Savez-vous que le parc zoologique « la ferme aux crocodiles » de Pierrelatte (Drôme) fut chauffé grâce à l'eau chaude issue du circuit de refroidissement de l'usine #nucléaire civile d'enrichissement d’uranium du site de Pierrelatte.
Petit thread « Crocodiles et nucléaire ».
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1/ Dans ce thread, on va parler de crocodiles mais aussi d’enrichissement de l’uranium. Pour rappel, le site de Pierrelatte accueille depuis le milieu des années 1960, une usine d’enrichissement militaire du CEA.
2/ Au début des années 1970, avec l’abandon des réacteurs de la filière Uranium naturel graphite gaz (UNGG), la France, qui maitrise l’enrichissement miliaire, décide de construire une usine d’enrichissement civile pour ses futurs réacteurs à eau sous pression (REP).
3/ Mais les besoins français en uranium enrichi sont encore assez légers pour un projet d’une telle ampleur. Eurodif (European Gaseous Diffusion Uranium Enrichissement Consortium) est créée en 1973 avec des capitaux venant de différents pays européens…mais également d’Iran.
4/ Le chantier d’une usine d’enrichissement civile débute au milieu des années 1970 pour un démarrage en 1979. L’usine Eurodif est du même type que l’usine d’enrichissement militaire, bien que beaucoup plus puissante, et utilise donc la diffusion gazeuse.
5/ De manière extrêmement simplifiée, le principe de l’usine est le suivant : de l’hexafluorure d'uranium (UF6) est poussé par des compresseurs à travers une cascade de diffuseurs contenant des barrières de diffusion poreuses pour séparer l’U 235 de l’U238 (plus lourd).
6/ Avant de poursuivre, petite plongée dans l’usine en vidéo : chacun des 1400 étages comportent un diffuseur, un compresseur et un échangeur de chaleur …
7/ Ce processus permet d’obtenir de l'uranium enrichi utilisable dans les réacteurs nucléaires. La diffusion gazeuse consomme une importante quantité d'énergie : 3 des 4 réacteurs de 900 MW de la centrale #nucléaire du Tricastin (ici en construction) servent à alimenter l’usine !
8/ Une grande partie de cette énergie est récupérée sous forme d'eau chaude à 80° dans les échangeurs.
9/ Le réseau d’eau chaude, qui représente alors l'équivalent de 250 MW, sert au chauffage de 2 400 logements de la commune de Pierrelatte (le quartier du Roc en photo), mais également de 42 hectares de serres agricoles, grâce à 800 mètres de canalisation.
10/ Ce système existe déjà autour de certains sites nucléaires, comme le montre cette vidéo de 1983 avec la culture des jacinthes au pied de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. Mais revenons à Pierrelatte…
11/ Les crocodiles aiment également la chaleur comme nous l’explique Fred et Jamy en 1998…à Pierrelatte !
Mais comment sont-ils arrivés jusqu'ici ?
12/ En 1991, Luc Fougeyrol (photo), dont le père fut un des premiers à exploiter une des serres chauffées par EURODIF, le convainc d'acheter, en Afrique du Sud, 335 bébés crocodiles de 50 cm de long et de leur laisser un peu de place dans sa serre.
13/ Après quelques années, un projet prend forme avec 1 500 000 Fr mis sur la table par
Jean Mouton, maire de Pierrelatte, président du conseil général, vétérinaire et ami de la famille Fougeyrol, un programme de la Communauté économique européenne (CEE) et EURODIF.
14/ Les travaux du parc zoologique débute en janvier 1994 et les crocodiles y entrent devant les journalistes le 16 juillet comme le montrent ces photos prisent le jour de l’évènement.
15/ Le même jour, sur cette photo, on aperçoit les 2 aéroréfrigérants de l’usine Eurodif (renommée Georges-Besse en 1988) au fond. La ferme aux crocodiles est en effet située à proximité directe du site nucléaire.
16/ Pour EURODIF, c’est une aubaine en termes de communication pour convaincre de la sureté des installations ! Évidemment, pour Luc Fougeyrol la pérennité du parc repose sur l’absence d’incident/accident sur l’usine.
17/ Petit à petit, la ferme aux crocodiles va héberger des poissons, tortues, lézards, serpents, oiseaux et crocodiles ! La ferme accueille aujourd’hui plus de 300 000 visiteurs/an.
18/ Mais, depuis 2012, si on aperçoit toujours les tours aéroréfrigérantes au loin, l’eau n’est plus chauffée au nucléaire ! En effet, à la suite de la fermeture de l'usine EURODIF, le site est chauffé par une centrale à bois.
Savez-vous que cette superbe tour aéroréfrigérante accueille un manège ? Qu’elle est située sur le site d’une ancienne centrale #nucléaire allemande devenue un parc d’attraction ?
Fil : Kalkar, une histoire de neutrons rapides et de sensations fortes…
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1/ Avant-propos : Merci @Kako_line pour l’invitation à travailler sur le sujet des tours aéroréfrigérantes décorées.
Celle de la centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne a sans doute l’histoire (thread non exhaustif) la plus incroyable !
C’est parti.
2/ Dès le début de l’ère nucléaire, l’idée de surgénération (capacité d'un réacteur nucléaire à produire plus d'isotopes fissiles qu'il n'en consomme) est en vogue et les projets de piles couveuses (breeder) se multiplient (Experimental Breeder Reactor I dans l’Idaho, USA, 1951).
Point de situation au 5 septembre 2023 concernant la situation à la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
🇺🇦🇷🇺☢️Un fil à dérouler🧵🔽
1/ Sur la situation générale de la centrale #nucléaire : 5 réacteurs sur 6 sont en arrêt à froid. Le réacteur 6 est en arrêt à chaud et produit de la vapeur pour des besoins de sûreté depuis le 13 août 2023 (notamment pour le traitement des déchets radioactifs liquides).
2/ Le réacteur 4 a été transféré d’arrêt à chaud vers arrêt à froid en raison d’une fuite d'eau depuis le circuit primaire vers le circuit secondaire au niveau d’un des générateurs de vapeur (GV) du réacteur survenue le 10 août.
Point de situation au 20 juin 2023, avec un éclairage historique, concernant la sûreté de la centrale #nucléaire de Zaporijia depuis la destruction du barrage hydroélectrique de #Kakhovka.
Un fil à dérouler 🔽🇺🇦🇷🇺🧵
1/ Dans la nuit du 6 juin 2023, le barrage hydroélectrique de #Kakhovka, sur le Dniepr (Nova Kakhovka, oblast de Kherson) est détruit entrainant en aval de fortes inondations aux conséquences humaines, sanitaires et environnementales dramatiques.
2/ Construit dans les années 1950, le barrage (photos) a créé en amont le réservoir de Kakhovka sur le Dniepr, long de 240 km et jusqu'à 23 km de large. L’ensemble barrage/réservoir permet notamment l'irrigation de terres agricoles du sud de l'Ukraine et du nord de la Crimée.
Le Plan particulier d'intervention (PPI) présente une cartographie des communes impactées par des mesures en cas d’accident #nucléaire dans un rayon de 0-20km autour d’une centrale.
Thread : Tour d’horizon des cartes des PPI pour les 18 centrales nucléaires en exploitation.
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1/ Avant-propos : Un PPI propose une représentation cartographique du risque et est dimensionné sur un accident et des conditions météos donnés.
Les conséquences/mesures d’un accident « réel » peuvent bien entendu déborder ou non de la cartographie du PPI.
C’est parti. ⬇️🧵
2/ Cartographie du PPI de la centrale nucléaire de Belleville (Cher).
On en parle moins donc c’est le moment de faire un point sur la situation de la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
Point de situation au 6 mai 2023
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1/ Tout d’abord, les 6 réacteurs ne produisent plus d’électricité. Au moins 5 sur 6 sont même en « arrêt à froid ». Jusqu’alors, un ou deux des réacteurs étaient maintenus en « arrêt à chaud » pour alimenter en chaleur le site et la ville voisine d’Enerhodar.
2/ Si les réacteurs ne produisent pas d’électricité, ils ont toutefois besoin d’être refroidis pour des raisons de sûreté et donc d’être alimentés en électricité. Une seule ligne électrique de 750 kV fonctionne actuellement sur les 4 disponibles avant le conflit.
19 octobre au 18 décembre 1964 : Le réacteur #nucléaire PAT (prototype à terre) du CEA Cadarache) « prend la mer » pour une croisière fictive autour du monde.
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Tous les jours, sur la base d'un rendement de propulsion supposé, l'énergie produite est transformée en milles marins et la position du « bateau » reportée sur la carte.
En réalité, le réacteur ne bouge pas, au fond de sa « piscine ».
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Ce type de réacteur sera installé à partir de 1971 sur les sous marin nucléaires lanceurs d'engin français (SNLE), dont le premier sera le Redoutable.