1- La tournure que prennent les événements m’oblige à sortir de mon silence plus tôt que je ne l’avais prévu.
Finalement, c’est toujours la même histoire.
La lutte, l’espoir, puis le fracas sur le réel.
2- Plus intense est la lutte, plus grand est l’espoir, plus violent est le fracas.
Nous avons mené une campagne présidentielle magnifique.
Notre programme, à bien des égards, ÉTAIT révolutionnaire.
Pacifique, mais révolutionnaire.
3- Il s’agissait, notamment via le Parlement de l’Union Populaire, de porter dans le champ politique les combats pour le vivant, pour les droits humains, mais aussi toutes les luttes sociales, des #GiletsJaunes en passant par les opposants à la loi de sécurité dite « globale »…
4-… à celles des citoyens mobilisés contre la réforme des retraites, la casse des services publics, contre certaines « forces de l’ordre » trop souvent en roue libre et au service d’un seul pouvoir autoritaire, contre le #PassSanitaire et le #PassVaccinal
5- … et plus largement contre cette société du contrôle, dont j’avais écrit, un an avant le #Covid, qu’elle dériverait progressivement vers un crédit social à la chinoise.
6- Las, j’ai su dès la prise de parole de Jean-Luc Mélenchon, le soir du 1er tour, que tout était plié.
« Pas une voix pour Marine Le Pen ! », injonction répétée quatre fois, pour que les choses soient bien claires.
Claires, elles l’étaient, jusqu’à cette prise de parole.
7- Entendez-moi bien : je ne suis pas en train de vous dire qu’il fallait une alliance avec Marine Le Pen !
Cela n’aurait eu aucune espèce de sens, ni de près, ni de loin.
8- Cependant, pourquoi tant aider Emmanuel Macron, qui plus est de cette façon alambiquée, après avoir dénoncé -et pour beaucoup d’entre nous subi, jusque dans notre chair- l’extrême violence de sa politique ?
Les raisons en sont multiples.
9- Jean-Luc Mélenchon, dont je salue l’incontestable talent, après avoir assuré son leadership sur la gauche, voulait sans doute apparaître, aux yeux de l’opinion (qui n’est jamais que celle des médias dominants), comme un politique « responsable »…
10- … a contrario des reproches qui lui avaient été adressés en 2017, en s’appuyant notamment sur le postulat tacite que Macron et Le Pen, « ce n’est pas la même chose ».
11- Il y aurait ainsi un mal consubstantiel à l’extrême-droite -hier et demain- qui serait toujours plus maléfique que le mal macroniste, celui de l’extrême-centre -ici et maintenant- avec, en fond, l’idée non formulée qu’Emmanuel Macron pourrait in fine s’amender.
12- Soyons direct : en plus d’être un stimulus pavlovien destiné à « l’opinion », c’est un signal envoyé à ce fameux « peuple de gauche » fantasmé, censé s’indigner puis se rassembler illico après ce cri de guerre et ce repoussoir absolu : celui de la lutte contre le fascisme.
13- Les choses sont dans le réel bien plus complexes qu’une distribution théâtralisée de points Godwin et d’images d’Épinal pour élèves disciplinés.
Bien sûr qu’il ne saurait y avoir d’alliance, même de circonstance, avec Marine Le Pen et le RN !
14- Les projets -et au-delà, la vision du monde, du pays, des rapports entre les êtres humains- ne sont évidemment pas de même nature.
15- Ils sont incompatibles et sur bien des points en opposition totale, en dépit de certaines mesures d’apparence similaire, surtout après plusieurs années de désinhibition télévisuelle -et des citoyens chauffés à blanc à des heures de grande écoute- …
16- … le tout soutenu par des « sondeurs » qui ne sont pas les derniers à fabriquer l’opinion et à installer l’idée du sempiternel duel incontournable, pour sauver leur business pas très glorieux.
Mais une fois que l’on a dit cela ?
17- Règle-t-on les problèmes des citoyens qui souffrent, économiquement et socialement ?
Évidemment non.
On parle, on s’agite et on finit toujours par se coucher, sur quelques strapontins.
18- La question centrale, qu’étonnamment nul n’a soulevée jusqu’ici, est celle de l’abandon pur et simple des classes populaires, en s’abritant derrière la facilité du « no pasaran ! », prononcé comme un mantra.
19- La vérité est que cette ligne populaire et « ouvriériste » n’intéresse en rien les chefs de l’Union Populaire, qui a vite repris le chemin et les travers habituels des partis politiques.
Cette ligne est pourtant admirablement portée par François Ruffin : il est bien esseulé.
20- LFI a fait le choix, lourd de conséquences, de ne s’adresser -et a fortiori de ne promouvoir via les investitures aux élections législatives que deux clientèles : les jeunes urbains mobilisés pour le climat, au pouvoir d’achat considérable, et les citoyens « des quartiers »…
21- C’est très insuffisant.
Quand on analyse la carte électorale, c’est frappant : les classes populaires, laborieuses -et pour le dire vite, les habitants des anciens bassins industriels, de la France périphérique et des campagnes- votent massivement pour Marine Le Pen et le RN.
22- Sont-ils pour autant d’affreux « fascistes », « racistes » et « xénophobes » ?
Rien n’est plus absurde que cette affirmation, cependant bien commode, car elle évite de se remettre en question en s’abritant derrière des slogans se voulant fédérateurs.
23- Peu à peu, la gauche a lâchement abandonné cette catégorie de la population, jugée « irrécupérable », sans que cela ne soit avoué.
L’Union Populaire n’y échappe pas, mille fois hélas, en dépit de ses discours.
C’est une faute politique.
C’est surtout une trahison morale.
24- Qui ne pourra déboucher le 19 juin que sur un résultat médiocre.
Les circonscriptions « gagnables » ont été rapidement verrouillées et sanctuarisées au profit de quelques-uns, selon un processus qui échappe au Parlement de l’Union Populaire, dans le plus grand des mystères.
25- Nous sommes à des années-lumière de ce que nous avions porté et défendu dans notre programme : Assemblée Constituante, 6e République, renouvellement des élus et des pratiques, mandats révocatoires, RIC, transparence, collégialité, défense des classes populaires.
26- Nous avons découvert les premières candidatures par la presse, via des fuites savamment orchestrées, comme autant de ballons d’essai. Beaucoup d’entre nous en sont stupéfaits, sans oser le formuler publiquement. Je m’y colle.
27- Idem pour ce qui concerne les négociations avec les autres partis -ou ce qu’il en reste- avec lesquels nous n’avons pas grand-chose en commun, qui ne se sont pas privés de nous taper dessus durant la Présidentielle, de façon abjecte et nous ont empêché d'accéder au 2e tour.
28- Nous assistons au retour en catimini de « la gauche plurielle », de la cuisine d’appareils et du sauvetage par et pour les politiciens professionnels. Conclusion, LFI est en train de devenir le nouveau Parti socialiste.
Révolutionnaire jusqu’à 20h00.
Social-démocrate à 20h01.
29- Quand on porte un projet aussi radical que le nôtre, il n’y a strictement RIEN à négocier, avec personne.
On se présente devant le peuple français et si ça ne passe pas ce coup-ci, on se présente à la prochaine échéance, sans rien concéder sur l’essentiel.
30- On ne lâche rien, rien, jamais.
François Mitterrand -et son génie maléfique- a empoisonné la vie politique française pendant des décennies, en favorisant l’émergence du FN : nous y sommes encore.
Pour combien d’années ?
31- « Fachos » d’un côté, « islamogauchistes » de l’autre : on va continuer ce cirque encore longtemps ?
Et un bloc bourgeois, incarné à merveille par Emmanuel Macron, qui se gausse et agite alternativement les deux chiffons -rouge et brun- pour se maintenir au pouvoir.
32- Et ça fonctionne !
Le piège se referme, chaque fois, inexorablement, et nous voilà instamment priés de choisir « le moindre mal », alors que CE DEUXIÈME TOUR NE NOUS CONCERNAIT EN RIEN.
33- Je suis heureux d’avoir porté et défendu le programme de l’Union Populaire.
J’y retrouve l’essentiel de mes convictions et ce pour quoi je me suis toujours battu.
Je ne regrette rien.
Et si c’était à refaire, je le referais.
34- Au sein du Parlement de l’Union Populaire, j’ai fait des rencontres hors du commun, avec des femmes et des hommes admirables : d’humanité, d’intelligence et d’altruisme.
Et sur le terrain, des militants incroyablement dévoués.
Rien que pour cela, ça valait le coup !
35- J’ai en horreur le racisme, l’antisémitisme et toutes leurs variantes, qui sont le signe de la bêtise, laquelle débouche toujours sur la méchanceté -et immanquablement sur la violence.
36- J’ai en horreur la théorie fumeuse du « grand remplacement », prônée jusqu’à l’overdose par un usurpateur créé et promu par le système médiatique, se prenant pour de Gaulle.
37- N’en parlons plus : le peuple l’a renvoyé à son insignifiance, bien que son petit score soit déjà fort préoccupant.
Il est temps de sortir de ces divisions entretenues par ledit système et de construire un grand mouvement politique d’avenir.
38- Un mouvement transversal et décentralisé, débarrassé des scories et des obsessions identitaires (qui sont surtout médiatiques), un mouvement qui se concentre enfin sur les réponses concrètes à apporter au peuple français…
39- … en termes de pouvoir d’achat, de justice sociale et fiscale, de services publics, de souveraineté, de démocratie véritable. Qui assume de façon claire et nette ses positions et n’en change pas au 1er obstacle, à la moindre échéance électorale, pour « sauver les meubles ».
40- Un mouvement qui assume sans tergiverser l’urgente nécessité de renégocier les Traités européens, de quitter le commandement intégré de l’OTAN et la plupart des organismes supranationaux, qui ne fonctionnent plus du tout…
41- … et se donne pour objectif de refaire de la France le pays non-aligné qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Un mouvement qui assume de rompre définitivement avec le capitalisme de connivence, le néolibéralisme débridé et la SOCIAL-DÉMOCRATIE au service des LOBBYS.
42- Un mouvement patriotique sans être nationaliste, souverain sans être impérialiste, respectant les droits des minorités sans verser dans l’addition de clientèles électorales.
43- Un mouvement qui assume de rompre définitivement avec la digitalisation galopante de nos vies, la tyrannie sanitaire et la privation de nos libertés les plus fondamentales.
44- Un mouvement qui assume de se battre vraiment contre la corruption et les conflits d’intérêts, qui gangrènent l’action publique.
45- Un mouvement qui ne tremble pas devant les référendums sur les questions les plus essentielles, sans pour autant revenir sur les grandes lois humanistes dont notre pays s’honore.
46- Un mouvement qui assume l’article Premier de notre Constitution : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion…
47- … Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ».
Un mouvement qui ne prétende pas faire du nouveau avec de l’ancien mais puise au plus profond du génie français, par et pour le peuple
48- Un mouvement qui assume enfin sa radicalité, face aux nombreux défis radicaux qui nous attendent, qu’ils soient économiques, sociaux, écologiques, internationaux ou démocratiques.
49- Ce mouvement, c’est Le Mouvement Du Peuple.
Il reste à créer.
Je n’ai pas encore décidé si ce sera mon dernier combat ou si je passerai le flambeau en ne m’occupant plus jamais de politique.
Faites mieux.
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Échange ce matin avec mon cousin italien qui vit à Turin. L’Italie, au niveau de l’exécutif, c’est #Macron en pire. Mon cousin travaille à la FIAT. Le matin, il doit passer par un portique. Vert, ok, rouge, il faut montrer le #GreenPass. Les contrôles sont aléatoires.
Environ une fois sur deux, c’est rouge. Pas de vaccination, pas de travail. Pas de travail, pas de salaire, alors même que la Constitution italienne s’est fondée sur le droit au travail pour tous. Au niveau économique, c’est également similaire.
Les centres commerciaux ont pullulé depuis 20 ans et les petits commerces, où vivent ses parents, dans un quartier périphérique populaire (Fornaci di Beinasco) ont tous fermé. Seuls les gros sont privilégiés et ce quartier très animé, où j’allais enfant, est devenu un mouroir.
Je me suis engagé dans une belle campagne présidentielle, avec un superbe programme et des gens magnifiques -et vrais- pour le défendre et le porter. Depuis quelques années, je sillonne le pays, villes, campagnes, « France périphérique », à la rencontre des citoyens.
J’y ai vu beaucoup de souffrance et de désarroi, mais aussi énormément de fraternité et un potentiel humain énorme, qui bien souvent, mille fois hélas, reste lettre morte. Une campagne, puis une autre… et des gens toujours dans la même merde. Nous avons échoué à peu de choses…
Le mythe de Sisyphe, certes. Cependant, je vous livre quelques réflexions. Nos concitoyens ne peuvent plus attendre cinq ans et après avoir étudié attentivement la carte électorale, je ne fonde aucun espoir sur les législatives. Je sais, JE NE DEVRAIS PAS DIRE CELA. Et pourtant !
Je lis beaucoup de commentaires relatifs au niveau de #Macron dans les sondages. Vous savez ce que je pense de ceux-ci, j’ai maintes fois expliqué, par le menu, comment ils étaient fabriqués et manipulés. Pour autant, oui, #Macron est assez haut. Pourquoi ?
Outre « l’effet drapeau » en raison du conflit en #Ukraine, effet qui pour le coup est surestimé, il est des explications. D’abord, la faiblesse de l’offre social-démocrate, tant du côté du #PS, qui s’est littéralement fondu dans la macronie, que de #LR, qui a stricto sensu…
… le même positionnement sur tous les sujets, avec une cheffe de file catastrophique, dont tout le monde a pu constater qu’elle n’était tout simplement pas au niveau, loin s’en faut. Dès lors, pourquoi voter #PS ou #LR ? Ça n’a plus aucun sens pour ces électeurs-là !
[Thread]
Ce sera le dernier pour aujourd’hui. En effet, comme pour le #Covid il est devenu impossible de raisonner. Le dégât dans les esprits est tel que beaucoup ne fonctionnent plus qu’à l’émotion : des années de bourrage de crâne pour choper le fameux temps de 🧠 disponible.
Précisons, pour la énième fois : 1/ Nul n’applaudit au coup de force de Poutine. Il vaut mieux le répéter encore et encore pour tenter d’éviter les sempiternels commentaires à 2 balles. 2/ Tout le monde compatit à la souffrance des Ukrainiens. 3/ Une fois qu’on a dit ça, quoi ?
Il est urgent d’aller vers une désescalade. Armer les Ukrainiens est contreproductif sauf à aimer voir les gens se faire tuer et à espérer voir s’étendre un conflit dont nul ne mesure les conséquences, entre des puissances disposant d’un arsenal nucléaire et dont les dirigeants…
[Thread]
Ma génération (1966) a grandi sous l’influence américaine. Séries TV, films, musique et plus généralement une vision du monde dans laquelle « les gentils gagnent toujours à la fin », au nom de la liberté. Peu à peu, ce tableau idyllique s’est obscurci…
… atteignant son acmé avec la Guerre du Golfe. Chirac sauva l’honneur de la 🇫🇷 et sut prendre ses responsabilités en matière de non-alignement. On découvrit plus tard que tout avait été inventé par les Américains et qu’il n’y avait ni armes de destruction massive, ni chimiques.
Ce fut la première guerre télévisée, nous étions transportés dans les chars américains et autre Hummer, qui ensuite vinrent écraser les crottes de chien dans les beaux quartiers, symboles de virilité conquérante et de réussite sociale. Il y eut ensuite l’ex-Yougoslavie…