Thread by @AliceGalopin

Nouvelle journée d'audience au procès des attentats du #13Novembre. La cour continue d'écouter les témoignages des parties civiles du #Bataclan.

Pas de live-tweet soutenu aujourd'hui en raison de la préparation d'un article, mais je tâcherai de partager quelques témoignages et moments d'audience.

C'est Luciana, accompagnée d'une interprète en italien, qui s'exprime à la barre en ce moment. Elle est la mère de Valeria, tuée à 28 ans au Bataclan. Le Monde avait consacré un portrait à sa fille, rappelle-t-elle devant la cour.
lemonde.fr/attaques-a-par…

Le soir du #13Novembre, en regardant les informations à la télévision, avec son mari et leur fils Dario, "nous sommes tous les trois assis sur le canapé, silencieux". "Nous avons compris", se souvient cette mère.

Luciana raconte le moment où elle a eu la "confirmation officielle" de la mort de Valeria. "Notre vie a changé à jamais, elle est devenue une terre inconnue." Les parents se sont ensuite rendus à l'Institut médico-légal de Paris. "Nous allons la pleurer à jamais."

"Que représentent ces 130 morts" pour les accusés, interroge Luciana. "Je cherche un sens (...) Les réponses ne peuvent venir que des mis en examen."

Luciana a conclu son témoignage par "une pensée pour sa fille". "Quand je viens à Paris, je dépose toujours une fleur sur la plaque commémorative" située dans le square à côté du #Bataclan. "C'est le petit jardin le plus moche de Paris mais c'est pas grave."

Luciana : "Cette fleur est pour nos enfants, pour nos sœurs, pour nos frères, et pour nos amours."

A la barre, Annaig, qui était au #Bataclan avec son conjoint, s'est adressée aux accusés.

"Je vous en veux à mort", lance cette mère en direction du box des accusés. "On vous a rien fait nous. On n'était même pas au courant, de la Syrie, de Daech... Vous avez bousillé des familles. Je vous en veux terriblement."

"Adressez-vous à la cour s'il vous plaît", lui demande le président. "Pardon, j'ai dérapé", reprend Annaig en pleurs.

Ce n'est pas la première fois que la colère et la douleur des victimes ricochent sur le box des accusés au procès du #13Novembre, comme le raconte dans cet article ma collègue @cathfournier ⬇️
francetvinfo.fr/faits-divers/t…

Thomas, rescapé du #Bataclan, explique à la barre qu'il témoigne pour faire la lumière sur les symptômes du stress post-traumatique. "Je me sens idiot souvent d'aller mal à cause de cinq minutes."

"Les crises d'angoisse, de panique, font partie de mon quotidien", poursuit Thomas. Il fait également part de cette hypervigilance qui le pousse par exemple à "observer chaque nouvel arrivant dans un restaurant".

Dans cet article pour @franceinfoplus, je reviens sur cette "blessure invisible" qu'est le stress post-traumatique ⬇️
francetvinfo.fr/faits-divers/t…

Thomas a lui aussi eu quelques mots pour les accusés : "Je tenais à leur dire en face qu'ils n'ont pas gagné."

Comme d'autres parties civiles avant lui, Sébastien raconte à la barre que la crise du Covid-19 a démultiplié les effets de son stress post-traumatique.

Durant les confinements, les "petits pas" des enfants de ses voisins du dessus, ces "pop pop pop", lui rappellent les "rafales des kalachnikovs" du #Bataclan.

Sébastien rêve souvent de la mort. "Il y a la journée des vivants, et la nuit des morts. Ces cauchemars le "hantent". "Je vis avec la mort, c'est mon quotidien", conclut-il.

La cour écoute désormais Stéphanie qui n'avait initialement pas prévu de témoigner. "Je suis une rescapée de la chance et du hasard", commence-t-elle. Au #Bataclan, elle était allée voir "seule" les Eagles of Death Metal, un groupe qu'elle ne connaissait pas à l'époque.

Au milieu de la chanson "Kiss The Devil", elle range son téléphone. "Il est 21h47 et j'entends des pétarades", raconte-t-elle, toute vêtue de noir. Comme d'autres parties civiles, elle pense d'abord à "un effet de scène un peu raté".

Les cris résonnent dans la salle. Stéphanie s'accroupit en restant parallèle à la scène. "J'ai aucun souvenir des sons des tirs et aucune odeur ne parvient à mon cerveau."

Mais elle perçoit toutefois le visage d'un des terroristes, éclairé par les lumières de la salle. "Il a l'air hyper jeune, je suis choquée de sa jeunesse, il a l'air d'avoir 18 ans (...) Il n'a aucune expression sur le visage", se souvient-elle.

Durant l'attaque, Stéphanie est confrontée à "une distorsion spatio-temporelle immense". Elle parvient à s'enfuir du #Bataclan. Mais "c'est plus moi qui suis au pilotage de mon corps (...), j'ai l'impression de tomber dans le tambour d'une machine à laver en mode essorage".

Une fois dans le passage Amelot, Stéphanie ne réalise toujours pas ce qu'il se passe. Elle pense encore à de simple "petits cons" qui sont rentrés dans la salle.

Un "homme anglais" lui dit de courir car "ils tirent dans la rue". Mais elle n'entend toujours rien. Elle voit d'autres personnes s'enfuir et prend la mesure de la situation. Alors Stéphanie court dans la rue "en zig zag" persuadée qu'elle aura plus de chance d'éviter les balles.

A la barre, Stéphanie a ensuite décrit son après #13Novembre. Le stress post-traumatique dont elle souffre aussi. Mais aussi sa volonté de retourner fréquemment au #Bataclan. "C'est devenu une deuxième maison", sourit-elle.

C'était le dernier témoignage de la journée. L'audience est suspendue et reprendra demain.