Réalité ou fiction ?
Ce que révèle un exercice de gestion de crise de 2011 sur le scénario idéal, les cartes et les procédures en cas d'inondation extrême en Wallonie.
Thread [1/34]
[2/34] Éloignons-nous un peu des barrages.
Et faisons de nouveau un bond dans le temps, voulez-vous ?
Passé ou futur ? Je ne sais pas.
16 novembre 2050 : Les pluies sont extrêmes. Dinant est surprise par une crue centennale.
[3/34] Il est 19h30, ce jour-là... en 2011.
Capucine coordonne la planification d'urgence de la Ville. Les eaux montent.
Elle explique que les caravanes des bords de Lesse ont déjà été évacuées.
Elle attend de nouvelles données pour procéder à d’éventuelles autres évacuations.
[4/34] Ceci est une fiction. Un scénario.
Ou, plutôt, un exercice organisé dans le cadre d'un projet européen.
On en a déjà parlé : AMICE, "Adaptation de la Meuse aux impacts des évolutions climatiques" est un projet INTERREG IVB (2009-2012/3).
[5/34] Son objectif consistait à rapprocher et à renforcer les méthodes, outils et pratiques des différents acteurs du bassin en matière de gestion de crues, dans le contexte d'un accroissement attendu des risques d'inondation à l'horizon... 2021-2050.
[6/34] Le 4e "Work Package" du projet (WP4) était consacré à "l'anticipation et la préparation des situations de crise dues à de futurs phénomènes météorologiques extrêmes".
Les "outils informatiques" de gestion de crise sont au centre de l'attention.
[7/34] En novembre 2011, le WP4 donnait lieu à une vaste simulation de gestion d'une inondation extrême correspondant à l'un des scénarios définis dans le WP1.
But : éprouver, "grandeur nature", les pratiques d'alerte, de coordination et de secours.
[8/34] Souvenez-vous : c'est dans le cadre de ce projet qu'a été défini le coefficient de 30 % appliqué aux crues centennales pour caractériser un scénario extrême dans la cartographie wallonne.
[9/34] Belgique, France, Pays-Bas : elles ont lieu en présence d'observateurs étrangers, mais les simulations sont locales.
En Wallonie, c'est à Dinant et à Engis que ça se passe...
... avec le Centre régional de crise et les gouverneurs des provinces de Namur et de Liège.
[10/34] Les scénarios prévoient des inondations "Q100 +15 % et +30 %".
Les réseaux et les outils de partage de l'information sont évalués.
La circulation des informations aussi, et la façon dont elles sont utilisées pour la prise de décision et la communication au public.
[11/34] Les conditions sont sensiblement différentes de celles de la mi-juillet.
Mais, ce qui intéresse, ce sont les méthodes et les outils d'aide à la décision.
[12/34] À Dinant et Engis, on en profite pour présenter le logiciel "Plan Com", une plateforme d'échanges développée par l'APS, l'Agence Prévention et Sécurité.
[13/34] L'agence est présente aux côtés du Centre de crise, des bourgmestres, des gouverneurs.
Elle souhaite évaluer les outils qu'elle propose aux collectivités. Comme son outil "2D+", le système "MobilAlarm", un "simulateur 3D", ou des logiciels de gestion de crise étrangers.
[14/34] La Région wallonne, elle, souhaite mettre à l'épreuve "l'utilisation des cartes de risques et des cartes de prévision des inondations", et tester la diffusion de messages d'alerte.
[15/34] Enfin, les communes ambitionnent d'"évaluer les équipes de coordination de crise locales, l'utilisation des informations disponibles, les plans de prise de décision et d'action, et [de] tester la coordination avec [des] entreprises" potentiellement impactées.
[16/34] Les retours sont globalement positifs et prometteurs.
[17/34] Un diaporama de restitution du projet en donne une vision d'ensemble.
[18/34] On y voit que le Centre régional de crise joue déjà davantage un rôle de courroie de transmission entre les programmes d'alerte de crue / données météorologiques - dont il est tributaire - d'une part, et les autorités locales d'autre part - auxquelles il vient en appui.
[19/34] Les choses ont l'air de rouler assez bien (il faut reconnaître qu'il n'y avait pas de surprise et que l'exercice avait été précédé d'un atelier de lancement).
Aussi, le document précise à plusieurs reprises que la cartographie est jugée "importante" voire "essentielle".
[20/34] Ce qui est marquant, c'est que c'est alors la "carte du risque de dommages dus aux inondations" qui sert manifestement d'outil d'aide à la décision.
[21/34] Celle qui permet de visualiser l'ensemble de la zone d'emprise d'une inondation d'"extrême retour".
Mais pas seulement : les sites sensibles, le nombre d'habitants potentiellement impactés... tous les "récepteurs de risque".
[22/34] Elle change peu de choses pour Verviers centre ou Pré-Javais. Mais, pour Ensival ?
Que donne-t-elle, par exemple, pour ce quartier de Verviers fort impacté, comparativement à la carte de l'aléa, la seule dont on ait entendu parler jusqu'à présent ?
[23/34] Les silhouettes indiquent le nombre d'habitants touchés.
[24/34] La simulation de 2011 va même jusqu'à la planification des évacuations préventives, de solutions de logement temporaires, d'appui psychologique.
Certes, c'est un exercice fictif.
[25/34] L'informatisation en ressort comme un vrai besoin. Mais un excès de logiciels n'est pas non plus souhaité.
La cartographie, en revanche, confirme son intérêt central pour les communes, qui plébiscitent aussi les outils de simulation 2D et 3D.
On a foi en la technologie.
[26/34] Je me suis peut-être mal informé, mais de tels "atouts" technologiques ont-ils ont été mobilisés ? Sont-ils toujours d'actualité ?
Ou est-ce uniquement une carte de l'aléa, parfois datée, qui, dans les faits, a servi d'aide à la décision en matière d'évacuations ?
[27/34] En 2015, le ministre-président était interrogé au sujet d'un système de diffusion d'alertes et d'un système d'information géographique "maison", "remarquables" et "très performants" dont le Centre régional de crise s'était doté depuis 3 ans.
[28/34] "En quelques instants, par simple tracé d'une zone sur écran ou par la sélection d'un fichier, un message peut être transmis à 1 population déterminée sur tout le territoire. Il suffit de choisir [...] la personne qui sera la voix de ce message et d'en élaborer le texte."
[29/34] Et le député de s'inquiéter : "Pour quelle raison cet outil reste-t-il caché, en tout cas dans l'ombre ?"
Pourquoi son usage ou celui du SIG sont-ils limités au Centre de crise et aux provinces, sans que les communes puissent y avoir accès ?
[30/34] L'amélioration de la gestion de crise et l'équipement des communes figuraient déjà parmi les objectifs du plan PLUIES, adopté en 2003 ./...
[31/34] ... et duquel découle, en grande partie, l'intégration de la gestion hydraulique de la Région et de ses dispositifs de veille et modèles existants, comme le modèle pluies-débits HYDROMAX...
Ou l'élaboration des cartographies.
[32/34] En 2015, si les "nouveaux" outils n'étaient pas encore disponibles pour les communes, c'est parce qu'ils étaient encore en bêta-testing auprès des provinces, ou en fine-tuning.
Pas de quoi s'inquiéter : "un phasage clair assurant une diffusion progressive"...
[33/34] Ce sont des récits, mais l'impression que donnent les témoins - chef de corps et même bourgmestres - est que les choses se sont passées d'une tout autre manière en juillet 2021 qu'en novembre 2011.
Ou que le déploiement des nouveaux outils wallons n'a pas encore abouti.
[34/34] Alors, 10 ans après, au-delà d'avoir visé juste pour les précipitations, les crues et des inondations extrêmes :
Dans quelle mesure la réalité de la gestion de la crise a-t-elle concrètement rejoint (ou pas) la "fiction" ?
FIN
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Ce n'est pas un fantasme : on l'appelle aussi "onde de crue" ou "front d'onde".
Elle peut se propager en aval d'un barrage suite à une rupture ou une "vidange rapide".
[2/40] On a beaucoup parlé du déchaînement de la #Helle et de son rôle potentiel dans la formation des deux "vagues" observées à Béthane (chez Corman), Verviers ou Pepinster dans la nuit du 14 au 15 juillet.
[3/40] Ce fil s'intéresse au barrage de la #Vesdre en s'appuyant sur une publication de 2016 issue des actes d'un colloque sur la sûreté des barrages et consacrée à celle des barrages-réservoirs en Wallonie.
Le Soir rapportait vendredi les critiques dont font l'objet les cartes des "zones inondables" en Wallonie.
Et avance qu'elles "devront être corrigées".
[2/31]
✅ Aléa d'inondation
✅ Zones inondables
✅ Risque d'inondation
✅ Risque de dommage
Elles portent tous ces noms parce qu'elles sont toutes différentes (mais pas tant que ça).
⏩ Passer directement à [10/31] pour aller à l'essentiel.
[3/31] Elles font partie de 2 ensembles aujourd'hui régis par un AGW (10/03/2016) "adoptant les PGRI en ce compris les cartographies
☑️ des zones soumises à l'ALÉA d'inondation et
☑️ du RISQUE de dommages dus aux inondations"
[2/5] "Nos agents n'ont effectivement pas rendu visite aux Verviétois pour les avertir et les évacuer", précise le chef de corps de la zone de police #Vesdre. ./...
[3/5] ... "Le 14/07, le gouverneur de Liège a distribué une carte sur laquelle sont indiquées les zones inondables. Cette carte daterait de 2013. Verviers n'y était pas indiquée. [...] Il n'y avait pas d'ordre d'évacuer. Nous ne pouvons pas décider nous-mêmes."
#Inondations Un récit de 1936 et 1 article de 1960 pourraient-ils permettre de comprendre la formation des vagues observées à #Verviers et #Pepinster la nuit du 14 au 15/07 ?
Les conditions sont similaires.
Le parallèle est saisissant. #Vesdre#Helle#Soor#Eupen
Merci @marcodzo
@marcodzo 1936 : Après un bref et violent orage sur les fagnes, "la Soor a subi une crue brutale et immédiate. Une heure après la fin de l'orage, le flot arrivait à Eupen, 1h et demie plus tard, il se marquait à Dolhain, et deux heures encore plus tard, on pouvait l'observer à Verviers"
1952 (accident du tunnel de la Soor) : "Les personnes travaillant devant l'entrée du tunnel au moment de la catastrophe ont parlé d'un véritable mur d'eau haut de plusieurs mètres qui serait arrivé environ 20 minutes après le début de l'orage."
#DeuilNational#inondations ⚫🇧🇪 Le 14 juillet dernier, en #Belgique, on décidait d’ouvrir, in extremis, en pic de crue, les vannes d’un #barrage arrivé à saturation, pour éviter qu’il ne faiblisse voire qu’il ne cède. 1/7
Par arrêté provincial, on ordonne alors l’évacuation préventive, avant 17h, des zones à risque des 3 1res communes en aval : Eupen, Baelen et Dolhain-Limbourg. 2/7
Pour les communes suivantes, dont #Verviers et #Pepinster, "normalement, il n'y a pas de vague qui doit venir", leur dit-on : elles ne "devraient pas être impactées de manière significative". 3/7
Inondations : Double erreur COLOSSALE pour #Verviers#Ensival et #Pepinster le 14 juillet ?? Après l'annonce du délestage controversé du barrage d'#Eupen, PAS d'évacuation préventive, comme à Limbourg, Dolhain ? Pourquoi ? 1/11
14/07 17h30, les autorités de #Verviers expliquent : "D'après les infos que nous avons, l'ouverture des vannes ne devrait pas trop impacter Verviers... Nous espérons que l'eau va diminuer et arriver de manière très réduite pdt un temps très limité" 2/11 vedia.be/www/video/info…
La Ville confirme sur son site web : "Nous sommes au courant du délestage d’eau prévu par le barrage d’Eupen d’ici 17h. Par mesure de précaution, et à la suite d’un arrêté du gouverneur, certaines communes ont fait évacués [sic] les zones à risque... 3/11