1. Primaire populaire : mais pourquoi sont-ils si agaçants ? Quelques hypothèses.
2. J'ai beaucoup vu tourner cette vidéo de Samuel Grzybowski, un des leaders du mouvement politique startuppisé "Primaire Populaire". Du coup, je l'ai regardé. J'ai mieux compris à qui on avait à faire et qu'au delà de la blague on avait affaire à un phénomène inquiétant.
3. La forme : lorsque j'ai débattu sur @_alairlibre avec Grzybowski, j'ai eu une "alerte macroniste" vu le ton général de positive attitude néolibérale qui se dégageait de la moindre phrase : "l'espoir", "le changement", "l'envie", "tous ensemble" :
4. Ces mots creux ont pour point commun d'être utilisés par les politiques comme par les DRH. Ce sont des mots non référentiels. "vivre ensemble", avec qui ? "le changement" vers quoi ? "L'espoir" pour qui ? Le principe est ne rien préciser pour tout laisser ouvert, même le pire.
4. Outre le fait que Monsieur Grzybowski se réjouissait sur Twitter, en 2016, de la candidature Macron, le personnel de la primaire a toute la sociologie de l'électorat macroniste : grandes écoles, écoles de commerce, urbain, aisés...
6. Ce n'est pas neutre. Ce n'est pas neutre que nous ayons encore des bourgeois ou sous-bourgeois qui se sentent une telle autorité à nous dire ce qui est bon pour nous, c'est dans leur idéologie. D'où leur amour de la technique de la primaire :
7. La primaire, ce n'est pas une méthode neutre : c'est un système censitaire, pour les gens les plus politisés et les plus déterminés - sociologiquement les plus aisés et diplômés, c'est un fait confirmé par la composition sociale des participants aux primaires précédentes.
8. C'est donc "entre gens bien" qu'on va aller trancher - en amont de l'élection présidentielle - les sujets qui fâchent. La question de la candidature donc, celle du fond étant écartée par les leaders de la primaire qui ne s'emmerdent pas avec l'âge de la retraite par exemple.
9. la primaire populaire n'a donc évidement rien de populaire, ni par sa composition ni par sa façon d'agir comme une start up politique. Regardez comme Grzybowski, dans son petit topo selfie, parle des adhérents : "on a la plus grosse Data". Ok, vous êtes de la data.
10. Et de la Data qui leur appartient désormais, et qui, maintenant que tous les candidats se sont présentés sans eux, y compris leur protégé, Christiane Taubira, ils vont faire du chantage à la data pour continuer de "peser", utilisant leurs adhérents comme monnaie d'échange.
11. Derrière un objectif "noble" bien que pété, une petite entreprise politique s'est donc propulsée pour être désormais en capacité de peser dans le game, pour insuffler de la bourgeoisie et des éléments de langage macroniste dans "la gauche". ça vous rend pas dingue ?
12. "la primaire populaire" confirme et accentue ce que la politique française est devenue : un terrain de jeu pour activistes professionnels, véritables entrepreneurs de la parole creuse et de la stratégie politique, à l'image de Macron leur figure tutélaire, consciente ou non.
5. Le reste de mon fil s'est barré ici allez savoir pourquoi
L'engagement politique sans l'amitié je n'y ai jamais cru : grâce à @SelimDe Frustration est passé du papier au web et s'est épanoui tout en gagnant en notoriété. Nos journées et nos soirées passées à discuter de nos colères, de nos espoirs, de nos vies, ça n'avait pas de prix.
Frustration est un média politique qui évolue avec les personnes qui le compose. @SelimDe y a imprimé sa marque : je pense notamment à son exigence sur la forme, à ses excellents conseils d'écriture, et le plus précieux : donner de la chair à tout ce que nous écrivons.
C'est grâce à lui que Frustration est sorti de son style très pamphlétaire et un peu loin du terrain pour contenir du récit personnel, du reportage, de la vie quoi ! Et à titre personnel, il m'a énormément encouragé, a eu confiance en ce que faisions.
#PatronIncognito mettait hier en scène un patron de restauration rapide venant contrôler le travail de salariés au SMIC et sortir des phrases du genre "Isis ne se rend pas compte que donner 5 serviettes aux clients c'est des dizaines de centimes en moins à la fin de la journée"
A chaque épisode, le discours est le même : les salariés de base ne se rendent pas compte que les "process" mis en place par la direction servent à économiser le moindre bout de chandelle pour maximiser la profitabilité. Mais, au SMIC, pourquoi ils s'y intéresseraient au juste ?
Comme on est sur M6, l'histoire se veut "nuancée" et on aura le droit au point de vue du salarié, souvent bien amer. Hier soir, le cuistot Kylian craquait alors que son patron déguisé en collègue lui avait envoyé 15 clients d'un coup pour tester ses limites.
Pour fêter mes 25 000 abonné.e.s ,(merci !) Je partage ici mes articles de l'année dans @Frustration_web , ceux dont l'écriture a le plus compté pour moi :
1/Pourquoi dire "les gens sont cons", c'est con.
Je crois que c'est une des théoriques militantes et populaires que je trouve la plus toxique. Mélange de pessimisme et de sentiment de supériorité, elle ne mène nulle part.
2/L'amour plus fort que le capital. Love is all around et les révolutionnaires regardent ailleurs. L'amour, l'amitié, la camaraderie sont notre "déjà là communiste" et nous avons tort de penser qu'on peut lutter pour un monde meilleur en étant imbuvable. frustrationmagazine.fr/amour/
Ce matin au marché une dame adorable est venue me demander si c'était bien moi le rédac chef de Frustration et aussi vendeur de légumes. Eh bien oui, avec mon mari @hugohanr nous vendons la production de notre ferme puis je retourne dans mon bureau taper sur les bourgeois.
C'est lui le boss de la ferme, il est de plus en plus calé alors n'hésitez pas à le suivre !
Nous revendons aussi fruits, oeufs, miel pour compléter notre offre. Venez nous rendre visite, Saintes est une ville charmante !
On s'embête à donner des arguments politiques, programmatiques, expliquant pourquoi une candidature Taubira reproduit les dogmes en vigueur depuis 30 ans, mais pourquoi s'emmerder ? Le groupe social qui la soutient aime cette société là, pour ses membres la vie est une fête.
Pour eux, contester les injustices est une posture. Tout comme "faire des efforts pour sauver la planète". Ils (la sous-bourgeoisie citadine) aiment les gestes qui ne servent à rien, qui ne changent rien, car le monde tel qu'il est leur va, fondamentalement.
Par contre, ils aiment bien être "bien representés", par quelqu'un qui a du goût, de la culture. Le pire évènement politique de leur vie ? Pas la loi travail, pas la taxe carburant, pas la fin de l'ISF: quand Sarkozy a officialisé sa relation avec Carla Bruni à Disneyland.
1- Le bilan économique et social de Macron, c'est quoi ? Pour se rafraîchir la mémoire, petit retour sur ses mesures emblématiques et leurs effets :
2- L'une des 1eres mesures de Macron ce sont les ordonnances réformant le Code du travail (juillet 2017) : ont augmenté la possibilité de recourir à des emplois précaires (fin de la limitation du nombre de CDD renouvelables et de leur durée, l’introduction du « CDI de chantier »)
3- facilité le travail de nuit et mis fin à des critères de pénibilité permettant notamment la retraite anticipée : l’exposition à des substances chimiques, de port de charges lourdes, de postures pénibles ou d’exposition à des vibrations mécaniques retirés de la liste !