Il est vrai que les métiers sont genrés et que les métiers féminins sont moins payés. Et si cela tend à se réduire, c’est le résultat d’une histoire longue.
1)Déjà rappeler que la différence métier masculin/ féminin relève moins de la force physique nécessaire, que de la dignité, de la qualification de la tache. Les hommes se sont attribués les métiers les plus valorisés, laissant les autres aux femmes
2)Prenons qq exemples : dans les campagnes de l’ancien temps, les femmes étaient en charge du potager, de la basse cour, des corvées d’eaux (éminemment physiques) ; les hommes du travail de la terre et du soin des gros bestiaux.
3)Il était de tradition que « l’homme ouvre et ensemence la terre ». ce sont donc les hommes les semeurs, tache digne
(Millet, Van Gogh)
4)Lors des moissons, les hommes utilisaient la faux, pour les femmes, c’était la faucille (censée être moins physique mais qui contraint en plus du geste fatiguant à se plier en deux).
5)Les femmes étaient surtout chargées, après la moisson, de ramasser les épis qui restaient au sol : ce sont les célèbres glaneuses immortalisées par Millet.
6)Dans l’artisanat puis l’industrie, on réserve aux femmes les métiers qui touchent à leur genre : le textile et l’agro-alimentaire (le linge et la bouffe, des affaires de nénettes quoi)
7)En 1906 en Fr les ¾ des ouvrières travaillent dans le secteur textile-vêtement
8)Dans les usines textiles, qd il y a des hommes, ils sont au sommet de la hiérarchie des qualifications et des grilles salariales. Les métiers qualifiés et mieux payés de la coupe et de la presse sont ainsi traditionnellement réservés aux hommes
9)Après guerre, qd les femmes auront arraché de pouvoir occuper des postes plus qualifiés, notamment de la coupe et de la presse, les distinctions genrées continuent à agir
10)Laure Machu montre ainsi qu’il subsiste au sein des métiers de la presse une division du travail qui attribue aux presseurs le travail des matières nobles comme le drap alors que les presseuses ne s’occupent que du coutil ou de la toile !
11)Le travail des matières réputées nobles est réservé le plus souvent aux hommes :
En 1867, un délégué ouvrier à l’Exposition universelle de Paris s’exprimait ainsi : « A l’homme, le bois et les métaux ; à la femme, la famille et les tissus »…
12)Autre ex parlant
Quand on regarde les archives des usines taylorisées, le poste de « dévideur cuivre sur machine » est mixte.
Mais il est classé "OS machine" lorsqu’il est occupé par des hommes et "OS montage" et divers s’il est occupé par des femmes.
13)Alors que c’est LE MEME BOULOT.
Or "OS machine" est mieux payé que "OS montage".
14)Des lieux communs s’enracinent.
Les femmes auraient naturellement les qualités suivantes : dextérité, patience, précision. (Les hommes : force, inventivité…)
15)Tout cela tend à essentialiser le travail et les travaux des femmes. On n’y voit pas savoir faire ou qualification mais aptitude naturelle, innée, ce qui justifie la faiblesse des salaires
16)pendant une très grosse partie du 19e le monde des bureaux est resté une affaire d’hommes. Déjà parce que longtemps ils étaient plus alphabétisés que les femmes (du fait du manque d’enseignement primaire féminin) et parce que c’était alors prestigieux
17)Mais avec l’invention de la machine à écrire (1884) qui déqualifie le boulot puisqu’il ne faut plus avoir une belle écriture, les hommes ont abandonnés les postes d’employé de bureau et ont été remplacés par des femmes. Les salaires s’effondrent.
18)Prenons aussi l’exemple des postes et du téléphone à la fin du 19e, début 20e. au début, le métier était mixte. Bien.
Mais les femmes étaient payées 40% de moins que les hommes pour les mêmes taches...
19)Résultat les femmes protestaient en constatant les différences de salaires.
(logique)
20)Résultat, on a fini par faire passer une loi qui féminisait à 100% la profession des « demoiselles du téléphone », ce qui permettait de payer tout le monde à de faibles salaires
21)Et rien n’est fait pour que ça change puisque qd on met en place des enseignements professionnels, c’est juste pour les hommes.
Les 1ères écoles pour former des cadres d’industries sont aussi fermées aux femmes.
22)Quand on a créé les premiers CAP (permettant qualification et salaires plus élevés…) au lendemain de la seconde guerre mondiale, on a créé des CAP couture pour les filles, métallo que pour les hommes !
(donc sur un même poste en usine métallo, un homme qui avait un CAP était mieux payé qu'une femme qui ne pouvait pas en avoir un!!!)
23)Au 19e siècle, dans les hôpitaux, il n’y avait pas de femmes médecins, il n’y avait que des femmes infirmières (mais il n’y avait PAS de formation à la médecine ouverte aux femmes)
24)Il a fallu attendre le 20e siècle pour qu’on ouvre les professions tertiaires valorisées (et bien payées) aux femmes : médecine donc, le droit (avocat (début 20e), juge (1945)) puis les grandes écoles…
25)Le bac féminin n’est créé qu’en 1919. L’école des Ponts et Chaussées n’est ouverte aux femmes qu’en 1959, Polytechnique en 1972 (Anne Chopinet est majore lors du premier concours ouvert aux femmes), HEC en 1973
26)Des métiers deviennent mixtes donc.
Bientôt se féminisent (prof, avocat, juge...). Or tous les travaux montrent que dès qu’un métier se féminise, ben les salaires stagnent accusant à nouveau la différence de salaires hommes /femmes
27)Donc où les le « choisi » ici ?
Les femmes subissent une division genrée du travail, un division genrée des salaires.
Et même si ça s’améliore, cela reste très insuffisant
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Massacre du 17 octobre 1961 à Paris…
Il y a 60 ans
N’oublions jamais.
(fil à dérouler)
1)Le 17 octobre 1961 a eu lieu la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine.
Une répression longtemps occultée…
2)Rappelons un peu le contexte
En janvier 1961 un référendum avait donné une très nette majorité (75 %) en France métropolitaine comme en Algérie en faveur du processus de paix.
5 et 6 octobre 1789
Les femmes et le peuple parisien vont chercher Louis XVI et le ramènent à Paris
LT auj et demain
1)Le 5 octobre est le jour de 1789 où le pain fut le plus cher à Paris. La faim menace. Place de Grève, devant l'Hôtel de Ville de Paris, la foule assemblée interpelle la Commune de Paris
2)Le peuple ne s’explique pas le manque de pain car les récoltes ont été bonnes. Les Parisiens voient dans cette situation un nouveau « complot de famine » qui les viserait
Le 4 octobre 1816 naissait à Paris Eugène Pottier, l’auteur de l’Internationale !
1)Pottier était dessinateur sur étoffe, mais aussi chansonnier. I
Il compose sa première chanson en 1830, "Vive la Liberté"
2) Révolutionnaire en 1848, il est sous l’Empire à l'origine de la création de la chambre syndicale des dessinateurs, qui adhère ensuite à la Première Internationale
Je découvre un exemple marrant de "perruque" chez les verriers anglais.
La perruque est, pour rappel une pratique des ouvriers d’usine consistant à détourner les matériaux, outils, machines du patron au profit d’une création pour soi
(ci dessous des objets fabriqués en perruque)
La "perruque" ce sont les ouvriers qui se fabrique ici des plats, là des presses papiers, ou des jeux pour les enfants
Y’a un super bouquin la dessus !
Bref, les verriers d’usine pratiquaient aussi la perruque qu’ils appelaient « le bousillage ».
Et une des formes était le « after hour glass », verre d’après le travail.
C’est à dire qu’ils restaient un peu après l’heure pour se faire leur objet !
je vois passer bcp de messages qui se félicitent du débat #MelenchonVsZemmour
j’y lis que "ce sera enfin un débat de qualité", un débat argumenté…
Cela revient à considérer Zemmour comme un interlocuteur avec qui on peut débattre et argumenter. Le pb, il est là.
On ne peut pas ni débattre avec Zemmour, ni encore moins le reconnaître comme qq un avec qui on peut débattre et argumenter. Quelle que soit la qualité de qui serait face à lui.
Zemmour n’argumente pas il assène.
Il ne débat pas puisqu’il ne prend aucun compte des arguments qui peuvent lui être opposés.
Il n’argumente pas puisque ce qu’il dit ne repose sur aucune donnée, aucun fait, les torde même allègrement.
alors coco petit rappel
"L'omission du féminin dans le dictionnaire contribue plus qu'on ne le croit à l'omission du féminin dans le droit. L'émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée."
Hubertine Auclert, en 1898!!!
donc tu vois, c'est ancien!!!
suite du texte d'Auclert
"L’émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée. N’est-ce pas à force de prononcer certains mots qu’on finit par en accepter le sens qui tout d’abord heurtait ? "
"La féminisation de la langue est urgente, puisque, pour exprimer la qualité que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots"