Le 17 août 1871, le Paris-Journal, quotidien réactionnaire d’Henri de Pène, consacre un article épouvanté et sensationnaliste au « Comité des femmes » de la Commune. Les inexactitudes et les insultes dissimulent mal les terreurs d'une bourgeoisie fragile ! 👩🦱👩🦰👱♀️👩🦳✊⤵️ 1/
« Ce n’est pas seulement ds les rangs des malheureuses enrégimentées pr l’émeute, parmi les androgynes sans coiffe et sans semelles qui défilaient, chassepot au dos et cartouchière au flanc, ivres de vin, de fièvre et de révolte, aux jours sanglants de la bataille ;
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ce n’est pas seulement parmi les furies du pétrole qui incendiaient un quartier par haine, par curiosité, pr la rigolade, comme Néron,
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ni parmi les soudoyées, parmi les fanatiques qui travaillaient en solitaires, se glissant le long des maisons, un bidon d’essence sous la jupe et des mèches plein le corsage ; 4/
ce n’est pas seulement parmi les matérialistes et les athées, les précieuses et les soupeuses des goguettes de l’hôtel de ville et de la préfecture qu’il faut chercher exclusivement l’action de la femme pdt la désastreuse période que nous venons de traverser.
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Cette action, - non moins importante qu’instantanée, non moins énergique que latente, - émana surtout du COMITÉ.
Car les femmes eurent un comité…
Nous en avons les preuves sous les yeux. Nous allons en tracer rapidement l’histoire. […] 6/
L’idée première de cette institution revient aux citoyennes Eudes et Jaclard, - la Cathos et la Madelon des petites orgies de bel esprit du palais de la Légion d’honneur. 7/
Eudes et Jaclard étaient membres du Comité central de la garde nationale. Leurs femmes avaient compris de suite quel parti on pouvait tirer d’une semblable association. 8/
Cette idée fut reprise en sous-œuvre et développée sur le papier par l’écrivain André Léo et par la célèbre harangueuse Paule Minck. L’une y répéta ce qu’elle avait mis ds le livre et ds le journal ; l’autre, ce qu’elle avait dit à satiété ds les réunions publiques. 9/
Le but… avoué du Comité se résumait :
"Régénérer la femme par le travail et, en lui donnant le moyen de pourvoir elle-même à ses besoins, l’arracher à l’exploitation, à la domination de l’homme." ✊
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La citoyenne Paule Minck s’était écriée :
- Il faut que la femme puisse se passer d’amant et d’époux ! 😱🤣
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Mais il y avait un autre but, - secret, celui-là, et réel :
Faire per fas et nefas de la propagande démocratique et sociale, et recruter à tout prix pour l’Internationale en vue du mouvement qui se préparait 12/
Le mouvement eut lieu. On sait quelle part y prirent les Lysistrata de Montmartre. Le 18 mars, à l’aube, comme la troupe de ligne venait de s’emparer des canons qu’elle devait être obligée de rendre qq instants + tard,
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l’adjoint Deureure traversait la place Saint-Pierre, au bas des buttes. 3 commères l’arrêtèrent brusquement :
- Citoyen adjoint, où allez-vous ?
- Je cours à la mairie…
- Quoi faire ?
- Prévenir de ce qui se passe.
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- Ce n’est pas à la mairie qu’il faut aller, c’est au Comité. D’ailleurs, il ne s’agit plus de parler, il s’agit d’agir. Faites battre le rappel. 🥁🗣️
[…]
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Ds la même journée, qd on apprit l’assassinat des généraux Lecomte et Clément Thomas, une fille Louise Michel, bien connue des clubs des barrières, depuis la séance où elle avait juré de ne quitter le deuil que lorsque Victor Noir serait vengé, disait avec une joie bruyante
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au milieu des groupes terrifiés qui s’entretenaient du crime exécrable :
- Les voilà compromis ! A présent, il faudra qu’ils marchent ! […]
(À suivre.) » 17/
Le 14 septembre 1871, la très conservatrice Revue des deux mondes s’inquiète : la Commune de Paris pourrait inspirer les ouvriers du monde entier ! Accidentellement marxiste ?⤵️📰🔥 1/
« […] L’internationale n’est point sans donner des soucis aux gouvernemens. Les apologies de la commune de Paris et de ses + monstrueux excès ont retenti dans des réunions démocratiques. Dans certaines villes et tout récemment à Berlin, il s’est produit des grèves
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qui dénotent une organisation inquiétante. Les populations ouvrières s’agitent, enflammées et enrégimentées par des sectaires. Ce n’est rien peut-être jusqu’ici, demain ces mouvemens en se coordonnant peuvent devenir redoutables si les gouvernemens n’y prennent garde… »
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À Versailles, à l’été 1871, on enferme et on condamne des enfants. C’est ce que racontent aujourd’hui Louise Michel et P.-O. Lissagaray, dénonçant la criminalisation de la misère sur laquelle s'appuie la répression de la Commune :⤵️⚖️🚸 1/
Louise Michel :
« On jugea des petits enfants, les pupilles de la Commune ; ils avaient huit ans, onze ou douze ans, les plus grands quatorze ou quinze.
Combien moururent, en attendant la vingt-unième année dans les maisons de correction ! » 2/
P.O. Lissagaray :
« Qq jours après, devant ce Boisdenemetz, comparaissent 15 enfants de Paris. Le + âgé a 16 ans ; le + jeune, si petit qu’il dépasse à peine la balustrade des accusés, en a 11. Ils portent une blouse bleue et un képi militaire. 3/
Le 27 août 1871, Edmond de Goncourt rédige son journal : en vacances avec qq amis à Saint-Gratien, chez la princesse Mathilde Bonaparte, on s’indigne de la Commune, certes, mais tout autant de ces vils républicains qui se permettent de loger à Versailles !⤵️🎩🕶️ 1/
« 27 août — J’ai couché hier, et je passe aujourd’hui la journée à St-Gratien. Maintenant, ici, la conversation se traîne, coupée par de longs silences. Ds sa position actuelle, la princesse n’a plus sa liberté de parole, ces emportements éloquents, 2/
ces rudes coups de boutoir, ces portraits griffés d’une griffe originale. Près d’elle, on sent bien, à un froissement de robe, à un mouvt des pieds, à une révolte du corps, que l’indignation lui monte à la gorge et est prête à jaillir,
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Marx et la Commune, exploiteurs ! C’est ce que prétend un article sur l'Internationale de la National-Zeitung de Berlin, traduit dans le Public Opinion de Londres le 19 août 1871. L’Internationale, « volcan d’ordures », ne pouvait qu’engendrer la Commune… :⤵️🌋📰 1/
« […] Quant à ses ressources pécuniaires, l’[Internationale], ds ses manifestes pompeux, compte tjrs très large […]. De leurs pénibles économies, ces travailleurs imbus d’eux-mêmes tirent pour les membres de leur Conseil général un train de vie agréable à Londres,
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tt comme sous le règne de la Commune à Paris, les ouvriers combattaient les Versaillais pour un salaire journalier de 30 sous, tandis que les chefs communeux festoyaient à l’Hôtel de Ville. 🕺🍽️🥂
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Louise Michel raconte le procès des communards, ouvert en août 1871. Elle-même prisonnière, elle n’y a pas assisté. C’est donc à la 3e personne et en s’appuyant sur des documents qu’elle décrit ce spectacle inique & grand-guignolesque :⤵️⚖️🪶 1/
« Deux mille places furent réservées à un public choisi ; les égorgeurs de l’armée régulière, au grand complet, y offraient le bout de leurs doigts gantés de blanc à des femmes richement vêtues, et le dos arrondi, les reconduisaient à leur place en saluant. 2/
On déniait aux membres de la Commune le titre d’accusés politiques, qu’on leur reconnut sans le savoir, par la condamnation de qq-uns d’entre eux, à la déportation simple ; peine essentiellement politique.🤔
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En août 1871, le procès des Communards s’ouvre à Paris, certes, mais aussi dans toute la France. Lissagaray souligne l’arbitraire et l’iniquité de cette justice de classe rendue au nom de la République :⤵️⚖️ 1/
« Les jugements par le jury varièrent. Celui des Basses-Pyrénées acquitta, le 8 août, Duportal et les 4 ou 5 personnes accusées du mouvement de Toulouse. 2/
Acquittement à Rodez où Digeon et les accusés de Narbonne comparurent après une détention de huit mois. Une population sympathique remplissait la salle et les abords du tribunal, et acclama les accusés à leur sortie. 3/