En cette #JourneeDesDroitsDesFemmes, j'aimerais vous parler d'un sujet personnel, sans lien avec ma ligne éditoriale.
Comme ça me parait important mais que je ne sais pas par quel bout le prendre, voici un teaser pour m'obliger à m'y mettre cet aprèm :
Allez, c'est parti. Mettons les pieds dans le plat : je suis une femme dans la trentaine, en couple hétéro stable depuis quasiment la moitié de ma vie, je n'ai pas d'enfant et je ne veux pas en avoir.
Les raisons pour lesquelles je ne veux pas d'enfant sont diverses et ne regardent que moi. Je ne vais pas les exposer ici : c'est une décision personnelle, pas un sujet de débat. Pourtant, je suis sûre qu'en lisant le tweet précédent, des gens se sont demandés "pourquoi ?".
Si c'est votre cas, interrogez-vous : est-ce que, si j'avais au contraire affirmé vouloir un ou des enfants, vous vous seriez posé la même question ?
Sans doute pas. Aujourd'hui, en France, l'envie de maternité est considérée comme normale par défaut, pas l'inverse.
J'ai bien écrit "maternité", pas "parentalité".
Bizarrement (ceci est ironique) on m'a beaucoup plus souvent demandé quand est-ce que je comptais avoir des enfants qu'on ne l'a demandé à mon conjoint.
C'est le premier message que je voulais faire passer avec ce thread :
Même si ce sont les femmes qui sont enceintes, une fois la grossesse passée, elles ne devraient pas être obligées de s'impliquer différemment des pères. Se faire à cette idée contribuerait à une meilleure répartition du travail parental (et peut-être même domestique, en général).
On voit régulièrement passer des statistiques sur la répartition inégale du travail parental, ou des illustrations qui montrent qu'à investissement égal, on ne juge pas du tout les pères de la même façon que les mères.
Quand je faisais de la recherche, de façon très claire, une future paternité était considérée comme une bonne nouvelle, à fêter. Alors qu'une future maternité générait des inquiétudes. Et cette différence de traitement débutait avant même l'annonce d'une grossesse.
Je n'oublierai jamais cette directrice de laboratoire, pendant un de mes stages de licence, qui m'a dit "je ne prends jamais de femmes en post-doctorat, c'est le moment où elles font des enfants".
Bref, il y a du boulot...
La deuxième chose que je voulais dire dans ce thread c'est que, de façon générale, il faut arrêter de poser des questions du genre "Alors, les enfants, c'est pour quand ?".
Ce n'est JAMAIS une bonne idée.
Quelqu'un qui n'a pas d'enfant n'en veut peut-être pas, en veut peut-être mais n'y arrive pas, se remet peut-être à peine d'une fausse couche, a peut-être une maladie héréditaire qui l'angoisse... C'est peut-être un sujet sensible dans le couple.
Et ça ne vous regarde pas.
La parentalité c'est comme la sexualité : on peut tout à fait en parler librement, mais ce n'est pas un sujet de discussion anodin sur lequel interroger les gens à l'apéro ou pendant un repas de famille.
Et s'il y a discussion, c'est aux personnes concernées de la lancer.
Mais quel rapport avec la journées des droits des femmes, me direz-vous ?
Hé bien, le "droit qu'on nous foute la paix avec l'injonction à la maternité", déjà. Mais en fait ce n'est pas de ça que je voulais vous parler au départ (oui, je me suis un peu emballée).
Depuis 2001, en France, toute femme majeure ne souhaitant pas/plus avoir d'enfant peut avoir recours à une contraception définitive, par différentes méthodes permettant de bloquer les trompes de Fallope, après un délai légal de 4 mois de réflexion.
En théorie.
C'est l'équivalent féminin de la vasectomie mais en plus lourd : ça nécessite une anesthésie générale, ça n'est jamais réversible et ça ne s'accompagne pas d'une proposition de stocker des gamètes en cas de changement d'avis.
Il n'empêche que c'est efficace et beaucoup moins contraignant que d'autres méthodes de contraception (une opération en ambulatoire dont on se remet vite, sans toucher aux ovaires et à l'utérus donc aux cycles menstruels). C'est pratique pour les personnes sûres de leur décision.
D'ailleurs, la contraception définitive est peu fréquente en France mais c'est la méthode de contraception la plus utilisée dans le monde (cairn.info/revue-populati…).
Si je vous en parle aujourd'hui c'est parce que j'y ai eu recours récemment. Mais que ça m'a pris des années.
Parce que manifestement la majorité des médecins susceptibles de pratiquer ces opérations considèrent que les femmes peuvent décider d'avoir des enfants... Mais pas de ne pas en avoir. Et refusent d'opérer sans pour autant renvoyer vers des confrères ou consœurs.
Pour être claire : c'est un acte médical irréversible, il ne faut évidemment pas y procéder sans y avoir bien réfléchi. Et on peut avoir des regrets (pour ça comme pour beaucoup d'autres choses dans la vie). C'est normal que les médecins n'acceptent pas systématiquement.
Mais ce n'est pas normal que la majorité refusent systématiquement, souvent sur des critères paternalistes ("vous êtes trop jeune", "vous n'avez pas d'enfant"...), fixant en pratique des limites qui ne sont pas censées exister d'après la loi.
Plusieurs semaines après l'opération, mon ressenti rejoint celui de @Emma_Hollen :
Je suis soulagée, après un sacré parcours du combattant et la sensation d'avoir beaucoup été jugée, d'avoir enfin pu gérer ma contraception comme je le souhaitais.
Et ça, c'est un droit que devraient avoir toutes les femmes.
J'avais envie d'en parler pour rappeler que ce droit est trop souvent bafoué.
J'avais envie d'en parler pour remercier la personne qui a accepté de m'opérer après avoir discuté très clairement de plein de choses.
Et j'avais envie d'en parler pour que, si des personnes concernées me lisent, elles sachent qu'elles peuvent m'écrire pour en discuter. Je n'ai que mon expérience à partager, mais je la partagerai avec plaisir, comme d'autres ont partagé les leurs avec moi.
Voilà, ce sera tout pour aujourd'hui. Si ça vous intéresse, sachez qu'on reparlera de contraception (avec plus de recul historique sur la situation française) dans le prochain épisode d'Avides de recherche, qui sortira d'ici la fin du mois !
Je laisse les réponses ouvertes pour l'instant, je compte sur vous pour faire preuve de bienveillance. Je vous renvoie vers la vidéo du premier tweet et je préviens : je bloque en cas de jugement ou d'insulte.
Désolée pour la longueur du thread 😅
Ajouts a posteriori pour les personnes intéressées :
- ce livret avec plein d'infos utiles (dont le texte de loi) : solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/livret…
- vous pouvez faire une recherche "contraception définitive" sur doctolib pour trouver des practiciens qui la pratiquent
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Et je ne juge personne parce que j'aurais aussi répondu 2 jusqu'à hier. Alors qu'en fait, la bonne réponse est 3.
Pour paraphraser ma gynéco "Quand on porte un bikini, ça couvre les ovaires." Autant dire qu'ils sont vraiment bas, juste au-dessus de l'articulation de la jambe.
Du coup, j'ai un deuxième sondage : 1/ Aviez-vous la bonne réponse ? 2/ Possédez-vous (ou avez-vous possédé) des ovaires ?
(Si vous n'avez pas participé au précédent, soyez honnête sur la réponse que vous auriez apporté avant de lire les tweets d'aujourd'hui.)
J'aurais plein de choses à dire sur les dernières mesures sanitaires annoncées en France, celles dont on n'a toujours pas entendu parler (coucou l'aération) et leurs impacts sur la vague Delta qui monte mais je suis en vacances et j'ai la flemme.
Si vous repartez de la fin vous trouverez notamment les données primaires sur les vaccins Pfizer et Moderna et plusieurs ressources vulgarisées qui les expliquent.
Si vous vous posez des questions vis à vis du variant Delta, les réponses se trouvent sans doute dans cet article exhaustive et rigoureux de Marc Gozlan !
C'est un variant qui a le potentiel pour causer des problèmes (par son niveau de contagiosité, notamment) et qui est déjà présent en Europe. Il a pris le dessus en Angleterre, au Portugal et la liste va vraisemblablement s'allonger, on commence à connaître la chanson...
La mauvaise nouvelle c'est qu'une vaccination partielle (une seule dose de Pfizer/Moderna/Astrazeneca) protège manifestement moins bien contre ce variant-là.
J'avais soigneusement évité le sujet de cette histoire de "vaccin qui permet d'attirer des objets métalliques" mais c'est une excellente occasion d'introduire la notion de témoins positifs et négatifs dans une démarche expérimentale.
Hypothèse : le vaccin me rend magnétique et fait que des petits objets métalliques restent collés à ma peau dans la zone injectée.
Mettons qu'on ne cherche pas à justifier/critiquer cette hypothèse et qu'on veuille juste la tester correctement.
On pose un objet métallique sur la zone de la piqûre et... il tient.
Ok.
Mais plusieurs choses peuvent l'expliquer : le vaccin, une peau collante... Pour exclure les hypothèses alternatives (ça colle sans rapport avec le vaccin) il faut les tester. Comme dans le tik tok.
Je pense à la fois à @a_berut (qui est d'ailleurs dans les remerciements à la fin de la partie conférence) et à mon sujet de concours sur "l'appareil racinaire des angiospermes", qui n'était pas le meilleur moment de ma vie.
En tous cas je trouve ça fou qu'on connaisse le mécanisme de perception de la gravité, le mécanisme d'adaptation de la croissance... Mais toujours pas la façon dont le premier déclenche le deuxième !
Des annonces viennent d'être faites par Frédérique Vidal concernant la stratégie de culture scientifique en France. Le replay est disponible ici : (ça démarre à 10min30) et j'imagine qu'il y aura une synthèse par là : enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid158304/scie…
J'avais déjà entendu parler de certains points mais pas tous. Je suis convaincue par certains points mais pas tous.
Mon reproche principal est que le développement de la culture scientifique va manifestement s'appuyer sur les structures de l'ESR plutôt que sur celles de la CSTI.
J'ai du mal à comprendre l'idée de structurer un réseau national en se basant sur les universités plutôt que sur les CCSTI, par exemple. J'ai l'impression qu'on va perdre du temps, de l'énergie et de l'efficacité à reconstruire ailleurs ce qui existait déjà, c'est dommage.