La perspective d'un accès payant à l'enseignement supérieur ne signifie pas seulement des inégalités mais aussi une plus grande dépendance du crédit pour les ménages avec enfants, comme c'est déjà le cas aux USA. Ce qui signifie aussi que les inégalités d'accès au crédit
deviendront plus déterminantes - que la position sociale des individus dépendra encore plus qu'aujourd'hui de leur proximité avec le monde financier et bancaire, et de leur capacité à se conformer à ses attentes.
Ce n'est pas une vue de l'esprit. Aux États-Unis déjà les pratiques de scoring des banques - le fait que chacun ait un "crédit score" calculé en fonction de ses comportements économiques - influence les façons de vivre de façon profonde.p
Par exemple, il vaut mieux utiliser une carte de crédit qu'une carte de débit : emprunter et rembourser fait augmenter vitre score, pas le fait d'utiliser seulement l'argent que vous avez déjà... Autre exemple : si vous vous mettez en couple avec quelqu'un qui a un score
inférieur au votre, vous aurez plus de mal à emprunter ensemble que si vous étiez seuls - vous avez donc intérêt à bien réfléchir avant de tomber amoureux...
Bref : l'annonce de Macron n'est pas que la promesse d'une fermeture de l'enseignement supérieur mais aussi d'une progression de la financiarisation de la vie quotidienne.
Il y a un ensemble de travaux américains et français (Jeanne Lazarus) sur la financiarisation de la vie quotidienne. Si ça vous interesse, je les aborde dans le chapitre 4 de mon bouquin
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Je ne suis pas en grève contre le virus ou contre le protocole sanitaire. Je suis en grève contre l'incapacité de Blanquer a produire un protocole sanitaire protégeant élèves et personnels. Je suis en grève contre la destruction de l'école, du savoir et des élèves.
Je suis en grève contre un ministre qui ne sait pas gérer un ministère. Qui est tellement vendu aux établissements privés qu'ils ne s'en cachent même pas. Qui préfère les paniques morales conspirationnistes aux valeurs de la République. Qui veut voir vos enfants échouer.
Je suis en grève contre un avatar français de Trump, contre la dégradation continuelle des conditions d'exercice de mon métier, contre le sacrifice des élèves et de leur avenir sur l'autel de la réduction budgétaire, contre une réforme mal conçue et mal mise en œuvre.
Bon, après, avec tout le respect que je dois à François Dubet, le début de son texte est vraiment pas top. Le premier paragraphe, notamment, est du beau WTF où, plutôt que de clarifier un débat public en expliquant honnêtement des notions et des courants de pensées, il valide
juste le cadrage des paniques morales à la monde. On peut critiquer l'intersectionnalité, hein, j'ai rien contre, mais la résumer à un "truisme sociologique" sans expliquer ce que c'est ni pourquoi on le dit, c'est problématique.
On ne trouve pas de remplaçants en temps normal. Parce que les postes ont été supprimé, la rémunération est ridicule, les conditions d'emplois impossibles. Et la solution géniale du gouvernement, c'est "mettre littéralement n'importe qui devant les élèves".
Quand vous prenez quelqu'un d'absolument pas formé au métier de prof, que vous le balancez avec un service complet, des classes à 35, et rien d'autre, vous créez de l'échec et vous créez de la souffrance. C'est ce qui se fait depuis trop longtemps.
Rajoutez-y une période de pandémie, des élèves qui n'en peuvent plus, au lycée, la pression des évaluations de spé en Mars (MARS !), et vous pensez que ça va finir comment cette blague ?
Rajoute "dans le respect des gestes barrières" à une citation de SHS
"Nous estimerions que nos recherches ne mériteraient pas une heure de peine si elles devaient avoir qu'un intérêt spéculatif dans le respect des gestes barrières"
"Le barbare c'est avant tout celui croit à la barbarie dans le respect des gestes barrières"