En ce moment ont lieu les Jeux Paralympiques, marqués notamment par le mouvement #WeThe15 qui défend les personnes en situation de #handicap. Celles-ci n’étaient pas moins nombreuses au Moyen Âge : et elles devaient également se battre pour leurs droits. Un thread ⬇️ ! #histoire
Nicolas d’Orgemont est né en France, avant 1360, dans une famille noble : son père est le chancelier du royaume. Tous ses frères font de grandes carrières politiques. Mais Nicolas est boiteux : il souffre d’une infirmité au tibia…
Les Chroniques du Religieux de Saint-Denis parlent de lui en disant qu’il était « obligé de marcher avec une jambe de bois », càd une béquille. Ces outils sont bien attestés au Moyen Âge, par de nombreuses images, et ils atteignent alors un haut degré de sophistication.
Son handicap empêche Nicolas de devenir homme de guerre. Il se tourne alors vers l’Eglise, mais le fait qu’il ait besoin de béquilles pour marcher devrait en théorie lui interdire de devenir prêtre : l'accès aux dignités ecclésiastiques est réservé aux valides.
Le 9 avril 1375, le pape Grégoire XI répond à Nicolas dans une lettre : « dans la mesure où cette infirmité n’est pas de ton fait, tu nous demandes de bien vouloir t’octroyer ce statut par bienveillance apostolique… »
Nicolas a dû argumenter en disant que son invalidité n’était « pas de son fait » : autrement dit, ce n’est pas une punition divine pour un quelconque péché. Le pape lui donne donc son autorisation : il peut entrer dans l’Eglise, mais pas devenir prêtre
Trois mois plus tard, le pape lève cette restriction : Nicolas peut devenir prêtre « à condition qu’il soit capable de célébrer la messe sans scandale ni dérision du peuple. »
Cette restriction est très intéressante : il faut que Nicolas puisse dire une messe sans susciter de moqueries, sans mêler l’Eglise à un « scandale ». Un prêtre en béquilles, ok, mais à condition que personne ne se moque de lui : l’Eglise, c’est du sérieux.
Le parcours de Nicolas est révélateur : son handicap, qui semble lourd, ne l’empêche pas de faire carrière dans l’Eglise. Il finit par cumuler plusieurs charges ecclésiastiques, devient riche et jouit d’une grande influence politique
Evidemment, difficile d’en faire un parcours « normal ». Son origine sociale hyper favorisée a dû jouer à toutes les étapes : il a surement eu accès à des soins de qualité, il peut écrire directement au pape, qui lui répond…
Impliqué dans une conspiration du côté des Bourguignons (on est en pleine guerre civile Armagnacs/Bourguignons), Nicolas finit sa vie en prison. Mais reste qu'il a pu jouer un rôle de premier plan dans ce complot, malgré son handicap.
Ce parcours de vie n’est pas représentatif, mais montre que, durant l’époque médiévale, une personne handicapée pouvait être un membre actif et visible de la société... Retrouvez notre article du jour, écrit par @NinonDubourg, sur notre blog ! actuelmoyenage.wordpress.com/2021/08/26/nic…
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Non, ce n'est pas le DOGE de Musk qui parle : c'est ce qu'on lit sur ce document émis par la commune de Bologne en 1382. Les finances de la commune vont mal, et il faut donc couper "les dépenses inutiles"... Sauf que... Un thread ⬇️!
Ce texte, trouvé hier dans les archives de Bologne par l'historienne Catherine Rideau-Kikuchi, stipule qu'il faut diminuer les dépenses mais "sans annuler aucun salarié de la commune de Bologne". C'est le budget français mais sans les suppressions de postes de fonctionnaires...
A l'époque, ces salariés de la commune ne sont pas bien sûr des fonctionnaires, mais sont déjà pensés comme étant au service du "bien public", une notion fondamentale de la pensée médiévale.
Ok, mourir un lundi de Pâques pendant une année de jubilé, c'est pas mal. Mais plusieurs papes du Moyen Âge sont morts de manière assez... étonnante !
Un top 10 en thread, avec un mari jaloux et une mouche psychopathe ⬇️! #PapeFrançois #Rome #popefrancisfuneral
On commence avec Jean XII, pape de 955 à 964. Selon certaines sources, il meurt après avoir été frappé par un mari jaloux qui l'avait surpris au lit avec sa femme... !
Ensuite, voilà Jean XIV, pape pendant un peu mois d'un an entre 983 et 984 : il est jeté en prison par un antipape et meurt dans les cachots du château Saint-Ange, soit de faim (charmant) soit assassiné (pas mieux)...
Un mari jaloux, une femme adultère, et des perroquets... Ce sont les ingrédients d'un conte du Moyen Âge, datant du XIVe siècle.
Je vous le raconte ! Un thread ⬇️
Ce conte est inséré dans un roman, Le Chevalier errant, écrit à la fin du XIVe siècle par Thomas de Saluces.
C'est l'histoire d'une femme "mal mariée", autrement dit mariée à un vieil homme (motif classique des fabliaux). Jaloux, il la fait surveiller par trois "papegaux", ces oiseaux qu'à l'époque on ne nomme pas encore des perroquets...
Cette année, en partenariat avec @Histoirepublik, @boite_histoire et @maglhistoire, je co-organise et co-préside le premier Prix du Jeu de Société Historique !
Un thread pour vous présenter ce prix... ⬇️
Le but de ce prix est de récompenser un jeu, publié en 2024, qui utilise l'histoire, la réinvente, s'en sert pour proposer une expérience ludique. Tous les types de jeux, tous les formats sont éligibles. Voilà un texte qui présente le Prix !
Pour cette première édition, le jury se compose de 5 historiens et historiennes (Martin Gravel, Soizic Croguennec, Claire Milon, Pauline Ducret et moi-même), de Julia Bellot, journaliste à @maglhistoire, et de Romane Penet, stagiaire à @boite_histoire
On est en 607 après J.-C., dans le domaine royal de Bruyères.
Une terrible dispute oppose Brunehaut, la grand-mère du roi, et Colomban, un moine irlandais. Celui-ci vient en effet de traiter les princes de... fils de pute 🗯️🤬.
Un thread ⬇️!
Revenons en arrière. Brunehaut, veuve du roi Sigebert d'Austrasie, grand-mère de l'actuel roi Thierry II, est une femme puissante, qui a la charge des enfants du roi. Elle les mène devant Colomban, célèbre abbé de Luxeuil, pour obtenir sa bénédiction. Mais celui-ci refuse !
Pire : il les insulte, en disant "ils ne deviendront jamais rois, car ils nés d'une prostituée".
La colère de Brunehaut est terrible et Colomban paye cher sa provocation, car il est chassé de son monastère. Mais comment comprendre ce clash ?
L'historienne Catherine Rideau-Kikuchi est plongée ces jours-ci dans les archives de Bologne. En direct, elle nous partage ses découvertes... Aujourd'hui, un manuscrit enluminé du XVe siècle ! Un thread ⬇️
Il s’agit d’un document de la corporation des spiziari, ceux qui vendent des épices, mais aussi des produits importés (poivre, sucre), transformés (bougies, papier), utiles pour la médecine (thériaque). C’est un métier important à la fin du Moyen Âge, et qui rapporte bien…
Ici, il s’agit de la liste des membres de la corporation, ce qu'on appelle une mariegola : une liste qui recense les personnes qui ont le droit d’exercer ce métier et qui bénéficient des privilèges de la corporation. Les noms sont superbement calligraphiés, surtout au début.