Bcp de discussions sur combien de temps les forces ukrainiennes pourront tenir à ce rythme. La question se pose... mais côté russe également. Les ressources ne sont pas illimitées, et il y a plusieurs enjeux auxquels on accorde p-e pas toute l'attention qu'il faudrait 👇(1/17)
(2/17) (A) PERTES MATÉRIELLES :
En standards récents, les Russes perdent une quantité effroyable d'équipement. Le compte d'OSINT @oryxspioenkop recense p. ex. assidument les pertes *documentées* sur internet (photos/vidéos). C'est fiable, et le bilan en 12 jours est effarant 👇
(3/17) + de 850 véhicules russes détruits / abandonnés jusqu'ici, dont :
- 135 tanks
- 85 blindés de combat
- 180 transports de troupes
- 13 avions (tous types)
- 11 hélicoptères
Répétons-le : ce sont les pertes *documentées*, donc plusieurs totaux sont assurément supérieurs.
(4/17) Objection défendable: les RU disposent de milliers de véhicules encore. Oui, mais...
- Ils ne sont pas tous opérationnels/déployables immédiatement
- La Russie ne peut pas engager 100% de ses ressources en 🇺🇦. (Quid si une crise type Kazakhstan surgit demain p. ex?)
(5/17) 2e objection défendable: le matériel ça se rachète. Oui, mais... ça a un coût. Et la facture grimpe à vive allure.
- Sukhoi-34, coût/unité= approx. 37 mio $ (RU en a déjà perdu 4)
- Hélico Mi-24 = 35 mio $ la pièce (3-6 abattus)
- Tunguska (DCA) = 16 mio $ pièce (7 perdus)
(6/17) L’idée n'est pas de dire que RU ne peut pas se le permettre, mais de se demander jusqu'où elle est prête à encaisser. Selon les données de @oryxspioenkop, RU perd actuellement env. 15 tanks/jour. Sont-ils prêts à perdre 400 tanks d’ici fin mars?
(7/17) (B) LA MUNITION
Ca peut surprendre, mais auj. bcp de munitions clé sont chères et complexes à produire (bombes à guidage laser, etc) et même les grandes armées n'ont que des stocks limités. En 2014, 🇮🇱 a dû puiser dans stocks US au milieu de son attaque contre Gaza p. ex.
(8/17) Comme le souligne @ElieTenenbaum si la Russie maintient ce rythme sur la durée, certaines munitions vont p-e venir à manquer. Elle devra alors se rabattre sur d'autres mun./tactiques moins 'efficaces'. Ca serait un avantage comparatif qui s'érode.
(9/17) (C) LA LOGISTIQUE
Gros handicap russe en ce moment et pas vrmt de signes d'amélioration. À l'arrière, les Ukrainiens embusquent les convois en route vers le front et font des ravages. Tjr selon @oryxspioenkop RU a déjà perdu *au moins 255 camions*.
(10/17) À nouveau, on pourrait arguer qu’ils en ont des milliers d’autres en réserve. C'eut été a priori ma conclusion, mais… On commence à voir affluer vers le front tout un carnaval de véhicules de transport civils reconvertis. Des questions se posent.
(11/17) Renforcer l'escorte des convois? Oui, mais... risque de cercle vicieux: il faudra soit augmenter les effectifs engagés (-> ajoute au fardeau logistique) soit dégarnir les fronts qui déjà n'avancent pas vite (-> risque de prolonger l'hémorragie)
(12/17) (D) LES PERTES HUMAINES
C'est la grande inconnue de l'équation (et les limites de l'OSINT). Dur de croire au 10'000 avancés par UA, mais dur de croire aussi au 500 avancé par Moscou. NB: même à ce tarif, c'est déjà 4x les pertes encaissées par RU en Syrie… sur 5 ans.
(13/17) Une parenthèse sur ce point: le chiffre de 500 m'interroge. Quitte à falsifier les pertes, pourquoi pas 300 ou 200? J'imagine bien qu'il y a des raisons, mais sur quels critères se basent les décideurs pour fixer un chiffre? Si qqun a une hypothèse, je suis très preneur.
(14/17) Quel que soit le bilan réel, il risque d'augmenter sévèrement dans les j/sem qui viennent: RU semble mtn vouloir prendre les grandes villes (Kyiv, Kharkov, Mariupol) et le combat urbain est réputé extrêmement meurtrier, *surtout pour l'attaquant*.
(15/17) À nouveau, la ? n’est pas de savoir si la Russie peut ou non se le permettre, mais jusqu’où elle est prête à encaisser. Le moral semble déjà très bas, plusieurs haut-gradés tués, et il y a des indices de désertion ça et là (à nuancer, évidemment).
(16/17) Est-ce à dire que RU ne peut pas gagner? Non! Ou plutôt: aucune idée. Mais on voit que la machine se grippe, voire se consume. Si elle n'a pas fait sauter le verrou en pleine forme, que peut-elle espérer accomplir en l'état? La réponse ne sera sans doute pas belle à voir.
(17/17) Qu'est-ce que ça nous dit des scénarios de sortie de crise? Aucune idée là non plus. Je conclurais simplement sur cette funeste citation de The Wire : « No one wins. One side just loses more slowly » [FIN]
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À quoi ressemble un réseau de bot russe sur X ? L’attentat de Moscou en a semble-t-il réveillé un bon paquet, laissez-moi donc vous présenter mon amie “Melanie Clark”, rencontrée au hasard d’une séance de scrolling. Cas d’école de dissémination inauthentique coordonnée (1/14)
(2) Notre chère Melanie a crée son profil en janvier, a 0 abonnés et n’a jamais produit un post. Néanmoins, il y a 2 jours Melanie est subitement prise d’une rage: en 24h, elle retweete 25 profils aléatoires, eux aussi ayant 0 abonné (comment donc est-elle tombée dessus? mystère)
(3) Les copains de Melanie ont bcp en commun. Tous ont 0 abonné. Tous ont rejoint X en mars 2024. Avant l’attentat du Crocus, ils n’avaient tous produit qu’un seul tweet, tous pour vendre des NFT ou des crypto. Les médisants diraient qu’ils ressemblaient à des cellules dormantes.
Un constat majeur, que bcp échouent encore à poser. Je l'évoquais dans un article pour @AfriThucy il y a qq temps: un profond mouvement tectonique de rapprochement avec la Russie est en cours au sein de la droite US, pour au moins 3 raisons... (1/9)
▶️ https://t.co/nu59IO5IQAcairn.info/annuaire-franc…
(2/9) La 1ère est idéologique: ce qu'on appelait l'alt-right n'est plus un courant marginal, il a injecté une grande partie de son agenda à l'appareil du GOP. On voit la Russie comme une puissance conservatrice, "anti-globaliste", virile, dont les US gagneraient à s'inspirer.
(3/9) Le GOP a ressuscité la rhétorique du Red Scare, mais elle est désormais dirigée contre la Chine du PCC. La Russie, elle, est présentée comme le dernier bastion de "l'Occident blanc judéo-chrétien". On voit mtn des idéologues conservateurs US en vogue citer A. Douguine...
Ukraine & Cyber : Cette longue analyse de @JonKBateman est jusqu'ici ce que j'ai vu de meilleur et de plus poussé sur ce que le conflit ukrainien nous apprend quant aux usages militaires du #cyber. Plusieurs leçons extrêmement intéressantes... (1/8) carnegieendowment.org/2022/12/16/rus…
(2/8) Bateman dresse un bilan fascinant des « frappes » cyber russes: elles ont déferlé dans les 1ères semaines puis brutalement chuté, suggérant que Moscou a rapidement épuisé son « arsenal numérique »... et échoué à véritablement le régénérer depuis (hacks de + en + baclés).
(3/8) Ceci étant, Bateman estime que 🇷🇺 a davantage consacré ses ressources cyber au renseignement... sans que les résultats ne soient bcp + probants. Une raison serait que l'offensive russe n'a pas été pensée/outillée pour assimiler/exploiter finement l'intel que cyber génère.
💻🇺🇦📡Ukraine et #cyber : un modeste point de situation, sur la base du rapport publié mercredi par Microsoft (sans doute le + détaillé qu'on ait pour le moment) qui analyse les 2 premiers mois de cyberopérations russes.
[2/16] Globalement, on peut poser 2 constats, qu'il ne faut pas confondre :
1) Il se passe *bcp de choses* sur le front cyber 2) Une petite part seulement ont des résultats visibles/probants
(NB: le rapport est relativement généreux sur les actes mais chiche sur leurs impacts)
[3/16] Microsoft dit observer au moins 6 groupes de hackers étatiques russes (dont plusieurs bien connus: Fancy Bear, Cozy Bear, Sandworm) y aller plein pot contre l'Ukraine. La firme a recensé env. 40 cyberattaques « destructrices » ayant détruit des données de façon permanente.
#Cyber et Ukraine: les annonces de cyberattaques s'enchainent à un rythme effréné, où en est-on ? Modeste état des lieux.
▶️Un élément préliminaire : il faut probablement distinguer les opérations des belligérants de l'espèce de cyber-guerilla que mènent divers proxys (1/15)
(2/15) (A) Le front « régulier »
- Hier, le fournisseur internet Ukrtelecom a été visé par une importante cyberattaque (russe, selon la firme), qui a amoindri la connectivité. À la mi-mars, un piratage similaire avait visé un autre fournisseur, Triolan. forbes.com/sites/thomasbr…
(3/15)
- De + en + de suspicions que la cyberattaque contre Viasat fin février était une opération russe (forces 🇺🇦 utilisaient ce réseau satellitaire) mais peu d'indications jusqu'ici que le piratage a produit des retombées tactiques significatives. bit.ly/3iGiAMf
(1/8) On parle bcp de « guerre de l'information », et il se dégage l'impression que #Ukraine la gagne jusqu'ici. Un des sous-produits de ce phénomène : l'émergence d'une micro-mythologie voire d'une « pop culture » entourant le conflit. Qq ex. de cette curieuse iconographie 👇
(2/8) Le Javelin, redoutable arme anti-tank à charge creuse, a acquis le statut d'arme miracle pour les 🇺🇦. Il inflige effectivement de lourdes pertes parmi les blindés russes (exhibit A) et est devenu l'objet d'un culte, au sens quasi-littéral, d'une partie de la Twittosphère.
(3/8) Il en va de même du NLAW, autre puissante arme anti-tank (de fabrication britannique), dont le nom est devenu un mot du quotidien chez les internautes ukrainiens. Ci-dessous, un clin d'oeil au morceau « I fought the law » (The Crickets, Bobby Fuller Four, The Clash).