Thread by @Enthoven_R

Je comparaissais vendredi 22 avril dernier devant la 17è chambre du TJ de Paris, cité pour « injures publiques » par #TahaBouhafs à cause des deux tweets ci-dessous, qui datent de 2018.
Voici ce qu’à cette occasion j’ai dit pour ma défense. 👇🏿

Le 1er tweet qui m’est reproché date du 22 décembre 2018.
La veille, Taha Bouhafs tweetait lui-même « Team collabeur 🤮" en réponse à l’essayiste @MajidOukacha qui répondait à @MarleneSchiappa, qui défendait @ZinebElRhazoui au nom du droit de blasphème…

Comment TB peut-il me reprocher l’emploi du terme « collabo » qd lui-même fait un usage régulier de son variant raciste de « collabeur » ? A ses yeux, D. Boubakeur et @Imam1chalghoumi, les organisateurs de la « marche des musulmans contre le terrorisme » = « collabeurs ».

Collabeur = « collabo » + « beur ». Ce syntagme implique 3 choses : 1) les « arabes » qui défendent la liberté d’expression sont des traîtres à « leur » communauté 2) La République est l’équivalent de l’occupant nazi 3) la victime est en réalité le bourreau.

Dans le cas de #ZinebElRhazoui, parler de « collabeur », c’est dire qu’une 👩🏿 (qui vit sous la menace sans avoir transgressé la loi) n’est pas victime, mais coupable de collaboration avec la « République raciste », et de désobéissance aux injonctions tacites de son arabité.

NB : Zineb vivait à l’époque sous très haute protection policière car elle était physiquement menacée par des islamistes (encore aujourd’hui), et que les islamistes avaient déjà prouvé, trois ans plus tôt, qu’ils n’hésitaient pas à tuer des journalistes.

Qui est collabo ? Aux yeux de #TahaBouhafs les républicains laïcs, les féministes qui osent voir dans le voile un symbole sexiste, ou les franco-marocains amoureux de la France. Soit.

A mes yeux, est « collabo » celui qui défend des islamistes, qui livre à une foule hostile le nom de Zineb, ou qui traite de « pouilleux » les journalistes de Charlie Hebdo (le 30 octobre 2019) en souhaitant qu’ils « cessent d’être ».

Est collabo surtout (à mon sens) celui qui, quand je l’en ai accusé, prêtait déjà honteusement aux propos de Zineb des effets qu’ils n’ont pas.

Taha Bouhafs a attribué, en décembre 2018, au « discours de Zineb El Razhoui » (ne sont jamais sortis du cadre de la loi) le renvoi d’une commerçante voilée du marché de Noël de Saint-Gratien, dans le Val d’Oise.

Ce faisant, il a commis à la fois une erreur et une faute.
L’erreur est de voir un lien de causalité entre ce qu’a pu dire Zineb (qui n’a jamais appelé à l’exclusion de personne) et ce qui est arrivé à cette commerçante.

L’erreur est d’avoir vu l’influence de Zineb sur des actes détestables, et qui n’ont rien à voir avec ce qu’elle pense ou ce qu’elle dit. (Le 18 avril dernier, elle réaffirmait son refus de toute interdiction du voile dans l’espace public.)

Cette erreur est aussi une faute grave.
Que fait M. Bouhafs en attribuant faussement, et délibérément faussement, à Zineb El Rhazoui la responsabilité de l’exclusion d’une femme voilée ?

Il donne un argument de plus aux innombrables qui rêvent de la tuer. Il dit les mots, parmi d’autres, qui donnent à l’assassin potentiel le sentiment qu’il accomplirait son devoir en passant à l’acte.

Il facilite le sentiment de lutter contre une injustice en commettant l’irréparable. Bref, il « tient la porte aux tueurs » et, en cas de doute, leur rappelle que Mme El Rhazoui est une cible. En un mot, dire ce qu’il a dit était dangereux pour celle dont il parlait.

En accusant Zineb d’être responsable d’une agression raciste envers une femme voilée, TB la met en danger :

comme le père d’une collégienne (qui n’avait en réalité pas assisté à son cours) a déclenché une campagne calomnieuse contre #SamuelPaty, relayée par l’islamiste Abdelhakim Sefrioui, et qui a fini par la décapitation du professeur.

Comme des imams danois ont mis en danger les journalistes du Jyllands-Posten lors d’une tournée en 2006 au Moyen-Orient, en mêlant aux dessins du prophète qui avaient été publiés d’autres dessins ouvertement racistes, dans le seul but d’attiser la haine.

Ou comme les signataires d’une tribune parue en 2011 après le premier attentat contre les locaux de #CharlieHebdo mettaient déjà en danger les dessinateurs du journal…
indigenes-republique.fr/pour-la-defens…

... en faisant valoir que le journal était coupable d’islamophobie AVANT d’être victime d’un attentat, et en accréditant la collusion fantasmatique de CH avec « l’extrême-droite » (selon un axe allant de Charb à Marine Le Pen)

Les propos de #TahaBouhafs s’inscrivent à mes yeux dans la tradition des amalgames pestilentiels entre république et islamophobie (ou entre blasphème et racisme) de ces confusions délibérées, bref, de ces accusations d’islamophobie qui finissent par tuer.

Car l’islamophobie tue.
Mais d’abord les gens qui en sont accusés.

En confondant délibérément la critique (légale) du voile comme symbole religieux, avec le délit que constitue une agression raciste, Taha Bouhafs ajoute une cible sur le dos de celle qui n’en manquait pas.

Une telle confusion avait déjà tué en 2015. Alors, voir un tel amalgame, si faux, s’appliquer à une ancienne de Charlie, que j’aime comme ma sœur, déjà menacée de mort depuis des années, m’a paru infâme et surtout dangereux.

C’est tout le sens de la métaphore dont je me suis servi.
Taha Bouhafs, ai-je dit, « tient la porte aux tueurs et, en cas de doute, leur indiquent la cible, pour un peu de buzz. »

Cette expression, très dure, est une référence évidente à Charlie Hebdo, dont Zineb faisait partie de l’équipe à l’époque des attentats. Et au fait que les tueurs, en passant à l’acte, avaient le sentiment d’accomplir leur devoir.

D’ailleurs, le comportement de M. Bouhafs après ce tweet n’a fait que confirmer qu’il n’avait aucun problème à jeter Zineb El Rhazoui en pâture à des gens dangereux.

En novembre 2019, lors de la fameuse « marche contre l’islamophobie », Taha Bouhafs a fait chanter la foule en prenant le micro : « Si t’aimes pas Zineb El Rhazoui, tape dans tes mains » sur l’air d’un chauffeur de stade.

En 2020, Bouhafs retweete l’ilamiste Idriss Sihamedi alors lancé dans une campagne de cyberharcèlement contre Zineb El Rhazoui, qui a débouché sur la révélation par l’un de ses abonnés de l’adresse privée de Zineb.

Idriss Sihamedi, pour ceux qui l’ignorent, c’est le gentil islamiste mignon qui a refusé de condamner les attentats de Daech ou de serrer la main de NVB sur le plateau de Supplément, en 2016.
dailymotion.com/video/x3o8qtx

Résumons : quand un islamiste (dont l’association, Baraka City, a été dissoute pour cette raison), harcèle une femme qui vit déjà sous protection policière, que fait Bouhafs ? Il diffuse la chose à ses propres abonnés, en se fendant d’un rire gras.

Si l’islamisme, qui massacre, décapite, humilie les femmes et les met en danger, qui refuse de condamner les attentats et qui, comme Idriss Sihamedi, appelle les Français musulmans à la guerre civile, est un adversaire de même nature que le nazisme…

… alors, dans le cas de #TahaBouhafs, qui voue à la disparition les dessinateurs de Charlie Hebdo, qui relaie des harceleurs islamistes, et qui prêtait dès 2018 aux paroles de Zineb des conséquences qu’elles n’ont pas, « collabo » n’est pas une injure, c’est un constat.

Aux tueurs, Taha Bouhafs donne une cible et tient la porte quand il prête aux propos républicains de Zineb des conséquences racistes, alors qu’elle vit déjà sous la menace.

Et il leur tient encore la porte quand il voue à la disparition des dessinateurs dont les collègues sont assassinés, ou quand, plus tard, il fait scander le nom de Zineb par une foule hostile, ou bien participe activement à son cyber-harcèlement.

Et quand le propre avocat de Taha Bouhafs, @AA_Avocats , présente lui-même comme "raciste" un dessin qui ne s’en prend qu’aux intégristes (et à leurs courtisanes), il fait peser sur Coco (et moi-même) la même menace que son client avec Zineb.

Un dernier point. A tous ceux qui affirment que les propos de Zineb sur le voile ont armé le bras des racistes qui agressent des femmes voilées dans la rue, vous avez parfaitement le droit de penser ça. Mais…

Votre analyse prouve une chose : en soutenant cette thèse, vous validez l’idée que les discours influencent les actes, et qu’un discours peut faire monter la haine envers une cible donnée. Dans ce cas…

Comment peut-on me reprocher de considérer, moi aussi, qu’un discours peut être dangereux, et qu’accuser faussement Zineb d’être cause de l’agression d’une femme voilée, c’est donner du grain à moudre à ses harceleurs et donc lui coller une cible dans le dos ?

Force et honneur à mon excellent avocat, @MontbrialAvocat, à mon amie @ZinebElRhazoui, et aussi à @BenjaminSire et @JayGSroussi, inexplicablement absents de la photo. Fraternité 🇫🇷❤️💪🏿