Thread by @morcos_pierre

Ce jeudi 2 juin, comme nombre de mes collègues, je ferai grève contre la suppression du corps diplomatique. Réflexe corporatiste? Non. Un fil pour expliquer la réalité de notre métier. #diplo2metier

1/ Les diplomates ne forment pas une caste où règne l’entre-soi. Notre ministère est composé d’hommes et de femmes de tous horizons, aux expériences uniques et aux compétences plurielles.

Dans mon ancienne sous-direction (affaires stratégiques et cyber sécurité), se côtoyaient des collègues parlant arabe, russe, chinois ou turc et venant du secteur privé, de l’armée de terre, du ministère de l'économie ou du monde universitaire.

2/ Le Quai d’Orsay n’est pas une maison enfermée sur elle-même. Notre action est pluridisciplinaire par essence. Tous les services de l’Etat sont représentées dans nos ambassades. À Paris, nous travaillons au quotidien avec toutes les autres banches de l’Etat.

Nos grands succès diplomatiques, à l’image de l’accord de Paris sur le climat, sont le fruit d’une action inter-ministérielle efficace pilotée et orchestrée par nos diplomates.

Les diplomates n’hésitent pas à sortir du ministère pour enrichir leurs compétences mais aussi apporter leur expertise à l’extérieur. Je suis moi-même détaché auprès d'un think tank basé à Washington (CSIS).

3/ Être diplomate ne s’improvise pas. C'est un métier qui se construit au fil des expériences à Paris et à l’étranger. Négocier, gérer une crise, apporter assistance à nos compatriotes, analyser la politique d’un pays sont autant de compétences qui s’acquièrent sur le temps long.

La diplomatie ce sont aussi des contacts que nous tissons, au fil des postes, avec nos homologues étrangers, eux mêmes diplomates professionnels. Ces liens interpersonnels décuplent notre influence et notre capacité à comprendre nos partenaires ou compétiteurs.

4/ La réforme vise donc à répondre à un faux problème, le supposé manque de diversité dans notre ministère, tout en créant de nouveaux: effacement des compétences, nominations potentiellement arbitraires, crise des vocations, affaiblissement de notre influence.

A l'heure où les crises internationales se multiplient et où notre diplomatie est sur tous les fronts, notre ministère doit être réformé (plus grande mobilité interne) et renforcé (effectifs divisés par 2 en 30 ans), non dilué et fragilisé. #diplo2metier
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