Thread by @anatolium

Pour la première fois, un contrat vaccinal entre Pfizer et un Etat est rendu public.

100 millions de doses à 10 dollars pièce ont été vendues par le laboratoire au Brésil le 18 mars dernier. Soit un prix trois 3 fois inférieur à celui estimé pour l'UE.

aurores.org/wp-content/upl…

L'authenticité du document est vérifiable sur le site du ministère de la santé brésilien
Code de vérification: 0019603551
Code CRC: 1A550AF8.
sei.saude.gov.br/sei/controlado…

C'est la première fois à ma connaissance qu'un contrat vaccinal est rendu public dans son intégralité.

L'on y trouve notamment les clauses d'arbitrage prévoyant le renoncement du Brésil à sa souveraineté en cas de conflit avec Pfizer.

Danke, aurores.org !

Pour être plus précis: le prix actuel payé par l'Union européenne est de 23 dollars par dose de vaccin, soit 2,3 fois le prix payé par le Brésil dans le cadre de ce contrat, signé le 18 mars 2021.

Contrairement à ce qui est dit dans beaucoup de réactions, le Brésil est l'un des principales puissances mondiales (12e puissance économique en termes de PIB, 8e en PIB-PPA).

Rien ne justifie que l'Union européenne n'ait obtenu des tarifs similaires à ceux du Brésil.

Je résume: le Brésil, 12e PIB mondial, payait 10$ sa dose de vaccin en mars dernier, contre 23$ au sein de l'Union Européenne aujourd'hui.

Rappel: on estime le coût de revient du vaccin Pfizer, tout inclus, à entre 1 et 2$/dose.

alternatives-economiques.fr/covid-19-tres-…

Cela veut dire que l'UE surpaye ses vaccins, point. Les "pays riches" ne "financent" pas l'achat de vaccins par les "pays pauvres" en surpayant les leur. On apprécie cependant la belle intoxication de Pfizer à ce sujet.

La réalité est beaucoup plus triviale: avec un prix de revient pour les entreprises pharmaceutiques 10 fois inférieur au tarif d'achat par l'Union Européenne, et plus de deux fois inférieur à celui d'autres grandes puissances "du Sud", l'UE se fait simplement plumer.

Sur l'utilisation abusive de nos deniers à des fins d'accroissement tendanciel des profits de Pfizer, le directeur de financier a été clair le 2 février dernier lors d'une "confcall" avec ses actionnaires.

Document complet:
s21.q4cdn.com/317678438/file…

Les bénéfices pour Pfizer tirés de ce seul contrat, concernant un seul pays, peuvent être estimés à 800 millions de dollars, sur un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars.

La révélation de ces contrats est un fait majeur et essentiel en ce qu'elle permet aux négociateurs européens de comparer l'ensemble des clauses qui leur ont été imposées, par contraste à d'autres pays ; aux citoyens de débattre des raisons et de la légitimité de ces différences.

La frappante violence qui se déploie en réaction à la révélation d'un document d'une valeur pourtant importante pour l'ensemble des citoyens, dans l'intérêt de notre nation et de l'UE, est sidérante. La façon dont beaucoup se font le relais des paroles de laboratoires également.

Beaucoup de prix Nobel d'économie de twitter s'indignent avec une véhémence délirante, qui inquiète sur leur rapport au débat, que le PIB et non le PIB/hab soit utilisé dans mon argumentaire. Ils pensent ainsi donner des leçons d'économie (sic). La raison est pourtant simple.

La puissance économique brute combiné au nombre de commandes est le seul facteur qui intéresse les laboratoires à l'heure de négocier avec un Etat, puisque leur produit aura une destinée non-commerciale sur le marché visé, ce qui rend le pouvoir d'achat des habitants indifférent.

Ce ne sont en effet pas les habitants qui auront déboursé une quelconque somme - contrairement à un produit commercial d'export classique. Pfizer n'étant pas l'UNICEF, le poids relatif qui reposera in fine sur les finances publiques leur est évidemment indifférent.

Seule compte la capacité des Etats à passer commande et payer rubis sur l'ongle les sommes faramineuses requises, avec des marges historiques à la clef.

Que des citoyens, plutôt que de demander des comptes à leurs représentants, s'enferment dans le déni, a de quoi inquiéter.