Thread by @ugodiluca

Nous devrions être rassurés que les actions de nos gouvernants puissent être "jugées". Pourtant, paradoxalement, cette mise en examen rend mal à l'aise. Qu'est-ce qui cloche ? Le mode de contrôle de ses actions, apparemment.
#Buzyn

Je rejoins ceux qui craignent que cette judiciarisation de la vie politique se transforme en un outil de déresponsabilisation. Qui, demain, prendra des décisions ? Celui qui se sentira intouchable, ou au-dessus des lois.

Le caractère totalement inédit de cette crise, qui n'est toujours pas derrière nous, rend l'appréciation de sa gestion encore plus difficile. Que pense-t-on pouvoir découvrir sinon que nous n'étions pas préparés ? Qui en doute encore ?

Blanquer dans @le_Parisien dit que le gouvernement n'a cessé d'être questionné et contrôlé par le parlement et les médias. C'est vrai mais son analogie à "un coureur cycliste qui devrait faire ses interviews en même temps que la montée du mont Ventoux" me laisse perplexe

Quel rôle a joué le Parlement dans cette crise pandémique, c'est à dire qui ne se résoud pas, par définition, sur notre seul territoire ? Quelles pouvaient être ses compétences exactes à estimer le bon déroulement, dans les règles, de cette ascension mont Ventoux ?

En poursuivant la métaphore de Jean-Marie Blanquer, ce parlement, en la circonstance, était, au niveau sanitaire, tout aussi démuni qu'un organe de contrôle anti-dopage à l'ère de l'EPO indétectable, avant l'époque Festina. C'est le cas, encore aujourd'hui, d'ailleurs.

Face au quotidien d'incertitudes, sans possibilité de retranscrire LA vérité, les medias se sont en partie laissés déborder par les vérités alternatives des réseaux sociaux. Tentant de suivre leurs lignes éditoriales et agendas, ils ont fait naître polémiques et controverses

Je ne m'étends pas sur le rôle de certaines personnalités scientifiques pendant cette crise. La mise en examen d'Agnès Buzyn n'en découle pas directement, mais les luttes au sein de la communauté scientifique française ont contribué a faire naître et accentuer le doute

L'OMS a déclaré l'Urgence de Santé Publique de Portée Internationale le 30 janvier 2020. Je m'étonne toujours que l'on critique le Conseil de Défense et le Conseil Scientifique, plutôt que d'en questionner la mise en place tardive. En mars 2020, seulement.

Sans qu'à l'évidence la gestion y ait été meilleure, l'Etat d'Urgence Sanitaire a été décrétée en Italie le 31 janvier 2020. Les premières dotations de la Protection Civile y étaient décidees et la mise en place du Comité Technico Scientifique ( CTS ) effective le 3 février 2020

Agnès Buzyn semble devoir payer pour toutes les responsabilités d'une gouvernance dite "solitaire", qui n'a été instituée qu'après son départ. Sa présence dans un Tribunal aurait-elle été évitée sans l'inadéquation de la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale ?

Oui, je me sens rassuré que les actions de nos gouvernants soient évaluées, qu'elles soient sanctionnés en cas de faute. Je suis surpris qu'on s'étonne que certains citoyens demandent des éclaircissements, voire réparation de préjudices qui découleraient de ces actions.

Mais en la circonstance, c'est la supposée inaction qui est en cause ici, le manque de réaction face à une crise sans précédent, pour laquelle nous n'étions pas ou insuffisamment préparés. Tout en découle, jusqu'aux "mensonges" sur l'utilité des masques et leur quantite en stock.

Et tout pourrait être contesté dans cette gestion de crise, de l'instauration de confinements jusqu'aux ordonnances de port de masque en population générale et la vaccination, puisque selon l'angle scientifique, éthique ou économique, les avis des uns ou des autres divergent.

Agnès Buzyn a-t-elle suivi le plan ? C'est la première question qui devrait compter. Ensuite, que disait ce plan et qui l'a mis en place et mis à jour ? Savoir s'il était adapté ? Qui, en septembre 2021 est à même de dire ce qu'il aurait fallu qu'il soit en décembre 2019 ?

Ce "Mettez-moi aussi en examen car je disais que c'était une gripette" est insupportablement révélateur. Les appels à judiciariser au-delà de nos gouvernants ceux qui auraient mis en danger la Santé Publique par leurs déclarations publiques ne me semblent pas davantage justifiés.

Je ne vois aucune dérive majeure de la démocratie dans cette mise en examen. Je vois par contre des outils de contrôle des décisions parfaitement inadaptés aux enjeux actuels et futurs, dans toutes nos démocraties privées de certaines de leurs libertés depuis presque 19 mois.