On ne va pas se mentir : remettre en question l'intérêt de cette 3ème dose s'apparente à sortir des clous.
C'est un avis impopulaire que celui de @fzores.
Mais je le partage justement pour cette question du bénéfice / risque, que seul un essai contrôlé randomisé peut trancher. 1/
Bien sûr que si la médecine était parfaite, si ce rappel ne présentait aucun risque, donc que des bénéfices, on serait moins regardants.
On ferait une injection pour se rassurer dès que le taux d'anticorps baisse.
Ce serait fantastique.
2/
Malheureusement pour nous, le risque zéro n'existe pas, et le reconnaître n'a rien d'infâmant, attendu qu'il en est de même pour tout vaccin ou médicament.
3/
Du coup, chaque rappel nécessite de réévaluer le bénéfice / risque en amont.
Il ne faut pas croire d'emblée que le bénéfice / risque de la troisième dose sera le même que celui des deux premières.
4/
Deux doses de vaccin anti-COVID, on le sait, protègent efficacement contre les formes graves de la maladie. Le risque de finir à l'hosto est peu ou prou divisé par 10.
5/
Maintenant, on voit d'après les données israéliennes que la baisse rapide du taux d'anticorps s'associe à une augmentation du risque d'être infecté, quelques mois seulement après la deuxième dose.
6/
La raison en est simple : les anticorps nous protègent de l'infection en se fixant aux épitopes du virus. S'il y en a moins, la neutralisation est forcément moins efficace. 7/
Cependant, la protection contre les formes graves demeure, quant à elle, très solide, même après 6 mois.
A partir de là, sur quels critères s'appuyer pour la recommandation d'une troisième dose généralisée ?
8/
On peut partir du postulat qu'aucune infection n'est anodine (et j'ai tendance à le croire), tout d'abord parce que, qui dit infection, dit transmission probable (donc circulation virale et peut-être mutation à la clé) ; ensuite, parce que le risque de COVID long demeure.
9/
Dans quelles proportions un.e vacciné.e faisant un COVID bénin déclenchera par la suite un COVID long ?
Quel est ce risque en pourcentage ?
C'est à mon avis le critère de jugement principal que je retiendrais pour évaluer le bénéfice d'une troisième dose chez les jeunes.
10/
Il s'agira de le mettre en balance avec le risque de myocardite qu'elle leur fait courir.
11/
Pour être honnête, je ressens toujours un certain malaise à voir combien on s'efforce de dédramatiser les myocardites.
Je comprends l'idée, mais ça peut s'avérer contre-productif.
12/
Oui, les myocardites vaccinales sont (très) rares, et Dieu merci.
Oui, les antivax délirent en prétendant qu'on ne s'en remet pas et que ça finit toujours en transplantation cardiaque.
Mais non, je ne trouve pas ça totalement anodin comme un simple mal de gorge.
13/
Je ne fais pas partie de la population la plus à risque (comprendre : je ne suis pas un homme de moins de 24 ans).
Mais si je faisais une myocardite, ça me vaudrait sûrement la première hospitalisation de ma vie. Ce n'est pas non plus très fun, comme expérience.
14/
Et si la myocardite a pour effet d'augmenter un peu le risque d'insuffisance cardiaque en aval, je suppose qu'on devra attendre plus de quelques mois avant de s'assurer que « C'est bon, on n'en garde aucune séquelle selon ce papier dans The Lancet ». 😬 15/
Petite info au passage : si vous suspectez une insuffisance cardiaque, surveillez vos signes EPOF.
Essoufflement
Poids (prise de)
Oedèe
Fatigue
Les bons conseils d'une coccinelle.
16/
Bref ! Pour répondre à toutes ces questions de bénéfice / risque, vous l'aurez compris, il n'y a pas de secret : il faut faire un essai contrôlé randomisé.
On n'a pas encore de meilleur moyen pour peser le pour et le contre.
17/
Accessoirement, on devrait aussi s'interroger s'il y a plus de bénéfice à donner une troisième dose aux bivaccinés qu'à vacciner ceux qui ne le sont pas du tout encore.
C'est-à-dire des millions de français, plus quelques milliards d'habitants du tiers-monde.
18/
On nous dit souvent que c'est un faux débat, qu'il faut juste injecter trois doses à tout le monde et puis c'est tout.
Alors, je m'excuse d'avance pour ce rappel résolument terre à terre, mais la production de doses a aussi ses limites.
19/
S'il faut choisir entre une dose de rappel pour nous et la vaccination deux doses des non-vaccinés, qu'est-ce qui vous paraît le plus pertinent ?
20/
Quoi qu'il en soit, et dans l'attente d'un RCT que j'espère très prompt, je rappelle aux antivax qu'on n'est pas du tout ensemble. Merci donc d'éviter les : « Ben alors, on ne veut pas sa troisième dose ? Je croyais pourtant que ce vaccin était safe ! »
21/
Comme je l'ai dit plus haut, mais il faut pouvoir (vouloir) le comprendre, le bénéfice / risque n'est pas quelque chose de figé : il évolue.
Quand le bénéfice de la poursuite d'un traitement devient de plus en plus faible, le risque prend le dessus, comprenez-vous ?
22/22
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Le variant Delta se montre impitoyable envers des pays jusqu'alors relativement épargnés par la crise, causant des exponentielles dramatiques.
Et le pire, c'est qu'il n'a pas encore tout à fait la main sur le R-eff déjà préoccupant du virus : il lui reste encore de la marge...
Au niveau de la mortalité, ça s'élève doucement, mais il faut tenir compte du décalage de quelques semaines entre un test positif et le décès.
On risque donc de monter très haut, les positifs d'aujourd'hui étant les morts déplorés dans ~ 3-4 semaines...
Le vaccin ROR contre la rougeole est très efficace, et pour cause : il procure une immunité stérilisante.
C'est-à-dire qu'une fois vacciné, le virus ne peut plus vous infecter.
Cette immunité stérilisante est la condition sine qua non pour obtenir l'immunité collective !
Autre bonne nouvelle : le virus de la rougeole a ceci de particulier que des mutations sur sa protéine d'adhésion lui font perdre tout pouvoir infectieux. Il ne peut donc pas compter là-dessus pour échapper à l'immunité !
Le vaccin le met en PLS.
Je vais le dire sans ambages : moi, j'aimerais bien que l'on s'habitue à porter le masque pendant la saison des infections respiratoires.
Alors, peut-être pas à l'école, mais au moins par les adultes - ne serait-ce qu'en présence de personnes dites à risque.
2/
Rappelons que la grippe saisonnière, par exemple, s'accompagne d'une mortalité non négligeable (pas du même ordre de grandeur que le COVID) et d'un impact économique important qui se chiffre en millions de journées de travail perdues et en centaines de millions d'euros par an. 3/
Tiens, ça me rappelle l'imbroglio autour des AINS. Un article du Lancet avait suggéré en 03/2020 qu'ils augmentaient le nombre d'ACE2, donc de portes d'entrées pour le virus - ce qui devait forcément induire une charge virale supérieure et donc des formes cliniques plus sévères.
Si on lève des restrictions, charge à l'exécutif de nous marteler que ça s'inscrit bien dans le cadre d'une accalmie - avec tout ce que cela comporte d'incertitudes.
Et surtout, ne plus évoquer prématurément la « sortie de crise ».
2/
En effet, c'est aussi la délivrance continuelle de faux espoirs qui épuise les gens.
« On nous dit que ça va aller, que c'est fini, et puis en fait ça ne va pas du tout... Je ne sais plus où donner de la tête, moi ! On veut de la transparence ! »
3/
Non, un vaccin ne « crée » pas des variants.
Il s'agirait d'être rigoureux et précis dans le choix des mots.
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Lors d'une infection, le virus détourne nos cellules pour leur faire créer des copies de lui-même, mais ce processus de réplication s'accompagne d'un taux d'erreur non nul.
Résultat, des copies « imparfaites » émergent.
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En général, ces mutants passent sous les radars et disparaissent car ils ne présentent aucun avantage sélectif (en terme de contagiosité ou d'échappement aux anticorps, notamment) sur le virus d'origine.
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