Depuis la 1ère élection présidentielle au suffrage universel direct en 1965, le #nucléaire civil/militaire fut souvent au cœur des débats et des programmes des candidats et candidates.
1/ Avant-propos : Ce thread ne peut pas traiter de l’ensemble des candidats et des propositions. Il s’agit simplement d’illustrer, de manière non partisane, quelques propositions symboliques en utilisant essentiellement des archives vidéo. N’hésitez pas à compléter.
2/ En 1965, François Mitterrand affronte au second tour le président-candidat Charles de Gaulle. Il n’y a pas de débats entre les 2 candidats mais des interviews télévisées. Dans cet extrait, Mitterrand attaque de Gaulle sur le nucléaire militaire.
3/ De Gaulle défend alors la dissuasion #nucléaire et notamment les critiques sur son coût. La production d’électricité nucléaire, qui démarre à Chinon en 1963, est un sujet secondaire non présent dans le débat. De Gaulle gagne finalement les élections (55,20 % contre 44,80%)
4/ En 1969, à la suite de la démission du général de Gaulle, une nouvelle élection présidentielle est organisée. Après les événements de 1968, le nucléaire n’est pas du tout au centre des débats. Les partis de gauche, très divisés, sont éliminés au 1er tour.
5/ Néanmoins, Georges Pompidou (UDR) va, dans un entretien avec Jacques Duhamel sur Europe 1 le 22 mai 1969, expliquer sa vision du nucléaire civil et notamment son choix récent de changer de filière (UNGG français vers REP US) pour le nucléaire civil.
6/ Pompidou est élu face à Alain Poher (58, 21 % contre 41,79 %). Il décède le 2 avril 1974 entrainant des élections présidentielles anticipées en mai 1974. Le nucléaire va être au cœur de l’élection après le lancement du Plan Messmer (voir thread).
7/ Une des nouveautés pour cette élection de 1974, c’est l’apparition du premier candidat écologiste, l’agronome René Dumont. Voici un extrait d’une interview du 24 avril 1974 ou il critique le choix du « tout nucléaire » et valorise les énergies renouvelables.
8/ Il développe également une critique de certains aspects du programme (refroidissement des centrales, accident, déchets nucléaires). René Dumont ne fera que 1,32 % au 1er tour mais il restera symboliquement comme le premier candidat écologiste à une élection présidentielle.
9/ Lors du 1er débat télévision d’un second tour des élections présidentielles, Valery Giscard d’Estaing (FNRI) attaque Mitterrand (PS), « l’homme du passé ». La modernité a le vent en poupe, matérialisée notamment par le programme nucléaire naissant, défendu par Giscard.
10/ Dans ce débat, Mitterrand ne formule pas réellement d’oppositions sur le nucléaire civil. Giscard d’Estaing l’emporte sur Mitterrand (50,81 % contre 49,19%).
11/ La thématique du nucléaire civil est au centre de l’élection présidentielle de 1981 avec la gauche qui s’oppose sur le nucléaire. François Mitterrand se prononce pour un gel des nouvelles constructions et donc pour l’arrêt du projet d’une centrale en Bretagne à Plogoff.
12/ En meeting à Rennes en janvier 1981, le candidat communiste Georges Marchais se montre favorable à la construction de Plogoff (Bretagne) et au programme nucléaire en cours.
13/ De leur côté, les écologistes représentés par Brice Lalonde, accompagné ici par le Commandant Cousteau, prônent comme en 1974, les énergies renouvelables face au nucléaire. Entre 1974 et 1981, le mouvement écologiste s’est fortement structuré en opposition à l’atome.
14/ Enfin, en pleine crise des « euromissiles » entre l’URSS et les USA, le nucléaire militaire est également un sujet important. Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière) offre un véritable plaidoyer féministe face à la folie meurtrière des hommes et des armes nucléaires.
15/ Valéry Giscard d'Estaing défend ardemment « son » programme nucléaire. Une affiche le présente même devant le réacteur nucléaire Chinon A1 (la boule de Chinon), arrêté en 1973, alors que la France a abandonné cette filière (Uranium Naturel graphite Gaz). Choix étonnant ?
16/ Le débat du second tour, à nouveau entre François Mitterrand et Valery Giscard d’Estaing est de haute volée sur la thématique énergétique et le nucléaire. Voir le thread pour les détails. Mitterrand est élu président (51,76 % contre 48,24%).
17/ En 1988, le programme nucléaire a fortement ralenti. Le sujet du nucléaire civil est moins au cœur des préoccupations. Lors du débat du second tour Jacques Chirac attaque François Mitterrand sur son histoire ambigüe face à la dissuasion nucléaire.
18/ Mitterrand assume assurer la continuité de la dissuasion et estime qu’il avait même peut-être tort 30 ans plus tôt ! François Mitterrand est réélu (54,02% contre 45,98%).
19/ Pour les élections présidentielles de 1995, un des enjeux c’est la reprise ou non des essais nucléaires après un moratoire sous la présidence de François Mitterrand. Jean-Marie Le Pen (Front National) est très favorable à une reprise.
20/ Dominique Voyney (Les Verts) est favorable à l’arrêt des essais nucléaires. Le second tour va opposer Jacques Chirac (RPR) à Lionel Jospin (Parti Socialiste).
21/ Lionel Jospin affirme, comme Dominique Voyney, qu’il est contre la reprise des essais qu’il juge irresponsable et défend le passage à la simulation.
22/ Jacques Chirac lui oppose qu’il ne sait pas si les conditions sont réunies pour passer à la simulation et que l’avis des scientifiques sur ce sujet sera essentiel pour décider ou non de la reprise des essais. Lionel Jospin n’est pas d’accord sur cette manière de procéder.
23/ Jacques Chirac est élu président de la République (52,64 % contre 47,36%) et les essais nucléaires reprennent, sous très fortes tensions, entre 1995 et 1996.
24/ L’élection présidentielle de 2002 se déroule dans un contexte houleux entre les Verts et les socialistes sur le nucléaire. Lionel Jospin évoque le nucléaire comme outil de lutte contre l’effet de serre tout en rappelant le rôle positif des énergies renouvelables.
25/ Noël Mamère, candidat des verts et farouchement antinucléaire, s’oppose donc frontalement à Lionel Jospin sur ce sujet. D’autres candidats à gauche (Robert Hue, Jean-Pierre Chevènement) sont eux favorables au nucléaire (mais je n’ai pas trouvé de vidéos !).
26/ Le sujet du nucléaire est totalement éclipsé après le choc d’un second tour entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Il n’y aura pas de débats entre ces candidats. Chirac l’emporte largement (82,21 % contre 17,79%).
27/ En 2007, le chantier du réacteur EPR démarre à Flamanville et le nucléaire civil est toujours en toile de fond de la campagne. La gauche est toujours partagée sur le sujet. José Bové, une des figures du mouvement altermondialiste se présente et attaque le nucléaire.
28/ Le nucléaire est au centre du second tour entre Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS). Sarkozy se place en défenseur du nucléaire face aux émissions de gaz à effet de serre.
29/ Le débat tourne à l’affrontement sur ce sujet et les deux candidats semblent très approximatifs …Nicolas Sarkozy l’emporte (53,06 % contre 46,94%).
30/ Pour l’élection présidentielle de 2012, qui arrive 1 an après l’accident nucléaire de Fukushima, la candidate écologiste Eva Joly attaque le nucléaire et ses dangers dans son clip de campagne.
31/ La fermeture ou non de Fessenheim devient également un enjeu du débat. Ici, le candidat Jacques Cheminade souhaite la poursuite de Fessenheim et le développement de technologies nucléaires du futur.
32/ Lors du débat du second tour, Nicolas Sarkozy défend, comme en 2007, le nucléaire et la continuité politique sur ce sujet. Il s’oppose à l’idée d’une fermeture de Fessenheim et explique notamment que la France n’a jamais connu d’accident nucléaire majeur.
33/ François Hollande défend l’idée d’arriver à 50% de nucléaire dans le mix énergétique à horizon 2025 avec un développement massif des énergies renouvelables.
34/ Il explique également sa décision de fermer Fessenheim, en raison des risques et de la mobilisation antinucléaire autour de cette centrale.
35/ Nicolas Sarkozy défend sa position, critique un accord entre les Verts et le PS et termine avec l’idée qu’un tsunami sur le Rhin est impossible ! François Hollande est élu président de la République (51,64 % contre 48,36 %).
36/ En 2017, le nucléaire est toujours un sujet clivant au sein des différentes formations politiques. Sur le plateau de TF1, les candidats s’opposent sur la place du nucléaire dans la transition énergétique.
37/ Ici, Benoit Hamon (PS, qui bénéfice du soutien des Verts qui se sont désistés à son profit) annonce vouloir diminuer la part du nucléaire et développer les énergies renouvelables.
38/ François Fillon (LR) veut réconcilier croissance et environnement et parle, comme Nicolas Sarkozy, de décarboner l’économie. Il souhaite en ce sens prolonger la durée de vie des réacteurs.
39/ Emmanuel Macron, s’il est d’accord avec François Fillon sur la décarbonation, défend, comme François Hollande en 2012, une réduction du nucléaire à 50% en 2025 et le développement des renouvelables.
40/ Jean-Luc Mélenchon, qui fait de l’environnement un des piliers de son programme, s’oppose au nucléaire en mettant en avant les risques et les couts associés au Grand Carénage des centrales nucléaires. Il défend le développement des énergies renouvelables.
41/ Si Marine Le Pen n’intervient pas sur le nucléaire dans ce débat, elle a néanmoins clairement affiché son positionnement favorable au nucléaire dans un clip de campagne.
42/ Dans le débat du second tour, qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, il n’est à aucun moment question du nucléaire civil ou militaire ! A suivre pour le prochain débat de l’entre-deux -tours, qui oppose à nouveau les mêmes candidats.
Merci aux 1 212 participants et participantes à ce quizz #nucléaire !
La France a connu « au moins » 5 incidents/accidents de fusion de combustible (En l’état de mes connaissances).
Petit thread explicatif.
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1/ Cette liste est basée sur mes recherches passées et en cours sur l’histoire de la sûreté nucléaire. Néanmoins, il est tout à fait possible que je sois passé à côté de certains événements ! Ce thread n’a pas vocation à décrire finement ces accidents/incidents.
2/ Comme on va le voir, je parle d’incidents et/ou d’accidents de fusion de combustible alors qu’aujourd’hui, sur un réacteur nucléaire en exploitation en France, une fusion serait, de fait, considérée comme un accident nucléaire (Niveau 4 et + sur l’échelle INES).
1975 : Anne Lund, étudiante danoise de 22 ans pose avec le logo qu’elle vient de créer : « Atomkraft? Nej tak » (« #Nucléaire ? Non merci ! »).
Ce logo deviendra en quelques années l’un des symboles du mouvement antinucléaire à travers le monde.
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1/ Le logo de l'Organisation pour l'information sur l'énergie nucléaire (Organisationen til Oplysning om Atomkraft, OOA), d’abord tiré à 500 exemplaires sous forme de badges (photo), représente un soleil rouge symbolisant l’énergie solaire, alternative au nucléaire.
2/ En rupture avec les visuels antinucléaires de l’époque (de par son côté positif et sa formule de politesse), ce logo va connaître un immense succès.
Quelques photos du logo à la fin des années 1970 au Danemark.
Je n’ai pas eu le temps de faire un point hier soir mais le communiqué de l’AIEA du 24/03/2022 amène quelques infos nouvelles sur la situation autour du site #nucléaire de #Tchernobyl.
1/ #Tchernobyl : L'Ukraine informe l’AIEA que les forces russes bombardent les postes de contrôle ukrainiens dans la ville de Slavutych (située en dehors de la zone d’exclusion) où vivent de nombreuses personnes travaillant à la centrale nucléaire.
2/ Cette situation met en danger le personnel et empêche la poursuite de la rotation du personnel vers et depuis le site, selon le directeur de l’AIEA.
Début 1970’s : Arrivée de la cuve d’enceinte primaire du réacteur #nucléaire Phénix sur le site du CEA Marcoule. Phénix est un prototype de réacteur nucléaire à neutrons rapides refroidi au sodium qui démarre en 1973.
1/ L’autorité de sûreté ukrainienne informe l'AIEA que des pompiers tentent d'éteindre des feux de forêt près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, une zone qui a déjà connu de tels phénomènes les années précédentes.
2/ Les pompiers de la ville de Tchernobyl ont éteint 4 incendies, mais il y a encore des feux en cours. La caserne de pompiers locale n'a actuellement pas accès au réseau électrique. Elle s'appuie sur des générateurs diesel pour s'alimenter, ce qui nécessite du carburant.
Le directeur de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi fait une déclaration vidéo sur le travail de l’agence sur la sûreté/sécurité #nucléaire au cœur du conflit Russie/Ukraine.
Une petite traduction en Français pour celles et ceux qui en ont besoin.
1/ Au cours des dernières semaines, l'AIEA s'est employée activement à assurer la sûreté/sécurité des installations nucléaires en Ukraine dans ces circonstances dramatiques et uniques où des installations nucléaires importantes fonctionnent dans une zone de conflit armé.
2/ Je reste gravement préoccupé par la sûreté et la sécurité des installations nucléaires en Ukraine. Nous sommes et resterons en contact étroit et permanent avec le gouvernement ukrainien, l’autorité de sûreté ukrainienne et l'exploitant nucléaire Energoatom.