Thread by @CedricMas

#Ukraine Petit Thread sur ce premier jour d'offensive
Avertissement : Le brouillard de la guerre est total, les opérations sont à peine au début et il est trop tôt pour analyser sérieusement quoi que ce soit.
Juste partager qq éléments d'attention pour les jours prochains ⤵️

2/ Les Russes ont réussi leur effet de surprise. Ce n'était pas évident puisque tout le monde (le renseignement US et les Ukrainiens) savaient, et pourtant, cela a fonctionné.
L'effet est moral et souvent décisif : tétaniser l'ennemi, le convaincre que tout est perdu dès le début

3/ Cette surprise a nécessité une préparation et surtout une action psychologique et de guerre informationnelle & électronique élaborée. Elle va durer qqes heures, qqes jours.
Les Russes cherchent à tétaniser l'armée ukrainienne, pour provoquer redditions en masse, et délitement.

4/ Les Ukrainiens sont-ils vraiment préparés à subir ce premier choc et à tenir ?
Nul ne le sait, mais face à l'ampleur du volume des forces d'invasion, il faut des leviers de résilience : soutien rapide et tangible de la communauté internationale, succès locaux même ponctuels...

5/ En réalité, l'armée russe a les moyens de choquer l'armée ukrainienne pour provoquer son effondrement moral.
Mais pas les moyens de faire face à une résistance qui durerait, ni à la nécessité d'occuper le pays longtemps.

6/ Le second aspect intéressant de l'invasion est son aspect concentrique mais dispersé. Comme si l'armée russe cherchait à attirer l'armée ukrainienne loin de Kiev, où se situe évidemment l'effort majeur.
Les Ukrainiens semblent ne pas être tombés dans le piège.

7/ Pour l'instant l'opération essentielle est donc l'offensive depuis le Bélarus au Nord sur Kiev (le long du Dniepr) : deux axes (Tchernihiv à l'est et Tchernobyl-Ivankiv à l'ouest) et une attaque aéroportée pour la prise de l'aéroport d'Antonov à Hostomel.

8/ La prise de cet aéroport est stratégique puisqu'elle permettrait, si les Ukrainiens ne parviennent pas à la contre-attaquer, de débarquer directement par un pont aérien des moyens lourds à moins de 20km de Kiev. On retrouve une tactique employée en 1941 en Crète (Malème).

9/ Il est possible que dès cette nuit, une flotte d'avions gros porteurs amènent à Antonov des renforts.
Dans ce cas, l'effet moral sur les défenseurs ukrainiens de Kiev serait maximisé, mais si l'opération rate ou traîne, ils auront le temps de se ressaisir, et nous de les aider

10/ Autre pt d'attention : le Sud. Les moyens engagés en Crimée pour foncer vers le Nord semblent importants. Kherson est tombé, le Dniepr est franchi en moins de 24h. Mykolaïv est menacée & après elle, Odessa. L'Ukraine perdrait sa façade maritime, gage de négociation important.

11/ Là encore, c'est l'effet moral (abattre la volonté de résistance ukrainienne) qui est recherché. Resserrer progressivement le passage vers l'Ouest, pour provoquer la panique, et une fuite massive dans les pires conditions. Mykolaïv c'est aussi la porte du coeur de l'Ukraine.

12/ Enfin, les opérations à l'Est et sur le front du Donbass. C'est là que logiquement, les forces ukrainiennes sont les plus fortes. On discerne une attaque en pince, pour les couper du Dniepr et de Kiev, par Kharkov, Soumy...
Mais les distances sont grandes et le temps presse.

13/ L'histoire a montré que la boucle du Dniepr offre de multiples possibilités de manoeuvre pour celui qui a l'initiative.
Et celui qui a la supériorité aérienne a l'initiative.
L'enjeu va donc être de soutenir la défense antiaérienne de l'Ukraine pour en priver la Russie.

14/ Je rappelle qu'il est trop tôt pour tirer des analyses ou des bilans. L'effet de surprise peut produire encore ses effets 48 heures. Si Kiev ne chute pas, ou si l'armée ukrainienne ne s'effondre pas dans ce délai, le pari de Poutine aura raté et ce sera une autre guerre.
Fin.