Thread by @Grompf3

Je vous propose un échantillon de PETITS TRUCS utilisés fréquemment par les marchands de "vérités alternatives" pour vendre du bullshit.

On va décortiquer une scène de «Ceci n’est pas un complot», ainsi que quelques à côtés.

Vous verrez c’est pas mal.

Thread
1/n

La scène, vous l’avez peut-être déjà vue : ça parle du Journal Télévisé de la RTBF du 9 mai 2020.

La RTBF avait débunké ça sur son site et y est revenue dans le cadre de son reportage «Quand le doute vire au complot»

J’avais déjà montré cet extrait sur Twitter.

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Commencez par vous mettre dans la peau de celui ou celle qui regarde le film, qui fait confiance au réalisateur et qui n’a pas vu passer les débunks à ce sujet. Qu’est-ce que vous retenez ? Quelle histoire vous raconte-t-on ?

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On regarde maintenant l’extrait du reportage de la RTBF, débunkant cette scène.

Et maintenant, on va essayer de repérer tous les petits (et gros) trucs utilisés.
vimeo.com/576638828
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Truc n°1, celui qui saute le plus aux yeux.
Un grand classique.
Prendre un propos…
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... et le redécouper de manière à faire dire autre chose à la personne.

On a ici un cas d’école.
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Remarquez le mixage de la voix. Lorsque le propos est coupé, au moment où on apparaît le graphique et que l’en entend le réalisateur, il n’y a pas une coupure nette. Vous entendez la voix du présentateur, en arrière fond, sans comprendre ce qu’il dit.
Réécoutez.
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Avec ça, vous avez l’impression qu’il dit encore des trucs, jugés superflus. Et quand il réapparaît à l’écran, vous avez l’illusion qu’il a continué à parler entre deux. Avec ce mixage, vous ne vous imaginez pas 1 seconde que le propos ait pu être coupé au milieu d’une phrase.
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Et pour renforcer encore son petit truc, il y a le graphique, la courbe des nouveaux cas quotidiens à l’échelle de l’Allemagne.
Il vous montre ce graphique, mais le JT ne parlait pas de ça ! Il parlait de situations locales («la courbe repart à la hausse en certains endroits»).
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Ce graphique est donc hors sujet… Sauf que ce graphique répond à la version bidouillée par le réalisateur des propos du JT («la courbe repart à la hausse» POINT). Il renforce ainsi l’illusion.
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Mais ça ne suffit pas.
Ce genre de courbes, ça va en dents de scie, c’est très irrégulier. Une hausse ou une baisse sur 3-4 jours, c’est pas forcément le plus important.

Manque de pot, si vous regardez juste avant le 9 mai, la courbe fait une petite hausse…
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Une petite hausse ?
Mais pourtant, VOUS AVEZ VU que les chiffres baissent ? VOUS L'AVEZ VUE cette courbe qui baisse, non ?

Regardez et écoutez. Qu’est-ce qu’il montre ? Qu’est-ce qu’il dit ?

Regardez bien les DATES qu’il nous montre...
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On parle du JT de 13h du 9 mai.

Et le réalisateur, pour illustrer la soit-disante «fake-news», nous montre une série de dates qui vont jusqu’au 11…

Le 9 mai, à 13h, le JT était sensé causer des chiffres du 11 ?
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Donc, le réalisateur du film prend un graphique hors sujet, sans lien avec ce qui avait été réellement dit, juste pour illustrer les propos qu’il attribue au présentateur.
Et ensuite, il joue avec les dates, dit un truc, en montre un autre, transformant une hausse en baisse.
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Un grand classique, donc, mais réalisé ici par un pro.

Mais il n’y a pas que cette coupure...
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Truc n°2 : en citant une personne, supprimer systématiquement les propos qui ne correspondent pas à la thèse que vous voulez vendre.
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Il a enlevé tout le passage où le présentateur donne des nouvelles plutôt rassurantes. Parce que oui, le présentateur commence par parler de bonnes nouvelles, de chiffres à la baisse en Belgique.
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Or, la thèse que le réalisateur essaie de vendre, c’est celle d’une manipulation par la peur, avec la complicité des médias.
Les bonne nouvelles ça cadre pas avec ça. On les «oublie».
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Regardons maintenant un peu les actus allemandes de ce fameux 9 mai.
Et revoyons l’extrait du film.

«Il s’agit d’un seul canton» nous dit le réalisateur, une histoire de conditions de travail dans des abattoirs.

Et vous voyez un extrait d’un programme en allemand.
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ardmediathek.de/video/westpol/…
Ce n’est pas un JT, c’est une émission d’actualité politique, Westpol, diffusée sur la chaîne WRD, une chaîne régionale publique du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le canton («Kreis») de Coesfeld, dont on parle ici, se trouve dans ce Land.
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L’extrait que vous voyez est daté du 10 mai 2020, mais ça faisait quelques jours déjà que les médias parlaient de cette question des conditions de travail dans certains abattoirs et de contaminations. Et cela avait effectivement fait pas mal de bruit en Allemagne.

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Mais était-ce là tout ce qu’il se passait en Allemagne sur le front du Covid à ce moment-là ?

Fouillons dans les archives des actualités allemandes du 9 mais et utilisons un traducteur en ligne si nécessaire.
Par exemple, ici :
dw.com/de/corona-repr…
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Je vous laisse lire un extrait.
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Ou encore là :
zdf.de/nachrichten/pa…
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La situation ne semblait pas catastrophique en Allemagne (rappel : personne n’avait prétendu qu’elle le fut…). On parlait du déconfinement en cours (réouverture des musées, etc.). On parlait aussi de certaines manifestations contre la «dictature de Merkel».
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Mais on parlait aussi du fameux taux de reproduction, R, qui était passé au dessus de la barre de 1, selon l’Institut Robert Koch.
La communication à ce sujet restait très mesurée, on précisait bien qu’il y avait une marge d’erreur et qu’il fallait suivre tout ça.

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rki.de/DE/Content/Inf…
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Et, localement, certaines zones étaient donc particulièrement touchés. Comme mentionné plus haut on parlait de TROIS cantons («Kreis») qui avaient dû revenir partiellement arrière dans le déconfinement… et non pas UN SEUL.
Petit détail parmi d’autres.

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Dans 2 d’entre eux, on mettait beaucoup en cause les conditions de travail dans les abattoirs. Dans le 3ème on parlait de clusters dans les maisons de retraite.

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Voici le JT de la TV publique allemande du 9 mai à 20h, JT diffusé sur les diverses TV régionales publiques, notamment sur la chaîne WRD mentionnée plus haut (la chaîne dont est tiré l’extrait que l’on voit dans le film).
tagesschau.de/multimedia/sen…
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1. Premier sujet, les contaminations dans les abattoirs.
2. Deuxième sujet, la réouverture des restaurants. 3. Troisième sujet, la réouverture de certains musées.
...
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4. Quatrième sujet, je cite «Konsequenzen nach gestiegenen Infektionszahlen», c’est à dire : «Conséquences de l’augmentation du nombre d’infections».

Je cite hein.
On explique que 3 cantons sont au dessus du seuil d’alerte fixé.
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Et si vous ne vous sentez pas de fouiller dans les médias allemands et de faire traduire, c’est pas grave, il y a eu diverses dépêches et articles aussi bien en anglais qu’en français.

Exemple :
letemps.ch/monde/confinem…
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Je peux vous mettre encore divers exemples, allez y, lisez.
france24.com/fr/20200508-co…

lefigaro.fr/international/…

lesoir.be/299757/article…

thelocal.de/20200509/germa…

reuters.com/article/us-hea…

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Parenthèse : Je suis un peu lourd, je multiplie les exemples.

Mais c’est qu’il y a une question qui me trotte dans la tête...
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Est-ce que l’un de vous croit possible que le réalisateur du film, journaliste professionnel qui prétend avoir fait des recherches avec l’aide de sa compagne germanophone, ait pu passer à côté de cette actualité ?

Moi non.

Fin de la parenthèse

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Au final, il s’avère que n’était pas (encore...) le début de la 2ème vague. Le déconfinement s’est poursuivi, avec quelques aléas. Je vous mets ici un article un peu postérieur à ce qui précède.
rtbf.be/info/monde/det…

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Mais bon, effectivement, ce 9 mai 2020, il y avait quelques inquiétudes en Allemagne.

Comparons ça avec les propos, assez généraux, du JT de la RTBF…

La version originale, hein…

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Pas la version de «Ceci n’est pas un Complot»!

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Ben.. Non, le JT n’a en rien noirci le tableau.

Donc truc n°3 : prendre un élément isolé et faire croire que l’histoire en question se limite à cet élément seul.
L’histoire des abattoirs est vraie.
Mais le réalisateur a «oublié» tout le reste, créant l'illusion du fake.
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Il conclut la scène en interrogeant le spectateur : «Juste un petit raccourci journalistique (…) ? Une erreur de la part d’un présentateur sous pression ? Une fake-news ?»

C'est le truc n°4

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Il fabrique une histoire à partir de rien. Et il vous demande ensuite de vous faire votre propre idée.
Il vous propose un choix entre 3 hypothèses…
Un choix bidon en fait.
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- Soit vous lui faites confiance, vous prenez pour argent comptant ce qu’il vous a raconté et, alors, seule l’hypothèse de la fake-news tient la route.
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- Soit vous vous êtes informés, vous savez ce qui a vraiment été dit au JT de la RTBF ce jour-là, vous savez de quoi parlaient les actualités allemandes... Et alors aucune de ces 3 hypothèses n’a la moindre crédibilité.
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Le réalisateur n’a pas besoin d’accuser franchement de fake-news. Il fait en sorte que le spectateur ne puisse pas en tirer une autre conclusion. Entre insinuation et fausse question, le réalisateur balance une accusation lourde, sans avoir à l’expliciter ni à l’assumer.
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Et ça, c’est très courant dans ces milieux qui, sous prétexte «d’information alternative» nous balancent en fait des «faits alternatifs».
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Balancer des infos bidon qui ne peuvent vous amener qu’à une conclusion possible et faire semblant de faire appel à votre sens critique en jouant à «je pose la question.»

C’est flatteur pour vous, on vous demande de «réfléchir par vous-même»…
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Et ça évite d’avoir à assumer la responsabilité des saloperies qu’on balance sur les gens à coups d’insinuations.

On applaudit bien fort.

👏👏👏

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Et après ?

L’enchaînement avec la scène suivante mérite notre attention.
Il nous pose donc des questions. Et il annonce avoir pris rendez-vous avec le directeur de l’info de la RTBF.

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Remettez-vous dans la peau du spectateur qui fait confiance…

https://twitter.com/Grompf3/status/1418692580032847874

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Que peut-on conclure ? Que le réalisateur a interpellé le directeur de l’info pour lui faire part de ses questions. Que celui-ci n’a rien démenti sur le fond et s’empêtre dans des réponses un peu bateau.
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Et après on passe à l’intervenante suivante, qui elle parle de fake-news diffusées par les grands médias «officiels».

Mais… Que voit-on réellement ? Qu’entend-on ?
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On ne connaît pas les questions posées. On ne sait pas quelles informations le réalisateur donne-t-il à la personne qu’il questionne. On ne connaît pas la date non plus.

En fait ON NE SAIT RIEN.
On n'a AUCUNE information.

Juste des impressions.
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Aucune information, donc. Par contre on apprécie l’art du montage, la manière d’enchaîner les scènes.

C’est le truc n°5, souvent utilisé dans ce film : jouer sur l’enchaînement des scènes, pour suggérer, insinuer, sans donner aucune information explicite.
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Passons sur Facebook, maintenant.
Je l’avais déjà mentionné dans un autre thread…

https://twitter.com/Grompf3/status/1366869598327439371

...cette histoire il l’avait déjà servie alors qu’il préparait son film. Quasiment tout pareil. Une petite vidéo postée sur Facebook.

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Regardez cet extrait.
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Après un gros plan sur le visage inquiet de son père.

«C’est pour mon père que je veux mener cette enquête.»…

Ça vous fout en rogne, hein, le visage en gros plan de cet homme âgé et perturbé par le bombardement de nouvelles aussi mensongères qu’anxiogènes ?

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Truc n°6 : jouer sur l’émotion, notamment la colère.

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Il ne décolère donc pas devant le montage qu’il a lui même bricolé de toutes pièces, pour fabriquer une histoire à partir de rien (je me permets d’insister).

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Ce père, qu’il nous montre en gros plan, n’a jamais entendu les propos que le réalisateur a attribué au JT de la TV belge : il s’agit d’un montage de son fait. Si le père a vraiment regardé le JT de 13h ce jour-là, il a entendu ça et pas autre chose :

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Petite parenthèse : Si vous croyez qu’une personne est en colère, vous aurez tendance à ne pas douter de sa sincérité. Une personne en colère ça peut exploser, dire des propos excessifs… Mais ça ne va pas mentir et manipuler. ...
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Et puis la colère c’est aussi une bonne excuse. «Ouais, il y quelques problèmes factuels. Mais bon, il a travaillé avec ses tripes, c’est un homme en colère.»

Fin de la parenthèse

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Mettons que vous ne savez pas tout ça et que nous sommes en été 2020. Vous venez de voir la vidéo sur Facebook.
Vous êtes donc en colère, tendus, fâchés, révoltés, inquiets. Ça ne va pas du tout...

https://twitter.com/Grompf3/status/1366884057041285125

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Et après ça, vous êtes invités à contribuer à la bonne cause…
Faites chauffer vos cartes de crédit, et vous verrez, ça ira mieux, vous vous sentirez utiles. Là encore, grand classique.
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Parenthèse. N’oubliez pas cette phrase là : «C’est pour mon père que je veux mener cette enquête.»
«ENQUÊTE». Il dit bien «ENQUÊTE». Il mène une ENQUÊTE. Un truc du genre chercher la vérité, établir les faits, révéler des informations.

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Et il le dira plus tard : l’argent récolté a, en partie, servi à engager des «ENQUÊTEURS»
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kisskissbankbank.com/fr/projects/ce…

Au fait, ces histoires de contamination dans les abattoirs allemands, vous trouvez que la RTBF aurait dû traiter cette info ?
Hein? Ils auraient dû en parler ? Pourquoi ils parlent pas de ça ?
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On doit on moins reconnaître au réalisateur le mérite d’avoir attiré notre attention sur cette réalité occultée par les grands médias. Non ?

Et bien lisez cet article, daté du 8 mai :
rtbf.be/info/societe/d…

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Alors je n’ai pas accès à toutes les archives de tous les JT de la RTBF, mais visiblement le sujet n’a pas été ignoré. Le réalisateur n’aurait pas eu besoin de solliciter sa compagne germanophone...

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...il lui aurait suffit de consulter les sujets traités par le média qu’il était en train de traîner dans la boue...

Remarque : le réalisateur n’accuse pas formellement par la RTBF d’avoir occulté cette info. Il se contente de choisir minutieusement ce qu’il montre ou pas.
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Et vous, vous avez cru qu’il vous sortait une info, qu’il vous montrait quelque chose dont les «grands médias mainstreams» n’ont pas voulu vous parler.

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Truc n°8 : jouer à «ça les grands médias n’en parlent pas», en présentant de manière ambiguë des infos qui avaient bel et bien été traitées dans les «grands médias mainstream». Ça vous pose en lanceur d’alerte ou, tout du moins, en enquêteur chevronné.
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Et combien de spectateurs (ou lecteurs, dans d’autres types de médias) vont aller effectivement vérifier ce que les «grands médias mainstream» avaient dit ou pas dit ?

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Et quelles explications donne-t-il ?
Quand on lui fait remarquer ses «imprécisions» et que, avec des formules bien polies, on lui dit qu’il a manipulé l’info et trompé le spectateur, comment est-ce qu’il s’en sort ?
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Il y a la bonne grosse mauvaise foi, 9ème truc. «Ce n’est pas vrai. C’est une interprétation, que vous faites vous...»

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Ben voyons.

Faut oser, hein. Tout le monde peut pas faire ça.

Lui, il ose. Et chez un certain public ça passe.

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Et maintenant, LE truc.

Le truc qui marche du tonnerre, c’est d’invoquer une grande cause, qui rendrait insignifiante, et même indécente, la question de la vérification des faits : il a un «message» à faire passer.

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Et là, c’est le classique des classiques, un argumentaire avec tout un éventail de variantes possibles… LE truc que vous allez retrouver quasi systématiquement chez toutes celles et ceux qui diffusent des fake-news et du contenu conspi.
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10ème truc (et le dernier que je développe dans ce thread) : créer une opposition entre la grande cause en question et l’idée même de vérifier l’info.

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(Parce que le fact-checking c’est ça : vérifier l’info. Il parle de «fact-checking», comme s’il s’agissait d’une nouvelle mode un peu bizarre. Or on parle simplement d’un truc basique : «Est-ce vrai ?»)
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«Le message principal de mon film.»

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Ben oui, il a un message à faire passer…
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J’insistais un peu plus haut parce qu’il utilisait le terme «ENQUÊTE». Derrière ce terme, y’a l’idée de chercher l’info et de la vérifier ? Sinon, c’est quoi une enquête quand on parle de médias ?
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Mais quand il s’agit de défendre sa démarche face à celles et ceux qui ont mouillé leur maillot pour vérifié la véracité de ses dires, là, il oublie la notion d’«enquête».
Il a un «message».
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Et comme ça, l'air de rien, il vous sort d'un chapeau magique l'idée selon laquelle la vérification de l'info (appelez ça fact-checking si vous y tenez) serait contraire à la transmission d'un "message".
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Et là on risque de se faire avoir…
C’est tellement ÉNORME. Le «message» est tellement IMPORTANT.
Et y’en a qui viennent nous casser les couilles sous prétexte qu’il aurait fait quelques petits arrangements allant dans le sens de sa narration ? Enfin ?!
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Franchement, essayez d’imaginer la scène.

Hein.

Imaginez.

Le grand prophète est là, délivrant LE MESSAGE à destination du peuple.

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...Et voilà qu’un gaillard débarque avec ses grosses théories sur le fact-checking et il fait :
«Écoute voir Moïse, tes tables de la loi là, tu dis bien que tu les as taillées dans du granit du Mont Sinaï ?...

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...Parce tes tables, moi, j’y ai jeté un œil et c’est de la molasse, toute pareille à ce qu’on trouve par chez nous, dans la carrière le long de La Mèbre, pas loin de Romanel-sur-Lausanne. T’es sûr que tu les as ramenées du Mont Sinaï ?»
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Ça ferait con, hein ?

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Du coup, l’idée que plus une affirmation porte sur un sujet grave, plus il faudrait être rigoureux quant à sa véracité… Ben... Cette idée on l’a oubliée, hein. Établir les faits et, seulement ensuite, tirer des conclusions ? Non, non, c’est plus à la mode, ça.
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Et vous remarquerez qu’à partir du moment où vous acceptez cette logique, vous allez exigez des comptes auprès des personnes qui font de la vérification d’info : ce sont elles le problème.
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On commence par décréter «le message» à transmettre, et ensuite on bricole des «faits alternatifs» pour étayer tout ça. Ben oui, parce que «le message», c’est en fait une série d’affirmations sorties d’on ne sait où, avec en guise d’arguments, des informations bidon.
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Se réclamer d’une cause transcendantale pour discréditer toute question et toute critique. Le classique d’entre les classiques, que je vous dis.

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Petit rappel : la RTBF, avait déjà consacré quelques lignes à ce passage du fil, lors de sa sortie.
rtbf.be/info/medias/de…
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Le fact-checking de son film, a peut-être déjà été fait 25 fois, comme il le disait face aux caméras de la RTBF... Mais des réponses concrètes… Je sais pas vous, mais moi, il ne me semble pas en avoir vu passer.
rtbf.be/info/dossier/i…
(lien vers le reportage complet).
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100 tweets...

Va falloir conclure !

100

Sur l’actu allemande relative au Covid de ces jours-là, il y a un thème dont je n’ai pas encore parlé dans ce thread (et qui n'est pas abordé par le réalisateur).

Lisez ça (Deepl est votre copain si jamais) :

dw.com/de/z%C3%BCndfu…
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Des cas d’agressions contre des journalistes de la part de manifestants persuadés qu’on leur mentait sur le Covid et le reste.
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Ces agressions de la part de manifestants biberonnés aux théories du complot semblent être devenues la norme et RSF y a consacré un article quelques mois plus tard, en novembre.

rsf.org/fr/actualites/…
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Alors je vais finir en mode «je pose juste la question».

Cette histoire d’images du JT tordues, manipulées et diffusées avec des commentaires trompeurs, quel en a été l’impact sur les journalistes du média concerné ? Comment ont-ils vécu tout ça ?
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Il se trouve que c’est un sujet qui me tient à cœur. On parle souvent de ces théories du complot étayées à grands coups de «faits alternatifs».

On ne parle pas assez des conséquences que tout cela peut avoir sur les personnes visées.

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Ouais, je sais. Parler conséquences, responsabilité, ça donne un côté moralisateur chiant.

C’est pas à la mode.

Mais tant pis pour la mode, tant pis si je passe pour un chiant. Alors je maintiens ma question : Quel a été l’impact de tout ça sur les personnes visées ?

106

Voilà, c’est fini.

Merci à celles et à ceux qui ont eu la patience de me lire !

107/107

Arghh... Je me suis planté en insérant mes GIFs.

Tant pis.

Ça gâche un peu l'effet !