Quelques réflexions en vrac. Nombre de commentateurs ont tendance à se focaliser sur les aspects tactiques de la bataille du Donbass, avec l'encerclement des poches de Severodonesk et Lyman, la percée de Popasna, etc.
Ces évolutions ont indéniablement une influence opérative essentiellement en fonction de leurs conséquences sur la structure de force UKR : qu'est-ce qui sera encerclé et qu'est-ce que ça représente pour l'organique UKR.
Néanmoins, ouvrons le champ. Que constate-t'on?
L'UKR a vaincu au nord & Kharkiv est hors de portée du gros de l'artillerie RU. Un facteur de coercition en moins.
La RU n'a cessé de revoir ses ambitions à la baisse: de l'UKR on est passé au saillant du Donbass + le sud. Et pour l'heure, du Donbass à des poches + le sud.
Le sud est certes pris, Mariopol compris, et Moscou cherche à s'implanter durablement. Mais il y a, en plus d'actions civiles non violentes, une guérilla à l'oeuvre. Elle n'est pas généralisée mais peut viser des notables pro-russes. Quelles perspectives?
L'UKR a une certaine marge point de vue RH, même si l'on prend des hypothèses de pertes haute : 50% de pax par exemple.
Comparativement, la RU élargit sa base de recrutement jusqu'aux hommes jusque 65 ans et procède à une "mobilisation discrète".
C'est une vraie guerre de haute intensité avec des pertes majeures pour les deux camps. Evoquons la RU: minimum 45k pax mis hors de combat, au départ de 190k (dont tous n'ont pas été engagés en UKR, mais auxquels il faut ajouter les divers supplétifs).
Ces pertes sont déstructurantes pour l'organique et la logistique. Avec le T-62, il faut se débrouiller pour acheminer non plus du 125 mais du 115 mm...
Les pertes UKR sont bien réelles elles aussi. Mais l'UKR voit également une... montée en puissance.
La bataille de Mariopol a joué un rôle terrifiant: fixer 12 BTG russes pour leur infliger une attrition. Même chose dans le Donbass et la quarantaine de BTG qui doivent y être.
Si l'UKR se réarticule bien en évitant les encerclements et tire parti de son artillerie,
elle peut céder du terrain pour à nouveau créer de la surextension RU. Elle peut aussi poser des dilemmes à la RU vers le sud: elle n'a pas tout engagé au Donbass.
Le point qui m'inquiète est le flux de matériel: il arrive, presque tous les obusiers promis, par exemple.
Mais il faudra tenir dans le temps. Idem pour les MSL ATK. Il y ici un point qui fera sans doute polémique (#Yolo) mais que je voudrais souligner.
(@DasCarlVonC, prépare les filets, on pêche à la grenade)
L'UKR est en train d'éviscérer l'armée du principal perturbateur européen. Celui qui est une partie de l'objet de l'existence de nos armées.
Il a du nucléaire? Certes. Mais outre qu'au plan stratégique il y a dissuasion :
Si nous voulons terminer rapidement cette guerre, la solution n'est pas la négociation.
De quel droit d'ailleurs, imposerions nous nos vues à l'UKR? @ThomasGomart parlait de la RU en UKR comme d'une puissance coloniale. Ne faisons pas la même chose. De toute manière,
c'est le sort des armes qui décidera du résultat de cette guerre. Pour l'UKR, c'est une question de survie. Surtout tant que ses armées peuvent continuer à se battre. Garder les canaux ouverts est sage, trop en espérer, c'est se prêter à la désillusion.
Si nous voulons en terminer au plus vite avec ce cortège de drames, nous avons deux choix. Après avoir donné ce qu'on a donné, rester en spectateurs.
Ou donner plus et affaiblir durablement le principal perturbateur européen. Le réalisme (je pense à la sortie de Kissinger)
est trop souvent réduit à la "balance of power", la notion d'équilibre imposerait des concessions. Mais quel équilibre parle-t-on ? Celui qui, comme en UKR, donne une prime à l'assaillant ? Ou celui qui l'empêche d'être à nouveau l'assaillant ?
Là dessus, bonne soirée! JH
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Tout dépend de l’objectif. Avant la guerre, j’étais sceptique quant à 1 assaut sur Kyiv, j’envisageais +tôt la sécurisation de l’indépendance des 2 rép. séparatistes face à 1 hypothétique offensive UKR et des prises de gages territoriaux – Maripol ou tout le Donbass par exemple.
En fait, avec 200k hommes et environ 115 BTG et leurs appuis, je voyais mal comment envahir intégralement l’UKR : l’hypothèse d’un changement de régime, pourquoi pas. Le tenir dans le temps, c’était plus difficile, notamment dans les grandes villes.
#Thread Un tableau général de la situation, au-delà du signal américain :
- la mer Noire est interdite. La Crimée renforcée par des batteries côtières ; une flotte amphibie (au moins 7 LST) y opèrent + un nombre inconnu de SSK & de navires de surface.
- 3 CG Slava + leurs escortes en Med ➡️ les 3 PA FR/US/IT ne forceront pas le passage.
- le déploiement russe, massif et conduit sur tout le spectre capacitaire, est virtuellement terminé : tout y est. Il peut tenir dans le temps (rotation des bataillons) mais coûteux...
- le déploiement est géographiquement significatif : y compris au Belarus où se tient #AlliedResolve2022 jusqu'au 20/2. Autrement dit, des forces ayant revus leurs fondamentaux du combat interarmes avec de gds unités (une config. d'entraînement pas si souvent vue en RU).
Allez zou, un #thread. Non pas tant sur Foch que sur l'articulation "étude-conduite". D'abord sur le fait, tout de même, que les oeuvres complètes de Foch, rééditées chez Economica, ouvrage de Martel compris, font 3 tomes. Ce n'est pas un hasard.
A la guerre comme ailleurs, celui qui oublie les leçons du passé est condamné à en payer le prix. Du sang en l'occurrence. L'art de la guerre, simple et tout d'exécution, certes. Mais les Retex sont là pour ne pas en faire un parc d'attraction du DADMIS. Même chose pour la
doctrine et les procédures diverses et variées : elles sont là non par intellectualisme tatillon mais par soucis d'efficacité. (DADMIS : Déplorable Académisme Dépassé Manquant Incroyablement de Spontanéité). Je ne me suis pas trop exprimé sur la ? de l'HCQ/azy. Ce qui revient
@YerimZwxrhjsky@NiagaleBagayoko Alors, les Africains ont vaincu la colonisation : quel territoire africain est-il actuellement une colonie ? Le truc, c'est que selon les pays, les stratégies adoptées ont été différentes (et la stratégie, ce n'est pas que la seule utilisation de la force).
@YerimZwxrhjsky@NiagaleBagayoko Après, je comprend que la colonisation soit structurante de la pensée et légitimante d'un certain nombre de positions politiques. Mais est-ce le seul élément structurant dans l'histoire de la diversité africaine ?
@YerimZwxrhjsky@NiagaleBagayoko Au surplus, baser une pensée stratégique sur une suite d'évènements présentant une certaine unité, c'est la garantie de l'inadaptation. Surtout, la pensée stratégique, ce n'est pas ça.
Un #thread sur la question du Sahel, Barkhane, le G5Sahel et la guerre en Afrique, d’une perspective un peu particulière. Depuis 2011, j’ai l’honneur d’enseigner la stratégie militaire à l’ESIG (Ecole Supérieure Internationale de Guerre), à Yaoundé.
L’ESIG est 1 ENVR (Ecole Nationale à Vocation Régionale). Chaque année, une promo d’une soixantaine d’officiers d’une grosse vingtaine de pays africains (pas uniquement francophones d’ailleurs) reçoivent un enseignement de niveau et en partenariat avec l’Ecole de Guerre de Paris.
Bref, j’ai vu Harmattan, Serval, Barkhane, Sangaris… depuis une école en Afrique, avec des gars aussi motivés qu’expérimentés et des cadres, Camerounais comme Français, dévoués et se posant les ? qu’on se pose tous sans tabous, tout comme les militaires savent l’être en privé.
Un #thread sur la question du rétablissement de la dissuasion par les USA à l’égard de l’Iran, avec notamment sur la question du ciblage. 52 cibles pour 52 les otages de 1979 et des sites culturels: le symbolique est partout.
Est-ce illégal comme on l’a dit ? Pas pour les Etats-Unis, qui n’ont ni signé ni ratifié le 2ème protocole de la Convention de La Haye. L"immoralité n'est pas l'illégalité... - unesco.org/eri/la/convent…
Pourquoi spécifiquement frapper le symbolique ? Parce que dès que l’on joue sur la dissuasion par coercition, on mobilise des représentations et des symboles et on peut gager qu’à son habitude, Trump monte aux extrêmes.