C'est l'histoire d'un cimetière juif placé pile sur la frontière franco-suisse...
Amateurs de curiosités géographiques et d'histoire juive, ce thread sur le cimetière israélite de Veyrier est pour vous. #WW2#Aliyah
La communauté juive genevoise n'ayant plus de place dans son cimetière historique décide en 1916 d'en fonder 1 nouveau.
Problème : la loi cantonale interdit d’agrandir ou fonder de nouveaux cimetières confessionnels.
Solution : en créer un à cheval sur la frontière
Un terrain est donc acheté dans la commune limitrophe de Veyrier en 1920.
Une localisation qui va avoir un grand intérêt lorsque la Seconde Guerre mondiale va éclater.
(vue aérienne)
Le cimetière reste en service au début du conflit et permet des franchissements clandestins de Juifs se réfugiant en Suisse.
Les passages se font de nuit. Les réfugiés sont cachés dans l'oratoire puis acheminés vers Genève.
(l'entrée, côté suisse)
La partie française du cimetière se retrouve en zone d'occupation italienne en nov. 42. Les militaires italiens laissent faire les passages clandestins par le cimetière, voir y participent directement.
Lyon est le centre de la Résistance, y compris de la Résistance juive. La liaison avec Genève en Suisse est vitale pour faire passer les infos, argent, armes.
(l'oratoire du cimetière où se cachaient les réfugiés)
En septembre 43, les Allemands envahissent la zone libre et entourent le cimetière de barbelés, de rares passages ont toutefois encore lieu.
A la Libération, le cimetière retrouve son rôle de point de passage, cette fois-ci dans l'autre sens.
De nombreux réfugiés juifs souhaitent rejoindre Eretz Israël mais n'ont pas les papiers pour transiter en France puis prendre le bateau à Sète ou Toulon.
Alors ils passent par le cimetière, ils sont aidés en France par les cheminots, les mêmes réseaux qui avaient aidé les Juifs de France pendant la Guerre.
Un sanatorium de la SNCF ce trouve juste à côté du cimetière, de là les cheminots emmènent les réfugiés au train d’Evian puis ils poursuivent leur voyage jusqu'aux ports
(l'Exodus, parti de Sète en 47)
Je ne peux finir ce thread sans évoquer les personnalités enterrées dans ce cimetière frontalier.
La plus célèbre, Albert Cohen
Mais aussi un personnage qui m'est cher, Štefan Lux, journaliste tchécoslovaque qui s'est suicidé en pleine session de la SDN en 36 pour alerter le monde sur les périls de l'antisémitisme allemand. fr.wikipedia.org/wiki/%C5%A0tef…
Zino Davidoff, le roi des cigares, ou encore le philanthrope Edmond Safra (voir le thread de @eyejewgirl que je remercie car c'est à sa lecture que j'ai eu envie de faire ce fil sur un cimetière hors du commun)
Je recommande vivement la lecture de l'article #Wikipédia , je pense qu'il a été en grande partie rédigé par Jean Plançon, LE spécialiste du cimetière de Veyrier
Enfin un univers de la connaissance non restreint par une bibliothèque municipale 1 peu vieillotte, même l'encyclopédie Universalis c'était franchement léger quand on s'intéresse à l'économie du Turkménistan
Et puis la participation, un kiff, le côté immédiat, le partage, échanger avec d'autres geeks, apprendre à être très rigoureux sur les sources. Le côté multilingue et international aussi.
J'ai déjà raconté cette histoire ici.
Ma grande tante Gaby (z"l) était 1 enfant cachée.
Son père, représentant du KKL menait un certain nombre d'activités clandestines, la famille avait échappé de justesse à la Gestapo à Lyon
⤵️
Alors la petite Gaby avait été cachée dans une maison d'enfants, vers Aix-les-Bains.
On lui avait dit de se déclarer catholique si on lui posait des questions, mais elle avait éclaté en sanglots, elle ne voulait pas aller à la messe.
Un compromis avait été trouvé : tu seras protestante. Il n'y avait pas de temple protestant dans les environs, donc pas de nécessité d'assister à l'office.
Je préviens, ça va partir dans tous les sens, sécurité alimentaire, science et éthique, guano, identité juive, nationalisme allemand, armes de destruction massive, sionisme, femmes et science, explosion démographique
Entre-autres
J'ai repensé à Haber suite à un tweet de @sandrousseau Elle propose aussi dans son programme de mettre fin en 5 ans à l'usage des engrais chimiques. On va dire que je suis dubitatif.
Mais poursuivons sur Haber
Fritz nait dans une famille juive de Prusse en 1868.
Il est de cette génération de Juifs qui ont participé à faire briller la science allemande, la génération d'Albert Einstein. Les 2 hommes, très différents entretenaient un lien d'amitié solide.
L'etrog, agrume préféré des Juifs occupe une place importante dans les rites de Soukkot, fête qui vient de s'achever.
Un thread de géohistoire judéobotanique.
L'etrog est un cédrat, ce fruit qui ressemble grosso modo à un citron, mais avec une fragrance sublime et une peau très épaisse.
Mais attention, un cédrat n'est pas nécessairement un etrog, on y reviendra
Chaque année, à soukot, les Juifs prient et secouent les 4 espèces vers les points cardinaux, en haut et en bas. Ces 4 espèces sont la palme de dattier, la myrte, le saule et la star : le peri etz hadar, aka l'etrog