Merci aux 1 212 participants et participantes à ce quizz #nucléaire !
La France a connu « au moins » 5 incidents/accidents de fusion de combustible (En l’état de mes connaissances).
Petit thread explicatif.
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1/ Cette liste est basée sur mes recherches passées et en cours sur l’histoire de la sûreté nucléaire. Néanmoins, il est tout à fait possible que je sois passé à côté de certains événements ! Ce thread n’a pas vocation à décrire finement ces accidents/incidents.
2/ Comme on va le voir, je parle d’incidents et/ou d’accidents de fusion de combustible alors qu’aujourd’hui, sur un réacteur nucléaire en exploitation en France, une fusion serait, de fait, considérée comme un accident nucléaire (Niveau 4 et + sur l’échelle INES).
3/ Tout d’abord, voici une définition de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sur l’accident de fusion du cœur pour les réacteurs à eau pressurisée (REP, 56 en exploitation en France). En France, il n’y a jamais eu de fusion de combustible sur un REP.
4/ Vous êtes 45,7% à avoir répondu 0 ! C’est sans doute que vous avez pensé à un accident grave comme à Three Mile Island (TMI) en 1979 (REP, USA, classement 5 sur 7 Echelle INES) ou à Fukushima en 2011 (Réacteurs à eau bouillante (REB), Japon, 7 sur 7 sur l’échelle INES).
5/ Pour exemple, sur le réacteur à eau pressurisée (REP) n°2 de TMI en 1979, 45% du cœur a fondu, engendrant la formation de 20 tonnes de corium (mélange uranium et matériaux de gaines et de structures). En France, nous n’avons jamais connu d’accident d’une telle ampleur mais…
6/…cela ne veut pas dire que nous n’avons jamais eu de fusion du combustible. Si vous êtes familier de notre histoire nucléaire, vous connaissez sans doute les 2 accidents de fusion sur les réacteurs (Uranium naturel graphite gaz, UNGG) de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et 1980.
7/ C’est pour cette raison que 37,9 % d’entre vous ont donné 2 comme réponse. Il s’agit d’accidents de fusion (50kg d’uranium en 1969 et 20kg en 1980) avec des rejets à priori faibles/limités dans l’environnement même si on trouve des traces de ces accidents dans la Loire (IRSN).
8/ Ce sont les seuls évènements classés comme « accident nucléaire » (4 sur 7 sur l’échelle INES) en France. J’avais réalisé un thread sur l’accident de 1969. Voici également un article que j’ai coécrit sur ces deux accidents : hal.archives-ouvertes.fr/hal-03477810/
9/ On est donc à 2 accidents sur 5. Vous pouviez trouver dans mes threads la fusion de combustible (un barreau d’uranium, entre 3 et 7 kg fondu selon les sources) sur le réacteur #nucléaire G1 (production de plutonium pour la bombe) de Marcoule en 1956.
On en trouve également un récit détaillé dans cet article d’Henri Joffre, spécialiste radioprotection au CEA à cette époque : sfrp.asso.fr/wp-content/upl…
11/ Un an plus tard, en 1957, c’est le réacteur de recherche EL3 de Saclay (photo de la mise en place de la cuve) qui subit une fusion de combustible (3 kg d’uranium selon Henri Joffre).
12/ Problème, je n’ai pas trouvé cette date dans des docs du CEA mais plutôt 1958 & 1959. Cyrille Foasso parle même de quelques g d’uranium fondu lors d’un incident en 1956 sur EL2. Hypothèse : Il y a eu plusieurs fusions de combustibles sur EL2 et EL3.
13/ A ce stade, et en attendant des recherches complémentaires (en cours), on va compter une seule fusion pour les réacteurs EL de Saclay. Enfin, la 5éme fusion de combustible s’est déroulée à Grenoble en 1967 sur le réacteur de recherche Siloé.
14/ On en trouve la trace dans ce rapport de l’AIEA. Il s’agit à priori de quelques grammes (36,8 g) d’uranium avec des rejets jugés « insignifiants ».
15/ Pour conclure, on peut, à ce stade, décompter au moins 5 fusions de combustible sur les réacteurs nucléaires français (11,7 % ont donné cette réponse). La dernière s’est déroulée en 1980 sur un réacteur UNGG de Saint-Laurent-des-Eaux.
16/ En 1950-1960, il y a de fortes chances pour que d’autres fusions (Saclay/Marcoule) se soient produites (donc la réponse 7 (4,7%) n’est pas à exclure). A l’époque, ces fusions sont souvent considérées comme des incidents faisant partie de l’apprentissage des réacteurs.
17/ A travers mes recherches, j’ai l’objectif de leur trouver une place dans l’histoire de la sûreté nucléaire/radioprotection, qui fait souvent la part belle aux accidents graves. C’est aussi un devoir de mémoire qui me semble important pour l’industrie nucléaire et la société.
18/ On peut toutefois difficilement comparer ces fusions, souvent passées inaperçues, avec ce qui pourrait se produire sur un REP aujourd’hui en France : une fusion de combustible, même sans impact sur l’environnement, aurait un impact médiatique et politique majeur.
Savez-vous que cette superbe tour aéroréfrigérante accueille un manège ? Qu’elle est située sur le site d’une ancienne centrale #nucléaire allemande devenue un parc d’attraction ?
Fil : Kalkar, une histoire de neutrons rapides et de sensations fortes…
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1/ Avant-propos : Merci @Kako_line pour l’invitation à travailler sur le sujet des tours aéroréfrigérantes décorées.
Celle de la centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne a sans doute l’histoire (thread non exhaustif) la plus incroyable !
C’est parti.
2/ Dès le début de l’ère nucléaire, l’idée de surgénération (capacité d'un réacteur nucléaire à produire plus d'isotopes fissiles qu'il n'en consomme) est en vogue et les projets de piles couveuses (breeder) se multiplient (Experimental Breeder Reactor I dans l’Idaho, USA, 1951).
Point de situation au 5 septembre 2023 concernant la situation à la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
🇺🇦🇷🇺☢️Un fil à dérouler🧵🔽
1/ Sur la situation générale de la centrale #nucléaire : 5 réacteurs sur 6 sont en arrêt à froid. Le réacteur 6 est en arrêt à chaud et produit de la vapeur pour des besoins de sûreté depuis le 13 août 2023 (notamment pour le traitement des déchets radioactifs liquides).
2/ Le réacteur 4 a été transféré d’arrêt à chaud vers arrêt à froid en raison d’une fuite d'eau depuis le circuit primaire vers le circuit secondaire au niveau d’un des générateurs de vapeur (GV) du réacteur survenue le 10 août.
Point de situation au 20 juin 2023, avec un éclairage historique, concernant la sûreté de la centrale #nucléaire de Zaporijia depuis la destruction du barrage hydroélectrique de #Kakhovka.
Un fil à dérouler 🔽🇺🇦🇷🇺🧵
1/ Dans la nuit du 6 juin 2023, le barrage hydroélectrique de #Kakhovka, sur le Dniepr (Nova Kakhovka, oblast de Kherson) est détruit entrainant en aval de fortes inondations aux conséquences humaines, sanitaires et environnementales dramatiques.
2/ Construit dans les années 1950, le barrage (photos) a créé en amont le réservoir de Kakhovka sur le Dniepr, long de 240 km et jusqu'à 23 km de large. L’ensemble barrage/réservoir permet notamment l'irrigation de terres agricoles du sud de l'Ukraine et du nord de la Crimée.
Le Plan particulier d'intervention (PPI) présente une cartographie des communes impactées par des mesures en cas d’accident #nucléaire dans un rayon de 0-20km autour d’une centrale.
Thread : Tour d’horizon des cartes des PPI pour les 18 centrales nucléaires en exploitation.
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1/ Avant-propos : Un PPI propose une représentation cartographique du risque et est dimensionné sur un accident et des conditions météos donnés.
Les conséquences/mesures d’un accident « réel » peuvent bien entendu déborder ou non de la cartographie du PPI.
C’est parti. ⬇️🧵
2/ Cartographie du PPI de la centrale nucléaire de Belleville (Cher).
On en parle moins donc c’est le moment de faire un point sur la situation de la centrale #nucléaire de #Zaporijjia.
Point de situation au 6 mai 2023
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1/ Tout d’abord, les 6 réacteurs ne produisent plus d’électricité. Au moins 5 sur 6 sont même en « arrêt à froid ». Jusqu’alors, un ou deux des réacteurs étaient maintenus en « arrêt à chaud » pour alimenter en chaleur le site et la ville voisine d’Enerhodar.
2/ Si les réacteurs ne produisent pas d’électricité, ils ont toutefois besoin d’être refroidis pour des raisons de sûreté et donc d’être alimentés en électricité. Une seule ligne électrique de 750 kV fonctionne actuellement sur les 4 disponibles avant le conflit.
19 octobre au 18 décembre 1964 : Le réacteur #nucléaire PAT (prototype à terre) du CEA Cadarache) « prend la mer » pour une croisière fictive autour du monde.
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Tous les jours, sur la base d'un rendement de propulsion supposé, l'énergie produite est transformée en milles marins et la position du « bateau » reportée sur la carte.
En réalité, le réacteur ne bouge pas, au fond de sa « piscine ».
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Ce type de réacteur sera installé à partir de 1971 sur les sous marin nucléaires lanceurs d'engin français (SNLE), dont le premier sera le Redoutable.