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On commence à voir poindre un peu partout des articles parlant de "l'effet Hoskins" ou "péché antigénique originel", quand les vaccins mis à jour contre Omicron sont évoqués.
Exemple ci-dessous 🔽
(via @MerylSwanLake, merci 🙏)
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Tout d'abord, qu'est-ce que "l'effet Hoskins" ou "OAS" (Original Antigenic Sin" ?
C'est un phénomène immunologique qui peut être observé face à des agents infectieux capables de se diversifier en lignages/variants ayant des propriétés antigéniques distinctes...
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Distinctes mais partiellement communes...
La réponse immunitaire dirigée contre l'un de ces lignages, est alors faiblement active contre les autres lignages (= peu d'immunité croisée).
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L'effet Hoskins peut se manifester lorsqu'on rencontre le lignage B, alors qu'on avait déjà rencontré auparavant le lignage A.
Il correspond à l'absence de mise à jour de la réponse immunitaire contre le nouveau lignage B !
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Au lieu de répondre contre le lignage B, le système immunitaire ne fait que réactiver sa mémoire contre le lignage A... Notre immunité reste alors "coincée" au stade A.
Quelques illustrations pour schématiser le problème 🔽
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Imaginons tout d'abord une Spike virtuelle, correspondant au lignage A.
Cette Spike est l'antigène A, porteuse des épitopes A1, A2, A3, A4, A5... = cibles de nos anticorps neutralisants
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Ces épitopes A1, A2... vont être reconnus par notre système immunitaire, et aboutir à la production d'anticorps capables de s'y fixer.
Ces anticorps portent alors une structure appelée "paratope" (P1, P2...), spécifiquement adaptée à l'épitope correspondant
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Comment répond notre système immunitaire, lorsqu'il rencontre pour la 1ère fois cette Spike A et ses épitopes A1, A2... ?
De manière générale, il produit : 1) une réponse primaire lors du 1er contact 2) une réponse secondaire lors du 2ème contact
Lapalissade ? non...
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La réponse primaire correspond à l'amorçage d'une réponse immunité adaptative, spécifiquement dirigée contre A1, A2...
Elle est à ce stade :
A) de faible amplitude
B) de faible durée
C) de faible activité
D) de faible maturité
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Lors de cette 1ère réponse, quelques-uns de nos lymphocytes sont capables de reconnaître A1, A2...
Cela tient à la diversité+++ des récepteurs à la surface de ces lymphocytes.
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Le hasard fait que dans cette diversité+++, une petite fraction est capable de reconnaître les épitopes portés par des "intrus" qui pénètrent dans notre milieu intérieur.
Ces lymphocytes sont alors "sélectionnés" = ils s'activent, prolifèrent...
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Ils se différencient en cellules effectrices (plasmocytes producteurs d'anticorps), et en cellules mémoires.
Mais à ce stade, cette réponse part de 0 !
Elle est donc "immature", et peu intense.
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La réponse secondaire est induite par un 2ème contact, et correspond à une amplification de la réponse primaire :
A) plus forte amplitude
B) plus longue durée
C) plus forte activité
D) maturation
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Lors de ce 2ème contact, il se reproduit tout d'abord la même réaction que lors du 1er contact : parmi tous nos lymphocytes, certains reconnaissent A1, A2... et entament leur réponse primaire.
MAIS, en parallèle, les cellules mémoires issues du 1er contact s'activent...
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Elles entrent alors en forte activation/prolifération. Leur réponse se surajoute à la réponse des nouveaux lymphocytes sélectionnés lors du 2ème contact.
Ces cellules mémoires sont aussi plus anciennes, et ont "maturé" (leurs anticorps ont gagné en diversité/affinité)...
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Ce phénomène est illustré concrètement avec les données d'immunogénicité obtenues durant la phase 2 des essais cliniques réalisés par Pfizer et ModeRNA.
Commençons avec Pfizer : ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
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Sur ces histogrammes, les barres bleues correspondent au vaccin Comirnaty (BNT162b2).
En haut ce sont les concentrations d'anticorps mesurées dans le sérum (sérologies).
En bas, l'activité neutralisante de ces anticorps contre SARS-CoV-2...
Les flèches noires = 💉1 et 💉2
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On voit que 3 semaines après la 💉1 (à J21), on détecte une production d'anticorps spécifiquement dirigés contre Spike, mais cette réponse est ~16x plus faible que ce qu'on obtient 1 semaine après 💉2 (à J28)
La réponse primaire est de faible intensité 🤷♂️
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On constate aussi, que ces anticorps n'expriment quasiment aucune activité neutralisante contre le virus, 3 semaines après 💉1 (à J21), mais elle est décuplée 1 semaine après 💉2 (à J29) avec une ↗️↗️↗️ x19
La réponse secondaire est indispensable à l'activité neutralisante.
Graphe A = production d'anticorps (sérologie)
Graphes B, C et D = activité neutralisante de ces anticorps, contre SARS-CoV-2
Les histogrammes pour 100µg correspondent au SpikeVax.
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Entre J1 et J29, on observe la réponse primaire induite par 💉1.
A partir de J36, 1 semaine après la 2ème dose, on observe la réponse secondaire induite par 💉2.
Sur le graphe A, on constate que la production d'anticorps ↗️ >x25 sous l'effet de 💉2
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Au passage, vous pourrez constater que la réponse immunitaire est plus intense avec la vaccination, GMT = 1 128 391 (95% CI, 636 087 à 2 001 717), qu'avec l'infection (cf. convalescents GMT = 138 901 ; 95% CI, 82 876 to 232 799) 🤷♂️...
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Sur le graphe B, on peut suivre l'évolution de l'activité neutralisante à J29 = 4 semaines après 💉1 ; et J36 = 1 semaine après 💉2
Là encore, activité décuplée x24 lors de la réponse secondaire induite par 💉2
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Sur le graphe C, on peut suivre l'évolution de l'activité neutralisante à J29 = 4 semaines après 💉1 ; et J43 = 2 semaines après 💉2
Là encore, activité décuplée x20 lors de la réponse secondaire induite par 💉2
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Au passage, là encore, l'activité neutralisante après 💉2 est nettement supérieure à celle qui est induite par l'infection.
A J57 = 242 (95% CI, 147 à 399) ou 324 (95% CI, 212 à 496) chez vaccinés 💉2
Chez convalescents = 106 (95% CI, 60 à 189) 🤷♂️
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J'insiste sur ce petit aparté car sur les plateaux TV on entend encore des clowns qui prétendent que l'immunité par infection est supérieure à l'immunité vaccinale.
Les données prouvent le contraire.
Ils font donc de la désinformation manifeste 🤷♂️
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On revient donc à l'effet Hoskins et à nos illustrations.
Imaginons maintenant ce qui se passerait si on rencontrait ultérieurement un nouveau variant, porteur d'une Spike B, avec certains épitopes mutés :
A1, B2, B3, A4, B5 (mutation de 3 épitopes sur 5).
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On constate que 3 de nos clones d'anticorps (porteurs des paratopes P2, P3 et P5) ne seront plus capables de se fixer et de neutraliser Spike B.
C'est ce qui se passe avec Omicron, on perd une grande partie de nos capacités de neutralisation.
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On veut alors développer un vaccin 2.0, adapté à la Spike B, afin d'induire une nouvelle réponse immunitaire adaptée aux nouveaux épitopes B2, B3 et B5.
C'est là que les "supporters" de l'effet Hoskins font parler d'eux...
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Comment répondra le système immunitaire à ces nouveaux épitopes ???
Tout dépend de leur caractère "immunodominant" = leur capacité à être reconnus, et donc à induire une réponse préférentiellement dirigée contre eux (mécanisme nécessaire à la "mise à jour" immunitaire)
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Si on prend l'exemple d'Omicron, la plupart de ces mutations de Spike correspondent à un échappement aux anticorps induits par l'infection avec le variant Beta ! biorxiv.org/content/10.110…
(via @Gab_H_R 🙏)
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Les mutations d'Omicron sont donc des mutations d'échappement immunitaire favorisées par l'infection avec le variant Beta.
Cela indique que ces épitopes de Spike étaient immunodominants chez Beta (puisqu'ils ont induit des anticorps qui ensuite sélectionné Omicron)
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Toute la question est : ces épitopes mutés chez Omicron, sont-ils toujours immunodominants ?
C'est là que ça se complique, et c'est là que l'effet Hoskins POURRAIT se manifester.
Pour l'illustration, on va prendre 2 cas : 1) Pas immunodominants 2) Tjs immunodominants
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Cas n°1 = pas immunodominants chez Omicron
= effet Hoskins maximal
= on serait dans la mouise ! 😅
Illustration.
On développe le vaccin 2.0 adapté à Omicron (représenté par Spike B).
On l'administre... Que se passe-t-il ?
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Les épitopes B2, B3 et B5 ne sont plus immunodominants, ils ne sont pas reconnus, n'induisent pas de réponse immunitaire spécifique contre eux = "transparents" pour notre immunité.
Seuls A1 et A4 sont à nouveau reconnus.
On obtient donc juste un boost contre A1 et A4...
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Cette situation extrême est tout à fait irréaliste mais sert à illustrer l'effet Hoskins.
On met le vaccin à jour, mais notre système immunitaire, lui, ne se met pas à jour quand on nous l'administre ou qu'on s'infecte avec Omicron.
Pas de protection acquise contre Omicron.
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Au passage, j'arrête tout de suite ceux qui seraient tentés de dire "mieux vaut alors l'immunité par infection" 🤡
Eh non ! La probabilité d'effet Hoskins est bien plus forte avec l'immunité post-infection, qu'avec l'immunité vaccinale...
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Pourquoi ?
Avec 💉, vous n'êtes immunisés que contre Spike. Toute votre immunité est concentrée sur un petit nombre d'épitopes associés à la neutralisation du virus.
Avec l'infection, vous êtes immunisés contre Spike, mais aussi contre tous les autres antigènes viraux !
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Quand vous rencontrerez Omicron, la réponse immunitaire dirigée contre ses nouveaux épitopes (mutations), sera alors diluée dans un bien plus grand pool de cellules mémoires.
La compétition entre les épitopes sera alors bien plus forte et diverse...
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La réponse spécifiquement dirigée contre les nouveaux épitopes d'Omicron sera donc noyée dans toute votre mémoire de l'infection précédente !
Votre "mise à jour" immunitaire sera donc bien moins efficace via l'infection que via la vaccination.
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On revient à nos 2 cas d'illustration.
Cas n°2 = toujours immunodominants (bien plus réaliste)
Dans ce cas B2, B3 et B5 vont être reconnus.
Mais si vous avez bien suivi, quelle va être la réponse contre eux ???
Primaire ou secondaire ???
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Pour répondre, il suffit de réfléchir au nombre de rencontres avec A1, B2, B3, A4 et B5.
Pour A1 et A4 = 3ème rencontre = réponse secondaire boostée
Pour B2, B3 et B5 = 1ère rencontre = réponse primaire 🤷♂️
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Quelle est la conséquence vis-à-vis de la dose mise à jour ?
Pour A1 et A4 = réponse secondaire = forte intensité (très haut titre d'anticorps), forte activité (neutralisation++), maturité+++ (cellules mémoires anciennes)
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Pour B2, B3 et B5 = réponse primaire = faible intensité (peu d'anticorps produits) ; faible activité (peu ou pas de neutralisation) ; immaturité (1er contact, pas de maturation de la diversité/affinité des anticorps correspondants) 🤷♂️
(cf. posts 16 à 26)
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Donc si on s'arrête à 1 seule dose du vaccin 2.0, son efficacité sera faible face à la Spike B, car les anticorps spécifiquement dirigés contre les NOUVEAUX épitopes de Spike B, seront immatures, et en faible quantité = peu d'activité = peu de protection / peu durable
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Mais je veux attirer votre attention+++ sur ce point : ce N'EST PAS un effet Hoskins !
C'est juste un schéma vaccinal incomplet ! 🤷♂️
Il manque simplement une 2ème dose du vaccin 2.0, pour obtenir une réponse secondaire contre B2, B3 et B5
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Avec 2 doses du vaccin 2.0 (comme un nouveau schéma complet), on obtient alors :
une réponse secondaire boostée contre A1 et A4 ;
une réponse secondaire contre B2, B3 et B5
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Où serons-nous entre le cas 1 et cas 2 ?
Effet Hoskins ou pas effet Hoskins ?
Les autorités tiendront-elles compte des différences entre réponse primaire et réponse secondaire ?
Questions 1 et 2 = les essais cliniques répondront.
Question 3 = les pays de science répondront
Avec le graphe C c'est mieux 😅
Pour illustrer ces propos (article transmis par @MerylSwanLake merci+++🙏) :
1/14
Un des arguments des anti-pass vaccinal m'étonne, m'interroge :
"Alors un vacciné non testé pourra contaminer des gens autours de lui, alors qu'un non-vacciné testé serait moins dangereux"... !?
Mais je croyais que...
2/14
Désormais, la population européenne semble très majoritairement favorable à l'idée de laisser le virus circuler massivement et nous infecter/ré-infecter régulièrement.
Alors au contraire, le pass vaccinal prend tout son sens dans ce contexte !...
3/14
Je n'ai jamais caché ma préférence pour l'obligation vaccinale plutôt que des pass (qu'ils soient "sanitaire" ou "vaccinal").
Mais si on y réfléchit bien, dans une population qui préfère laisser les siens s'infecter massivement, le pass vaccinal est très rationnel...
1/55
Depuis plusieurs semaines, vous avez forcément entendu ces propos au sujet des vaccins anti-COVID :
"le vaccin n’est pas parfait, sinon il nous protègerait longtemps, comme pour la grippe" ;
"ce n'est pas un vrai vaccin, sinon on n'aurait pas besoin de tant de doses"...
2/55
Petit thread pour illustrer l'aberration de ces propos, ainsi que la confusion entre données biologiques et "frustration" individuelle de ne pas avoir vu le mythe de la Panacée devenir réalité 😅
3/55
Tout d'abord, à propos de la possibilité d'être infecté malgré la vaccination.
Je ne compte plus combien de fois j'ai eu à le rappeler, mais un vaccin systémique face à un virus respiratoire, NE PEUT PAS empêcher l'infection...
1/18
Juste un petit thread pour illustrer la petite musique qui monte ("il faut laisser Omicron diffuser dans la population, on aura l'immunité collective", "il faut vivre avec de toute façon")...
2/18
Oubliant qu'Omicron est doté d'un échappement immunitaire significatif (c'est le 1er variant appartenant à un nouveau cluster antigénique !), on entend "il est bénin"... medrxiv.org/content/10.110…
3/18
Non, il n'est pas bénin.
Il est simplement capable d'infecter plus fréquemment les immunisés. Ainsi, on documente bcp+ de cas chez des sujets dont le risque de dégradation clinique est diminué grâce à leur immunité préalable 🤷♂️
THREAD V2
1/61
Depuis qqs jours, une info circule beaucoup et me laisse plus que perplexe :
Omicron infecterait préférentiellement les vaccinés, et cela montrerait qu'ils sont en fait mieux protégés contre les formes graves avec Omicron qu'avec Delta !?
2/61
Cela me paraît être un constat simpliste qui :
A) confond la circulation virale perçue et circulation virale réelle
B) fait fi des données épidémiologiques antérieures et récentes qui contredisent ces propos
3/61
Avant de développer ces points, je rappelle que l'ICL et l'UKHSA indiquent eux-mêmes que la circulation virale PERÇUE, ne représente que 33% de la circulation virale RÉELLE !
1/14
L'anticipation est souvent la variable manquante dans la gestion de cette pandémie.
Cette fois, il serait tout de même important d'anticiper une dégradation dans les services de pédiatrie.
Les données relatives à Omicron contiennent plusieurs signaux de vigilance...
2/14
Je ne reparle pas des données lacunaires relatives aux bronchiolites et confusion entretenue entre le syndrome clinique (bronchiolite) et l'étiologie virale (attribuée au VRS alors que les données montrent que la part des bronchiolites VRS+ est inhabituellement basse)...
3/14
Déjà évoqué à maintes reprises, exemples : 1)
1/8 RAPPEL+++ / Coup de gueule+++ 🚨🚨🚨🚨🚨
Depuis les recos du Conseil scientifique hier, à propos des tests avant les fêtes de fin d'année, on constate une lourde désinformation/dérive sur l'usage des différents types de tests !
Alors on rappelle la base 🔽🔽🔽
2/8 Les AUTOTESTS (= tests antigéniques sur auto-prélèvement NASAL) = la plus faible sensibilité et spécificité
NE DOIVENT PAS être utilisés si :
A) Symptomatique
ET/OU
B) cas-contact d'un infecté
3/8 Si vous êtes dans un de ces 2 cas (sympto ET/OU contact), vous devez effectuer :
A) un test RT-PCR (test de référence)
OU
B) un test antigénique (si pas d'accès rapide possible à une RT-PCR)