Thread by @TomFevrier

#RenéCarmille. Ce nom ne vous dit sûrement rien, et pourtant ce polytechnicien, devenu cadre de l’administration de Vichy, est l’un des premiers hackers de l’Histoire.

L’histoire folle de ce personnage fascinant est racontée dans un docu, diffusé ce soir sur @publicsenat 🧵

Nous sommes à l’été 1940. La France vient de capituler face à l’Allemagne, tandis que le maréchal #Pétain se voit accorder les pleins pouvoirs et proclame l’instauration du régime de #Vichy.

#RenéCarmille, diplômé de l’X, est alors l’une des têtes pensantes de l’administration militaire française.

Dès les années 30, il s’intéresse à la mécanographie, ancêtre de l’informatique, qui permet de traiter de grandes quantités de données grâce à des cartes perforées.

Avec la débâcle et l’armistice signé avec les Nazis, les services de recrutement de l’armée — qu’il était chargé de moderniser — doivent fermer. Il est alors contacté par plusieurs officiers d’état-major du régime de Vichy, afin de trouver une solution.

Carmille a une idée...

Il faut bien comprendre qu’à ce moment, la #Collaboration n’a pas encore été actée. Certains, aux plus hauts niveaux de l’armée de Vichy, espèrent encore prendre leur revanche. Voire continueront d’y croire même après.

L’idée de Carmille ? En novembre 1940, il obtient la création du Service de la Démographie, qui deviendra par la suite le Service national des statistiques — ancêtre de l’@InseeFr.

Il prend la tête de cet organisme, chargé de collecter des données grâce à la mécanographie...

Afin de pouvoir croiser les données de démobilisation des soldats français avec celles des recensements, Carmille a l’idée d’attribuer un numéro d’identification unique de 13 chiffres à chaque individu — notre futur numéro de Sécurité sociale.

À l’insu de l’Occupant et même de ses propres équipes, #RenéCarmille compile grâce à ces données une liste d’hommes prêts à être mobilisés.

Deux « programmes » informatiques, l’un officiel, l’autre secret, utilisent les mêmes données dans deux buts très différents.

En 1942, il est ainsi en mesure de fournir une liste de près de 300.000 combattants vivant en zone libre.

Détourner des données de leur but initial à des fins militantes ? Ce n’est pas pour rien que Carmille est souvent considéré comme l’un des premiers « hacktivistes ».

Mais l’homme reste ambigu sur certains points. L’ingénieur joue avec le feu, et rêve de tout connaître sur tout le monde, en permanence. Au risque que les données collectées servent les sombres desseins de Vichy.

Il est celui qui veut moderniser la carte d’identité, ce qui la rend plus difficile à falsifier... tout en fournissant de faux papiers aux résistants, dont il rejoint les rangs en 1943.

Tout cela lui vaudra d’être arrêté et déporté au camp de Dachau, où il meurt en janvier 1945.

Et en parlant de données sensibles… il y a bien sûr celles concernant les Juifs.

Sur ce point, l’attitude de Carmille interroge. Comment expliquer qu’il propose ses services au Commissariat général aux questions juives ? De la collaboration ? Un autre double jeu ?

Réponses à toutes ces questions dans le documentaire « #RenéCarmille, un hacker sous l’Occupation », réalisé par la talentueuse @Youssr_Youssef, et que j’ai eu la chance de découvrir en avant-première.

René Carmille est un personnage dont l’histoire et l’héritage questionnent et résonnent encore aujourd’hui, alors que le #BigData et la protection des données personnelles sont au cœur du débat public.

Sans Carmille, pas de @CNIL par exemple...

Ne manquez pas le docu, qui est vraiment passionnant.

C’est ce soir à 21h sur @publicsenat ⬇️
pro.publicsenat.fr/actualites/pub…

Bande-annonce ⬇️

https://twitter.com/publicsenat/status/1456954975255474176?s=20