Intéressant débat en Australie autour de la sortie du "Zéro Covid". Le gouvernement central a prévu de sortir de cette stratégie à partir du moment où 70% des adultes sont vaccinés, mais de nombreux scientifiques s'opposent à cette feuille de route.
Ce plan est basé sur une modélisation de de l'Institut Doherty, qui estime qu'à partir de 70% de vaccination, des "confinements stricts" deviennent peu probable.
Sauf que la dite modélisation part du principe que l'Australie est encore à des niveaux de circulation virale "Zéro Covid" au moment où le seuil de vaccination est atteint : 30 cas dans le pays.
Mais le "Zéro Covid" semble maintenant un songe du passé en Australie. Après deux mois de confinement, la région de Sydney a enregistré hier 800 nouveaux cas quotidiens et ne voit pas le bout du tunnel.
Contrairement à ce qui était prévu, la transition entre le "Zéro Covid" et le "vivre avec le virus" grâce au vaccin risque de se faire avec une circulation virale élevée. Ce qui complique nécessairement les choses dans un pays qui n'a jamais connu une forte vague hospitalière.
James McCaw, un des auteurs de la modélisation, a déclaré que si le nombre de cas ne diminuait pas à Sydney, "des restrictions plus fortes et des versions plus sévères des confinements plutôt que plus faibles" seraient nécessaires, même avec 70% de vacc.
En réponse à ce chercheur, le Premier ministre Morrison a assuré que son plan était tjs en vigueur, et ce peu importe la circulation virale: "À mesure que nous avançons, une fois que l'on dépasse les 70 % et surtt les 80 %, les mesures de confinement font plus de mal que de bien"
Premier ministre Morrison : "Les mesures de confinement ne sont pas un moyen durable de lutter contre le virus et c'est pourquoi nous devons atteindre les seuils de 70 et 80 % pour pouvoir commencer à vivre avec le virus."
Est-ce alors la fin des confinements ? Selon Morrison, ils seront "hautement improbables et ciblés", donnant l'exemple de l'ouest de la Nvelle-Galles-Sud où des "précautions importantes" seront encore nécessaires en raison du faible taux de vaccination des populations indigènes.
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Comment reconnaît-on un débat scientifique qui se polarise à outrance ? Les fake news proviennent des deux côtés.
Si les fausses infos pro-ivermectine sont légion depuis bien longtemps, on a vu apparaître récemment deux infos douteuses anti-ivermectine aux Etats-Unis.
Premier exemple : cet article publié sur le site d'une chaîne de télévision locale américaine, au titre idéal pour connaître une extraordinaire viralité. "Une étude révèle que l'ivermectine entraîne la stérilisation de 85% des hommes".
La source de cet news sensationnelle ? Une étude publiée en 2011 au Nigéria, sortie opportunément de l'oubli.
L'article aura tellement d'écho que la FDA publiera dans la foulée un communiqué: "L'infertilité chez les hommes n'est pas un effet secondaire connu de l'ivermectine".
Le virologue Christian Drosten estime que le chemin vers un Covid-19 endémique passera par des réinfections naturelles. Si et seulement si une immense majorité de la population est vaccinée, ce qui n'est pas encore le cas.
"Comment je voudrais être immunisé : avec une immunité induite par le vaccin et, ensuite une première infection naturelle, puis une deuxième, puis une troisième. Je sais alors que je bénéficierai d'une immunité durable, comme c'est le cas pour les autres coronavirus."
Drosten estime que l'immunité produite par une infection après la vaccination serait plus robuste et durable que celle produite par une dose booster car c'est une immunité muqueuse. "Le but n'est pas de vacciner encore et encore", assure-t-il.
Confronté à son tour à Delta, la Nouvelle-Zélande commence à exprimer des doutes sur sa stratégie de "Zéro Covid" face aux défis posés par ce variant ultra-contagieux. "Delta soulève de grandes questions auxquelles nous allons devoir faire face".
Chris Hipkins, le ministre en charge de la réponse au Covid: "Il faut moins de 24 heures pour que quelqu'un l'attrape et le transmette à d'autres... Cela ne ressemble à rien de ce que nous avons vu jusqu'à présent dans cette pandémie, et cela change tout".
"Cela signifie que toutes nos protections existantes commencent à sembler moins adéquates et moins solides. Par conséquent, nous examinons de très près ce que nous pouvons faire de plus dans ce domaine. À un moment donné, nous devrons commencer à être plus ouverts à l'avenir."
Au détour d'une réponse, il a cette formule : "C'est la phase suivante de la pandémie, si Beta ou Gamma deviennent plus contagieux ou que Delta développe des mutations d'échappement. Covid-22 pourrait être encore pire que ce que nous vivons actuellement."
Toute la difficulté de sortir d'une stratégie "Zéro Covid" résumée dans ce tweet d'un médecin australien : la modélisation utilisée par le gouv afin de permettre le relâchement des mesures grâce au taux de vaccination (80% des adultes) comprend une évaluation du nombre de décès.
Selon cette modélisation, la levée du "Zéro Covid" pourrait engendrer 57 décès d'enfants de moins de 16 ans les 180 premiers jours.
"57 enterrements d'enfants qui n'avaient aucune chance d'être vaccinés avant les réouvertures, ça fait partie du plan ? Deux classes d'école. Wow."
Si cette modélisation paraît surévaluer le risque (comparé à la France par exemple), les réactions à celle-ci illustrent la difficulté de passer d'une mortalité quasi nulle aux réalités d'une circulation virale non contrôlée, sinon par la vaccination.
"Ce ne sont pas des chiffres de laboratoires pharmaceutiques ni des chiffres internationaux, ce sont les données nationales françaises", clame Jérôme Salomon.
Le problème est que ces données sont une très grossière mesure de l'efficacité du vaccin. Thread.⤵️
Jérôme Salomon s'appuie sur des travaux de la Drees, qui ne sont ni une étude scientifique ni même un pre-print, mais simplement un travail statistique d'appariement des bases des personnes vaccinées avec celles des cas positifs et des hospitalisations.
Ces chiffres sont très utiles pour faire de la communication, mais ils comportent d'énormes biais, qui ne les rendent pas interprétables en terme d'efficacité du vaccin comme le fait ici Jérôme Salomon.