php?nu…
Et donc c’est l’ancien curé de St Eugène (qu’on ne peut guère soupçonner de détester les tradis) qui nomme les dépassements, et ils sont identifiés de façon pertinente. leforumcatholique.org/message.php?nu…
Pour résumer: on fait, dans ces communautés, comme si la liturgie réformée à la suite du Concile n’existait pas. Conservation de l’ancienne messe, mais aussi de l’office, des sacrements, du catéchisme, des degrés de l’ordre, du rituel, du pontifical.
La passagère à côté de moi est antivax et en train de sympathiser avec le contrôleur, antivax aussi.
« Il faut un médecin présent, sinon c’est illégal » « on va être des millions »
Les gens qui se vaccinent : « ce sont des chiens, on leur donne une croquette et ils sont contents » (meuf, t’es dans un TER en seconde, payé par mes impôts, un peu de décence)
« moi les chiens je les colle contre un mur et je leur tire dessus »
« Moi je l’ai eu le Covid, je sais de quoi je parle, en quatre jours j’ai retrouvé le goût, soignée uniquement avec des plantes »
Il ne faut pas oublier qui est le patron: l’évêque. Le motu proprio TC est né des rapports défavorables des évêques à Rome sur la question tradi. Les évêques sont chargés de régler la situation.
Pendant 30 ans ils ont été harcelés par des excités qui leur disaient qu’ils n’étaient pas catholiques, qu’ils étaient des traîtres etc.
Et subitement ils deviendraient bienveillants ? Bitch, please.
Je viens de lire la lettre d’accompagnement du motu proprio. A certains égards c’est encore pire que le MP lui-même; François ne se prive pas de réécrire l’histoire quand ça l’arrange.
Mais cela confirme l’interprétation que j’en avait: le missel de 62 n’est plus rien, le missel de 69 redevient la *seule* norme liturgique dans l’église latine et il est implicitement demandé que les tradis *l’adoptent*.
Donc c’est la ligne dure, soutenue par un argument historique: 1°) l’indult de 84 puis le motu proprio de 88 étaient là pour faire du bien aux lefevristes et cicatriser le schisme,