Bon, parlons de pass sanitaire. Est-ce un danger, d'un point de vue démocratique ? La réponse est oui. La démocratie repose sur l'égalité (politique et sociale) et le contrôle citoyen sur les pouvoirs. Le pass instaure une inégalité, et renforce le contrôle de l'Etat sur nous. 1/
Le problème est que les gens qu'on entend le plus critiquer le pass sanitaire dans les médias le font par méfiance envers la vaccination. Or ce n'est pas parce que la vaccination serait dangereuse ou inefficace que le pass est potentiellement une catastrophe, mais le contraire 2/
C'est parce que l'épidémie est là, qu'elle va durer et que la vaccination est très efficace que le pass sanitaire est dangereux, car lui aussi va durer et s'imposer de plus en plus comme une nécessité de santé publique, alors qu'il n'y a pas d'égalité d'accès au vaccin 3/
En apparence, le pass sanitaire discrimine ceux qui ne veulent pas se vacciner. Mais c'est un épiphénomène. Le pass sanitaire va à terme discriminer d'abord ceux qui ne PEUVENT pas se vacciner : les plus précaires et pauvres ici, et surtout les plus pauvres au niveau mondial. 4/
Car il ne faut pas s'y tromper. Il n'y a pas, et n'aura pas, de vaccin pour tout le monde, surtout s'il faut le renouveler souvent. Cela restera longtemps un privilège des pays riches (plus facilement accessible aux riches urbains de ces pays) et des riches des pays pauvres 5/
L'épidémie va élargir encore le fossé entre riches et pauvres ici, entre Nord et Sud, et renforcer les dispositions autoritaires des pays du Nord contre les populations du Sud. Et avec des vaccins souvent produits au Sud, pour le Nord, les logiques impérialistes triomphent 6/
Le pass, en imposant peu à peu l'idée qu'il y a des lieux réservés aux vaccinés, et que les non vaccinés sont dangeureux, va renforcer et valider "scientifiquement" dans les pays riches un raisonnement terrible : "étranger = danger", surtout s'il vient d'un pays pauvre. 7/
Les barrières empêchant les migrants des pays pauvres d'entrer dans les pays riches sont déjà énormes. Cette épidémie va justifier sanitairement le traitement raciste et nationaliste des migrants par les pays riches. Et le pass risque d'en être la forme matérielle. 8/
À cela s'ajoute que le pass sanitaire repose sur la collaboration de tous, censés vérifier que l'autre est en règle. Il renforce une mentalité policière, qui, couplée avec la discrimination contre les pauvres et les étrangers, risque de participer à la fascisation des esprits 9/
Face au virus, les États ont adopté des réponses nationalistes et autoritaires. Le pass va dans ce sens. Si son but (pousser à la vaccination) est louable, il renforce une mentalité de contrôle, et adosse les politiques et préjugés racistes et de classe à un motif sanitaire. 10/
Nous sommes à la croisée des chemins. Tant qu'il n'y aura pas de politiques sociales égalitaires, et un droit mondial effectif au vaccin et à la libre circulation internationale des personnes, le pass sanitaire sera discriminatoire et antidémocratique. 11/11
Je mets ici d'autres textes sur le sujet, n'hésitez pas à contribuer. Pour commencer ce texte intéressant pour une politique de santé publique égalitaire par un militant Solidaires contretemps.eu/covid-macron-a…
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Quelques éléments sociohistoriques pour comprendre les heurts entre autonomes et service d’ordre (SO) de la CGT le 1er mai – heurts qui révèlent une crise profonde et durable de la forme manifestation. #Manif1erMai#GiletsJaunes#manifestation ⬇️⬇️⬇️
D’abord il faut comprendre que la manifestation telle qu’on la connaît (un défilé pacifique et encadré sur un parcours négocié entre organisations et préfecture) est un mode de protestation qui n’a rien de naturel, il a une histoire, et elle est assez récente.
En France, les premières manifestations de masse encadrées par des organisations ont lieu dès 1848, mais c’est surtout la 2ème manifestation Ferrer, le 17/10/1909, après un défilé réprimé dans le sang, qui voit la ‘manif’ prendre sa forme actuelle.