Jour 14 au procès des attentats du #13Novembre. La cour va continuer entendre des rescapés du Stade de France. Aujourd'hui, ceux qui ont fait face au 3e kamikaze, qui a explosé à 21h53. Puis, viendront témoigner des survivants de la terrasse parisienne Le Carillon.
LT @franceinter à suivre ici aujourd'hui.
@ChPiret à la 📻 pour ce jour 14. Pour retrouver son compte-rendu web du jour 13, c'est là 👇avec les dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR
franceinter.fr/justice/13-nov…
@franceinter @ChPiret @ValPSQR Depuis le début du procès #13Novembre, certaines parties civiles écoutent l'audience via la webradio.
Elles se sont confiées à @MVinceneux pour @franceinter.
A (ré)écouter📻
franceinter.fr/info/proces-du…
@franceinter @ChPiret @ValPSQR @MVinceneux En attendant la reprise de l'audience, jour 14, les accusés bavardent dans leur grand box de verre.
#13Novembre
La sonnerie retentit. Les magistrats de la cour arrivent. "L'audience est reprise, veuillez vous asseoir".
Jour 14. #procès13Novembre
Le président commence par enregistrer les identités de nouvelles interprètes. Toujours beaucoup d'interprètes à ce procès #13Novembre à la fois pour les accusés, et pour des parties civiles étrangères.
Le président note sur certaines parties civiles qui devaient déposer à la barre ne seront pas présentes aujourd'hui. "Elles ne veulent pas que leurs noms soient cités à l'audience", explique leur avocate. Certaines voulaient témoigner anonymement.
#13Novembre
Arrive à la barre Snezana, 31 ans, mère au foyer. Elle était près de la 3e explosion au Stade de France le #13Novembre. "J'ai ressenti un souffle, et j'ai été blessée aux deux membres inférieurs et bras gauche".
Elle a ensuite été opérée. Une de ses artères a été déchirée. Elle a dû subir un pontage. Pensait ne pas pouvoir remarcher. Elle remarche.
Le président lui demande à quelle distance elle était de l'explosion ?
"Deux trois mètres".
#13Novembre
Le président lui demande comment elle va ? La jeune femme répond que ses bébés lui donnent de la force, mais elle a toujours de flashs, des odeurs, des peurs quand un ballon claque lors d'un anniversaire. Six ans après, elle est toujours suivie psychologiquement.
#13Novembre
Mirjana lui succède à la barre. "J'étais assise en terrasse", au Mac Do, près du Stade de France. Elle était attablée avec son cousin. "On parlait de tout et de rien, et il y a eu la première explosion. C'était très fort. Je m'en doutais que c'était pas un pétard".
#13Novembre
Mirjana a tout de suite appelé une amie pour savoir si le match continuait. Elle a pensé que tout le stade était touché. Son amie l'a rassurée. Mirjana se souvient avoir vu "les gendarmes partir en courant".
Elle parle à la barre d'une petite voix émue.
#13Novembre
Alors qu'elle était dans la rue, son amie l'a rappelée pour lui dire qu'il y un attentat. Mirjana se remémore qu'elle voyait une interpellation de police qu'elle filmait. Elle fait alors un lien sans réaliser. Elle a traversé la rue, "et ça a explosé"
#13Novembre
Mirjana : "J’ai traversé la rue. Ça a explosé. J’ai senti le souffle qui me poussait. Je me suis mise à courir en direction de mon cousin. Il faisait sombre. J’ai senti une odeur que je suis incapable de vous expliquer. Il y eu des cris, des pleurs."
#13Novembre
Elle raconte qu'elle a vu une tête. Des blessés. De lac chair humaine. Sans penser que quelqu'un avait pu exploser. Elle pensait que c'était une voiture piégée.
#13Novembre
Mirjana dit à quel point elle a été "marquée dans la vie quotidienne. Je suis maman. Ma fille avait 8 ans, mon garçon 14 ans. J’ai essayé de les protéger. C’est quelque chose qui me poursuit".
Elle éclate en sanglots.
Le président : "prenez votre temps, madame".
#13Novembre
En larmes, cette rescapée du Stade de France poursuit : "Ma fille a eu une maladie chronique à la suite. Je sentais de la culpabilité, que je m’occupais pas bien de mes enfants. Je suis devenue insomniaque".
#13Novembre
Elle parle d'une petite voix larmoyante. Dit qu'après l'assaut de St Denis (le 18 novembre 2015, lors duquel deux terroristes du #13Novembre ont été tués), elle a "réalisé que je vivais dans un quartier dangereux".
Elle raconte les six ans écoulés. Son opération à la gorge. Ses crises. Ses peurs. Six ans après, elle pense que l'interpellation qu'elle a vue était celle d'un des kamikazes. Le président lui explique qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre qui n'avait rien à voir.
#13Novembre
Son avocate lui demande ce qu'elle faisait au Stade de France. Mirjana répond qu'elle vendait des écharpes pour les supporters avant le match.
#13Novembre
Arrive un jeune homme, 39 ans. Il a vu l'un des kamikazes exploser. "Il a explosé, j'ai fermé mes yeux, je tremblais, j'avais peur, c'était comme un feu d'artifice mais en 20 fois".
#13Novembre
La première chose qu'il a faite en rouvrant les yeux, chercher sa femme, qu'il a cru blessée, et qui s'était cachée entre deux voitures. "Je lui ai dit est-ce que tu m'entends ?"
Il pleure à la barre.
Le président : "Prenez votre temps"
#13Novembre
Sa femme a failli être amputée, dit-il. Un garrot qui lui avait été fait l'a sauvée. Il pleure. C'était "une scène de crime, on peut même pas la décrire monsieur le président".
#13Novembre
A la barre, il parle des blessures de sa compagne, "mon ex, malheureusement", a-t-il précisé au début de son témoignage. Il dit les 17 boulons dans son corps. "Psychologiquement elle va pas. Physiquement je vous en parle pas". Il pleure.
#13Novembre
Il poursuit : "Psychologiquement on a jamais été bien. On sera jamais bien. J’étais au chevet de madame, j’avais pas le choix. Mon fils a grandi avec ma belle mère. Psychologiquement, on est tous atteints. Malheureusement je ne suis plus avec madame".
#13Novembre
Il ajoute : "On a deux enfants ensemble. On en a un deuxième je ne peux pas être à ses côtés. Imaginez la douleur". Pleurs. Silence. Puis il se tourne vers le box des accusés
#13Novembre
"Eux ils ont fait ça. C’est même pas que je veux leur manquer de respect. Moi j’ai grandi dans des cités. Il sortira, il le refera. On le sait très bien. Lui avec ses complices..." Puis le survivant à la barre regarde #Abdeslam dans le box.
#13Novembre
Le survivant à la barre regarde Salah #Abdeslam :
"T’es un lâche ! Tu l’as pas gardé la ceinture, frère !"
Silence.
Le président prend la parole pour "éviter tout débordement, il n'y en a pas eu jusque là".
#13Novembre
Et ce survivant prénommé Vladimir poursuit, et résume sa vie, six ans après les attentats du #13Novembre : "On est des morts vivants".
Tina arrive à la barre. Raconte que le #13Novembre près du Stade de France alors qu'elle allait vendre des écharpes aux supporters, quelqu'un lui dit, dans un groupe : "Ma soeur si tu peux partir, pars, car ce soir, Paris va cramer". Elle n'y croit pas.
Puis Tina entend une explosion. Reconnaît que ce n'est pas un pétard. "J'avais un conjoint dans la Légion". Puis elle dit : "J'ai grandi dans une cité. Les armes, on connaît".
#13Novembre
Alors qu'elle est à la terrasse du Mac Do, qu'il y a déjà eu à 21h16 porte D, une 1ère déflagration, elle se dit "il faut partir", car elle pense qu'il ne s'agit pas de pétard. Puis deuxième explosion porte H. Elle s'inquiète, va voir des policiers autour, dit-elle.
#13Novembre
Elle dit à la barre que des policiers lui parlent de bouteille de gaz. Elle dit qu'elle a vu une voiture ensuite, et quelqu'un casquette, téléphone, qui disait "colis posé". Elle affirme qu'elle sentait qu'il allait de passer quelque chose.
#13Novembre
Qu'il allait se* passer quelque chose.
Tina a senti "un énorme souffle, un kamikaze qui s'est fait sauter et a crié Allah Akbar. A ce moment-là, si vous voulez, je réalise pas. Je me dis c'est un cauchemar, je suis en enfer. Je vois des morceaux de chair partout".
#13Novembre
Tina a son conjoint qui tombe sur son torse. Et elle voit "un morceau d'ivoire sortir de mon bras. Un morceau d'os. Des boulons". Tina tremble à la barre, elle pleure, se tord les mains.
#13Novembre
Tina entend sa mère chercher sa soeur. Ne voit plus sa mère qui lui manque. Pense son mari mort à ce moment-là. Elle pleure. Remercie la police qui les a relevés. "Je leur dis vous êtes des anges, à ce moment-là".
#13Novembre
Tina, en larmes, parle du kamikaze : "L’hôtel rempli de sang. J'ai vu son trou. J’ai vu sa tête. Comment oublier ? Comment se reconstruire ? On a du mal. Six mois hospitalisation. Hôpital psychiatrique. Les enfants souffrent. J'aurais pu ne plus revoir mes enfants"
#13Novembre
Tina : "Mon travail avant, c’était serveuse. Aujourd’hui, j’ai plus de bras, j’ai plus de souffle". Elle parle de son "pronostic vital engagé, poumon, et je sais pas le nombre de boulons que j'ai eus, je suis invalide d'un bras"
#13Novembre
Tina dit que "c'est pas pour autant que je vais faire des amalgames. Ça restera mes frères et soeurs, mais je sais qui est bon qui est mauvais. J'ai un cri de colère quand même".
#13Novembre
Tina : "Malgré tout, j’essaye d'exister, on a une mission, pour nos enfants. Mais j'ai de la colère. Cette colère, c’est se sentir du jour au lendemain, handicapée. On a rien demandé". Elle dit qu'aujourd'hui sans plus pouvoir travailler, elle se sent "un boulet".
#13Novembre
Tina : "Cette colère-là, c’est l’injustice. Ce moment où on nous dit : on vit dans des conditions carcérales désastreuses. Vous avez de la chance d’être en France !" Référence sans le dire aux propos d'Abdeslam qui s'est plaint au début de ce procès de ses conditions carcérales.
Le président interroge Tina sur cet homme qu'elle a vu sortir d'une voiture près de l'A86 et dire "colis posé".
A la barre, elle est formelle : "Pour moi c’était Salah #Abdeslam".
#13Novembre
Le président : "Vous vous rappelez de l’endroit ?"
Tina : "C’était sur une bande d’arrêt d’urgence avec les warning sur l’A86"
#13Novembre
Tina précise à la barre qu'elle pense qu'un des kamikazes lui a acheté une écharpe de supporters qu'elle vendait ce soir-là.
"Pour moi la personne qui m’a acheté l’écharpe, c’est la personne qui s’est fait exploser".
Elle dit qu'elle l'a reconnu, après l'explosion.
#13Novembre
Une des assesseurs lui demande si elle est toujours suivie sur le plan psychologique ?
"J'ai repris", dit Tina. "Mais j'ai pas de traitement, j'avais l'impression d'être Addict. J'avais des sauts d'humeur. Je devenais insupportable".
#13Novembre
Courte suspension.
L'audience a repris. Avec à la barre, un couple rescapé des attentats au Stade de France. Lui, debout. Elle, dans un fauteuil roulant.
#13Novembre
Lui : "Je suis vendeur d'écharpe". Le #13Novembre, il s'est rendu au Stade de France. "J'ai malheureusement fait venir des personnes pas prévues, dont madame Tina, je m'en veux encore".
"J'avais acheté deux billets pour aller voir le match. Malheureusement, ma femme voulait pas aller voir le match, elle voulait parler avec ma cousine Mirjana".
#13Novembre
Quand il a entendu la première explosion, il a cru à une bombe agricole. Il était devant le métro à vendre des écharpes avec sa femme. "Ensuite, il y a eu la deuxième explosion. Des policiers armés sont arrivés. Ils nous ont fait traverser. Restez pas ici".
#13Novembre
"Je pense que s'ils avaient pas fait ça, le terroriste serait venu, il se serait fait exploser, ça aurait été encore pire. Ce qui m'a sauvé la vie, c'est deux choses. La première, je me suis mis de côté pour allumer un cigarette, et j'ai présenté que mon front".
#13Novembre
Le 3e kamikaze du Stade de France a explosé face à lui. Il a reçu plein d'éclats sur la tête. "Ma femme a reçu des éclats dans le cerveau. Aujourd’hui, vous la voyez c’est un enfant de 5 ans pour beaucoup de choses".
#13Novembre
Le rescapé à la barre explique que sa femme a fait "
4 mois de coma végétatif"
#13Novembre
Lui a précisé qu'il entendait mal. Il raconte l'explosion du kamikaze. "Pour moi, y a jamais eu de boum, j’ai jamais entendu. J’ai tout de suite été sourd du côté droit. J’ai eu l’impression que la Terre a quitté son orbite. J’ai eu une chape de plomb sur le dos".
#13Novembre
"Tant bien que mal, j'ai réussi à me relever", dit-il. Puis il raconte l'hôpital. Pour sa femme, pour lui. La vie qui bascule. Il dit qu'ils venaient de se marier. Qu'ils n'avaient pas d'enfant. Qu'ils n'auront jamais d'enfant.
#13Novembre
Il dit qu'à la Pitié Salpêtrière, les médecins m'ont dit "que ma femme serait un légume à vie".
#13Novembre
Alors qu'il parle à la barre, sa femme, assise dans son fauteuil roulant, écoute, le regarde. Une femme aux longs cheveux blonds relevés en chignon, petites boucles d'oreilles pendantes, bras croisés.
#13Novembre
Il parle d'elle, de sa dépendance, comme si elle ne comprenait aucun mot. Parle de leur appartement, trop petit, pas adapté au fauteuil ni au garde-malade. Il dit qu'il a "la haine contre la société".
#13Novembre
Il dit : "on est victimes de guerre"
#13Novembre
Il dit qu'il n'a plus de vie professionnelle, plus de vie familiale, "j'ai plus de vie, et tout le monde s'en fout de moi"
#13Novembre
Le président, compatissant, a des paroles encourageantes pour ce rescapé qui dit à la barre : "à l'hôpital, ils m'ont mis suicidaire".
#13Novembre
Une des assesseurs fait remarquer au rescapé à la barre que sa femme a souri plusieurs fois, comprend-elle ce qu'il dit ?
Elle semble en effet comprendre et réagir à ce que dit son mari à la barre.
#13Novembre
Ce rescapé, avant de quitter la barre avec sa femme : "Vous avez franchement du courage d’entendre tout ce que vous entendez !"
Le président : "Je ne pense pas que je sois le plus à plaindre, monsieur !"
#13Novembre
Fin des témoignages de rescapés et proches de victimes du Stade de France. La cour va commencer à entendre les survivants des terrasses et familles endeuillées. Premier à la barre, un jeune homme, grand, mince, brun, Florian R., 30 ans, avocat.
#13Novembre
Florian était au Carillon le #13Novembre 2015. "Ce soir-là, je rejoins trois amis". A l'époque, il était étudiant. Allait dans ce "bar de quartier très cosmopolite", angle rue Bichat, 10e arrondissement de Paris.
Florian : "En rentrant dans ce bar Le Carillon, je me suis dit, il ne nous arrivera rien ici ce soir. Je sais pas pourquoi je me suis dit ça".
#13Novembre
Il fait projeter sur grand écran un plan du Carillon, juste avant les faits. Des gommettes de couleur pour représenter les gens. Il précise qu'il n'est pas prévenu des explosions au Stade de France. Lui est dans son bar, veut regarder le match à la télé. Puis...
#13Novembre
Florian, à la barre : "Vers 21h25, c’est la déflagration"
Silence. Il porte sa main près de ses lèvres. Se mord les lèvres pour retenir ses larmes. Ses yeux sont rouges. Il poursuit : "Je me jette par terre, c'est des rafales, un bruit assourdissant"
#13Novembre
Florian raconte qu'au sol, au Carillon, "on commence à se dire que c’est fini, que c’est ce soir-là, on se dit qu’on va pas rentrer chez soi, je me suis demandé si j’allais avoir mal". Pendant une minute trente, il dit qu'il attend la balle. Ça s'est arrêté.
#13Novembre
Quand Florian a ouvert les yeux, il s'est dit "il y a un miracle". Puis, "je tourne la tête rue Bichat, je vois un assaillant, je ne vois que sa silhouette, un jeune homme de mon âge, extrêmement calme, très froidement, il était pas du tout affolé".
#13Novembre
Florian quand, il voit un terroriste : "C’est un peu effrayant. Là, c’est le deuxième choc, après les rafales.
Je pensais qu’il allait rentrer dans le restaurant. En fait, je pense qu’il achevait des gens"
#13Novembre
Florian : "Troisième choc, on se sent complètement impuissant. Et là, j’entends une portière qui claque et une voiture qui démarre. Et là, y a un silence de mort, pendant trente secondes".
#13Novembre
Florian : "Ça sent la poudre , une odeur affreuse, et ça sent le sang. Et puis y a les premiers cris qui arrivent, atroces. On patauge dans le sang".
Il a les bras croisés à la barre. Sa voix tremble.
#13Novembre
Après, Florian a essayé de retrouver ses amis dans les toilettes, "on se retrouve à 4 vivants". Puis, il a vu la terrasse du Carillon. "C’est des images qui me resteront. Des tables retournées. Pareil pour les corps".
#13Novembre
Florian précise qu'il a essayé de "mettre ça de côté" puis ça l'a frappé quelques mois après.
"Rien ne faisait sens. Des gens de notre âge en plus.
Dans un quartier cosmopolite".
#13Novembre
Comme il n'était pas blessé, Florian s'est dit "je ne suis pas touché". Puis, "ça vous enlève une certaine insouciance, quand vous êtes jeune". Silence. "Vous avez rencontré la mort. Vous l’avez vue, elle est repartie"
#13Novembre
Florian R., devenu avocat, dit ses attentes du procès : "On n'est pas du tout dans un esprit de vengeance. On veut que ce procès se passe de manière équitable digne et que chacun assume ses responsabilités. Voilà, c’est tout".
#Procès13Novembre
Il ne comprend pas qu'un des accusés -#Abdeslam / il ne prononce pas son nom- ait justifié de "prendre une arme pour tirer sur les gens. C’est dur à comprendre ce qu’ils ont fait"
#13Novembre
Arrive à la barre un autre jeune survivant, architecte. ll demande à ce qu'on ne donne pas son identité. Il a la voix tremblante. Il était au Carillon avec son épouse. Il a vu des étincelles sortir de l'arme d'un des terroristes. Il s'est caché dans le cellier.
#13Novembre
Il a eu peur de perdre sa femme. Il l'a trouvée, vivante, juste après l'attaque. Il l'a attirée avec lui dans le cellier. Elle était claustrophobe. Ils se sont enfuis et ont cherché une porte cochère. A croisé des policiers "un peu perdus eux-mêmes".
#13Novembre
Et il est rentré chez lui à pied, avec sa femme. A appelé sur la route un ami qui était sur une terrasse voisine, au Petit Cambodge. Cet ami lui a appris qu'il venait de trouver un de leurs collègues, Raphaël, mort, au Carillon.
#13Novembre
"J'avais aucune conscience que en France on puisse être victime d'une fusillade, comme ça, alors qu'on a rien demandé. Comme du gibier".
#13Novembre
A la barre, il veut honorer la mémoire Raphaël, mort au Carillon : "Un garçon, très gentil, altruiste, très cultivé, il avait mon âge 29 ans, c'était mon collègue d'open space, quelqu’un de tolérant, de formidable"
#13Novembre
Arrive Olivier, blessé d'1 balle dans le bras au Carillon. "C'est pas vraiment de gaîté de coeur qu'on témoigne, je le fais à la mémoire de Sébastien mort de 7 balles". Il mime un homme qui tire. Il fait le bruit des balles : boum, boum, boum, boum, boum, boum, boum.
#13Novembre
Olivier répète sept fois "boum". Sept "boum" qui font sursauter. Comme les sept balles qui ont tué son ami. Il précise qu'il a fallu plusieurs jours pour que les médecins légistes réparent les sept trous qui ont perforé Sébastien.
#13Novembre
Puis Olivier lit un texte, fort. Un texte dans lequel il dit qu'il veut "régler des comptes avec de minables petits démons". Il raconte qu'il rentrait d'Iran ce #13Novembre 2015
Olivier dit que ce qui lui a sauvé la vie, un coup de téléphone, il a vu arriver la voiture des terroristes, a cru que c'étaient des dealers. Et a vu Brahim #Abdeslam, avec du scotch sur la kalachnikov, "la tête de quelqu'un d'halluciné, j'ai tout de suite pensé à un attentat"
Olivier : "Je cours. Je vois les jumelles (deux soeurs, tuées au Carillon) s’effondrer à côté de moi.
Après la porte, je tourne à gauche et je prends la balle.
Je préviens les gens de pas remonter la rue et je préviens qu’il y a un attentat".
#13Novembre
Olivier, en colère, dit que Salah #Abdeslam, dans son box, n'est "rien d'autre qu'une petite racaille, il nous fait croire qu’il est un guerrier. Il n'est rien de tout ça.
Moi j’ai vu son frère tuer des gamines de 20 ans.
Elles avaient l’âge de ma soeur."
#13Novembre
Olivier, à la barre, en parlant de Salah Abdeslam, dans son box : "Si vous le permettez monsieur le président j’aurais mille fois préféré qu’il se fasse péter en se ratant comme son frère" (Son frère, Brahim, mort en kamikaze au Comptoir Voltaire, à Paris)
#13Novembre
Olivier, très en colère, demande au président de ne pas ouvrir la porte au dialogue, ainsi que l'avait demandé #Abdeslam la semaine dernière.
#13Novembre
Olivier, au président :
"N’ouvrez jamais cette porte au dialogue ! Avec ce cancer qu’est l’islamisme.
On ne discute pas avec ses métastases.
On les écrase."
#13Novembre
Salah #Abdeslam, à travers la vitre de son box, discute avec son avocate.
#Procès13Novembre
Une avocate de parties civiles demande à faire réagir les accusés. Le président Périès répond que le planning, très compliqué, a été établi autrement mais que les accusés ont déjà eu la parole plusieurs fois.
#13Novembre
Me Ronen, avocate de Salah #Abdeslam tente de prendre la parole, et le président se fâche d'être interrompu. Il rappelle que l'accusé Abdeslam n'a pas toujours "modéré ses propos" quand il dit que "les terroristes étaient ses frères" après des images des attentats.
#13Novembre
L'avocate de Salah #Abdeslam parle d'insultes à l'encontre de l'accusé Abdeslam dans les propos entendus à la barre. L'autre avocat d'Abdeslam estime que "racaille" dans la bouche d'un survivant blessé est une insulte. Les deux avocats coupent la parole au président qui se fâche.
Arrive à la barre une jeune femme, yeux bleus, blessée au Carillon, où elle a perdu son mari, Amine, et plusieurs amis communs, dont les soeurs jumelles Emilie et Charlotte.
#13Novembre
Cette jeune femme s'appelle Maya.
Maya parle d'Amine : "Mon premier amour. C’était l’homme de ma vie". Amine avait 29 ans.
#13Novembre
"Ce soir-là, au Carillon, nous étions cinq , moi j'avais 27 ans, ils en avaient 29, on évoquait leur anniversaire de 30 ans". Amine, Emilie et Charlotte sont morts. Ils n'ont jamais eu 30 ans. Mehdi, un ami, a survécu, Maya aussi. Elle est seule à la barre ce soir.
#13Novembre
Maya s'est "tapie sur le trottoir entre le caniveau et les roues d’une voiture". Elle a cru que son mari et ses amis avaient réussi à échapper aux terroristes en se cachant. Puis elle a vu Amine, après le départ des terroristes. Après le silence, de mort.
#13Novembre
Maya : "Je cherchais Amine des yeux. Je ne vois pas les 22 impacts, les 9 projectiles qui ont traversé son corps.
Tout ce que je vois c’est ses yeux, son regard, c’est le néant". Amine est mort.
#13Novembre
#LeCarillon
Maya entend les secours arriver : "Occupez-vous des conscients d’abord !" Et elle voit qu'elle est blessée.
#13Novembre
Maya : "Je regarde mes jambes en lambeaux. Il y a un trou dans ma chaussure. J’avais des bottines. Il y avait un trou de haut en bas".
Elle se fait un garrot toute seule avec un chiffon. Est hospitalisée. Subit quatre greffes.
#13Novembre
Maya : "Les moments qui ont suivi sont impossibles à décrire. Des cauchemars. Des crises de larmes. Un extrême sentiment de solitude. Tout ça, j’ai voulu l’oublier".
#13Novembre
Maya dit que c'est l'amour autour d'elle qui "sauve". "Je me suis toujours pensée comme quelqu’un d’assez fort, de solide. Je voulais me battre et j’ai jamais accepté d’être une victime. Sauf que dans les jours, les mois qui ont suivi, c’était trop dur".
#13Novembre
Maya : "Je pensais pas qu’il était humain de sentir un tel sentiment de détresse et de solitude. Ce qui m’a fait tenir, ce sont mes blessures, il fallait qu’elles m’obligent à me battre, il fallait que je me mette debout, j’avais 27 ans, encore toute ma vie à vivre"
#13Novembre
Maya : "Aujourd'hui, je suis debout. Je suis très heureuse d’être sur mes deux jambes, de pouvoir marcher sans béquilles, sans attelles. Je travaille.
J’ai quitté Paris pour une autre ville loin du drame".
#13Novembre
Maya : "J’ai retrouvé un amoureux aussi qui me soutient.
Ça a été ça mon combat pour me reconstruire.
C’est un combat au quotidien qui dure depuis 6 ans.
Je suis épuisée.
J’ai la tête haute mais je suis épuisée."
#13Novembre
#LeCarillon
Maya : "Je sais qu’il y a des choses qui ne reviendront pas. Je courrai plus. Je me fatigue vite. Ce que je voudrais maintenant c’est vivre, juste vivre.
L’insouciance d’une soirée entre amis".
Maya est en larmes. Visage rougi. Profondément bouleversante.
#13Novembre
Le président de la cour la remercie pour son témoignage. Doucement, une magistrate lui demande si elle a pu récupérer comme elle l'avait souhaité, l'alliance de son mari Amine.
Maya : "Oui".
Elle n'a pas pu aller aux obsèques de son mari. Elle était hospitalisée.
#13Novembre
La cour lui demande ce qu'elle attend du procès.
Maya : "Une condamnation à hauteur des faits.
Ma vie a été brisée.
Je me bats mais ça changera rien.
Mais c'est bien que ça ait lieu".
#13Novembre
La cour remercie encore Maya qui quitte la barre. Témoignage vraiment bouleversant.
#13Novembre #LeCarillon
La maman de Maya arrive à la barre.
Elle lit une lettre écrite par la maman d'Amine, Aïcha, qui a écrit quelques mots depuis Rabat, au Maroc.
#13Novembre
Dans sa lettre, Aïcha parle de son fils, Mohamed Amine : "il était heureux et nous l'étions avec lui". Elle l'avait vu à la fin l'été 2015.
#13Novembre
Aïcha, la maman d'Amine, écrit qu'Amine devait rentrer au Maroc "mi-novembre pour se reposer".
"Nous étions loin de nous douter qu’il allait rentrer dans un cercueil pour y être enterré".
#13Novembre #LeCarillon
La maman d'Amine conclut : "Que justice soit faite".
#13Novembre
La maman de Maya raconte à son tour à la barre son #13Novembre, quand elle a vu sur un bandeau de la télé "attentats". "Mes mains sont moites, j'ai mal au ventre, mon coeur s'emballe".
Une interne de l'hôpital St Louis arrive à la barre pour raconter son #13Novembre 2015. Elle quittait le Carillon, était en train de détacher son vélo quand elle a vu un terroriste, elle s'est cachée derrière une voiture, a réussi à s'enfuir le long du canal St Martin.
Puis elle est revenue sur les lieux, a vu "une scène de guerre, j'ai jamais fait la guerre, mais c'était la guerre, des gens agonisants, hurlaient"
#13Novembre
Elle raconte le massage cardiaque sur une victime qu'elle a fini par cesser de masser car elle était morte, "il fallait aider d'autres blessés".
#13Novembre
#LeCarillon
Après elle, témoigne un survivant qui ne veut pas dévoiler son identité, et raconte les blessures psychiques, après l'attentat au Carillon. L'alcool, dans lequel il a sombré, à nouveau pendant des mois après le #13Novembre.
Puis vient le serveur du Carillon, qui était à la pompe à bière. Il connaissait des victimes. Il a "compris direct, c'est des tirs, c'est des tirs, j'entends encore les rafales, ta-ta-ta-ta".
#13Novembre
A la barre, il dit qu'il est stressé, lui qui vient de Kabylie. Et il raconte les victimes au Carillon, le sang, "Emilie et Charlotte", les jumelles parmi les victimes qu'il connaissait bien. "J'arrivais pas à le croire".
#13Novembre
Le serveur dit qu'il est vraiment "triste", "la religion musulmane, c'est pas ça, c'est pas vrai". Il a trouvé le courage de continuer son métier. Il a eu l'idée de l'appeler "Le nouveau Carillon". "Mais c'est tellement dur, six ans après", de parler.
#13Novembre
Le serveur parle d'Amine, le mari de Maya. "On se ressemblait beaucoup". Ils s'étaient mariés à peu près en même temps. Le serveur dit qu'aujourd'hui, lui est divorcé, et parle de l'alcool.
#13Novembre
Le serveur se tourne vers le box : "Ils méritent pas de vivre. J’ai la rage". Puis, "il faut toujours penser à l’égalité, je suis d’accord, c’est pour ça que j’aime cette France".
#13Novembre
Le serveur du Carillon : "Je suis perturbé dans ma tête, monsieur le président. A l’intérieur de moi, il y a quelque chose qu’on ne peut pas effacer. C’est très dur de voir les corps vivants et quelques minutes après, morts, on les connaît".
#13Novembre
Dernier témoignage, celui d'une jeune femme qui se présente comme "une double rescapée", ses parents ayant dû fuir l'Iran, et se prononce contre le fanatisme religieux "avec partout dans le monde ces mêmes assassins sanguinaires".
#13Novembre
Elle était enceinte le #13Novembre, a échappé aux terroristes au Carillon, son compagnon est aussi rescapé.
Avec son témoignage s'achève ce 14e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre.
Reprise demain à 12h30.
Compte-rendu web @franceinter à suivre.
@franceinter Voici le compte-rendu web @franceinter de ce jour 14 au procès des attentats du #13Novembre, avec les dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR
franceinter.fr/justice/rencon…

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23 Sep
11e jour au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Aujourd'hui, la cour d'assises va entendre le témoignage du directeur de l'IML, où ont été amenés les corps des victimes. La question des erreurs d'identification sera probablement abordée à la barre.
LT @franceinter ici 👇
@franceinter A (re)lire le compte-rendu web du jour 10 par @ChPiret avec les dessins de @ValPSQR.
franceinter.fr/justice/proces…
@franceinter @ChPiret @ValPSQR Les comptes-rendus 📻aujourd'hui avec @ChPiret.
Read 82 tweets
22 Sep
Jour 10 au procès des attentats du #13Novembre 2015. Aujourd'hui, la cour va d'abord entendre le commissaire de la #BAC75N entré au #Bataclan à 21h56, avec un de ses brigadiers. Ensemble, ils ont tué un premier terroriste et la tuerie de masse a été stoppée.
Ce brigadier qui était à la #BAC75N, la BAC nuit de Paris, s'est confié au micro de @franceinter juste avant ce procès #13Novembre.
Témoignage à lire et à écouter ici 👇
franceinter.fr/justice/on-tir…
@franceinter Greg, de la #BAC75N, à écouter ici 👇et à 📻dans le #1314 de @franceinter
Read 10 tweets
20 Sep
Jour 9 au procès des attentats du #13Novembre 2015. On entre dans la 3e semaine d'audience. Aujourd'hui, la cour va se pencher sur l'attentat contre la terrasse de La Belle Equipe, où il y a eu 20 morts.
LT @franceinter par @ChPiret
Et compte-rendu à la📻
@franceinter @ChPiret Vous pouvez retrouver ici le compte-rendu web du jour 8 avec les dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR
#13Novembre
franceinter.fr/justice/au-bat…
Et des temps forts de la semaine 2 en vidéo par @ChPiret #13Novembre
video.twimg.com/amplify_video/…
Read 5 tweets
17 Sep
Jour 8 au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Aujourd'hui, la cour va visionner des images de la scène de crime au #Bataclan et diffuser la bande-sonore des trente premières secondes de l'attaque.
LT @franceinter dans ce thread. Et @ChPiret aujourd'hui à la 📻 #1314
Et voici le compte-rendu web @franceinter du jour 7 par @ChPiret avec les dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR
Read 69 tweets
15 Sep
Jour 6, au procès des attentats du #13Novembre 2015.
LT @franceinter à suivre ici 👇
Aujourd'hui le président Periès va commencer par donner la parole aux accusés pour qu'ils "fassent une intervention sur leur positionnement par rapport aux faits". L'audience va débuter à 12h30.
@franceinter Hier, c'est une juge belge, Isabelle Panou, qui était à la barre pour raconter le volet belge de cette colossale enquête #13Novembre.
Compte-rendu d'audience signé @ChPiret avec les dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR
franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, après la parole aux accusés, des enquêteurs antiterroristes de la SAT vont venir à la barre, retracer les parcours des terroristes du #13Novembre, entre les planques et les lieux des attentats, où ils sont arrivés à bord de voitures louées.
Read 52 tweets
13 Sep
Jour 4, au procès des attentats du #13Novembre.
En cette 2e semaine d'audience, plusieurs enquêteurs français et une juge belge vont défiler à la barre pour décrire les scènes de crimes, et l'enquête #13Novembre2015
Aujourd'hui LT @franceinter sur ce compte et @ChPiret à la 📻
A (re)lire ici le compte-rendu web @franceinter du jour 3 par @ChPiret et avec les jolis dessins de Valentin Pasquier @ValPSQR.
franceinter.fr/justice/proces…
@franceinter @ChPiret @ValPSQR L'audience doit reprendre dans un instant, devant la cour d'assises spécialement composée et présidée par Jean-Louis Périès. Tous les accusés sont arrivés dans le box. 20 jugés, 14 présents, 3 sous contrôle judiciaire. Salah #Abdeslam discute avec ses avocats.
Read 74 tweets

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